Assurément, Thomas Pitt n’avait jamais eu affaire à cadavre plus élégant ! Mais une fleur à la boutonnière fait pâle figure quand on a la gorge tranchée... À Westminster, les membres du Parlement sont la proie d’un égorgeur sans pitié. Et même avec l’inspecteur Pitt et son épouse lancés à ses trousses, le tueur ne semble pas prêt à suspendre son œuvre sanguinaire.
Quatrième de couverture par 10|18, Grands détectives.
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Après presque un an depuis l’excellente surprise que j’ai eu avec Silence à Hanover Close, j’ai attendu que mon enthousiasme retombe un peu et j’ai bien fait : ce dixième tome comporte de bons points, mais il est plutôt insipide à côté des autres…
En fait, comme d’habitude, Anne Perry déniches de très bons fils d’intrigue : historiquement, les années 1880 sont marquées par le mouvement de plus en plus important mené par les féministes. Des noms importants sont cités comme celui de Mary Wollstonecraft (la mère de Mary Shelley, l’auteure de Frankenstein, d’ailleurs !) qui appartenait aux Jacobins anglais ou celui de John Stuart Mill qui a rédigé en 1869 La Sujétion des femmes.
Suffragette dans l’âme depuis le début de la saga, je m’attendais à voir Charlotte Pitt bien plus impliquée que ça… Or, à part des réactions émues que n’importe qui peut ressentir, la fière Charlotte n’est plus trop la suffragette de L’Étrangleur de Cater Street…
J’attendais pourtant un événement de ce genre mais le couple Pitt ne semble pas du tout sur le devant de la scène et leur implication est très secondaire. Forcément, j’ai été déçue par ce point.
Le monde politique ne m’intéresse jamais beaucoup, mais le sujet concernant la place des femmes dans la société est pleinement exploré ici et Anne Perry nous apprend deux ou trois choses intéressantes ! Quant à la politique brute, elle ne s’étend pas plus et tant mieux : pas de discours éternels sur la politique, pas de détails encombrants quant aux postes au sein du Parlement… L’Égorgeur de Westminster Bridge n’est pas un tome porté exclusivement sur la politique, on reconnaît le genre policier.
La statue de Boudicca qui est souvent mentionnée dans ce tome.
Ceci dit, ce dixième tome a vraiment l’enquête la plus creuse de la saga… Pas d’indice, pas de description utile au lecteur, j’ai même été gênée par le fait que les victimes soient égorgées mais que cela ne les empêche pas de garder leur écharpe bien blanche et éclatante… Un détail assez surréaliste qui fait que le tableau dressé est assez étrange.
Les détails sont finalement peu pertinents et les dialogues autour tournent en rond. L’avancement ne connaît pas vraiment d’étapes marquées et l’enquête se résume à quelques allers-retours et bons noms dénichés.
Bonne pioche pour Thomas Pitt, mais mauvaise pour Anne Perry.
Un contexte historique toujours aussi bien respecté mais une enquête franchement insipide, aussi bien pour la mise en scène que pour la conclusion : le manque d’émotions fait que L’Égorgeur de Westminster Bridge tient d’avantage du fait divers qu’on lit le matin dans le journal.
En espérant revoir tout de même le thème des féministes qui peut être encore bien exploité !
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il s’agit du premier titre où le lieu énoncé par le titre anglais diffère du lieu énoncé par le titre français.
• La note de la page 160 affirme une énorme absurdité : « Référence au célèbre poème de Tennyson The Lady of Shalott : la dame de Shalott est condamnée par le roi Arthur à ne voir du monde extérieur que son reflet dans un miroir. », or, il n’a jamais été précisé que ce soit le roi Arthur lui-même qui a condamné la Lady of Shalott à voir le monde uniquement à travers un miroir (jamais pas Tennyson en tout cas) : à la base, c’est une malédiction d’une source inconnue et qui sert plutôt de métaphore.
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