dimanche 31 août 2014

Albert Nobbs, de George Moore,

Quel singulier destin que celui d’Albert Nobbs ! Majordome à l'hôtel Morrison, il y est apprécié pour sa discrétion et son efficacité. Mais, pour pouvoir travailler, Albert doit dissimuler un singulier secret. Sous ses vêtements masculins se cache depuis trente ans une femme travestie en homme. Alors qu’un ouvrier découvre l’imposture, Albert choisit pour la première fois de sa vie de réaliser un de ses rêves...
Confusion des sentiments et questionnement sur l’identité, l’histoire d’Albert Nobbs dans le Dublin de la fin du XIXème siècle se révèle d’une étonnante modernité.
Quatrième de couverture par Pocket.
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Lauteur daprès Manet.

Il m’est toujours difficile de parler des livres que je lis en une après-midi. Quand je dévore un livre pendant plusieurs jours, dévorant les pages qui nourrissent mes pensées, je prends suffisamment le temps de le ressasser même lorsqu’il ne se trouve pas entre mes mains. Je le lis même quand il est dans mon sac ou sur ma table de nuit.
Albert Nobbs se range malheureusement sur l’étagère des livres que j’ai ouvert et refermé une fois la dernière page lue, lu d’une traite. Je ne pense pas avoir un souvenir impérissable de cette nouvelle. Toutefois ! Cela ne veut pas dire que ce n’était pas bien, au contraire, c’était un petit récit très plaisant.

Je pense qu’avant l’adaptation au cinéma avec l’impressionnante Glenn Close, peu de gens avaient entendu parler d’Albert Nobbs, ce majordome qui porte un veston plutôt qu’un corset. Je fais partie de cette catégorie chez qui le nom de George Moore n’était qu’une composition de deux noms communs. Mais grâce au travail de Glenn Close, j’ai découvert l’histoire tragique de cette femme qui porte des vêtements masculins. Mais contrairement à George Sand, Albert Nobbs occupe une identité d’homme, fait un travail d’homme et vit comme un homme depuis tant d’années, excluant ainsi toute fréquentation, qu’elle soit masculine ou féminine.
Dur de faire des personnages riches en psychologie dans une nouvelle (ce n’est d’ailleurs pas tellement le but d’une nouvelle) : Helen est la jeune romantique capricieuse, Joe Mackins la petite-frappe qui accumule les p’tits jobs, Albert Nobbs le peut-être qui se découvre des buts, des objectifs et enfin, le curieux Hubert. La richesse vient de la complexité de la situation, ce chamboulement de sentiments, d’identité et de futur. Dans cette triste posture, je ne pouvais m’empêcher de plaindre Albert Nobbs.

Si le livre ne vous tente pas, tentez au moins le film pour voir une Glenn Close convaincante !

Il s’agit d’une sympathique excursion dans le Dublin des années 1860 qui soulève un problème qui, à mon avis, était plus commun qu’on ne le pense. Cela dit, heureusement que j’ai vu le film, sans quoi, j’aurais oublié Albert Nobbs d’ici quelques années.

Je rattache cette chronique au Challenge d’Irlande et à l’idée 59 du Challenge des 170 Idées :
 http://lectures-de-vampire-aigri.blogspot.fr/2014/06/challenge-07-challenge-litterature.html

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le thème audacieux est un peu la marque de fabrique de George Moore : ses premiers romans ont été difficilement acceptés à cause des sujets abordés jugés comme immoraux. Cela dit, il se montre raisonnable dans Albert Nobbs !
• Pour rester dans l’idée du film, Glenn Close a déjà été sur les planches de théâtre lors d’une adaptation d’Albert Nobbs où elle incarnait le même rôle : un personnage fictif qui semble lui tenir à cœur~

3 commentaires:

  1. Merci pour ce billet !
    J'essaierai de lire cette nouvelle si je la trouve :)

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  2. Je veux ce livre ! Je le veux ! Je le veux ! (voilà, c'était l'instant caprice. Tu ne m'as pas vue mais je viens de me rouler par terre). Même si elle ne laisse pas un souvenir impérissable, le sujet de cette nouvelle me donne très très très envie de la lire.

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    1. J’ai. Absolument. Tout. Vu.
      (Ce sera même répété et amplifié !)

      Le sujet est très intéressant ! Et comme personne n’a repris ce thème dans une œuvre qui dépasse celle de Moore, Albert Moore reste une référence ;)
      Par contre, tu peux voir le film juste après (sauf si c’est déjà fait ?), il complète vraiment l’œuvre, on a un autre point de vue et une ambiance très bien menée : un très bel hommage à cette nouvelle.

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