dimanche 27 janvier 2013

Le Crime de Lord Arthur Savile, d'Oscar Wilde,

Une fois dans sa chambre, il se jeta sur un canapé et ses yeux s’emplirent de larmes. Il avait fait de son mieux pour commettre le meurtre, mais il avait échoué à deux reprises sans que ce fût sa faute. Il avait essayé de faire son devoir, mais le Destin lui-même semblait s’acharner à le trahir.
Quatrième de couverture par Folio
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À écouter certains avis, j’ai l’impression qu’une petite majorité s’accorde à dire qu’il ne faut pas lire des nouvelles si l’on voulait découvrir un auteur, que bien souvent, ces petites histoires torchées donnent un mauvais aperçu, un mauvais avant-goût et ne reflètent en rien la plume de l’écrivain.
Personnellement, je n’ai jamais été d’accord avec cette idée et quand bien même elle serait vraie, Le Crime de Lord Arthur Savile est l’exception à la règle !

J’ai découvert Oscar Wilde à travers des articles, des films, même des musiques (cela dit, je n'ai jamais trop compris le rapport entre les paroles d'Oscar Wilde de Company of Thieves et l'auteur en lui-même), mais la lecture, je dois le reconnaître, n’est arrivée que plus tard.
Certains se sont jetés sur son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray, mais personnellement, je voulais avoir un aperçu avec ses pièces de théâtre et ses nouvelles. Le Crime de Lord Arthur Savile a été mon premier choix et, première entrée dans l’univers Wildien que je ne veux déjà plus en sortir.
Raffiné, burlesque mais surtout satirique, Oscar Wilde reste peut-être délicat, on saisit tout de même son idée de dépeindre la naïveté de certains et l’hypocrisie d’autres dans ses récits, exposant sa société aux rires des lecteurs.
On pourrait prendre en pitié le jeune innocent qu’est Arthur Savile mais lui aussi s’empêtre dans le ridicule avec ses idées typiques de la société d’époque, tout comme ses compères d’ailleurs…

Vous pensez sûrement que je râlerai sur la taille de la nouvelle, qui reste brève et rapide. Et pourtant non ! On comprend que rajouter des pages serait superflu : 70 pages sont largement suffisantes pour apprécier le récit et se plonger dans cette « aventure ». De plus, pourquoi se plaindre alors que l’édition nous réserve trois autres nouvelles tout aussi fantastiques ?

Louis Pascal, par Toulouse-Lautrec (1891), avec un autre angle de vue.
(dat ass quoi...)

Le Fantôme de Canterville est définitivement la plus amusante des trois, notamment grâce à son ambiance que je suspecte être à l’origine de celle des films Beetlejuice ou Dark Shadows (alors Tim Burton, fan d’Oscar Wilde ?).
« Je leur avais dit que t'étais trop conne pour avoir peur » dixit la charmante Lydia Deetz, citation mémorable du film Bettlejuice qui pourrait être valable aussi pour Le Fantôme de Canterville. Ici, Oscar Wilde fait une gentille critique de la mentalité américaine, les décrivant comme des personnages qui jugent les anglais trop superstitieux et traitent tout par l’argent. Même avec le paranormal.

Concernant Le Sphinx sans Secrets et Le Millionnaire Modèle, j’avoue que ma préférence va au Sphinx sans Secrets. Loin d’être drôle, la fin laisse même un petit silence songeur : j’ai aimé cette ironie, cette jalousie sans but de la part de Lord Murchison et la fatalité où ça le mène. Dans le même ton grinçant, Le Sphinx sans Secrets reste tout de même plus doux mais sa conclusion est bien plus frappante que les autres.

Tout ça pour dire que, non, découvrir Oscar Wilde à travers Le Fantôme de Canterville ou du Crime de Lord Arthur Savile et repousser Le Portrait de Dorian Gray n’est pas une mauvaise idée. Je dirai même que, même si n’êtes pas très sensible aux classiques et que Le Portrait de Dorian Gray est un morceau trop gros que vous n’arrivez pas à entamer, les nouvelles d’Oscar Wilde seront certainement à votre portée et il serait dommage de passer à côté d’un tel auteur !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Bien que le clin d’œil ne soit pas très détaillé, on croise dans les pages Lady Windemere. Est-ce la même innocente jeune femme ? Il n’y a ni éventail, ni intrigue, juste le nom commun, mais je suis certaine qu’Oscar Wilde a placé ce nom volontairement.
• Il possible de lire les œuvres d’Oscar Wilde gratuitement sur le net maintenant, Le Crime de Lord Savile est disponible ici-même. Les autres ne sont certainement pas difficiles à trouver.





Grâce à ce bijou de la littérature irlandaise, j'en suis à ma quinzième contribution pour le challenge Victorien (dans la catégorie Charles Dickens)
organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Si vous voulez nous rejoindre, tout est expliqué sur cet article !






4 commentaires:

  1. J'ai adoré ce recueil lorsque je l'ai lu, et tu as raison, la forme de la nouvelle est parfaite ! Je viens de découvrir par hasard ton blog mais j'y retrouve beaucoup de mes goûts, c'est une très chouette visite !

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    1. Merci beaucoup !
      J'ai été surprise sur ton blog de voir que tu lisais aussi du Lee Jackson, c'est difficile de trouver une autre lectrice et si tu retrouves beaucoup de tes goûts sur mon blog, je passerai à l'occasion sur le tien dans ce cas ;)

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  2. Je suis peu d'accord avec le fait qu'un auteur ne peut être découvert ou lu simplement via ses nouvelles ,là dessus je te rejoins totalement. C'est vrai que certains écrivains sont juste incapables de s'en sortir avec cet exercice, mais de là à généraliser... de toute façon il n'y a pas de quoi en faire un drame.
    Je me souviens avoir lu ces nouvelles de Wilde assez jeune. Evidemment, je me suis marrée avec Canterville, quand au crime de lord Arthur Saville, délicieux de cynisme tout simplement...ceci dit le Sphinx sans secret fut pour moi un véritable coup de poing. Une espèce de poésie pure, triste et terriblement réaliste avec cette chute qui m'avait assez miné.
    Un sphinx qui mériterait d'être mieux connu.

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    1. Surtout qu'Oscar Wilde n'a écrit qu'un seul roman, et même si ses pièces de théâtre sont quelque chose, passer à côté de ses nouvelles sous prétexte parce que "ce sont des nouvelles", c'est manquer le meilleur, selon moi.
      Et idem, Le Sphinx sans Secret, juste pour sa conclusion si simple et pourtant si tragique, c'est terriblement efficace ♥

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