mardi 31 mai 2016

David Copperfield, de Charles Dickens,

La vie de David Copperfield est sans histoire jusqu’au jour où sa mère se remarie. Maltraité par son beau-père, envoyé en pension, David commence une lente descente aux enfers. Travaillant à Londres pour survivre, il n’a plus qu’une idée en tête: s’enfuir et retrouver le bonheur perdu... Mais il ne peut compter que sur lui et la providence pour s’en sortir...
Quatrième de couverture pris de LivrAddict.
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Traddles, Micawber et David Copperfield, illustration signée par Frank Reynolds, 
un dessinateur qui s’est chargé de beaucoup d’illustrations du roman.

J’ai l’habitude de dire que je suis une vraie amatrice de littérature classique anglaise. J’ai rêvé aux côtés des sœurs Brontë, j’ai été scotchée par W. Wilkie Collins, j’ai observé les enquêtes orchestrées par Arthur Conan Doyle, mais j’ai du mal avec l’icône qu’est Jane Austen (bien qu’une nouvelle tentative s’impose) et maintenant, je me brise les dents sur du Charles Dickens, un auteur que je pensais aimer et la rencontre se résume finalement par une déception totale…

Charles Dickens par John Picacio.
"Totale", j’exagère un peu : le début est très prenant, j’ai souri, j’ai été attendrie à de nombreux passages et j’avais envie de découvrir si le petit David Copperfield allait enfin trouver le bonheur. La réputation de Dickens s’illustre très bien ici : un petit garçon avec un père décédé et une mère si jeune qu’elle se remarie avec un homme cruel sans en avoir conscience doit lutter contre l’univers hostile du XIXème siècle. Au programme : humiliation, conditions difficiles dans un pensionnat, abandon, travail ingrat... Et tout ça sur le dos d’un gamin qui éveille la sympathie tant il est mignon.
Mais on voit aussi David Copperfield grandir : le roman d’apprentissage s’impose. Véritable Dom Juan raté, David Copperfield a le cœur qui s’emballe vite, s’attache et ses premières histoires d’amourettes font sourire (beaucoup pourront se reconnaître, surtout avec l’aînée des sœurs Larkins, j’ai adoré cette partie) et découvre le monde avec plein de rêves dans la tête auprès de personnages hauts en couleur, parfois même comiques. La tante Betsey Trotwood est d’ailleurs magique, formidable et elle est certainement mon personnage préféré.
Des passages donc très attendrissants… Mais qui clôt ce très bon début avant que l’ennui ne s’installe.



Après cette première partie qui présente un David Copperfield tout en rêveries de grandeur et passions, l’ennui s’installe. J’ai trouvé le temps très long et, bien que j’ai suivi ce roman en audiobook, j’ai passé des chapitres, c’est dire !
[à gauche, Miss Agnes Wickfield, à droite l’aînée des sœurs Larkins, 
portraits de Frank Reynolds.]
Je ne pense pas que ce soit la faute du genre "roman d’apprentissage", Jane Eyre ne m’avait pas assommé à tel point, peut-être parce que j’ai trouvé la plume plus belle, peut-être parce que je trouvais que le décor faisait un cadre captivant, peut-être parce que je trouvais que l’histoire était plus intense. Alors que pour David Copperfield, j’ai trouvé qu’il ne se passait rien ([spoiler] même le "kidnapping" d’Emily par l’ex-grand copain de David n’a pas réussi à me convaincre plus que ça, j’ai pourtant eu un élan d’espoir mais non... [/spoiler]), la trame est assez confuse et le lecteur est entraîné dans de trop nombreux détours qui n’aboutissent à rien.

Si j’ai écouté les derniers chapitres, c’était pour un seul personnage : Agnes Wickfield, [spoiler] je n’avais qu’un désir : savoir si enfin David Copperfield allait se rendre compte combien cette brave femme l’aimait et qu’il avait tout intérêt à lui demander sa main.[/spoiler] Cette fin, que je désirais bien sûr, s’est réalisée et c’est bien pour ça que je l’ai aimée, mais Charles Dickens aurait pu abréger le suspense et nous faire profiter de ces moments plus tôt et plus longtemps...

Différentes couvertures.

Enfin, mon avis mitigé ne me refroidit pas non plus, car le coupable n’est pas Charles Dickens : c’est Victor Hugo. Jonglant entre plusieurs lectures (j’ai habituellement deux livres en cours minimum), j’ai été impressionnée par Notre-Dame de Paris et je préférais rallumer ma lampe de chevet à 2 heures du matin pour poursuivre ma lecture que de m’endormir paisiblement avec David Copperfield dans les oreilles. Deux classiques, deux emblèmes de deux littératures différentes, un monument français percutant une personnalité anglaise mais j’ai préféré la cathédrale de Paris aux plages grises sous le drapeau de l’Union Jack.
Je redonnerai une chance à Charles Dickens mais son roman préféré ne sera le mien… Je suis même un peu triste dans ma déception.
Les lieux que le lecteur visite aux côtés de David Copperfield.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
David Copperfield est vu comme une semi-autobiographie : Charles Dickens a placé beaucoup d’éléments personnels dans cette histoire et a été inspiré par des voyages aux environs des côtes du Norfolk. Dickens appelle David Copperfield son « enfant chéri ».
• Pour ceux qui utilisent Google, oui, le magicien David Copperfield a emprunté ce nom de scène en référence au roman de Dickens. Pourquoi ? Bah je vous laisse chercher, je ne m’intéresse pas vraiment à la raison.
• J’espère que malgré tout vous écouterez cet audiobook, ne serait-ce que pour la narration de Victoria, de son vrai nom Fabienne, qui fût une liseuse bénévole de Littérature Audio. David Copperfield est sa dernière participation et la page accueille de nombreux hommages depuis son décès et je dois dire qu’ils sont tous mérités : je crois que c’est bien la meilleure narratrice que j’ai pu entendre avec un timbre clair, doux et doué pour faire vivre les dialogues (comme ce vieux dans les premières années de Copperfield qui se plaint tout le temps d’avoir mal, j’en pleurais de rire...). Si l’histoire n’a pas réussi à me convaincre, je suis totalement conquise quand même par la voix de Victoria, et c’est peut-être grâce à elle que j’ai trouvé des points positifs à l’histoire de David Copperfield.
• Ci-contre, Miss Peggotty et David, par Jessie Willcox-Smith qui s’est démarqué de Frank Reynolds avec des illustrations plus lumineuses, plus enfantines.

2 commentaires:

  1. De Charles Dickens j'avais commencé Les grandes espérances... J'aimais beaucoup... et puis je ne sais pas pourquoi, je me suis mise à lire autre chose et j'ai oublié de le reprendre, ce qui est un terrible tort. Je pense qu'en effet, tu aurais tout intérêt à essayer un autre de ses romans, histoire de savoir s'il n'est vraiment pas fait pour toi ou si votre première rencontre a été ratée ! ça arrive aussi ! :) Sauf qu'une première déception ne pousse pas forcément à ouvrir un second livre...

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    1. Il faudra, oui !
      Le pire, c'est que j'ai apprécié le tout, c'est juste que le milieu m'a vraiment ennuyée et les éléments de l'intrigue étaient assez fades à mon goût... Et pis, je pense que j'ai été déçue parce que c'est "le grand Charles Dickens", "c'est son oeuvre la plus aboutie, elle est grandiose", les critiques assez fortes influencent toujours un peu...
      Mais je laisse toujours une seconde chance ! Voire une troisième, surtout avec une bibliographie comme celle de Charles Dickens xD

      J'ai entendu parler des Grandes Espérances, oui ! Je ne sais pas si je vais piocher celui-là ou Oliver Twist.

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