En cette fin de siècle trépidante, Oscar Wilde, dandy éclairé, virevolte de mondanités en rendez-vous discrets, lorsqu’un drame vient bouleverser sa vie. Tandis qu’il s’apprête à écrire Le portrait de Dorian Gray, il découvre dans un meublé le corps d’un jeune garçon de sa connaissance. Tout semble indiquer un meurtre rituel. Et, en ami fidèle, Oscar Wilde s’est juré de ne pas trouver le repas tant que justice n’aura pas été faite pour Billy Wood.
Quatrième de couverture par 10-18, Grands détectives.
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Une couverture un peu psychédélique avec énormément d’ornements pour illustrer les titres des chapitres et un titre à rallonge qui m'aura donné du fil à retordre pour la mise en page de cet article. On reconnaît déjà que Gyles Brandreth met bien le ton dans Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles pour donner un aspect coquet et dandy. Ça tape vraiment dans l’œil quand le roman trône sur les étagères et que, en plus d’être fan d’Oscar Wilde, son portrait se retrouve imprimé sur la couverture.
Vous vous doutez bien que je l’ai acheté !
Que je commence par le style : très commun mais clair, Gyles Brandreth adopte un style à la première personne et sectionne ses chapitres par jour comme dans un journal. Non, le narrateur ne s’appelle par Dr. John H. Watson mais Robert Sherard, proche ami de l’élégant Oscar Wilde et qui va se retrouver à relater la grande enquête qu’ils vont mener pour trouver un tueur qui s’acharne sur les gigolos. Alors le style est, soyons francs, pas très innovant. En revanche, elle reste très agréable à lire et elle est pimentée par quelque chose qui m’a totalement réjoui : les notes en bas de pages ! C’est la stricte vérité, toutes ces petites informations sur des cocktails d’époque, des lieux populaires, des personnalités qu’Oscar Wilde connaissait… On alterne avec le roman historique pur et dur sans que cela devienne un cours d’Histoire trop lourd. Pour les amateurs des années 1890, c’est un vrai enchantement et je peux dire avec une certaine fierté qu’on en apprend énormément sur le monde dans lequel vivait nos héros.
À propos de nos héros, à moins que Gyles Brandreth ne soit l’heureux propriétaire d’un TARDIS (j’espère que vous avez compris la blague), il est difficile de juger si il a respecté le vrai caractère d’Oscar Wilde et ses compagnons ou si il s’est contenté des spéculations. D’après mon avis, à savoir que moi-même je n’ai jamais eu l’honneur de rencontrer Oscar Wilde et que ça me déprime suffisamment, je dirais que Gyles Brandreth a surtout repris le fantasme. Ce qui est évident en fait. Comme imaginer Jack L’Éventreur en tenu de riche gentleman avec une beauté redoutable, Oscar Wilde est dans ce roman un dandy raffiné, imperturbable et ingénieux, quasiment sans défaut. Ça énervera peut-être certains, mais ce qui sauve le personnage rendu fictif, c’est que l’auteur prouve toutes les recherches qu’il a mené et offre dans des dialogues des citations très connues du poète irlandais, ce qui rend son Oscar Wilde très crédible. Je pense que celle qui me marquera le plus et qui me fera sourire encore longtemps est celle-ci « Les femmes ne sont pas faites pour être comprises, mais pour être aimées. », vraiment… Si tous les amants pouvaient comprendre la subtilité de cette phrase.
Mais bref. Je dirai que le seul défaut de Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles est que l’enquête est tout de même au second plan et que, personnellement, sur 380 pages, j’ai compris qui était le coupable au bout d’une quarantaine de pages… Alors certes, je refusais d’y croire, pensant que Gyles Brandreth allait nous faire tourner en bourrique mais non, pas de retournement de situation ou quoi, ce qui gâche la surprise. Donc les mordus d’enquêtes complexes et recherchées ne trouveront pas vraiment leur bonheur ici. Après, ce qui sauve ce roman policier est l’aspect historique et c’est pourquoi je continuerai de lire les romans de Gyles Brandreth avec Oscar Wilde : c’est que l’aspect victorien m’a totalement convaincu et que je les lirai non pas pour faire chauffer mes neurones mais bien pour regagner les années 1890 aux côtés d’un homme qui était et est toujours extraordinaire.
Je remercie donc chaleureusement Gyles Brandreth pour ce premier roman qui est une petite réussite et qui nous vend du rêve.
Ce billet est donc ma cinquième participation au challenge Victorien dans la section Charles Dickens, organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Tout est expliqué sur cet article si vous voulez nous rejoindre !
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Beaucoup de personnages ne sont pas des acteurs inventés par Gyles Brandreth mais bien des connaissances du vrai Oscar Wilde. Il y a, bien évidemment, Arthur Conan Doyle et Bram Stoker, mais Robert Sherard était également un écrivain historique.
• Une anecdote intéressante pour les holmésiens : dans le livre, il y a une discussion entre Doyle et Wilde (pages 151-152 de l'édition poche), qui étaient en très bons termes, et selon Gyles Brandreth, le frère de Sherlock Holmes, Mycroft, serait librement inspiré d’Oscar Wilde lui-même. On reconnaît effectivement de nombreux points communs donc peut-être que ce fait est officiel ?
• À savoir que Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles est le premier tome d'une série en quatre tomes (sortis en France, il en existe cinq dans les pays anglophones), mais toutes les enquêtes sont séparées. On peut donc commencer par le troisième tome, ça ne changera pas grand chose.