dimanche 22 avril 2012

La Taupe, de John Le Carré,



À Londres, en pleine Guerre Froide, les services de renseignements britanniques craignent d’avoir été infiltrés par un agent double au service des Soviétiques. George Smiley, un agent secret aux sens aiguisés, est chargé de suivre la trace de la taupe et de la débusquer.
Dans les obscurs labyrinthes du monde de l’espionnage international, la tâche s’avère périlleuse.
Quatrième de couverture par Points.

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Je suppose que lorsque l’on vous dit espionnage, vous pensez de suite à James Bond ? Oui ? Bah c’est pour ça que lorsque l’on me parle d’espionnage, je grince un peu des dents. Je n’ai jamais été une grande fan de James Bond et je n’ai jamais compris le succès du personnage. Un peu trop extrême pour moi je suppose. D’un autre côté, même si le nom de John Le Carré me disait quelque chose, je n’avais jamais ouvert un de ses livres…

Alors je vais en faire hurler certains mais oui : j’ai vu le film avant d’avoir lu le livre ! Étant une esclave de Gary Oldman, Colin Firth, Benedict Cumberbatch, Mark Strong et autres acteurs anglais au point d’aller voir n’importe quel film, tant qu’ils sont là (bon, cela dit, j’ai toujours pas pardonné Gary Oldman d’avoir joué dans Le Chaperon Rouge… Il paye aussi des factures mais il me fera pas croire qu’il était fauché à ce point). Et là, quel coup de cœur mes amis, car quel chef d’œuvre ! De la tristesse, de la solitude, du béton armé qui vous écrase le cœur, et le pire, c’est que vous en redemandez. Au final, j’étais intriguée par le bouquin et les interviews que j’ai vu de John Le Carré m’ont fait aimé l’homme en lui-même, franc et sympathique.
Bref, j’achète le roman. Pas avec la belle couverture qu’on voit au début de l’article, celle avec la couverture du film. Ouais, ça serait pas un film que j’aime autant, j’aurai rouspété, mais fermer le livre et tomber nez à nez avec Oldman dans son costume, c’est plaisant en fait.

Mais je m’égare et on va croire que j’ai mis 4/5 juste pour la couverture (non, la couverture n’a remporté qu’un seul point en plus, c’est faux !). James Bond m’a donné vraiment de mauvais aprioris sur le monde de l’espionnage, George Smiley, en revanche, m’a permis de sympathiser avec cet univers. Et ce, pour plusieurs raisons. Déjà, l’ambiance de la Guerre Froide, voir ces soldats de l’ombre se battre pour éviter l’Armageddon nucléaire, c’est poignant. C’est plus réaliste qu’un docteur russe un peu fou et mordu de pouvoir et de chaos, alors forcément, vous ressentez la mêmes craintes que les personnes qui ont vécu ces cauchemars continuels. Et quand on constate leur solitude, c’est pire. Car effectivement : qui dit espion dit détachement de tout, la solitude la plus totale, la vie sociale réduit à néant et une paranoïa accrocheuse. Il y a des passages sur les pensées de Smiley qui m’ont fait particulièrement mal, qui vous donnent envie de tous les enlacer un par un et de leur dire que vous savez tout le boulot extraordinaire qu’ils font pour leur patrie. 
Et je m’emballe encore ! Mais pour revenir plus sérieusement à cette galerie de personnes, la solitude qui leur pèsent, leur intelligence aiguisée et en même temps, leur banalité, leur condition humaine… John Le Carré a un talent indéniable pour créer des personnages magnifiques et incroyablement touchants. Je crois que c’est le point le plus important du roman pour moi : la qualité des personnages.

John Le Carré a également un style très agréable. De là à dire que ça casse des briques, peut-être pas, mais les tournures de phrases sont intelligentes, fluides. Juste, Mr Le Carré oublie que nous n’avons pas tous été espions et il utilise un bon nombre d’expressions qui m’ont laissé comme une illettrée dans un nouveau job. Même si il affirme que les expressions sont pour la plupart inventées (et que les vraies du MI6 sont gardées secrets), ça perturbe toujours un peu.
Forcément, ça contribue à la principale difficulté du roman : comprendre entièrement le scénario. Que ce soit pour le roman ou le film, il faudra certainement tout revoir, depuis le début, notes sous le coude. Donc bref, c’est mon conseil, mettez des marques-pages, notez les noms des personnages, vous en aurez peut-être besoin. C’est de l’intellectuel et un sacré scénario, du puzzle de haut niveau.

En clair, je considère ce premier volume (oui, parce que même Smiley a encore du chemin à faire même à la fin de La Taupe et ce n’est que le début d’une trilogie) comme un fabuleux départ et j’ai hâte de retrouver la plupart des personnages dans le second volet.

Vous voyez de quoi je parle ?

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• John Le Carré, l’auteur, traite d’un sujet qu’il connaît plutôt bien puisque lui-même travaillait au MI6. Bien sûr, vous vous en doutez, un espion qui vend tous les secrets du métier dans des romans, ça passerait mal. Ses œuvres restent de la fiction, mais on voit que le thème est maitrisé.
• Comme dit plus tôt, un film par Tomas Alfredson est sorti en Février sur nos écrans français. Un vrai petit bijou du cinéma si vous voulez mon avis. Mais il y a également une série signée par la BBC avec Alec Guinness en George Smiley. Plus difficile à trouver et qui feront surtout le bonheur des bilingues anglais. Mais qui est tout aussi bien et « plus proche » que le film d’Alfredson. À savoir que l’adaptation d’Alfredson était volontairement écarté et que, comme dit plus haut, il aide à comprendre le roman.
• La trilogie complète s’intitule la Trilogie de Karla, personnage phare de la série. La Taupe est suivie de Comme un Collégien et s’achève sur les Gens de Smiley. Mais à ma connaissance, seul le second tome n’a pas eu droit à son adaptation. C’est d’ailleurs dommage…

1 commentaire:

  1. J'ai adoré le film, étant tout comme toi un fidèle admirateur de Gary Oldman qui encore une fois m'a épaté. J'ai beaucoup aimé l'ambiance assez glauque de cette affaire, et du coup je suis bien tenté de lire le livre, voire la trilogie complète mettant en scène Smiley et Karla, surtout après avoir lu ton commentaire sur le livre! =) Il figure déjà dans ma wish-list, d'ailleurs! ^^

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