samedi 16 mars 2013

Salem, de Stephen King,

Comment une petite bourgade du Maine peut-elle, du jour au lendemain, devenir une ville fantôme ? Jerusalem's Lot, Salem, n'avait pourtant pas de caractéristiques particulières sinon, sur la colline, la présence de cette grande demeure, Marsten House, inhabitée depuis la mort tragique de ses propriétaires, vingt ans auparavant. Et lorsque Ben Mears y revient, c'est seulement pour y retrouver ses souvenirs d'enfance. Mais très vite, il devrait se rendre à l'évidence : il se passe des choses très étrange à Salem. Un chien est immolé, un enfant disparaît et l'horreur s'infiltre, s'étend, se répand, aussi inéluctable que la nuit qui descend sur Salem ...
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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Conseillé par une professeure d’arts au collège avec un résumé bref mais avec des mots très bien choisis, je n’ai pas hésité longtemps avant de piquer Salem dans la bibliothèque maternelle et me lancer dans mon premier roman vampirique (je ne compte pas vraiment C'est dur d'être un vampire par Pascale Wrzecz comme de la littérature vampirique en fait…).

Ma lecture remonte donc à plusieurs années déjà et pourtant, je me sens capable de faire une chronique globale tant ce livre m’aura marqué. Il s’agit en fait de mon premier véritable King (outre les nouvelles qu’on me lisait au lit) et j’en suis ressortie totalement conquise et par l’auteur et par la créature du vampire. Pour les lecteurs curieux qui voudraient enfin se lancer dans l’expérience du populaire auteur horrifique, Salem serait le livre que je conseillerais puisqu’il réunit tous les éléments qu’on peut attendre d’un bon livre d’épouvante. Alors certes, Salem ne réinvente pas le mythe du vampire mais garde bien sa place parmi les grands : monstres pervers, mythe classique et passages effrayants, encore aujourd’hui, certaines scènes me reviennent, [léger spoiler] comme cette interminable scène où le fossoyeur se demande si l’enfant enterré a les yeux fermés ou bien ouverts, il hésite à recouvrir de terre le cercueil, mourant d’envie de vérifier ses craintes. [/léger spoiler] Et d’autres encore…
Bref, je suis incapable de remettre en question le talent de Stephen King pour les récits effrayants depuis cette lecture fascinante.

Une illustration signée John Picacio,
pour Knowing Darkness: Artists
inspired by Stephen King.
Cela dit, faire peur, c’est bien, mais des monstres travaillés ne suffisent pas. Autrement, beaucoup de slashers d’aujourd’hui connaitraient de francs succès et pourtant, ils leur manquent quelque chose : des créatures élaborées doivent faire face à des personnages élaborés. Personnellement, même si je ne suis pas totalement tombée sous le charme de  Ben Mears comme Susan, je me suis beaucoup attachée au petit Mark et ses scènes ne manquent pas d’intérêt. Sans oublier une petite pensée pour le Père Callahan et le redoutable Barlow. Forcément, une fois liée aux personnages, une fois captivée par leurs mésaventures et plongée dans l’histoire, la recette s'est montrée très efficace. Concernant le style en lui-même, je pense l’avoir déjà mentionné dans d’autres chroniques concernant Stephen King, mais j’aime sa façon d’écrire presque désinvolte, sa plume crue et directe. Sans vouloir se montrer poétique, sans vouloir atteindre des proses lyriques, Stephen King prime surtout sur la réalité, des pensées courantes, des détails anodins mais précis… Son style est vivable, réel et renforce donc la crainte de ce que l’on pensait n’être que des légendes.

Cette chronique scelle donc l’empreinte impérissable que m’a laissé Salem, grande œuvre de l’épouvante concernant les vampires, ces créatures qui deviennent plus immortelles que jamais après une bonne lecture de ce genre. Vous l’aurez compris, je conseille vivement ce livre aux véritables amateurs de vampires.
En revanche, de déconseille fortement l’adaptation de 1979 ! Ici, l’écrivain torturé Ben Mears devient un Claude-François américain et superficiel et le touchant Mark devient une tête-à-claques, en plus d’un problème de rythme terrible et d’un rendu peu convaincant. Les seuls éléments à garder sont la scène où Danny rend visite à Mark et l’acteur James Mason.
Je me réconforte en me disant que le DVD était d’occasion.

Je garde quand même l'illustration puisque le vieux vampire est efficace en photo.
Mais pas à l'écran...

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Si certains l’ignorent, au moins ils l’auront peut-être deviné : Stephen King a été inspiré par Dracula de Bram Stoker. L’idée est partie d’une simple question : que se passerait-il si Dracula vivait un siècle plus tard, à la fin du XXème siècle ?
• Les grands fans de Stephen King savent déjà que l’auteur aime réutiliser certains de ses personnages, bien souvent en clin d’œil. C’est le cas avec Père Callahan qu’on peut retrouver dans la saga La Tour Sombre.
• Dans deux interviews différentes, Stephen King cite Salem comme étant son livre préféré parmi ses propres romans.
• Il existe énormément de villes aux États-Unis qui se nomment Salem, mais par chance pour Stephen King, aucune de celles du Maine ne porte ce nom.

4 commentaires:

  1. J'en garde un excellent souvenir de ce roman! Stephen King fait du vampire une créature monstrueuse et terriblement dangereuse, beaucoup plus violente même que le comte Dracula si l'on s'en réfère à la fin initiale du roman, dans la cave de la pension (révélée par King dans son essai 'Anatomie de l'horreur'). Chaque personnage a sa raison d'être ici et contribue à l'histoire. Et effectivement comme tu l'as si bien dit, on peut voir que toute l'oeuvre de King constitue une unité puisque le Père Callahan est un personnage des "Loups de la Callah" (mon préféré! :3), le quatrième tome de la "Tour Sombre", le noyau de l'univers kingien.
    Et plus qu'un simple récit d'horreur, Salem est un peu la dénonciation de la mentalité conservatrice des patelins paumés du fin fond de l'Amérique, les vampires étant un peu l'épice qui permet de relever le plat! King est franchement sadique.

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    1. Ça me rappelle que je n'ai jamais essayé de lire la saga de la Tour Sombre ! Je crois que, à l'époque où je m'y étais intéressée, la saga n'était pas finie et je voulais avoir tous les tomes dans la PAL avant de me lancer dans cette lecture, il faudrait que je retourne me renseigner depuis le temps ! En tout cas, je serai ravie de revoir le Père Callahan dans cette aventure :)
      Mais c'est vrai qu'il y a cette image d'Amérique conservatrice, qui revient souvent dans les autres romans de Stephen King d'ailleurs ! Mais attention, pour pas se faire taper sur les doigts : c'est tout en métaphore, tout en second degré...

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  2. C'est drôle que tu en parles, j'ai justement ce Stephen King dans ma bibliothèque (celui-là ainsi que "La Ligne Verte"), et je m'étais dite que celui-l) suffirait si je veux découvrir Stephen King, même si à l'origine, les romans d'horreur ne sont pas trop mon truc (... parce que je suis facilement effrayée et limite parano le soir dans mon lit), mais ce titre me faisait de l'oeil et je savais qu'il y avait un vampire là-dedans, le genre vampire traditionnel qu'on retrouve très bien chez Bram Stoker, surtou que King semble s'être inspiré de cette oeuvre pour faire "Salem". Peut-être aurais-je la motivation et l'envie de le lire un jour d'Halloween... ou au mois d'octobre puisque c'est un gros roman, histoire de me mettre dans l'ambiance d'Halloween !

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    1. Oulà ! Dans ce cas, accroche-toi pour celui-ci : il est assez efficace en termes de frayeur. Mais tout va bien, Stephen King sème ici et là des solutions pour contrer les vampires, il te faudra te reposer dessus à la rigueur pour réussir à dormir ? ;D
      Enfin, je surveillerai alors ta chronique en espérant que la découverte de cet auteur sera une bonne expérience pour toi !

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