mardi 28 juillet 2015

Les Soirées de Médan, de Collectif,

C’est en 1880 que Zola et cinq de ses jeunes amis, Guy de Maupassant, Paul Alexis, Henry Céard, Léon Hennique et J.-K. Huysmans, décidèrent d'écrire chacun une nouvelle et de les publier en un volume sous le titre Les Soirées de Médan.
Le propos de ces textes était certes de faire une œuvre qui soit exemplaire du naturalisme. Et pourtant, de Boule de Suif de Maupassant à l’Attaque du Moulin de Zola, en passant par Sac au Dos de Huysmans, ce livre demeure un joyau de la littérature, de cette littérature du XIXème siècle à laquelle le roman français doit tant.
Quatrième de couverture par Les Cahiers Rouges, Grasset.
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Si j’ai dévoré des classiques anglais, américains et même russes, j’avoue que ma culture des classiques français est un peu (beaucoup) légère à côté. Certes, Zola ne m’était pas inconnu et je connaissais des anecdotes dramatiques de la vie mouvementée de Victor Hugo, mais jamais encore je n’ai lu ces classiques français que les professeurs louent tant et si bien.
Je me suis donc approchée à petits pas furtifs des Soirées de Médan qui réunit cinq nouvelles de cinq auteurs liés par l’amour de la langue française, traitant tous cependant du même sujet : la guerre Francoprusienne de 1870. Si les œuvres ne m’ont pas toutes convaincue, j’ai été très séduite par cette image un peu bohème avec ces cinq artistes réunis dans un vieux salon, discutant, partageant et travaillant tout en s’amusant.
Mais les comptes-rendus suivent dans ma chronique, gardez juste à l’esprit que la note finale n’est pas une moyenne de celles qui suivent mais jauge une impression générale :

Emile Zola et sa famille.

« [...] Et là, heureux de nous de nous trouver d’accord, pauvres d’argent, riches d’enthousiasmes, nous bavardions littérature, [...]. »
P. 10

      L’Attaque du Moulin, d’Emile Zola, 5/5
Pour un premier Emile Zola, j’avoue que le bonhomme a su y faire : une histoire adaptée au format nouvelle, la rendant ni trop longue, ni trop courte. Les descriptions sont imagées, agréables et originales, rien de lourd en somme, sûrement grâce au format.
Mais ce n’est pas juste une jolie petite nouvelle, le thème installe une campagne tranquille menacée par la guerre, l’ambiance retrace donc bien cette opposition et l’histoire se solde même d’une conclusion piquée d’une ironie qui me plaît énormément !
Une excellente rencontre, donc.

      Boule de Suif, de Guy de Maupassant, 5/5
Lui aussi, Guy de Maupassant a laissé une très bonne impression à la néophyte que je suis. Comme chez Zola, on ne s’intéresse pas aux soldats mêmes mais aux citoyens, victimes en fuite, affamés et angoissés.
Plus glauque en ambiance que L’Attaque du Moulin, on traîne dans le froid et la solitude avec des personnages détestables. Tout le côté négatif de la nature humaine finira par ressortir durant la nouvelle.
Une aventure détestable mais que j’aie beaucoup aimé. Après tout, hé, c’est la guerre.

      Sac au Dos, de J.-K. Huysmans, 2/5
Là, j’ai clairement eu un coup de mou.
Le lecteur bascule du côté des soldats, plus précisément du côté du sang-neuf, de jeunes français qui ignorent ce qui les attend.
Si le style n’est pas désagréable, j’avoue que j’ai eue du mal à y voir un intérêt quelconque : le sujet est bien trop vague pour le format de nouvelle et il n’y a pas vraiment d’histoire, juste un semblant de témoignage d’une cinquantaine de pages. Pour être franche, j’avais même l’impression que le récit tournait en rond…
Après, les deux premières nouvelles étaient vraiment excellentes, la déception de Sac au Dos est causée peut-être par un peu de comparaison…

La maison à Médan achetée par Emile Zola et où les cinq auteurs se réunissaient.

      La Saignée, de Henry Céard, 3/5
Là, ça remonte un peu : Céard relance un peu mon intérêt mais pas tant que ça non plus.
Étrange histoire d’amour et de séduction avec un personnage pimpant : Huberte de Pahauën, cette grande femme fausse rousse qui m’a pas mal amusée et ajoute un vrai tourbillon, tantôt comique, tantôt dramatique, ce qui apporte une autre ambiance par rapport aux autres nouvelles mais garde le thème d’une vraie déchéance.
J’ai aimé cette complexité mais j’avoue que j’aie eu un peu de mal avec le style et la fin perdait un peu de son souffle
Donc une bonne nouvelle mais sans plus…

      L’Affaire du Grand 7, de Léon Hennique, 2/5
Seconde grosse déception, j’avoue que je perdais le fil durant cette nouvelle, n’arrivant pas à accrocher à l’intrigue ou au style.
Très franchouillard et manquant d’originalité, je n’ai pas été bien emballée…

      Après la Bataille, de Paul Alexis, 4/5
Finalement, la dernière nouvelle a rattrapé un peu les trois précédentes : assez émouvant et reposant, après un recueil de guerre, Après la Bataille est la nouvelle parfaite pour clore ce livre. 
La rencontre de ces deux étrangers, un soldat du nom de Gabriel Marty et une femme en fuite appelée madame de Plémoran, est pleine d’attrait et de surprises. 
J’ai beaucoup aimé et la conclusion complète le charme.

Les portraits des six auteurs.

Bon, c’est un plus pour la culture générale, c’est sûr, mais je ne retiendrai que deux ou trois nouvelles de ce recueil, les autres ne suivant clairement pas…
Au moins, ça me motive pour lire les auteurs qui m’ont marquée.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le titre du recueil, Les Soirées de Médan, fait écho à la maison achetée par Zola à Médan, près de Poissy, en 1878.
• Plus tard, plus tard... Quand l’alcool sera retombé et que je serai moins fatiguée, je rajouterai des trucs à dire.

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