lundi 27 janvier 2014

Travail Soigné, de Pierre Lemaitre,

Dès le premier meurtre, épouvantable et déroutant, Camille Verhœven comprend que cette affaire ne ressemblera à aucune autre. Et il a raison. D’autres crimes se révèlent, horribles, gratuits… La presse, le juge, le préfet se déchaînent bientôt contre la « méthode Verhœven ». Policier atypique, le commandant Verhœven ne craint pas les affaires hors normes, mais celle-ci va le laisser totalement seul face à un assassin qui semble avoir tout prévu.
Jusque dans le moindre détail.
Jusqu’à la vie même de Camille qui n’échappera pas au spectacle terrible que le tueur a pris tant de soin à organiser, dans les règles de l’art…
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche, collection Thriller.
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« — On jurerait le combat du Bien contre le Mal, disait sa mère. Vois David, ses yeux fous, et chez Goliath, le calme de la douleur. Où est le Bien, où est le Mal ? En voilà une grande question… »
P. 105

Il était temps que je me remette un peu au genre thriller et tant qu’à faire, autant découvrir l’un des auteurs français les plus connus du milieu : Pierre Lemaitre.
J’avais entendu parler du fameux succès d’Alex (comment passer à côté ?) et j’avais donc offert ce livre sans savoir qu’il s’agissait du second tome d’une trilogie. Qu’à cela ne tienne, l’heureuse lectrice a acheté tous les autres livres de Lemaitre et les a lu en l’espace de quelques mois, ce qui a été suffisant pour m’intriguer. Je me suis donc lancée dans Travail Soigné pour rencontrer celui qu’on surnomme, d’une certaine façon, LE Maitre.

Déjà, la première chose qui m’a frappée, c’est la qualité de la narration. Sans pour autant verser des larmes d’adoration, j’ai vraiment été séduite par la plume de Lemaitre, très différente de ce que l’on peut attendre dans un thriller. On sent un certain goût pour la littérature sous toutes ses formes, son amour pour l’art qui se confirmera tout le long du récit. Rien que pour sa maîtrise de la langue et sa passion pour l’Art en général, j’ai sympathisé avec Lemaitre.
Concernant l’Art du Crime, j’ai eu du mal à accrocher au début car c’est la nouvelle tendance autant dans les romans que dans le cinéma : faire du gore. Bains de sang, tortures décrites avec détails, Kâma-Sûtra du viol, psychopathe obligatoirement sanguinaire et sadique… Bref, si la couverture demande au lecteur d’avoir l’estomac vide et le cœur bien accroché, le thriller aura plus de chances d’être vendu en somme. Lemaitre me donnait l’impression de suivre le mouvement avec des scènes de crime qui cherchent clairement à impressionner les pauvres néophytes comme nous. Faire du sensationnel, c’est bien, quand ça renverse la logique, ça l’est moins.
Cela dit, j’ai continué ma lecture et j’ai bien fait car cette violence ambivalente est un « faux indice » j’ai envie de dire, [spoiler sur les motivations du tueur] je me demandais quel tueur pouvait changer son mode opératoire comme de chemise, alors qu’en fait, il s’agit de reproductions d’œuvres littéraires et non d’un mode opératoire fixe [/fin du spoil sur les motivations du tueur]. Ingénieux, Monsieur Lemaitre !

De plus, l’enquête réserve de nombreuses étapes. Même si vous découvrez l’identité du criminel, la fin pourrait quand même bien vous surprendre car le tout ne repose pas uniquement sur le nom du tueur. Il y a même un peu d’inachevé à la conclusion, des questions qui restent sans réponse et si je ne râle pas, c’est parce qu’il s’agit d’une trilogie ! Réponse(s) au(x) prochain(s) épisode(s) !
Autrement, oui, j’aurais tapé du pied par terre et mordu mes peluches.
« Lorsqu’ils arrivent sur les lieux d’un crime, inconsciemment, les plus jeunes cherchent des yeux l’endroit où se trouve la mort. Les plus chevronnés cherchent la vie. »
P.25

Quant aux personnages, je les trouve très réussis, notamment le Commandant Verhœven qui est clairement atypique. Par contre, j’ai vite fait de l’imaginer sous les traits de l’acteur Peter Dinklage car sa description renvoyait plutôt à l’Oncle Fétide… Imaginer l’Oncle Fétide enquêter sur des affaires macabres dans le Paris moderne, non. Ce n’était pas possible.
Je me suis beaucoup attachée à Louis aussi [spoiler] j’ai même eu beaucoup de doutes sur lui puisqu’il correspondait au profil du tueur sur de nombreux points et j’avais peur que ce soit lui le fameux Romancier [/spoiler], le psychiatre Dr. Crest, le libraire Lesage… Bref, une galerie classique mais variée et logique, chaque personnage est doté d’une histoire qui sera plus ou moins dévoilée durant le roman. Leurs relations aussi sont peaufinées en dehors de l’enquête, rajoutant une dose de réalisme à Travail Soigné : y a le boulot et y a la vie privée à côté.
Et bien sûr, dans tout ce beau monde, le Romancier qui réserve quelques surprises : son identité, ses motivations... Mais également ses méthodes, son caractère, bref, c'est un tout.

Donc, malgré un démarrage difficile (mais c’est le cas pour la plupart des thrillers), Travail Soigné est une excellente surprise. Ce n’est pas le roman du siècle, encore moins une énigme qui rendrait vert de jalousie Doyle et Christie mais un thriller quand même ingénieux.
Lemaitre nous sert avant tout un bel hommage à la littérature policière et pour les lecteurs assidus et passionnés, c’est un clin d’œil affectueux.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Vous pouvez lire le premier chapitre ici.
• Nuits Blanches est une référence à la revue littéraire Nuit Blanche québécoise.
[risque de spoil à propos des meurtres] Les quatre livres qui sont pris en référence par le tueur Le Romancier sont Le Dahlia Noir de James Ellroy, American Psycho de Bret Easton Ellis, Laidlaw de William McIlvanney et Le crime d'Orcival d'Émile Gaboriau. [/fin du risque de spoil à propos des meurtres]

2 commentaires:

  1. Les enquêtes du célèbre commissaire Verhoeven ont depuis fait le tour du monde.

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  2. je l'ai trouvé pas mal du tout, même si j'ai préféré Alex et Robe de marié :)

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