mercredi 17 février 2016

La Maison du Péril, d'Agatha Christie,

Un tableau qui se décroche à la tête d’un lit, un rocher qui dévale une falaise et s’écrase sur le sentier, les freins d’une voiture qui lâchent, une balle perdue…
Qui en veut à la vie de Miss Buckley ? Hercule Poirot n’aura de cesse de démasquer le coupable.
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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Avec cet excellent tome, je rejoins le fameux groupe VIP "ceux qui ont trouvé le coupable dans un Agatha Christie avant la conclusion", après la fausse alerte avec Cinq Petits Cochons. Au bout du onzième livre, ce n’est pas malheureux : c’est que je commence à connaître la Reine du Crime et à être familière avec ses intrigues. En gros, je suis à bonne école et je retiens mes leçons.

Hot chocolate, par faQy
J’avais hâte de lire Le Chat et les Pigeons mais j’avais été bien déçue par cette lecture, or il se trouve que j’avais la même hâte de lire La Maison du Péril… Et par chance, ce tome-ci fait partie des meilleures enquêtes d’Hercule Poirot ! Sans compter que je remercie Calimera qui a partagé une chronique positive qui a rassuré mes craintes et qui a été motivante.

La Maison du Péril est un vrai cocktail christien : des femmes fatales à la langue acérée mais aux mensonges habiles, des flirts cachés aux conséquences dramatiques, des années 30 où l’insouciance est à son comble dans un décor pourtant austère. Le détective belge entretient un jeu du chat et de la souris intense avec un ennemi rusé, un opposant digne de ce nom. Même si j’avais de sérieux doutes sur la fin, ce mystère intelligent est préservé jusqu’au bout et surprendra beaucoup de lecteurs.
D’autant plus que l’avancement se fait avec entrain : je ne me souviens pas de m’être ennuyée malgré quelques petits temps-morts très brefs, mais ces saccades permettent à l’accent dramatique de se poser sur chaque événement surprenant.

Une fois de plus, j’aime l’écriture vivante d’Agatha Christie, les anecdotes qui accordent une humanité à ses personnages et surtout à son détective belge, une qualité qui manquait cruellement au Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle, tristement chirurgical. À titre d’exemple, j’ai ricané comme une hyène quand Poirot parle de ses brioches dont il se gavera dans sa chambre pour simuler un manque d'appétit à table en public, alors que Hastings est cloué au lit, malade :
« — Je ne m’habillerai pas pour le dîner, murmura-t-il. Je suis un vieil homme trop anéanti. Tel est le rôle que je dois jouer. Toute mon assurance s’est envolée. Je suis brisé… j’ai échoué. Je vais manger du bout des lèvres… en laissant mes assiettes pleines. Je crois que c’est l’attitude qui convient. Mais dans mes appartements, je mangerai des brioches et des éclairs au chocolat que j’ai eu la prévoyance d’acheter chez un traiteur. »
P. 184
Preparing Hot Chocolates, par liajedi
Si je n’ai jamais beaucoup porté Hastings dans mon cœur, ce duo me plaît en fait de plus en plus, surtout dans un tel nid de vipères. L’effet du whodunit n’empêche pas de s’attacher aux personnages et les liens tissés restent toujours aussi intéressants.

Certainement un des meilleurs Poirot que j’ai lus jusqu’à maintenant grâce à cette enquête bien menée et à la qualité de la conclusion. Un des Christie qu’il faut lire au moins une fois si on n’a pas la volonté de tous les dévorer.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Une réplique de Poirot à la page 96 fait clairement référence à un conseil de Sherlock Holmes « Une fois éliminées toutes les possibilités, celle qui reste doit être la bonne. ».
• Il y a quelques références au septième tome, précédent La Maison du Péril, Le Train Bleu comme une enquête connue et couronnée de succès.

5 commentaires:

  1. Ahah je n'ai pas lu assez de Christie pour connaitre par cœur ses astuces, mais j'espère bien deviner la fin avant de fermer un de ses livres un jour aussi. :D

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    1. Sur près d'une centaine de romans, faut pas s'en faire : y aura bien une fois où la Reine du Crime ne saura pas se montrer infaillible ;D

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  2. J'ai très peu lu d'Agatha Christie mais ton billet me donne envie de la redécouvrir...
    Tu m'as fait hurler de rire avec ton "j’ai ricané comme une hyène "... XD

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    1. Mais je ricane vraiment comme une hyène, avec la gueule ouverte et tout ! (j'adore les hyènes depuis le Roi Lion et la réplique dans le film Bernie "moi, j'suis ami avec une hyène", je ne m'en lasse pas)

      Mais plus sérieusement, La Maison du Péril est un bon tome pour redécouvrir Christie, j'espère que tu accrocheras :)

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  3. Je suis contente que ce roman t'aies plu, c'est l'un de mes préférés. Je trouve aussi que c'est l'un des rares romans où ce brave garçon, alias Hastings, sait se faire apprécier et se rendre utile. J'ai une relation assez étrange avec Hastings. D'un côté, j'aime le personnage et essentiellement sa relation avec Poirot, de l'autre je ne le trouve pas très futé, me demande pourquoi Poirot se le trimbale avec lui et ai un peu honte de lui mais je pense que mon affection pour Hastings est beaucoup du à la série avec David Suchet et Hugh Fraser. J'aime beaucoup le Hastings joué par Fraser, d'autant plus que la série lui a donné un rôle plus important et l'a rendu plus présent (même dans des adaptations d'histoires où Christie n'a jamais fait apparaître le personnage), et qui sait... avec les qualités de Hastings, Poirot doit énormément l'apprécier pour ces raisons que pour ses qualités de détective :)

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