samedi 9 avril 2016

Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo,

Paris, 1482. Autour de la belle bohémienne Esmeralda, dont la danse résonne sur le parvis de Notre-Dame, gravitent trois prétendants prêts à tout pour la conquérir : Phoebus, noble capitaine,  Claude Frollo, prêtre sans foi, et le célèbre Quasimodo, bossu au grand cœur… Surplombant le roman, la cathédrale, vivifiante Babel, lieu de refuge et d’épouvante aussi, voit se presser autour d’elle le peuple, acteur de l’Histoire en marche. Récit historique à la langue pittoresque et roman noir tout de meurtres et de mystères, Notre-Dame de Paris connaît, aujourd’hui encore, une popularité sans égale.
Quatrième de couverture par GF – Flammarion.
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« – Monsieur le bailli du Palais, dit-il à un grand homme noir placé à quelques pas de lui, est-ce que ces drôles sont dans un bénitier, qu’ils font ce bruit d’enfer ? »
P. 109

Petite, j’étais une sacrée hippie : Le Roi Lion et Les 101 Dalmatiens étaient mes deux Disney préférés car les héros étaient des animaux et qu’ils gagnaient. Forcément, dans une certaine logique, je voulais adopter des lions et posséder autant de dalmatiens que possible.
Et puis il y avait ce Disney que je ne considérais pas comme mon favori mais qui m’intriguait au plus haut point. Je n’ai pas été surprise quand j’ai appris l’an dernier que Le Bossu de Notre-Dame avait failli passer à la trappe d’ailleurs : ce dessin-animé est tellement glauque et sexualisé que même moi, enfant, je savais qu’il y avait quelque chose à propos de cette histoire sans toutefois mettre le doigt dessus. Mais je sentais que quelque chose n’allait pas. 
Quand j’ai su qu’il s’agissait d’un roman de Victor Hugo, j’étais si petite (je n’avais pas encore lu les Harry Potter) que je n’ai pas cherché à me lancer dans cette lecture. Et puis, pendant deux ans, je me suis tanné pour passer le pas.
Le Bossu de Notre-Dame n’était pas mon Disney préféré, mais il l’est devenu. Tout comme le roman d’origine a rejoint mes coups de cœur de lecture.

Puisque Victor Hugo est un nom qui fait dresser les cheveux sur les crânes d’une majorité d’élèves, je dois bien reconnaître que l’identité de l’auteur a retardé ma lecture : je suis moins familière avec les classiques français et j’avais peur d’être dépassée par cette narration...
Quiconque s’intéresse au roman a entendu parler des descriptions du Paris médiévale par exemple, un passage qui en a découragé plus d’un...
Malgré tout, la découverte de la plume d’Hugo se résume à une bonne surprise, une très bonne surprise : si quelques pages semblent arrachées à un manuel d’Histoire, le récit d’Hugo reste très accessible encore aujourd’hui, rythmé tantôt par de la mélancolie, tantôt par beaucoup, beaucoup d’humour : j’ai été émue à plusieurs reprises, tandis qu’à d’autres moments, j’ai ricané, surtout aux côtés de Gringoire.
Les lecteurs allergiques aux notes en bas de page risquent de faire une crise de leur côté, mais pour ma part, j’étais ravie : sans note, j’aurais été perdue et ça permet de se cultiver un peu (genre que thune vient de thuner qui voulait dire mendier, génial, non ?).

Il faut également aimer l’Histoire : Victor Hugo nous plonge dans un Paris tout en royauté et en architecture gothique, tout en places du peuple et bâtiments administratifs. Je n’ai pas la prétention de dire que j’ai tout retenu et que je pourrais me lancer dans un job d’été en tant que guide à Paris et certaines informations sont peut-être de trop... mais beaucoup servent pour le décor, tandis que d’autres permettent surtout de comprendre les oppositions entre le peuple et les nobles, les juifs et les catholiques, les victimes et la justice...
Victor Hugo dépeint un Moyen Âge très noir, peut-être un peu trop, où l’ignorance frappe même les figures d’autorité et créent, volontairement ou non, des destins bien tragiques. Véritable roman gothique, Hugo se serait même inspiré du Moine de Lewis et je reconnais quelques aspects de ce premier roman sombre.
Pour aimer Notre-Dame de Paris, il faut surtout aimer être offusqué par l’injustice et la dureté de la réalité, la violence et la déception. Et en même temps, ironiquement, ça donne des occasions de rire. Je pense tout d’abord aux jugements de Gringoire et de Quasimodo...

Visions de Notre-Dame, dessin de Victor Hugo.
Parce qu’il n’y a pas qu’Olivier Peru qui illustre ses propres romans~

... Et le comportement de Phœbus. Quand je me souvenais du Phœbus de Disney, je tombais de mon lit et par terre, je faisais mes abdos en rigolant parce que je n’en revenais pas : donc oubliez la version de Disney, même si vous écoutez l’OST pendant votre lecture.
Humour mis à part, les personnages sont de qualité. Des claques se perdent par moments, mais dans mon cas, c’étaient des claques de rage, de frustration, pourtant, je pensais être rodée pour mon attachement aux personnages fictifs avec le Trône de Fer…
En tout cas, la galerie réunit des caractéristiques que j’aime : du réalisme, pas de manichéisme, des interactions frappantes et surtout, un religieux qui découvre les faiblesses humaines. Le point suprême pour que je tombe dans le panneau.
L’histoire qui me marquera le plus sera sûrement celle de Pasquette la Chantefleurie de Reims, même si j’avais rapidement soupçonné les ressorts du récit, j’avais hâte d’en voir les répercussions et je n’ai pas été déçue !
« – […] Le jour est à tout le monde. Pourquoi ne me donne-t-on que la nuit ? »
P. 456

Tragique avec une fin très marquante ([spoiler sur la fin] ça calme de lire le passage où le corps d’Esmeralda tressaute car pendue haut et court. Une gamine de seize ans se faire exécuter en place publique et avoir les descriptions… Qui a dit que les classiques étaient chiants et mielleux ? [/fin du spoiler sur la fin]), des personnages qui s’accordent parfaitement au décor gothique, un médiéval aux traits grossis mais effrayant et une écriture savoureuse, Notre-Dame de Paris a réuni toutes les qualités que je demandais et c’est comblée que je sors de cette lecture, prête à lire de nouveau du Hugo.
La peur en moins.
Et sur ce, je retourne me plonger dans mon enfance non plus avec le Disney mais la comédie musicale.


Je raccroche cette chronique à l’idée n°29 du Challenge des 170 Idées : on voit la cathédrale de Notre-Dame de Paris et il fallait bien que je lui laisse cette place d’honneur :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Victor Hugo a écrit Notre-Dame de Paris à la demande de son éditeur qui lui réclame un roman historique dans la même lignée que ceux de Walter Scott qui connaissent un grand succès aussi bien en Angleterre qu’en France à cette époque. Requête acceptée, d’autant plus que Victor Hugo était un grand admirateur de Walter Scott.
• Si vous n’avez pas aimé Notre-Dame de Paris de votre côté, sachez que même à l’époque, un congénère avait qualifié en 1831 le roman « [d’]ennuyeux, vide [et] plein de prétention architecturale » : il s’agit de celui qui sniffait son p’tit expresso par citerne, Honoré de Balzac.

1 commentaire:

  1. Moi au contraire, tous mes Disney préférés étaient ceux qui n'avaient pas des animaux pour héros ! Le bossu de notre dame a vite fait partie de mes préférés (mais la belle et la bête est resté en tête !).

    Je n'ai pas lu l’œuvre de Victor Hugo... du moins j'en ai lu un texte abrégé quand j'étais ado, bête et naïve ^^. Je croyais que je lisais le "vrai" livre et quand j'ai vu, à la fin, que ce n'était pas le texte intégral, je me suis sentie tellement roulée !!

    ...ça m'avait fait la même chose pour Jane Eyre.

    Bref, encore une lecture qu'il faudrait que je fasse ! J'ai l'impression de dire toujours la même chose sur ton blog mais tu me rappelles certaines "obligations" littéraires que j'ai laissé de côté depuis longtemps !

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