vendredi 1 avril 2016

La Maison de Soie, d'Anthony Horowitz,

Les aventures de l’Homme à la casquette plate et de la Maison de soie ont été, d’un certain point de vue, les plus sensationnelles de la carrière de Holmes. Seulement, à l’époque, il m’a été impossible de les raconter pour des raisons qui apparaîtront clairement au lecteur. Cependant, j’ai toujours eu le désir de les écrire, afin de compléter le canon holmésien.
C’était impossible plus tôt : les événements que je vais décrire étaient trop monstrueux, trop choquants pour être imprimés. Ils le sont toujours aujourd’hui. Je n’exagère rien en affirmant qu’ils pourraient mettre à mal le tissu tout entier de notre société, ce qui, particulièrement en temps de guerre, est une chose que je ne peux risquer. Une fois ma tâche accomplie, à supposer que j’aie la force de la mener à bien, j’empaquetterai le manuscrit et je l’enverrai dans les coffres de Cox and Co., à Charing Cross, où certains autres de mes papiers personnels sont conservés. Je donnerai comme instruction que, de cent ans, le paquet ne devra pas être ouvert. Il est impossible d’imaginer à quoi le monde ressemblera alors, mais peut-être mes futurs lecteurs seront-ils mieux immunisés contre le scandale et la corruption que mes contemporains. Je leur transmets ici un dernier portrait de Mr Sherlock Holmes.
Quatrième de couverture par Calmann-Lévy.
---
« Holmes s’était souvent moqué de ma prose, et je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, si j’avais pris place devant le pupitre, je l’aurais senti debout derrière mon épaule, en train de se moquer gentiment, depuis l’outre-tombe, de tout ce que j’aurais pu dire. »
P. 11

Quand La Maison de Soie a été éditée, je l’ai reçu pour le Noël qui a suivi sa sortie. Mais avec cette vague de critiques enthousiastes, j’ai beaucoup retardé ma lecture, un peu inquiète, et j’avoue que j’ai commencé le roman à reculons. Tout le monde parle d’Anthony Horowitz comme le digne héritier fidèle de Sir Arthur Conan Doyle, qu’il s’agit de la révélation du siècle... Bref, le genre de pub qui ne rassure pas. 
Comme quand on appelle Stephenie Meyer la digne héritière de J. K. Rowling alors que Twilight a autant de rapport avec Harry Potter que j’en ai avec un morse (les blagues sur les dents sont déconseillées).
Au niveau espoir, j’ai eu une meilleure surprise avec La Maison de Soie qu’avec la romance de Bella et Edward ! Effectivement, si je refuse de dire qu’Anthony Horowitz est le nouveau Arthur Conan Doyle (car c’est contre mes principes de comparer deux auteurs comme ça, c’est réducteur), il est très fidèle en tout cas à l’œuvre première !


Comme pour Anne Perry et contrairement à Arthur Conan Doyle, Anthony Horowitz est libéré des mœurs victoriennes, pouvant offrir une trame plus glauque, plus fouillée et ainsi répondre à des attentes des lecteurs d’aujourd’hui. Ne vous attendez pas pour autant à un thriller violent et gore : Anthony Horowitz ne fait pas l’injure de servir un roman à la David Fincher où l’hémoglobine coule à flots et si l’enquête reste assez "simple", elle est axée sur l’intelligence et la logique. L’horreur du roman puise plutôt dans le comportement des coupables et leur psychologie, un sujet humain.
Certes ce n’est pas une logique aussi mind-fuckante que celle de Conan Doyle et si je n’avais pas deviné tout le mystère, j’ai vite suspecté les grandes lignes. Alors que j’étais bien souvent dans le brouillard total dans les nouvelles du canon…


Mais ces deux écarts n’empêchent pas la fidélité d’Horowitz à l’œuvre de Doyle : les références sont nombreuses, on sent que l’auteur a potassé son sujet et qu’il s’adresse à ceux qui connaissent le canon. Je pense qu’on peut lire La Maison de Soie sans avoir lu ne serait-ce que trois romans/nouvelles d’Arthur Conan Doyle, mais le roman risque de perdre de sa saveur. Reconnaissons-le : on lit des pastiches pour faire une continuité et combler le manque, partager un sujet favori.

Ici, on est devant un pastiche que les amateurs holmésiens devraient essayer : ne vous attendez pas à du Arthur Conan Doyle, attendez-vous plutôt à un bel hommage fait avec respect et modernité, proche du thriller. Malgré mes craintes, je ne regrette pas et j’accepte le fait que le roman ait autant de succès... Sans aller jusqu’à dire qu’Horowitz est le "nouveau Doyle", car je déteste ce genre d’appellation.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Les liens ci-dessous concernent le livre en grand format (l’édition que j’ai), mais la version poche existe depuis.

2 commentaires:

  1. Merci pour la découverte ! Je crois que je vais me l'offrir prochainement s'il est sorti en poche !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Héhé, de rien, j'espère que ce sera une bonne lecture :)

      Supprimer