Hercule Poirot se rend en France car il a reçu un SOS pressant d’un certain Mr. Renauld. Lorsqu’il arrive sur place, flanqué du fidèle Hastings, c’est pour apprendre l’assassinat de son client, dont le corps, lardé de coups de couteau, a été retrouvé au fond d’un trou creusé sur un terrain de golf…
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
« — Et maintenant, monsieur Poirot, dit Giraud d’un ton de mépris en jetant son chapeau sur la table, je vais vous faire un petit cours sur le métier de détective. Je vais vous montrer comment travaille l’école moderne.
— Parfait ! dit Poirot, en s’installant commodément pour l’écouter. Et moi, je vais vous montrer comment la vieille garde sait écouter. »
P. 145 - 146
Agatha Christie, comme une bonne majorité des figures anglaises
, est une femme qui ne manque pas d’humour
(pas vrai Calimera ?) et
excelle dans l’art subtil de ce qu’on appelle l’humour anglais et elle nous le prouve dans Le Crime du Golf.
Qui a dit qu’on ne pouvait pas rire sur une scène de crime ?
John Watson ? Pfeuh.
N’hésitez pas à zoomer, à afficher l’image pour avoir une vue d’ensemble
si vous vous sentez un peu perdu durant votre lecture.
Cela fait déjà quelques enquêtes de Poirot que je lis, mais Le Crime du Golf est vraiment une des enquêtes les plus complexes que j’ai pu découvrir jusqu’à maintenant : osées, ingénieuses et brumeuses, les énigmes (oui, car si il n’y en avait qu’une, ça ne serait pas drôle) sont bien menées, se déroulent sur un plan logique et apportent leur lot de surprises. Beaucoup de surprises, en plus.
J’ai adoré suivre l’enchaînement jusqu’à la résolution du mystère même si je dois reconnaître, le dernier retournement de situation avait un effet un peu too much pour moi, comme beaucoup de détours romantiques qui rallongent l’aventure inutilement. Cela dit, dois-je me plaindre auprès de Christie ou de Hastings ?
Hastings, comme pour les autres romans où je l’ai croisé, n’est
pas vraiment un personnage que j’adore : petit
womanizer en herbe mais grand sentimentaliste à l’esprit chevaleresque, il est, en tant que narrateur, laisse monter des sentiments superflus
(oui, toujours le coup de trouver Poirot trop vieux alors qu’on sait tous que le redoutable belge va résoudre l’énigme avant tout le monde, exactement comme dans La Mystérieuse Affaire de Styles). Forcément, ça casse un peu le rythme, mais pour sa défense, je dois reconnaître que je l’ai trouvé attachant à certains moments et j’espère que sa relation avec "
Cendrillon" sera prometteuse !
Pour le reste, je n’ai pas spécialement été emballé par les autres personnages comme j’ai pu l’être pour
Je ne suis pas Coupable, il y a tout de même la mystérieuse
Bella pour son geste final, la charismatique Mme. Daubreuil, le franc Gabriel Stonor… Et surtout Giraud ! Car si Giraud est prétentieux et agaçant, impoli et pédant, il est aussi le seul à affronter directement Poirot par pure concurrence, allant même parfois jusqu’à l’insulter plus ou moins ouvertement
(et moi, voir l’orgueilleux Poirot garder son calme jusqu’à un certain moment et répondre à des tics, ça m’amuse follement). En fait, c’est même
grâce à Giraud que tout ce flot d’humour anglais remue les pages du Crime du Golf : il est la parodie de Sherlock Holmes, le policier qui déploie de nombreux efforts, s’opposant à l’indolent Hercule Poirot qui n’a pas besoin de physique pour résoudre une enquête
(quoique, la grimpette à l’arbre, hein, j’étais surprise...).
Giraud est donc un peu le clou du spectacle et je ne cache pas que j’espère même le revoir dans un autre tome. Fidèle à lui-même ou, pourquoi, avec plus de plomb dans la tête (sans mauvais jeu de mots, c’est quand même une série policière), car une collaboration entre Poirot et lui peut être intéressante !
Bref, Le Crime du Golf n’est pas le meilleur Poirot à lire, si il comporte quelques défauts en rapport sans doute avec les débuts d’Agatha Chritsie, je l’ai quand même trouvé frais, intelligent et drôle. Une lecture tout à fait adéquate pour des vacances d’été en fait !
Je me demandais à quel livre me raccrocher pour l’idée n° 72 du Challenge des 170 Idées mais heureusement que Le Livre de Poche est là, que ce soit pour la couverture ou le titre, je peux valider la chronique du Crime du Golf (c’est un p’tit sport et alors ?) :
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• À la page 35, Poirot cite les travaux Alphonse Bertillon, criminologue
français, qui est l’inventeur du Bertillonnage : c’est un système
d'anthropométrie qui a pour but de rattraper plus rapidement les
criminels récidivistes dont les caractéristiques physiques étaient déjà
enregistrées dans ses documents photographiques. Une figure à connaître
dans l’histoire de la criminologie car sans lui, on marquerait peut-être
encore les délinquants au fer rouge.
• Agatha Christie s’est bel et
bien inspirée d’un vrai fait-divers survenu quelques mois avant qu’elle
ne rédige
Le Crime du Golf : une femme ligotée raconte que son mari a
été tué par deux hommes masqués. Il se trouve que les enquêteurs
penchaient pour l’hypothèse où la femme aurait tué son mari elle-même et
aurait été ligoté par un complice. Un mensonge plutôt classique qui n’a
pas terminé d’être entendu par la police d’après
cet article de 2012.
•
Le roman a été adapté pour la série
Agatha Christie’s Poirot et le
scénario est signé Anthony Horowitz, l’auteur de
La Maison de Soie ou
plus connue comme "l’aventure du nouveau Sherlock Holmes". Où
s’arrêteront les rapports de ces deux détectives ?