mardi 10 janvier 2017

Mortimer, de Terry Pratchett,

Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant comme une truie qu’on égorge Et non. Même les oiseaux n’y croient pas.
« Il a du cœur », fait son père adossé contre un muret.
« Dame, c’est le reste qui lui manque », répond l’oncle Hamesh.
Mais à la foire à l’embauche, la Mort le remarque et l’emporte sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle  décidé de faire la vie ; avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui laisserait des loisirs.
Un grand destin attend donc Mortimer. Mais… est-ce bien raisonnable ?
Quatrième de couverture par Pocket (Fantasy).
---
« – Qu’est-ce qui lui est arrivé ? demanda l’apprenti.
– LUI SEUL LE SAIT, répondit la Mort. VIENS.
– Ma mémé dit que mourir, c’est comme s’endormir, ajouta le jeune homme, un soupçon d’espoir dans la voix.
– COMMENT VEUX-TU QUE JE SACHE ? JE NE CONNAIS NI L’UN NI L’AUTRE. »
P. 65


Certainement un des tomes les plus aimés de la saga des Annales du Disque-monde, Mortimer semble être un indétrônable classique du regretté Terry Pratchett. Ce n’est d’ailleurs pas anodin, ce tome est souvent jugé comme le meilleur car il y figure le personnage préféré d’une majorité de lecteurs : La Mort (en personne, rien que ça).
J’avoue qu’à la base, si je voulais les lire plus ou moins dans l’ordre, j’ai fait l’impasse sur le troisième tome, La Huitième Fille, pour me plonger dans ce succès de la Fantasy humoristique. Et comme beaucoup de congénères, j’en ressors totalement conquise !

Beaucoup moins loufoque que les aventures de Rincevent et Deuxfleurs dans La Huitième Couleur et Le Huitième Sortilège, on ne peut pas dire que Mortimer est un roman sérieux sur la forme : la Mort souhaite prendre des vacances et engage quelqu’un pour la remplacer. La situation est incongrue et ressemble au début d’une bonne blague.
Ceci dit, pour ceux qui se prêtent au jeu et lisent entre les lignes, Mortimer ne ressemblera pas à un livre humoristique. Plein de philosophie et de réflexions, ce quatrième tome traite d’un sujet difficile tout en sachant rester léger, avec un défi relevé avec brio : rendre la Mort sympathique.

La Mort et la passion des chats.

Ce ne serait pas un roman de Fantasy digne de ce nom sans un peu d’action et de magie : Terry Pratchett ne sert pas uniquement un concentré de pensées sur la mort bien que certains passages poussent vers des divagations. On voyage dans ce Disque-Monde avec sa logique bien personnelle et aux côtés de l’apprenti Morty, on croise des rois, des princesses, des mages au talent douteux… sans oublier Bigadin, le fidèle destrier de la Faucheuse.
Le lecteur s’en doute : les mortels ne peuvent pas vraiment endosser la tunique mortuaire sans risques et une étrange expérience attend Morty avec des retournements de situation. Certains sont un peu faciles mais j’attendais quand même le dénouement avec impatience, curieuse de la connaître la conclusion.
Aucun secret pour mon investissement émotionnel : si je me suis intéressée à l’histoire, c’est bien parce que je me suis attachée aux personnages. Si je comprends le succès de la Mort, j’ai beaucoup aimé la tranquillité et le côté naïf de Morty, mais aussi des présences d’Ysabell, d’Albert et du curieux Coupefin. On recroise deux ou trois personnages des tomes précédents mais la nouveauté est bien au rendez-vous.

Après des erreurs à réparer et des périples, des sujets qui touchent au deuil, au temps et à la mort, le roman laisse curieusement un sentiment de bien-être : je suis vraiment sortie de cette lecture avec un grand sourire aux lèvres, relaxée et j’espère bien pouvoir recroiser Morty et sa compagnie dans les autres romans du Disque-Monde.
Une très belle lecture qui fait sourire, qui intéresse avec son aventure et rend la Mort incroyablement sympathique. Désormais, je comprends mieux pourquoi Terry Pratchett, concernant sa santé, disait qu’il n’était pas inquiet concernant sa fin et j’admire cet état d’esprit.

« La Mort eut un grand sourire. « J’APPLAUDIS À TES EFFORTS, dit-il, MAIS ÇA NE SERT À RIEN. ÉCARTE-TOI.
– Non.
– IL FAUT QUE TU COMPRENNES : MÊME L’AMOUR N’EST PAS UNE PROTECTION CONTRE MOI. » »
P. 310

Pour finir sur une note personnelle, j’ai perdu un membre de ma famille en septembre, quelqu’un que j’aimais énormément et Mortimer a ajouté du positif dans ce deuil, je pensais à elle durant ma lecture et j’espère que la Mort l’a accueillie dignement (autrement, avec son caractère, il se serait pris une gueulante sévère).

Et qu’il a accueilli comme il faut cet auteur également, bien sûr.

Avec la couverture, je peux rattacher cette chronique à l’idée 23 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Fun fact : j’étais persuadée que j’avais écrit cette chronique, en fait non. D’où le retard. (« fun » est à prendre avec des pincettes, si vous n’avez pas ri, tant pis pour vous, hein)
Vrai fun fact : sur l’illustration de Simonetti, Ysabell est beaucoup moins ronde comme on peut le voir ci-contre (le personnage au centre, derrière Morty et ses chatons-fantômes dans la poche ♥).








2 commentaires:

  1. Je fais partie des lecteurs qui adorent LA MORT :) J'aime aussi beaucoup les Sorcières (sans surprise). Je garde un très bon souvenir de ce volume. C'est bien que ta lecture soit tombée à une période où tu en avais besoin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Héhé, oui, j'adore sortir ça aussi : "j'adore la Mort, je suis une grande fan", hors contexte, c'est assez comique (et on a l'impression qu'on a passé tout 2016 à faire la fête)

      Ouiii, ces fameuses sorcières : je pense les rencontrer dans ma prochaine lecture Pratchettienne La Troisième Fille, c'est ça ? Je voulais m'acheter dernièrement les Recettes de Nounou Ogg mais je vais attendre de les rencontrer avant.

      Supprimer