vendredi 14 novembre 2014

Richard III, de William Shakespeare,

« Ma conscience a mille langues, et chaque langue raconte une histoire, et chaque histoire me condamne comme scélérat. Le parjure, le parjure, au plus haut degré, le meurtre, le meurtre cruel, au plus atroce degré, tous les crimes, poussés au suprême degré, se pressent à la barre criant tous Coupable ! coupable ! »
Ô roi criminel, maître des cruautés et des traîtrises, la démesure de ton ambition t’a fait commettre les pires violences. Souviens-toi de tes victimes, le roi Henry VI, Clarence, son frère, les deux jeunes innocents exécutés dans la tour de Londres, Buckingham et tant d’autres, crains leur vengeance, car après le crime vient le châtiment, Marguerite l’a prédit...
Quatrième de couverture repris sur LivrAddict.
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« De la sorte, je couvre la nudité de ma scélératesse à l’aide de vieux lambeaux dérobés au Livre sacré, et j’ai la mine d’un saint tout en donnant à plein dans le rôle de démon. »
P. 97

Pour ma première chronique dans le domaine du théâtre, je tape dans du haut, dans du connu : le très adoré, ou très redouté, Messire Shakespeare, avec son redouté, ou en fait adoré, Richard III. J’avais déjà plus ou moins approché Shakespeare avec des extraits de Roméo & Juliette, de Songes d'une Nuit d'Été, mais Richard III est celui où je me suis le plus investie.

Une chose est sûre : je ne suis pas devenue une passionnée Shakespearienne après cette lecture. Cela dit, retenez que ma chronique concerne uniquement une lecture, je n’ai jamais vu de représentation, je ne note pas les adaptations vues, je ne critique pas l’œuvre complète de Shakespeare mais uniquement mon expérience avec la lecture de Richard III. Forcément, je n’ai pas eu de foudroyant coup de cœur... Cela dit, ce fut une bonne lecture et une approche assez enrichissante.

Mon avis se mitige en fait à cause d’une opposition bien marquée : j’ai adoré l'histoire, j’ai adoré les personnages mais l’œuvre est tellement condensée que la rapidité m’a laissée sur ma faim. Voir une adaptation m’aurait laissée une impression bien différente je pense. J’aurai aimé plus de passages entre Lady Anne et Richard par exemple. Cependant, je n’oublie pas que les moments très forts sont ponctués par des répliques géniales et cinglantes, la joute verbale entre Lady Anne et Richard pour mentionner le meilleur mais également l’accusation de Richard contre Hastings, les malédictions de la Reine Marguerite et j’en passe...
Le personnage de Richard est aussi fabuleux, combien de fois j’ai ri tout en l’insultant à voix haute ! Et puis cette cour qui l’entoure, l’ascension qui le porte... Je garderai un très bon souvenir de cet antagoniste mis sur le devant de la scène.

Bon, Shakespeare, ce n’est pas encore le grand amour, mais son pari est réussi dans le fond : je vais chercher pour voir une adaptation théâtrale de Richard III et avoir une nouvelle approche avec cette pièce.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L’édition Aubier est sympathique car bilingue, ce qui permet une comparaison et d’avoir le plaisir de lire l’anglais d’origine tout en trichant avec la traduction française qui n’est pas d’une qualité mauvaise (et par chance un peu modernisée).
• La majorité des personnages de cette pièce sont des personnages historiques : Richard III, ancien Duc de Gloster, Clarence , les Princes de la Tour... Cela dit, la Guerre des Deux Roses est représentée de façon plus dramatique et tous les événements sont condensés : ne citez pas cette pièce dans un devoir d’histoire, vous risquez de passer pour un gland.

2 commentaires:

  1. Bonsoir, j'ai également lu Richard III. N'aimant pas les histoires politiques, j'ai eu du mal à commencer et à terminer ce livre...
    Je suis d'accord : Malgré tous ses abominables crimes, Richard nous captive et nous émerveille par sa grandeur. J'ai beaucoup affectionné le fait qu'il puisse passer d'un jeu à l'autre, passant ainsi d'un "honnêtement homme " devant la cour, à son véritable visage "Un vilain" pour reprendre l'expression de son monologue de l'acte I scène 1 . La scène avec Lady Ann est l'une de mes préférés, notamment à cause de la remise en question des sentiments tel que l'amour...
    Comme toi, la vitesse à laquelle s'enchaine les évènements me font oublier qu'ils se déroulent durant plusieurs années (mais ceci est plus un problème propre au théâtre) néanmoins, il peut dérouter de temps à autre.
    Les 2 meurtriers sont des personnages que j'affectionne beaucoup, en particulier celui qui va se remettre en question et finir par se repentir et ainsi s'élever. Le fait qu'un personnage aussi grossier s’élève montre que parfois les personnes les plus pourris ne sont pas les plus "pauvres" mais souvent ceux qui nous dirige ( d'ailleurs dans la pièce ils sont tous des usurpateurs).

    En revanche ce qui m'a surtout freiné dans l’œuvre, se sont les passages où les personnages secondaire mènent l'action. Je m'y suis souvent perdu (notamment dans l'acte III), à cause des noms et des différentes histoires et cela à rendu ma lecture très pénible. D'autant plus que le style Shakespearien n'aide pas vraiment à rendre une compréhension facile du texte. Les temps de pauses, comme la scène ou les 3 femmes de l'histoire se rencontrent ou encore le notaire qui s'adresse au publique, sont pour moi, inutile et finalement plus répétitive que reposante, comme si en plein milieu d'un épisode on se mettait à résumer tout ce que vous venez de voir il y a 10 min à peine !

    Pour finir, j'ai moyennement aimé cette pièce, mais il y a pire et ça reste un classique du théâtre ! Cependant je préfère largement lorsque Shakespeare écrit des romances.


    La sorcière de la Colline de L'est (qui était exceptionnellement à votre ouest aujourd'hui

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  2. Jamais lu, en revanche, j'en ai vu une adaptation des années 1950 réalisée et interprétée par Laurence Olivier (avec une bonne grosse bataille à la fin) mais dans laquelle le Richard en question fait plus "méchant-type" que personnage ambigü.
    Il y a aussi un film sorti en 1995 qui m'intéresse, à cause de la transposition historique (une Angleterre fictive des années 1930, durant la montée du nazisme) et aussi parce que Ian McKellen - voilà quoi.

    Pour l'histoire de la "gestion du temps", je suppose qu'au théâtre, ça doit mieux passer qu'à la lecture: déjà, on prend plus de temps à jouer un texte qu'à le jouer. Ensuite, avec un espace, des personnages en chair et en os sous ses yeux, et des choix de mise en scène particuliers, c'est sans doute plus marqué. Et puis à la lecture, on a tendance à s'imaginer un contexte "réaliste" je pense, un peu comme au cinéma, où le but est de faire croire au spectateur que tout ce qu'il voit est réel. Au théâtre, c'est un peu particulier, le spectateur doit faire l'effort d'accepter ce qu'on lui présente et lui dit, au mépris de ce que ses sens (la vue, principalement) lui suggèrent. C'est un peu compliqué à expliquer, mais je pense que tu vois où je veux en venir. D'ailleurs, à ce sujet, je t'invite à lire le prologue de "Henry V" - une autre pièce de Shakespeare.
    M'enfin, de toute manière, pour avoir étudié quelques pièces de l'auteur quand j'étais au lycée (en cours de théâtre et de littérature étrangère, principalement) j'ai l'impression que cette histoire de "gestion du temps" est un "problème" assez récurrent dans l'oeuvre de Shakespeare - ça, et le nombre effarant de personnages par pièce.

    Allez, à tchao bonsoir!

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