jeudi 4 octobre 2012

La Louve et La Croix, de S. A. Swann,


An de grâce 1221.
Au cœur des sombres forêts des Carpates, frère Semyon von Kassel, chevalier de l'ordre de l'Hôpital Sainte-Marie-des-Allemands de Jérusalem, court comme s'il avait le diable aux trousses. Une bête monstrueuse, mi-homme mi-loup, a décimé ses compagnons.
Grâce à lui, l'Eglise va en faire une arme à son service : les Chevaliers Teutoniques recueillent et dressent clandestinement ces terrifiantes créatures pour terroriser les païens.
Or l'un de ces loups-garous, une fille nommée Lilly, réussit à s'échapper et trouve refuge auprès d'un jeune paysan qui fera tout pour la protéger des Templiers... mais aussi d'elle-même. Car la sauvagerie du meurtre est la seule vie que Lilly ait jamais connue et si le jeune homme ne parvient pas à percer les ténèbres de son âme, il sera sa prochaine victime...
Quatrième de couverture par Bragelonne.
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Je pense qu’il est juste impossible de dire en quoi ce livre a été pour moi une immense déception sans vous spoiler un peu… Car c’est les révélations et la fin qui m’ont poussé à accorder une note aussi petite à La Louve et La Croix. Donc, pour ceux qui ont lu le roman (et désolée pour ceux où c’était un coup de cœur, je risque de ne pas être tendre) vous ne risquez rien, pour ceux qui veulent le lire… Passez votre chemin, vous risquez de ne plus pouvoir savourer le livre. Donc à vos risques et périls.

Déjà, c’est dommage que j’en sois arrivée là, car le début était franchement pas mal. Ce mythe du loup-garou un peu revisité. Le système d’arme qui se retourne contre l’utilisateur a été vu, revu et rerevu (Prometheus, L’Échelle de Jacob, Elfen Lied…) mais placer ça au XIIIème siècle, ça pouvait être sympa. Même Udolf, bon personnage au début, j’ai aimé ce détail qu’il soit manchot. Car je me suis dis que, effectivement, au Moyen-âge, quand t’es paysan, t’es pas beau comme un ange et tu sens pas forcément la rose. Et j’avais aimé ce détail historique… Alors quelle déception quand [spoiler]j’ai compris que la perte du bras n’avait strictement rien à voir avec un problème « historique », mais purement fantastique puisque la louve Lilly est responsable de ce handicap.[/spoiler] Première grosse déception. Le réalisme historique qui s’envole et au final, je n’étais plus si impressionnée que ça.

Après, Udolf n’était pas un mauvais personnage, sa famille non plus… Mais honnêtement, le seul personnage que j’ai aimé un minimum, c’est ce pauvre garde qui s’occupait des loups, qui les frappait moins que les autres et qui les consolait en chansons. Et encore, ce pauvre garde, on connaît même pas son nom. J’ai trouvé Lilly insupportable [spoiler]son mutisme n’est pas la principale cause, même si la voir sans arrêt dire « je-je-je-je » ou « Ulfie ! » était franchement gonflant… Inutile de l’écrire à chaque page où Lilly apparaît, je pense qu’on a compris qu’elle n’arrivait pas à parler.[/spoiler], Udolf, je ne comprenais même plus ses réactions [spoiler]je veux dire… La fin ! Ce n’est pas comme si Lilly n’avait fait que arracher son bras : elle a massacré sa famille dans les pires conditions, d’accord, ce n’était pas sa faute, elle a reçu des ordres… Mais enfin, aussi belle soit-elle, jamais je ne pardonnerai à une fille ce genre de choses ! Après, c’est mon avis…[/spoiler]. Le pape, c’est le cliché le plus absolu. La famille d’Udolf, ce sont les bons paysans de n’importe quelle bonne aventure où les gentils sont toujours gagnants… 
Ah si : y a Günter qui était sympa comme personnage je trouve, je le trouvais sympathique mais c’est tout.

Pour une fois, je préfère la couverture française. Je trouve celle-ci kitsch au possible. 
Et... Serait-ce Jovovich ?!

Pour en revenir à Lilly, un autre point m’a énormément dérangé sur cette lecture : la romance de Lilly et Udolf. Elle aurait pu être tragique, déchirante… Ça m’aurait touché, mais je l’ai trouvé horriblement niaise. Je pense à tous ces passages où Lilly lui saute au cou et manque de l’étouffer tellement elle le serre fort contre elle et Udolf qui se met à rougir. Sans mentir, toute la première partie du bouquin, vous serez sûr de lire ce passage toutes les six ou sept pages. Je pense qu’on a compris, au bout d’un moment, qu’elle lui saute au cou et manque de l’étouffer tellement elle le serre fort contre elle et qu’Udolf qui se met à rougir. Mais peut-être que vous n’avez pas encore compris, donc je le redis : Lilly lui saute au cou et manque de l’étouffer tellement elle le serre fort contre elle et Udolf qui se met à rougir. Vous voyez comment le paragraphe que j’écris est devenu chiant ? Bah dans le bouquin, ça m’a fait le même effet.

Mais les nombreuses critiques m’avaient prévenu. On m’avait dit aussi que la fin par contre était bien, alors pleine d’espoir, je l’ai fini. Et j’ai ragé. [spoiler]Déjà, bien que la fin était bien partie (Lilly remontait dans mon estime en voulant se sacrifier pour la nouvelle famille d’Udolf, la panique dans leur village, etc.), la conclusion ne m’a pas plu du tout. En gros, c’était le mauvais effet de surprise : Lilly allait mourir, tout l’annonçait, mais non. En plus de survivre, elle se remet avec Udolf. Sans oublier que tous les gentils (sans exception) sont vivants et tous les méchant (sans exception) sont morts. Même Harry Potter, qui est un livre pour enfants à la base, fait moins naïf à côté. Honnêtement, le livre serait remonté dans mon estime avec une bonne conclusion finale où Lilly serait morte en héroïne, plus de tourments, ni pour elle, ni pour Udolf et sa famille. Après, si l’auteur a préféré cette fin, hein…[/spoiler]


Par contre, pour une quelconque raison, j'aime bien celle néerlandaise...

N’y a-t-il donc rien pour sauver ce livre ? Peut-être. Le style, malgré les répétitions qui n’en finissent plus (souvenez-vous que Lilly lui saute au cou et manque de l’étouffer tellement elle le serre fort contre elle et Udolf qui se met à rougir), les mots sont quand même bien choisis et ça rend la lecture relativement facile et rapide. J’ai trouvé la gestion de flash-back bien mené et ce n’était pas trop lourd. Mais c’est le seul point positif de ce livre selon moi.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• S. A. Swann ayant écrit un livre s’intitulant Wolf’s Cross, on pourrait penser qu’il s’agit du titre origine de La Louve et La Croix. Du tout : Wolf’s Cross est un roman qui n’est pas une suite de Wolfbreed (La Louve et La Croix) mais reprend le même univers. Il n’a pas (encore ?) été traduit en français.
• Ma référence dans le « Si vous aimez » renvoie au manga Elfen Lied. Après, ma déception se raccroche peut-être aussi à celle que j’ai eu du manga : une fille rousse incapable de parler, qui cache au fond d’elle une personnalité ultra dangereuse utilisée par l’armée mais dont le projet leur a échappé et qui retombe sur un garçon qu’elle connaissait déjà et profite de cette rencontre pour fuir… Oui. Vous aussi, ça vous dit quelque chose, je sais.

L'héroïne d'Elfen Lied s'appelle d'ailleurs Lucy, maintenant que je me souviens.

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J'aime comment ma chronique fait très gruyère.

5 commentaires:

  1. Maintenant que je lis ta chronique, tout cela me paraît bien évident. Souffrais-je d'une quelconque insuffisance quand j'ai rédigé ma chronique (je compulse frénétiquement mes archives pour la retrouver)?
    Vérification faite, c'est surtout la structure et le style qui m'avaient plu (je me souviens que l'histoire du bras m'avait un poil déçue, sans parler de la fin): dans un élan d'enthousiasme, j'ai dû occulter tout le reste et me concentrer sur ce que j'avais préféré!

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    1. C'est vrai que la structure est très bien gérée par contre : alterner avec flash-back et différents points de vue, c'est pas forcément évident, mais Swann s'est bien débrouillé pour le coup ! (Et moi qui ne suis pas fan de flash-back, là, c'est passé sans soucis)
      Mais ça n'a pas été suffisant pour moi, après, peut-être qu'en voyant toutes les critiques positives, j'en attendais un peu trop :/

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  2. Héhé la couverture que tu présentes n'est pas allemande, plutôt néerlandaise ou quelque chose dans ce goût là, je crois :p
    Ta critique ne me surprend pas, c'est bien dommage car intégrer l'ordre teutonique à une fantasy médiévale glauque et crasseuse aurait été un régal, cependant je le sentais gros comme une maison la romance niaise et tout ça. J'ai juste feuilleté le livre et lu quelques extraits, j'en avais eu une impression de pauvreté d'écriture vraiment choquante. Enfin... aucun regret donc pouroi =p

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    1. Ah ouais, maintenant que je regarde la citation sur la couverture, ça ne sonne pas du tout allemand ! xD J'avais piqué cette couverture sur google et il y avait marqué "german", il devait parler d'une autre image mais j'ai pas vraiment réfléchi sur le coup. Je vais corriger, ça o/

      Après, je l'ai surtout lu pour l'aspect "nouveau" du mythe du loup-garou pour ma part, mais bon, rien de nouveau sous l'horizon et je n'ai pas vraiment senti l'aspect historique non plus. Déjà, rien qu'avec cette histoire de bras amputé.

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  3. Pour la ressemblance avec elfen lied,c'est normal. L'auteur s'en est grandement inspiré pour son livre.

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