samedi 19 mai 2012

Carrie, de Stephen King,


A dix-sept ans, solitaire, timide et pas vraiment jolie, Carrie White vit un calvaire, victime du fanatisme religieux de sa mère et des moqueries incessantes de ses camarades de classe. Sans compter ce don, cet étrange pouvoir de déplacer les objets à distance, bien qu'elle le maîtrise encore avec difficulté...
Un jour, cependant, la chance paraît lui sourire. Tommy Ross, le seul garçon qui semble la comprendre et l'aimer, l'invite au bal de printemps de l'école. Une marque d'attention qu'elle n'aurait jamais espérée, et peut-être même le signe d'un renouveau ! Loin d'être la souillonne que tous fustigent, elle resplendit et se sent renaître à la vie. Mais c'est compter sans l'aigreur et la mesquinerie des autres élèves.
Cette invitation, trop belle pour être vraie, ne cache-t-elle pas un piège plus cruel encore que les autres ?
Quatrième de couverture par J'ai lu.
---

Lorsque j’ai appris qu’il s’agissait du premier roman de Stephen King, j’avoue que je suis restée sur le derrière une bonne dizaine de minutes : c’est un pari risqué de commencer une carrière avec un livre en mêlant plusieurs styles de narration et en se débrouillant bien au final. Carrie présente donc un récit original, recoupé en récits littéraires, interviews, articles de presse, lettres… Bref, un cocktail qui touche à tous les genres et où Stephen King fait ses preuves dans ce merveilleux petit roman, accolant déjà ses phrases qui se répètent et finissent par hanter l’esprit.

Dans Carrie, l’auteur touche déjà aux caricatures de l’American Way of Life, en plus ou moins exagérés : les familles banales au vernis impeccable, les dangereux chrétiens puritains, les lycéennes superficielles et hargneuses, les boucs-émissaires qui ne donnent pas envie d’être protégés… Quoique, Carrie est, dans son genre, à la fois attirante et repoussante. Faible et forte au point de devenir dangereuse, on ne sait si on éprouve de la compassion sincère ou de la peur qui nous oblige à s’incliner devant ce personnage aux traits pourtant doux. Effroi ou admiration, si Carrie fera peut-être rêver les têtes de truc par son pouvoir effrayant, il est sûr et certain d'une chose : qu'elle fera trembler chaque lecteur.
Un sujet donc classique, la victime qui se redresse dans un bain de sang, et pourtant qui est monstrueusement efficace. Au point de devenir cruel.
Mais Carrie n’est pas l’unique personnage, les autres ne servent pas uniquement à meubler le décors et ont leurs propres convictions, leur motivation… De quoi faire grincer nos dents ou nous tirer les larmes des yeux. Je ne préfère pas en dévoiler plus, surtout pour ceux qui n'auraient pas eu l'occasion de le lire ou même de voir le film.

Une légende noire que toute personne qui se dit esclave de la littérature fantastique devrait lire si il veut que sa réputation reste valable… Déjà pour découvrir le début réussi de Stephen King et parce que malgré l’excellent film, 98 minutes de pellicule ne sont pas capable de retranscrire tout l’intérêt de ce roman. 
Autre que l’horreur je veux dire.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• S’il s’agit du premier bébé de Stephen King, Carrie n’était pas loin de l’avortement. Ugh, ça fait bizarre dit comme ça. Mais remercions son épouse Tabitha King d’avoir sauvé le début d’une carrière longue et prometteuse car à cause des problèmes d’alcool et les refus décourageant d’éditeur que Stephen King accumulait, il était prêt à jeter le manuscrit. Et c’est Tabitha King qui a insisté pour que son mari passe le récit à une maison d’édition et… Qu’il soit enfin accepté !
• Un film, fidèle pour retracer le plus gros de l’histoire, est sorti en 1976 signé par Brian De Palma. Mais si la frayeur est bien retranscrit et que Sissy Spacek nous montre un talent d’actrice remarquable… Il manque quelque chose du roman, de toute la moralité cruelle et blessante. Mais cela permet de lire le livre même après avoir vu le film avec toutes les libertés que s’accorde De Palma sur la fin. Et on lui dit merci !
• Un remake/seconde adaptation dont le tournage commencera courant 2013 et signée par Kimberly Peirce mettra en scène Chloë Moretz qui reprendra le rôle de Carrie. Plutôt déçue car je ne l’ai vu que dans Dark Shadows et elle ne m’a pas spécialement convaincue, d’autant plus qu’elle a été choisie parmi Dakota Fanning, Emily Browning, Lily Collins et Isabella Heathcote (j'aurai préféré Isabella Heathcote pour ma part). Mais je ne crache pas non plus et je verrai si, dans ce rôle qui a donné une chance inouïe à Sissy Spacek, Chloë Moretz saura aussi bondir pour de vrai et me charmera enfin. D’autant plus qu’elle aura une partenaire de qualité car la production a choisi l’impressionnante Julianne Moore pour jouer la folle Mrs. White. Chloë Moretz est donc gagnante.


4 commentaires:

  1. Ah j'avais adoré ce livre, le côté martyr, la mère à moitié taré, ouaip !
    Je savais pas que Stephen King avait des problèmes d'alcool (eh ton article m'apprend des choses en plus xD), et moi aussi j'ai plutôt hâte de voir le nouveau film, l'ancien était chouette aussi, mais un truc plus récent, pourquoi pas !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ravie que mes anecdotes apprennent des choses alors xD

      Pour le remake, j'espère qu'ils donneront une autre fin au film en fait. La fin du livre était nettement plus touchante que celle du film. Je me souviens que j'en avais pleuré aux dernières pages, alors que le film joue surtout sur la peur. Mais croisons les doigts et... Wait and see~

      Supprimer
  2. Un bon ouvrage mais que je ne relirais pas, un livre vraiment oppressant et dur. As-tu vu le remake du film? Pour ma part, j'ai bien aimé.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Très oppressant et poignant, oui ! Surtout quand on sait que Stephen King l'a écrit "en hommage" à une prof et une camarade elles-mêmes persécutées...

      Alors honnêtement, sans prendre de pincettes, j'ai détesté le remake, peut-être parce que je suis très attachée à l'adaptation de 1976 et que j'aime davantage Sissy Spacek que Chloë Moretz qui n'est, à mes yeux, pas crédible en Carrie avec ses bouclettes... À la base, je suis une grande fan de Julian Moore mais même sa présence n'a pas réussi à me convaincre... :/
      Je ne sais pas si tu as vu la version de De Palma ? Si tu as l'occasion, n'hésites pas : l'ambiance est tout à faire différente et ce qui m'a le plus plu je pense, c'est le style "old school" qui se rapproche plus des classiques d'horreur du cinéma ! (Je suis un peu grincheuse à ce niveau-là, mais c'est vrai que j'accroche difficilement aux remakes de The Omen, Amityville ou Evil Dead par exemple... Il n'y a que ceux de Rob Zombie que j'adore en fait !)

      Supprimer