dimanche 5 octobre 2014

La Servante Insoumise, de Jane Harris,

Fuyant un passé sordide, Bessy, 15 ans, est engagée comme servante dans un manoir isolé d’Écosse. Sa maîtresse, l’excentrique Lady Arabella, se pique d’étudier les mœurs des domestiques ; à cet effet, la jeune femme est tenue de consigner ses gestes et pensées. Fine mouche, Bessy se prend au jeu : avec gouaille et drôlerie, et sans aucune pudeur, elle relate sa vie au service d’une "grande"...
Quatrième de couverture par Points.
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« En m’approchant j’ai été surprise et pas mal troublée de voir que le crocus laissé par maîtresse au pied de la tombe paraissait avoir été renversé d’un geste brutal. Le pot était brisé et la terre (qui avait à mes yeux la couleur du sang séché) s’était répandue sur le sol. Le bulbe et les pétales avaient été piétinés. Pas moyen de savoir comment s’était arrivé. »
P. 361

J’ai mis du temps à sortir ce livre de ma PAL, je l’avais même cité dans le rendez-vous Dans ma PAL il y a un an, mais ce n’est que grâce au challenge littérature écossaise que j’ai lu le roman de Jane Harris. Et je ne regrette pas du tout cette lecture !

 Bon. Y a pas à tortiller : la couverture du milieu fait vraiment pâle figure...

Derrière ce titre aux tendances pornos et cette couverture bourrée d’anachronismes (si vous regardez bien, on aperçoit un poteau téléphonique...) se cache une histoire sordide et originale qui se déroule dans les années 1860. Originale, c’est le mot : vous ne trouverez pas un roman dont la narration est similaire à celle de La Servante Insoumise. Quand on ouvre un livre qui se déroule à l’époque victorienne, on s’attend à un vocabulaire chaste et guindé. Mais Bessy n’a pas sa langue dans sa poche, Bessy connaît la vie, mais Bessy n’est pas tout à fait comme Jane Eyre, car contrairement à la célèbre héroïne de Charlotte Brontë, Bessy est vulgaire, raconte comme une vraie Irlandaise des rues, fait des blagues un peu vaches... Bessy n’est pas un modèle comme la tendre Jane, Bessy, c’est la bonne copine d’il y a 150 ans.
Car en 545 pages, malgré mes premiers ressentis un peu mitigés, je me suis attachée à ce bout de demoiselle, peut-être aussi parce que l’histoire qu’elle narre prête souvent à rire ou à trembler.

L’histoire est d’ailleurs quelque chose qui m’a beaucoup perturbé : certains résumés ne se ressemblent pas, Points range le livre de Jane Harris dans aucune catégorie et il est dur de lui coller une étiquette sur la tranche. Là est le soucis ! Où nous entraîne Jane Harris ? Si vous me posiez la question, je dirai que c’est une histoire écossaise.
Tous les ingrédients made in Scotland se dissimulent entre ces pages, que ce soit la fascination pour les histoires de fantôme, les décors froids et brumeux, les oppositions farouches entre anglais et écossais, les rancœurs entre écossais et irlandais, les villages désolées et pauvres et le langage libéré de la demoiselle d’Irlande. Sans oublier une grosse dose de psychologie, tant sur la relation mère-de-substitution entre Madame Reid et Bessy et de traumatismes venant d’une sordide affaire policière. La Servante Insoumise n’est donc pas un thriller qui tourne autour d’un corps couvert de sang encore chaud mais d’une tombe glacée par l’hiver.

J’en garderai donc un très bon souvenir avec cette histoire sympathique, des personnages intéressants (petite mention à James Reid que j’ai mis du temps à apprécier et même si il se révèle étrange jusqu’au bout, j’ai été attendrie par cet homme décalé) et une ambiance typiquement écossaise qui vient envelopper le lecteur.

Je rejoins cette chronique au Challenge Écosse (car même si il est moins historique que L’Hermine, on ne peut pas se tromper sur le décor) et à l’idée n° 125 du Challenge des 170 Idées (mais Dieu sait que je déteste cette couverture et cette ridicule robe sans manche...) :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• On peut dire que Jane Harris maîtrise bien son sujet Irlande-Écosse puisqu’elle est elle-même une Irlandaise qui a été élevée en terre écossaise.
• Il s’agit du premier roman de Jane Harris et il a été accueilli avec de très bonnes critiques. Même de la part des anglais, c’est pour dire !

1 commentaire:

  1. Un roman d'ambiance :D Je note, je note, j'aime les petites choses un peu atypiques.

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