vendredi 6 juillet 2012

Histoires de fantômes irlandais, de Jeremiah Curtin,


Collectés par Jeremiah Curtin dans l’Ouest de l’Irlande lors de l’un de ses nombreux voyages et restés jusqu’à ce jour inédits en France, ces contes reflètent l’état des croyances sur la mort et les revenants dans la population irlandaise de la fin du XIXème siècle.
Des fantômes facétieux et farceurs, à ceux qui détiennent un trésor et veulent, coûte que coûte, le conserver, en passant par les fantômes tueurs ou buveurs de sang ou même les vaches-esprits, Jeremiah Curtin a regroupé ici un fantastique tableau de tous ces fantômes, esprits et revenant qui peuplent la Terre d’Irlande…
Quatrième de couverture par Terre de Brume, collection Bibliothèque Celte.
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Réunies en 2009, ces histoires rapportées par Jeremiah Curtin entre 1887 et 1893 de divers irlandais témoins de faits étranges ou d’anecdotes sympathiques.
Déjà, j’ai beaucoup aimé la présentation du début : le narrateur réunit une petite soirée avec de vieux habitants qui raconteront à tour de rôle leurs histoires personnelles ou entendues. Chaque nouvelles sont donc coupées comme des chapitres, interrompues par des petites discutions qui articulent chaque récit. Malheureusement, si cette tradition dure jusqu’à la moitié du livre, la suite (et ce, jusqu’à la fin) se contente d’un vulgaire alignement à la suite de plusieurs nouvelles. Sans plus.

Que nous réservent donc ces nouvelles alors ?
Je dirai que les surprises sont très inégales. Certaines sont dignes des prouesses médiévales et des légendes populaires, alors que d’autres sont d’une telle monotonie, d’une telle ressemblance qu’on finit même par les confondre. Après, j’ai eu bien évidemment des coups de cœur, pour la première par exemple : John Connors et les esprits. Ou encore Daniel Crowley et les revenants, La Fille et le Voleur (gros, gros coup de cœur pour celle-ci en fait), Maurice Griffin, Le Docteur esprit, Les Trois Sœurs mariées aux Trois Frères (même si elle ne concerne pas tellement de fantômes mais plus de ruse féminine) et quelques autres. 
Mais quant au reste, je dirais que les nouvelles sont gâchées par un sentiment d’inachèvement. Il y a souvent une impression de déjà-vu et certaines sont narrées d’une façon très torchée. Cela dit, ça m’a donné à certains moments de sacrées crises de rire. Je pense à un passage de la page 52 :

« Quand la femme revint, [son] enfant ne criait [plus].
- Qu’est-ce que vous avez fait pour le calmer, demanda-t-elle.
- Je n’ai fait que lui découvrir le visage et lui dire que je le tuerais s’il ne se tenait pas tranquille et je suppose que l’enfant est effrayé, comme je suis étranger.
- Vous pouvez rester passer la nuit avec nous, dit la femme. »

… Je veux dire… Y a-t-il plus creux comme réponse pour l’inconnu qui vient de menacer de mort votre fils ? Et pourquoi pas lui proposer un poulet une fois qu’il aura étranglé l’être dans le berceau ? (Bon, ok, ce qui se trouve dans le berceau n’est pas son fils. Mais cette pauvre femme l’ignore !)
Au final, le mieux à faire est de lire ces histoires et de les raconter à des amis friands de culture irlandaise et d’histoire de fantôme (c’est dans mes projets en tous cas), mais essayez d’être plus vif dans votre narration.

Alors, dans le fond, ce n’est pas ça qui m’a le plus frustrée dans ma lecture. À la rigueur, j’aurai accordé tout de même un 3. Alors pourquoi seulement un 2/5 ?
Jeremiah Curtin nous propose de bonnes histoires sur la Mort vue par les Irlandais, leurs Dieux, leurs croyances. Il nous propose même quelques mots de vocabulaire gaélique (Aghraghil signifie mon amour, mon chéri. Musha signifie en vérité, vraiment. Etc.). Et il va jusqu’à mentionner aussi l’ancienneté de cette culture (que moi-même j’admire) pointant du doigt qu’elle était antérieure à la religion catholique et qu’elle avait inspiré la plupart des croyances modernes. C’est une idée très intéressante qui m’aurait convaincu si Jeremiah Curtin ne s’était pas contenté d’un avis sans suite et sans preuve… À la place, il continue sur sa lancé d’anecdotes des alentours, comme si de rien n’était. À part cinq mots gaéliques, Jeremiah Curtin ne nous apprend quasiment rien sur les traditions irlandaises et les méthodes de l’époque (deux trois coutumes et ça s'arrête là). Autant dire que si cela se passait au Pays de Galles ou en Russie, nous n’aurions pas vu la différence vu le peu de détails offerts.
Ce qui a, forcément, contribué à ma frustration. 

En clair, je suis restée sur ma faim et bien que certaines histoires m’ont diverti et que j’en partagerai certaines à des soirées et dans des pub, je trouve Histoires de fantômes Irlandais très pauvre culturellement. Par exemple, les banshee, pourtant très connues du folklore irlandais, n’apparaissent qu’une fois et en une passage trop rapide, sans explication.

Ce livre peut donc convenir à ceux qui veulent juste avoir un avant-goût dans les histoires irlandaises (et non les mythes) mais pour les plus férus qui s’attendaient à une vraie mine de connaissance, je ne recommanderai pas cet ouvrage-ci.
Sauf si votre curiosité l’emporte. Après, je ne considérerai pas Histoires de fantômes Irlandais comme une perte de temps non plus. Juste : ne vous emballez pas trop vite.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Sur la quatrième de couverture, la brève biographie de Jeremiah Curtin : « Né aux États-Unis en 1835 dans une famille d’origine irlandaise, Jeremiah Curtin étudie à Harvard dont il sort diplômé. Grâce à une particularité exceptionnelle (il parle 70 langues et dialectes), il voyage à travers le monde à la rencontre des peuples et des cultures qui le fascinent tant. C’est lors de ces trois voyages en Irlande qu’il réalisera cette collecte de contes. Il meurt en 1906 dans le Vermont. »

2 commentaires:

  1. Ah c'est marrant avant de lire ta chronique, juste en lisant le titre du livre, ça m'a donné envie (fantômes, Irlande... ^^) mais bon vu ton avis plus que mitigé bon... Peut-être, si jamais un jour je tombe dessus.

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    1. Bah, je dirai que c'est pas vraiment le meilleur... C'est un peu monotone. Après, on y trouve de bonnes histoires, hein !
      C'est dommage, parce que j'en avais un bon qui relatait l'histoire de Tanguy de Locmazhé et sa soeur qui était franchement pas mal, mais emprunté à la bibliothèque et... J'ai zappé le titre...
      Enfin, je compte y retourner bientôt, donc je noterai le nom et je te le passerai =)

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