jeudi 5 avril 2018

10 jours dans un asile, de Nellie Bly,

Engagée en 1887 au New York World du célèbre Joseph Pulitzer, Nellie Bly a pour mission de se faire passer pour folle et d'intégrer un asile d'aliénés, le Blackwell's Island Hospital à New York. Elle y reste dix jours et en titre un brûlot. Dans ce reportage « undercover », elle met en lumière les conditions épouvantables d'internement des patientes ainsi que les méthodes criminelles du personnel.
Quatrième de couverture par Points, Reportage.
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« Laissez-moi vous dire une chose : dès mon entrée dans l’asile de l’île, je me suis départie de mon rôle de démente. Je parlais et me comportais en tout point comme d’ordinaire. Mais, chose étrange, plus je parlais et me comportais normalement, plus les médecins étaient convaincus de ma folie, […]. »
P. 18

Avant de commencer ma lecture, je me demandais si j’allais écrire ma critique dans le format classique ou dans la section psycho’n’crimino. En fermant le livre, je n’avais plus aucun doute : 10 jours dans un asile n’apporte strictement rien sur le plan psychologique et est simplement un reportage personnel, un compte-rendu subjectif.

J’aurais été déçue mais par chance, quelques critiques antérieures pointaient ce manque d’étoffement : Nellie Bly parle d’un asile, le Blackwell’s Island Hospital, parle de son expérience, parle de quelques aliénées. Mais cela s’arrête là : il y a finalement peu de descriptions et peu de comparaisons avec d’autres lieux d'hospitalisation. La journaliste rapporte un reportage sans poser les bases de son sujet et c’est très dommage… Elle évoque tout juste les cruels traitements entendus à l’extérieur (et les confirme). Mais c’est tout.

L’enquête aussi se révèle assez maigre : les médecins la privent de son carnet pendant son internement et on peut supposer qu’elle doit retranscrire son expérience une fois sortie, mais il est quand même dommage que le début soit pleinement détaillé et le reste totalement flou ! Pas même un passage où elle annonce être en fait une journaliste infiltrée, pas une seule transition entre le moment où elle est enfermée puis le moment où elle comparaît devant des juges pour rapporter ses recherches.

Finalement, les deux derniers chapitres à propos des maisons de placement et du travail d’ouvrière sont plus intéressants : brefs bien que ce soit justifié, l’essentiel est dit et l’émotion reste présente.

Un reportage qui se contente donc du minimum, une sorte de Vol au-dessus d’un nid de coucou plus épuré, avec uniquement des patientes plutôt que des patients. Si le sujet des asiles au XIXème vous intéresse, creusez vers des ouvrages plus sérieux car Nellie Bly ne comblera pas votre curiosité.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L’édition de Points propose à la fin deux mini-enquêtes : Dans la peau d’une domestique (Trying to Be a Servant), sous-titré Une étrange expérience dans deux bureaux de placement, et Nellie Bly, esclave moderne (Nellie Bly as a White Slave), sous-titré Une immersion dans une fabrique de boîtes.


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1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé cette lecture mais tout comme toi, j'ai eu une impression de trop peu. Je ne peux pas dire que j'ai été déçue pour autant mais en refermant le livre, j'ai franchement eu l'impression de ne pas y avoir trouvé tout ce que j'y attendais. C'est trop bref, trop survolé et finalement à nous, qui connaissons déjà un peu le sujet (dans le sens où on en sait plus que beaucoup de personnes de l'époque), cela ne nous apporte rien de nouveau. Si ce n'est un témoignage de plus. Pas inintéressant mais pas inoubliable pour autant.

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