dimanche 22 avril 2012

Duel en Enfer, de Bob Garcia,



Londres, été 1888. Sous le poids d’une chaleur suffocante, la ville est saisie d’horreur par les premiers meurtres de celui qu’on nommera bientôt « Jack L’Éventreur ». Pourtant, aucune des enquêtes du célèbre Sherlock Holmes ne mentionne la plus fameuse affaire criminelle qui ait agité ses contemporains. Bien des années plus tard, le docteur Watson confie à son éditeur le journal de l’investigation qu’il mena aux côtés du détective sur l’insaisissable tueur en série.
Une terrible plongée dans l’enfer des bas-fonds londoniens, sur les pas du meurtrier le plus sanguinaire et le plus énigmatique que l’Angleterre ait connu.
Quatrième de couverture par J’ai Lu.

---

Rien ne va plus, je suis un Vampire aigri qui a noté trop généreusement dernièrement. Défoulons-nous sur un roman. Non, je rigole, j’annonce mes blagues dès le début contrairement à certains. Plus sérieusement, un roman où je m’attendais à un voyage fantastique et où, au final, c’était plus un rencard raté. Non, pas un lapin, un rencard raté. Comme quand tout part de travers et on se demande jusqu’où ça ira.

Duel en Enfer ose une confrontation bien connue mais que peu d’écrivains ont tenté : la traque de Jack L’Éventreur par Sherlock Holmes. Je ne vous cache que je suis une ripperologue croisée d’une holmésienne, donc il est normal que quand j’ai découvert ce roman, je ne me sentais plus.

Que dire ? Le style n’est pas détestable mais il est alourdi trop fréquemment par des expressions communes, des constructions trop classiques… Au moins, le style a le mérite d’être fluide et rapide.
Mais si seulement il n’y avait que ça. C’est souvent le danger des pastiches holmésiens : la crédibilité de Holmes sous la plume d’un autre. Là, je risque de vous en révéler un peu trop mais rien de grave, nous avons droit à un Holmes qui se plaint de ses mauvaises rentes d’argent, qui est totalement insensible à l’état du cadavre… Je ne vous spoile pas si je vous dis que la dernière victime de Jack a été un massacre total ? Si c’est suffisamment choquant, lire que Holmes braque sa loupe entre les boyaux pour inspecter le cadavre… Je trouve ça gros. Mais attention, le plus beau : un Holmes amoureux. D’une insensibilité qui dépasse l’original tout d’abord et puis un Holmes amoureux… Je sais que c’est un personnage complexe, mais là…

Ma plus grosse déception aura été le fin mot de l’histoire et si vous voulez lire le roman en réservant des surprises, arrêtez-vous là, je révèle a fin qui m’a fait hurler toute la nuit. Jack L’Éventreur est… Un jeune gamin des rues âgé de 10 ans. On avait droit au médecin cannibale, la sage-femme folle, le gentleman impuissant, le boucher désespéré… Mais alors jamais, jamais je n’aurai imaginé Jack L’Éventreur avec une petite casquette, en salopette, faisant 1mètre 30 et connaissant parfaitement l’anatomie humaine. Impressionnant, non ?
Alors certes, Bob Garcia, en voyant la colère des lecteurs avait répondu, je cite :
Hé non... je ne me suis pas "trompé", ma documentation ne présente pas de lacune, et je ne suis pas si accro à l'anachronisme ;o)
Je me doute qu'il faut du muscle pour étriper une bonne femme, bien que je ne l'ai jamais fais moi-même malgré une tentation quasi quotidienne. Je sais aussi (car il m'arrive parfois de lire des livres d'histoire) que Teddy-bear n'existait pas en 1888. Peut-être convient-il de se demander QUAND ce vieux roublard de Watson a rédigé son recit. Puis-je suggérer au lecteur dubitatif de relire attentivement les pages 432-433 et 434 de "Duel en enfer" ? La vraie chute est là.
S'il se trouvait encore quelqu'un (cas improbable) qui ne comprendrait pas, qu'il relise les pages en question en pensant à allumer la lumière. Si le doute persistait, qu'il relise une troisième fois à haute voix en prenant soin d'assimiler le sens de chaque mot (en s'aidant si besoin d'un dictionnaire, par exemple français).
S'il n'avait toujours pas compris qu'il laisse tomber. Il est parfois bon de faire un petit break et de se replonger dans la lecture de Pif le chien, ne serait-ce que pour le gadget. Ou alors dans "Le vol des 714 porcineys" (je précise qu'il n'y a pas d'erreur dans le titre !)"
Amicalement,
Bob Garcia

Alors oui, c’est convaincant, on comprend que Watson s’est royalement moqué de son naïf éditeur. Mais justement ! Tout le problème est là. Car si Watson se moque de l’éditeur, il se moque aussi de nous, en gros, un poisson d’Avril qui fait bien 650 pages. Quand on tâte une confrontation à deux icônes pareils, forcément on s’attend à une véritable enquête, avec des éléments venant de la réalité, pas forcément une réponse, mais quelque chose d’intense. Au final, une série de déceptions chez les lecteurs qui ne s’attendaient pas à une blague aussi longue.

Mon avis aurait été bien différent si le roman avait été qualifié en humour immédiatement et si je voulais du léger. Mais je m’attendais à du lourd et au final, j’ai eu une blagounette du mois. J’ai pourtant de l’humour… Mais là…

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il existe de nombreuses autres versions de Sherlock Holmes contre Jack L’Éventreur. Un téléfilm par exemple mais dont la qualité est monstrueuse. Donc, au final, si vous voulez une confrontation entre les deux hommes les plus populaires du XIXème siècle, avec du sérieux et une chute intéressante, je ne peux que vous conseiller le jeu vidéo par Frogwares sur ordi : Sherlock Holmes contre Jack L’Éventreur.

2 commentaires:

  1. Ouf! Je l'ai dans ma PAL depuis suuuuper longtemps. J'avais pas envie de le lire, il me tentait pas. Ta chronique vient appuyer ma première impression ;)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Avec un peu de chance, maintenant tu connais "l'humour" de l'auteur, la déception sera moindre ? Mais il est clair que si un autre lecteur m'avait prévenue, j'aurais eu un avis bien différent : je ne l'aurais pas lu ! :B

      Supprimer