dimanche 29 avril 2012

Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles, de Gyles Brandreth,


En cette fin de siècle trépidante, Oscar Wilde, dandy éclairé, virevolte de mondanités en rendez-vous discrets, lorsqu’un drame vient bouleverser sa vie. Tandis qu’il s’apprête à écrire Le portrait de Dorian Gray, il découvre dans un meublé le corps d’un jeune garçon de sa connaissance. Tout semble indiquer un meurtre rituel. Et, en ami fidèle, Oscar Wilde s’est juré de ne pas trouver le repas tant que justice n’aura pas été faite pour Billy Wood.
Quatrième de couverture par 10-18, Grands détectives.
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Une couverture un peu psychédélique avec énormément d’ornements pour illustrer les titres des chapitres et un titre à rallonge qui m'aura donné du fil à retordre pour la mise en page de cet article. On reconnaît déjà que Gyles Brandreth met bien le ton dans Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles pour donner un aspect coquet et dandy. Ça tape vraiment dans l’œil quand le roman trône sur les étagères et que, en plus d’être fan d’Oscar Wilde, son portrait se retrouve imprimé sur la couverture.
Vous vous doutez bien que je l’ai acheté !

Que je commence par le style : très commun mais clair, Gyles Brandreth adopte un style à la première personne et sectionne ses chapitres par jour comme dans un journal. Non, le narrateur ne s’appelle par Dr. John H. Watson mais Robert Sherard, proche ami de l’élégant Oscar Wilde et qui va se retrouver à relater la grande enquête qu’ils vont mener pour trouver un tueur qui s’acharne sur les gigolos. Alors le style est, soyons francs, pas très innovant. En revanche, elle reste très agréable à lire et elle est pimentée par quelque chose qui m’a totalement réjoui : les notes en bas de pages ! C’est la stricte vérité, toutes ces petites informations sur des cocktails d’époque, des lieux populaires, des personnalités qu’Oscar Wilde connaissait… On alterne avec le roman historique pur et dur sans que cela devienne un cours d’Histoire trop lourd. Pour les amateurs des années 1890, c’est un vrai enchantement et je peux dire avec une certaine fierté qu’on en apprend énormément sur le monde dans lequel vivait nos héros.

À propos de nos héros, à moins que Gyles Brandreth ne soit l’heureux propriétaire d’un TARDIS (j’espère que vous avez compris la blague), il est difficile de juger si il a respecté le vrai caractère d’Oscar Wilde et ses compagnons ou si il s’est contenté des spéculations. D’après mon avis, à savoir que moi-même je n’ai jamais eu l’honneur de rencontrer Oscar Wilde et que ça me déprime suffisamment, je dirais que Gyles Brandreth a surtout repris le fantasme. Ce qui est évident en fait. Comme imaginer Jack L’Éventreur en tenu de riche gentleman avec une beauté redoutable, Oscar Wilde est dans ce roman un dandy raffiné, imperturbable et ingénieux, quasiment sans défaut. Ça énervera peut-être certains, mais ce qui sauve le personnage rendu fictif, c’est que l’auteur prouve toutes les recherches qu’il a mené et offre dans des dialogues des citations très connues du poète irlandais, ce qui rend son Oscar Wilde très crédible. Je pense que celle qui me marquera le plus et qui me fera sourire encore longtemps est celle-ci « Les femmes ne sont pas faites pour être comprises, mais pour être aimées. », vraiment… Si tous les amants pouvaient comprendre la subtilité de cette phrase.

Mais bref. Je dirai que le seul défaut de Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles est que l’enquête est tout de même au second plan et que, personnellement, sur 380 pages, j’ai compris qui était le coupable au bout d’une quarantaine de pages… Alors certes, je refusais d’y croire, pensant que Gyles Brandreth allait nous faire tourner en bourrique mais non, pas de retournement de situation ou quoi, ce qui gâche la surprise. Donc les mordus d’enquêtes complexes et recherchées ne trouveront pas vraiment leur bonheur ici. Après, ce qui sauve ce roman policier est l’aspect historique et c’est pourquoi je continuerai de lire les romans de Gyles Brandreth avec Oscar Wilde : c’est que l’aspect victorien m’a totalement convaincu et que je les lirai non pas pour faire chauffer mes neurones mais bien pour regagner les années 1890 aux côtés d’un homme qui était et est toujours extraordinaire.

Je remercie donc chaleureusement Gyles Brandreth pour ce premier roman qui est une petite réussite et qui nous vend du rêve.


Ce billet est donc ma cinquième participation au challenge Victorien dans la section Charles Dickens, organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Tout est expliqué sur cet article si vous voulez nous rejoindre !



             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Beaucoup de personnages ne sont pas des acteurs inventés par Gyles Brandreth mais bien des connaissances du vrai Oscar Wilde. Il y a, bien évidemment, Arthur Conan Doyle et Bram Stoker, mais Robert Sherard était également un écrivain historique.
• Une anecdote intéressante pour les holmésiens : dans le livre, il y a une discussion entre Doyle et Wilde (pages 151-152 de l'édition poche), qui étaient en très bons termes, et selon Gyles Brandreth, le frère de Sherlock Holmes, Mycroft, serait librement inspiré d’Oscar Wilde lui-même. On reconnaît effectivement de nombreux points communs donc peut-être que ce fait est officiel ?
• À savoir que Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles est le premier tome d'une série en quatre tomes (sortis en France, il en existe cinq dans les pays anglophones), mais toutes les enquêtes sont séparées. On peut donc commencer par le troisième tome, ça ne changera pas grand chose.



Bazaar, de Stephen King,


La nouvelle boutique qui vient d’ouvrir à Castle Rock est pour le moins étrange : En effet, son propriétaire, Leland Gaunt, semble posséder ce dont chaque habitant rêve. Mais il y a bien plus étrange que cela : le prix à payer n’est pas de l’argent, mais un service ou une blague d’apparence anodine ! Seulement voilà, sa boutique a pas mal de succès, et l’enchaînement de toutes ces "farces" peut produire des effets que ses clients n’avaient pas imaginé...
Quatrième de couverture par Albin Michel.
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J'ai été bercée avec Stephen King, j’ai reçu mes premiers romans de cet auteur à l’âge de neuf ans. Forcément, j’ai depuis eu le temps d’en dévorer quelques uns et certains m’ont laissé un vague souvenir (l’âge con, vous savez, où on comprend pas les subtilités et ce qui m’oblige à en relire certains), tandis que d’autres laissent littéralement un souvenir impérissable. Bazaar fait parti de ces livres de Stephen King qui me hanteront longtemps, jusqu’à résister à la plus foudroyante crise d’Alzheimer.

Déjà, ayant rarement peur durant un film et n’étant pas facilement impressionnée par des psychopathes de deux mètres (bon, dans une ruelle à minuit, je dis pas, mais à l’écran, c’est raté) ou les monstres avec des effets spéciaux évidents, j’ai cette frustration constante avec les œuvres dans la catégorie horrifique. Par chance, je lis les bons auteurs plus sérieusement, les livres ont heureusement plus d’impact et quand l’un d’entre eux arrive à me faire frémir, arrive à me captiver, forcément, l’auteur a toutes mes éloges les plus sincères.
Bouille du King
C’est donc dommage que les boîtes de chocolat de bonne qualité coûtent aussi chers quand on les additionne aux frais de transport jusqu’aux États-Unis car grâce à (ou à cause de ?) Bazaar, Stephen King en aurait bien reçu une bonne dizaine de ma part. Le principal ingrédient dans la recette du roman ? Le personnage de Leland Gaunt, nom que j’ai mémorisé comme celui d’un ennemi malgré toute mon admiration et ma fascination. Loin du marchand de tapis qui pourrait, dans le pire des cas, vendre votre mère par mégarde, le talent de Gaunt puise dans la manipulation (pas trop) commerciale et adore remuer le couteau dans les plaies. Il vous fait rire le mec des publicités qui vous sort des formules de vente ? Vous rirez moins en découvrant la spécialité de Leland Gaunt. J’ai aimé ce mélange en lui de douceur, quelque chose de posé et mielleux avec un caractère méprisant, brusque et violent.
Toutefois, si il y a un talent que j’ai toujours reconnu à Stephen King, c’est la création de ses personnages humains. Face à l’antagoniste se trouve Alan Pangborn, gars que l’on pourrait voir comme un banal sheriff. Loin d’être parfait, portant ses casseroles comme tout le monde, je l’ai trouvé néanmoins très touchant. Car après tout, plus un personnage sera réaliste, plus le lecteur pourra s’en rapprocher et vivre pleinement le récit. Mais Stephen King dépeint une ville entière, les personnages sont très nombreux et d’autres se sont attirés mon affection (ça coûte combien les frais de transport jusqu’aux univers fictifs, déjà ?) tel que Polly Chalmers, Nettie Cobb, Norris Ridgewick et le petit Brian, premier client qui ouvre réellement la machination du Bazaar des rêves. Cela ne s’arrête pour autant pas là, car j’ai beaucoup aimé Hugh Priest, cet alcoolo détestable qui emmerde tout le monde et n’aime personne. Oui, j’ai aimé ce personnage ! Car c’est le genre de gars qui montre que les personnalités sont des équilibres entre "sale trou du cul" et "bon Samaritain". Dans le cas de Hugh Priest, les premiers chapitres le montrent comme l’archétype du poivrot que les auteurs utilisent pour salir une galerie de personnages, les rendant bêtement et simplement détestables. Puis, on avance dans la lecture et on voit que le sale type est en fait un humain qui ressent aussi de la nostalgie, la douleur et qui se retrouve dans une histoire qu’il ne méritait pas forcément…
Ça m’a fait drôle de ressentir autant de peine pour un gars qui dort dans la crasse et menace d’écraser les gosses du quartier en fait.

 Une couverture UK que j'aime beaucoup confronté à l'affiche du film. Que j'aime beaucoup aussi, en fait.

Quant à la qualité du récit, on n’assiste pas à une bête succession d’événement par à-coups, au contraire, j’ai trouvé l’enchaînement très intelligent, construit et intéressant. Le lecteur assiste aux premières manigances de Gaunt, n’en voit que les débuts avant que tout se mette en place et de voir le plan dans son intégralité car il est là, le point positif : rien n’est laissé au hasard, tout est calculé ! Alors certes, le roman souffre de certaines longueurs quand on ne touche plus aux plans du méchant marchant mais elles sont toutefois nécessaires, car restons logiques cinq minutes : le livre englobe Castle Rock entier. Il y a une multitude de personnages (de mon côté, j’ai pris un bloc-notes pour y noter les noms des personnages, les objets qu’ils achetaient (si marchandise il y avait) et la victime visée dans la blague que Gaunt demandait, faîtes-en autant si vous avez vraiment peur de vous perdre), Stephen King nous laisse alors le temps de nous imprégner de toutes les histoires, comme si nous étions nous-mêmes des habitants de Castle Rock.

Concernant le style de l’auteur, puis-je dire un mot en sachant que mon avis ne sera pas objectif du tout ? Pour moi, Stephen King est un grand écrivain. On aime ou on aime pas, mais on peut reconnaître qu’il fait preuve d’une excellente imagination avec une plume qui s’imprime dans nos esprits comme elle s’imprime sur le papier. Il y a des petits bouts de phrase qui me trottent encore dans la tête tant elles sont lourdes de sens. Des mots atrocement forts et horribles, comme des illustrations. C’est pourquoi j’aime autant cet auteur : sa façon de dépeindre, son humour un peu grinçant et ses métaphores assez uniques.

"Needful things", par Tihomir Tikulin sur DeviantArt

Bazaar est donc une lente descente aux Enfers dont l’on redoute sans cesse l’aboutissement, inspirant l’horreur et la compassion. Malgré les très bons classiques comme Shining, Simetierre ou Carrie, Bazaar reste quand même pour moi l’un des meilleurs Stephen King.
Je doute cependant qu’il est bon de découvrir l’auteur à travers ce drame, si vraiment vous n’arrivez pas à vous lancer car les choix sont trop nombreux, les deux que je place en tête de liste sont Shining et Salem. Mais pensez à rendre visite à Gaunt tout de même !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Ce détail est bien connu, mais la plupart des livres de Stephen King se déroule dans l’état du Maine, à la pointe Nord-Est des États-Unis. Cependant, Castle Rock est une ville fictive qui a déjà figuré dans d’autres bouquins.
• Le personnage d’Alan Pangborn fait sa première apparition dans La Part des Ténèbres, cela dit, il est possible de lire Bazaar sans avoir lu La Part des Ténèbres (je parle d’expérience car de mon côté, cela ne m’a pas dérangé).
• Quant à Norris Ridgwick, on peut le retrouver dans Sac d’Os où il mentionne ce qu’il est advenu d’Alan Pangborn et Polly depuis.

samedi 28 avril 2012

L'Étrangleur de Carter Street, d'Anne Perry,


Suffragette avant l’heure, l’indomptable Charlotte Ellison contrarie les manières et codes victoriens et refuse de se laisser prendre aux badinages des jeunes filles de bonne famille et au rituel du tea o’clock.
Revendiquant son droit à la curiosité, elle parcourt avec intérêt les colonnes interdites des journaux dans lesquels s’étalent les faits divers les plus sordides. Aussi bien le Londres des années 1880 n’a-t-il rien à envier à notre fin de siècle : le danger est partout au coin de la rue et les femmes en sont souvent la proie.
Dans cette nouvelle série « victorienne », la téméraire Charlotte n’hésite pas à se lancer dans les enquêtes les plus périlleuses pour venir au secours du très séduisant inspecteur Thomas Pitt de Scotland Yard. Charmante Sherlock Holmes en jupons, Charlotte a déjà séduit l’Angleterre et les États-Unis. La voici partie à l’assaut de l’Hexagone.
Quatrième de couverture par 10-18, collection Grands détectives.
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Je reconnais être une grande passionnée de l’époque victorienne et pourtant, je n’avais jamais entendu parler de Anne Perry il y a encore quelques années. Forcément, je suis rapidement tombée sur ses nombreux livres en voulant saturer ma PAL de bouquins victoriens. J’ai déjà eu un gros coup de cœur pour les couvertures. Certes, certaines ont des couleurs un peu beaucoup dégueulasses, comme du rose avec une police pour le titre qui ressort plutôt mal, des associations telles que bleu turquoise sur du violet… Mais les portraits donnent une bonne impression première et je reconnais énormément de peintres que j’aime, notamment des tableaux de Sir John Everett Millais, mais aussi Sargent, etc. Enfin, on ne crie pas victoire trop vite car on connait tous la chanson : on ne juge pas un livre à sa couverture et certains beaux paquets nous réservent de sacrées daubes. Cela dit, l’inverse arrive aussi, heureusement j’ai envie de vous dire.
Là, on peut dire que j’ai été gâtée : une couverture toute jolie avec un récit bien sympa. Certes, par un chef d’œuvre brillant, autant le dire tout de suite, mais Anne Perry tient ses promesses : une enquête assez simple mais efficace dans un décor bien recherché, très travaillé. Charlotte Ellison, malgré « l’indomptable » que propose 10-18, n’est pourtant pas une bête de cirque ou une hystérique et Anne Perry lui donne du caractère sans trop en faire. Ce qui fait que j’ai bien aimé le personnage, car j’imaginais déjà l’aventurière sans repos et avec un trop plein de courage, mais non, elle est loin de nous taper sur les nerfs avec des conseils moraux ou des accès de narcissisme. En clair, Charlotte est une bonne surprise. Et il en va de même avec les débuts amoureux avec l’inspecteur Thomas Pitt. Le flirt est là sans pour autant dévorer la trame d’enquête ou nous livrer des scènes dégoulinantes de guimauve, juste un peu de maladresse mignonne qui ne se répète pas tout du long pour nous lasser. Anne Perry a donc très bien dosé les genres et installe son décor tranquillement et clairement. L’enquête en elle-même est très classique, rien de casse-tête : l’auteure nous propose une galerie de personnages et nous donne petit à petit des indices pour que l’on puisse choisir notre tête de turc avant d’attendre et de voir si on avait trouvé le bon coupable. Méthode classique mais qui propose quand même une énigme bien divertissante et même si on trouve la réponse avant la fin du livre, il est toujours intéressant de voir l’histoire évoluer entre les deux tourtereaux et comment ils s’y prendront pour arriver à la vérité.

Concernant le décor qui est, pour moi, l’un des piliers du bouquin. Car si l’amourette ne vous intéresse pas et que vous avez déjà deviné l’identité de l’étrangleur, vous ne perdez rien à sauter à pieds joints dans un petit voyage temporel en écoutant un peu de musique de la période romantique et d’avoir l’impression de respirer le fog que la Tamise recrache. Les détails que nous offre Anne Perry sont assez basiques mais au moins, on a aucun mal à imaginer le décor et à s’y plonger.

En conclusion, moi qui ai pourtant du mal avec les longues séries (il faut dire que même les trilogies arrivent à me refroidir), je pense que je me laisserai tenter de suivre un bout de chemin les enquêtes de Charlotte et Thomas, juste pour voir comment ces deux-là peuvent évoluer, pour dévorer d’autres enquêtes (et apprendre des méthodes pour assassiner) et bien sûr, retourner encore une fois 130 années en arrière.

Ce billet est ma seconde participation au challenge Victorien dans la section Charles Dickens, organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Tout est expliqué sur cet article si vous voulez nous rejoindre !


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
L’Étrangleur de Carter Street est le premier tome d’une longue série (à ce jour, la série est composée de 27 tomes déjà) nommée « La série Charlotte et  Thomas Pitt ». Les tomes désignent les lieux où se passent les crimes et parfois, désigne le criminel ou sa victime (par exemple, Le Cadavre de Bluegate Fields (sixième tome) ou l’Étrangleur de Carter Street).
• Les suffragettes sont les premières « féministes » on peut dire. Elles réclamaient des droits et se considéraient égales aux hommes. Les premiers combats étaient surtout pour le droit de vote. D’origine américaine (dans les années 1860-70), le mouvement s’est étendue peu à peu en Europe quelques décennies plus tard. On note dans certaines œuvres d’époque que les anglais voyaient les américaines comme des femmes un peu « farfelues », avec un fort caractère et on retrouvait des caricatures dans certaines pièces de théâtre (une pièce comique s’appelle d’ailleurs « L’Américaine », tout simplement). On peut noter aussi la Gibson Girl, le fantasme américain et ancêtre de la Pin-Up qui était une femme intelligente mais également autonome et passionnée. Faut dire que les hommes avaient de très bons goûts à une époque.


Jane Eyre, de Charlotte Brontë,


Le vent dans les landes désolées a creusé l’âme des sœurs Brontë. Seules, elles se sont inventé une compagnie ; célibataires, elles ont rêvé l’amour. Publié en même temps que le livre de sa sœur Emily, Les Hauts de Hurlevent, le roman de Charlotte connut d’emblée un immense succès.
Une jeune gouvernante aime le père de ses élèves et est aimée de lui. Mais elle résiste à cet amour, découvrant avec horreur l’existence de la première femme de Rochester, pauvre folle enfermée par son mari. L’histoire, qui trouve son origine dans la jeunesse tourmentée de son auteur, fait se succéder coups de théâtre et débordements de passion, fuite éperdue dans les landes et sens du devoir jusqu’à l’héroïsme.
Jane Eyre est l’un des plus beaux romans d’amour anglais du XIXème siècle. Tout y est romantique et tout y est vrai. Jane Eyre, c’était Charlotte Brontë elle-même.
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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… Après ce résumé assez spoilant par Livre de Poche, on va peut-être pouvoir passer au roman qui a embelli un de mes voyages en Italie. Petite anecdote (pour ma mémoire), j’ai lu ce roman aux alentours d’Avril 2008 durant un voyage à Florence avec ma classe d’Arts. Si les musées très riches et le David de Michel-Ange (ah, je m’en souviens sous bien des angles, lui. Pardon, je m’égare encore.) ne correspondaient pas tellement à l’ambiance modeste et pauvre de l’univers de Jane Eyre, c’est lorsque je me retrouvais dans des jardins immenses et des verdures à perte de vue que je me sentais terriblement proche du roman, du personnage de Jane Eyre. En clair, un voyage qui correspondait très bien au récit de Charlotte Brontë et, comme Les Hauts de Hurlevent en moins froid, je m’y sentais comme dans une maison construite par l’auteure elle-même.
Alors soit j’ai un don pour choisir mes périodes de lecture pour certains romans, soit ce sont les sœurs Brontë qui ont un don pour m’embarquer dans leurs récits. Il faudra que je choisisse consciencieusement à quel moment il faudra que je lise Agnes Grey de Anne Brontë…

Charlotte Brontë
Mais bref, que je parle du roman lui-même. Jane Eyre, sous ses tendances un peu moralistes (étant une pieuse religieuse, elle récite parfois des conseils de la Bible) est un personnage plutôt hors du commun lorsque l’on regarde à quelle période elle a été créée. Sage et religieuse, elle a pourtant une grande force de caractère dissimulée sous une impassibilité désarmante. Une institutrice stoïque avec pourtant des désirs qui grandissent durant tout le roman. Modeste avec des rêves qu’elle pense inaccessibles. Et on s'amuse (on remercie Rochester pour son manège éprouvant) de voir Jane Eyre, si sérieuse et si catholique, dans des situations où elle se laisse aller à la jalousie, à la colère, à la fierté tout en essayant de refouler ces sentiments humains. Jane Eyre est donc un personnage à la fois classique dans la littérature Victorienne et à la fois une femme innovante. Innovante grâce à la structure que Charlotte Brontë pose dans ce roman semi-biographique (qui est à la première personne d'ailleurs) où on voit une petite fille grandir, devenir adolescente, puis enfin femme. Le caractère de Jane Eyre n'est donc pas une ligne plate durant tout le roman, loin de là : elle change grâce aux rencontres qui l'ont marqué, ses idéaux évoluent, elle devient plus sage avec l'âge... Un parcours psychologique qu'on observe évoluer avec un grand intérêt et qui est plein de réalisme et de charme. Une vie qui se construit ou qui est perturbé à travers les évènements que l'héroïne traverse. C'est ce qui fait toute la richesse du personnage en lui-même.
Quant à Rochester, le personnage est bien sûr mystérieux et ambigu. Violent et passionné, il fait parfois penser à un ours qui vient d’intégrer le monde civilisé (le fantasme des Brontë quoi). Et malgré ses airs de maître des lieux impitoyable, il perd tous ses moyens devant Jane Eyre et se venge en la poussant à bout.
Une romance un peu vache mais qui finit par posséder des côtés touchants et romantiques avec ce couple imparfait, tant physiquement que mentalement. Ils ne possèdent pas une beauté renversante, des comportements purs et nobles, ils ont leur propre charme et cela rend ce couple unique.

The Governess (1851) par Rebecca Solomon. 
Un tableau qui évoque les mêmes contraintes que dans Jane Eyre du métier de gouvernante 
(pas de garde robe magnifique, rabrouée dans le statut social, etc)

Vous l’aurez donc compris, je me suis assez attachée à ce duo. Mais ce qui m’a surtout séduite dans le roman, c’est la plume de l’ingénieuse Charlotte Brontë. Je me souviens d’un passage où Jane Eyre se met à peindre et les mots choisis, les couleurs et les formes que nous inspirent ces petits mots, sont simplement magiques. Charlotte Brontë fait preuve d’une grande sensibilité et écrit avec énormément de clarté. Le rythme est également très bien entretenu, même si le roman pourra paraître long à certains (le roman est divisé en quatre étapes qui s'articulent dans les quatre parties de la vie les plus importantes de Jane Eyre, tout ça en 520 pages). Pour ma part, la longueur est restée inaperçue tant j’ai pris plaisir à le lire.

La romance ne mange pas toute la tranche de l’histoire non plus, bien qu’elle occupe une majorité. Sont évoqués les conditions dans les vieilles institutions, les quotidiens d’une gouvernante et sa position par rapport aux employés et les femmes mieux nées, le rôle de la femme tant dans la religion que dans le social. Sans être un wikipédia pompeux, Jane Eyre est un roman très terre-à-terre où aucun bijou ne brille. Ne vous laissez donc pas influencer par ces dernières couvertures qui montrent des roses rouges, des robes riches et des femmes superbes. Jane Eyre est aussi sobre et quelconque que sa garde-robe tout comme son histoire est naturelle et posée. Si vous voulez de riches ladies aux bras de bons gentlemen, mieux vaut se tourner vers Anna Karenina, Les Liaisons Dangereuses (quoique pour les gentlemen, vous repasserez) ou Orgueil et Préjugés.

↑ Couvertures dont il faut se méfier, couvertures plus proches de l'atmosphère du roman ↓
Des roses rouges et des bouches sensuels dans Jane Eyre quoi, 
c'est aussi ridicule que d'apporter du pastis au tea time, sérieux.

En somme, un roman avec une époque qui me fascine écrit sous la plume d’une femme extraordinaire et qui restera, je l’espère, pendant longtemps un ouvrage de référence. Un des rares romans que j'ai envie de relire mais où j'ai aussi réellement peur de ne pas retrouver ce coup de cœur.

Et pour le plaisir, un comic de Kate Beaton (que j'aime énormément) que comprendront ceux qui ont lu au moins Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent~

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Lors de sa première édition, Charlotte Brontë avait signé son ouvrage avec le pseudonyme masculin Currer Bell. Les lecteurs émettaient déjà l’hypothèse que Currer Bell était en réalité une femme avant que l’ouvrage soit édité avec le véritable nom de l’auteure.
• Le résumé par Le Livre de Poche ne ment pas : Charlotte Brontë a effectivement offert un aspect autobiographique au personnage de Jane Eyre, notamment sa romance avec le père des enfants dont elle était l’institutrice à Bruxelles. L’amour de Charlotte Brontë pour Constantin Héger a pourtant eu moins de chance que celui de son héroïne avec Rochester.
• Plusieurs adaptations sont sorties. Mais aucune n’arrive à reprendre l’histoire dans son intégralité avec sa beauté. J’avais vu l’adaptation avec Charlotte Gainsbourg car j’aime énormément cette actrice mais la fin du film qui est à la limité du torché m’a vraiment déçue. Et bien que ce soit impressionnant, la dernière adaptation sortie en 2011 (2012 en France) est pour moi la plus fidèle et la plus sympa à voir. Mais restons honnête : Jane Eyre reste un roman qu’il faut lire pour en apprécier toute l’histoire, les films étant là plus pour un aspect introductif et artistique.


Un Vampire Ordinaire, de Suzy McKee Charnas,


Edward Weyland est l'idéal même du professeur d'université. Grand, mince, cheveux gris, profil d'oiseau de proie, distant, intimidant. Il enseigne l'anthropologie. Sa spécialité : les rêves. Ceux des autres, car lui ne rêve jamais. Il n'est pas humain. C'est un vampire.
Un vampire n'est pas un être surnaturel. C'est un prédateur qui se nourrit de sang humain comme un tigre de la chair de ses victimes. C'est un fauve, spécialisé, hautement intelligent, d'une incroyable longévité et fort habile à se glisser dans le troupeau. Pas de cape flottant au vent, donc. Pas de crocs acérés dépassant de lèvres vermillon. Pas de spectaculaires métamorphoses en chauve-souris, non plus. D'où vient-il ? D'un autre monde ? D'un autre temps ? Le sait-il lui-même ?
Parce que les humains fascinent Weyland, il entreprend une étrange relation avec une psychanalyste. L'un et l'autre vont succomber à une fascination réciproque, bien proche de ressembler à de l'amour, cette autre forme de prédation... C'est le cœur percé, dit-on, que meurent les vampires. Weyland échappera-t-il au sortilège de ses proies ?
Quatrième de couverture par Robert Laffont.

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Si je vous dis qu'en tant que vampire aigri je vais parler d'un autre vampire aigri, est-ce que cela sonne comme le début d'une mauvaise blague ou d'un comble ?

Du tout ! Je le jure ! Rien de comique, surtout pour un bouquin qui m'a aidé alors que j'étais clouée au lit durant un mois à cause d'une mauvaise bactérie et que... Mais bref. On va laisser ma santé de côté et se pencher sur ce livre de vampire qui est très particulier. Si vous aimez l'originalité, Un Vampire Ordinaire peut vous charmer comme il m'a charmé moi et Stephen King (oui, j'ai la belle édition avec un mot du King "Terrifiant, drôle, plein de suspense... Impossible à lâcher."). Pour ceux qui préfèrent les vampires plus romantiques, plus "d'actualité" j'ai envie de dire, il vaut mieux passer son chemin.

Cet excellent livre de Suzy McKee Charnas revisite entièrement le mythe du vampire : ce n'est plus un Dracula maudit ou un Kurt Barlow qui écrase une ville entière sous son pouvoir... Edward Weyland est décrit scientifiquement, avec énormément de réalisme et c'est justement ce qui le rend terrifiant. Discret et doué, il ne nous hante pas seulement la nuit mais aussi de jour. Le vampire ici est un animal, souvent comparé aux félins, aux serpents... En somme, une bête qui semble bien réelle. Le comportement qu'il adopte aussi est typiquement bestial, mais pas sans élégance (et oui, on conserve un peu du charme vampirique quand même). Il y a une phrase à la page 219 qui m'avait marqué car le personnage est révélé dans sa nature :
Quand elle s'avança pour l'embrasser, il détourna brusquement le visage : bien sûr, pour lui la bouche servait à se nourrir. Elle porta les doigts à ses lèvres, pour signifier qu'elle avait compris.
L'essence est là : le vampire est un animal et respecte une forme de loi de la jungle dans une ville civilisée.

Un animal pensant et nous savons tous que l'homme est un animal pensant. Edward Weyland est donc lui aussi sensible aux relations qu'il a avec ses victimes, sa condition décalée par rapport aux autres... En bref, lui aussi est concernée par la psychologie et c'est là tout l'intérêt du roman : le suivi thérapeutique d'un monstre féroce. Inutile de s'y connaître en psychologie, vous pouvez lire le livre même si vous ignorez tout de Freud et de Charcot. Le roman est concocté à partir de sciences légères et pourtant très riches. Certes, des critiques se plaignent du manque d'action, mais si vous intégrez un minimum l'esprit du livre, vous aurez certainement quelques frayeurs. Et même, après avoir terminé l'histoire.

Le seul défaut que je pourrais reprocher est le style où j'ai mis du temps à m'habituer et certains personnages qui manquent de fond. Mais on ignore plutôt vite ces détails. Et pis, pour information personnelle (non, je ne voulais pas parler de ma santé)... Imaginer Edward Weyland avec les traits de Sherlock Holmes était plutôt amusant ! Ça a peut-être appuyé mon attachement pour le vampire, mais bon. I regret nothing, comme on dit.

En somme, je le conseille à toutes les personnes qui veulent explorer une autre facette du mythe du vampire. À toutes personnes prêtent à "briser le mythe" sans pour autant anesthésier la frayeur engendrée par ce monstre légendaire.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le titre original du roman est "The Vampire Tapestry" car l'auteure a sectionné son ouvrage en cinq parties, voulant donner le style d'une tapisserie du Moyen-Age, comme la plus célèbre La Dame à la Licorne qui a été une des sources d'inspiration pour la structure du roman.

Dernière fresque de la tapisserie La Dame à la Licorne.



jeudi 26 avril 2012

Le Corps Exquis, de Poppy Z. Brite,


Perversion des âmes et poésie du macabre au service d'une des fictions les plus noires jamais publiées sur les serial-killers : sans concession, choquante, répulsive. Un roman fascinant et extrémiste. Un livre violent dont aucun lecteur ne sortira indemne.
Quatrième de couverture par J'ai Lu.

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Il était temps que je parle de l'une de mes auteures préférées, Poppy Z. Brite, en plus d'une de mes grandes passions, la psychologie, surtout celle des criminels. Savoir que la sorcière de l'écriture (surnom donné par Marie Darrieussecq) avait traité sur le sujet, forcément, je me suis pas mal battue pour trouver ce livre (n'étant plus édité, il faudra le trouver d'occasion sur Internet je pense).

Poppy Z. Brite

Pour résumer rapidement Le Corps Exquis, je dirais qu'il s'agit d'une tumultueuse et passionnée histoire d'amour entre un cannibale et un nécrophile. Deux personnages qui sont deux prédateurs qui tomberont dans les bras de l'un de l'autre pour le plus grand malheur de la ville où ils "chassent". Jamais vous ne lirez d'histoire d'amour plus malsaine et plus enflammée, heureusement pour nos estomacs d'ailleurs.
Pour l'aspect psychologique, avouez que la confrontation entre deux prédateurs peut donner de grandes surprises. Et justement, Andrew Compton et Jay Byrne forment une paire incroyable, démarqué par une narration à la première personne pour Andrew Compton (on assiste à toutes ses pensées tordues et morbides) et une narration à la troisième personne pour Jay Byrne (où cette fois, on assiste à ses crimes d'un point de vue extérieur). Un contraste très bien mené qui nous plonge dans un tableau de meurtres affreusement réalistes loin des clichés habituels.

Et tout ça, offert sur un style superbe. Car je ne le dirai jamais assez, mais Poppy Z. Brite sait manier les mots comme une ensorceleuse sait manier les sorts. Elle nous enchante et nous fait rêver avec des phrases qui sont pourtant d'un macabre dérangeant. Elle nous fait adorer son histoire qui est pourtant repoussante, aimer ses personnages monstrueux... Un roman qui contient toute la magie typique de cette auteure.

Si vous vous sentez assez prêt à affronter des monstres de la réalité et à être charmé par Poppy Z. Brite, je ne peux que vous conseiller de lire ce petit bijou.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L'un des tueurs, Jay Byrne, est inspiré par le tueur en série JeffreyDahmer (on remarque presque une anagramme) qui était également cannibale et dont les méthodes pour attirer les victimes sont très ressemblantes à celles du personnage de Brite. À savoir aussi qu'un des passages du livre qui relate la fuite d'une des victimes de Jay Byrne est en réalité calqué sur un fait divers avec Jeffrey Dahmer. Je n'en dis pas plus, vous reconnaîtrez sûrement le passage.
• Comme Stephen King qui montre un amour débordant pour l'état du Maine, Poppy Z. Brite, elle, a donné son cœur à la Nouvelle-Orléans, où la plupart de ses histoires se passent. Le Corps Exquis ne fait pas exception à la règle.



dimanche 22 avril 2012

Métamorphose en bord de Ciel, de Mathias Malzieu,

Tom Cloudman est sans conteste le plus mauvais cascadeur du monde. Ses performances de voltige involontairement comiques le propulsent au sommet de la gloire. Jusqu’à ce qu’un médecin qui le soigne pour une énième fracture décèle chez lui une maladie incurable.
Commence alors pour Tom un long séjour hospitalier pour tenter de venir à bout de ce qu’il appelle « La Betterave ». Lors d’une de ses déambulations nocturnes dans les couloirs de l’hôpital, cet homme qui a toujours rêvé de voler rencontre une étrange créature, mi-femme mi-oiseau, qui lui propose le pacte suivant : « Je peux vous transformer, ce qui vous sauverait, mais cela ne sera pas sans conséquences. Pour déclencher votre métamorphose vous devrez faire l’amour avec moi. De cette union naîtra peut-être un enfant. Un risque à accepter. »
Dans la tradition de ses contes pour grands enfants, Mathias Malzieu nous raconte l’histoire merveilleuse d’un homme qui veut tuer la mort et tutoyer les cieux. Ce faisant il nous livre une réflexion rare sur le pouvoir de la vie, et de l’amour.
Quatrième de couverture par Flammarion.
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Aller, comme beaucoup sont intrigués par ce petit livre, je poste ma critique. Je vous rassure, je suis aussi intriguée… Car je l’avais acheté à Gibert Joseph mais il n’était pas dans les rayons d’occasion et je n’avais jamais remarqué qu’il s’agissait d’un livre dédicacé (je pensais que c’était un cadeau avec un p’tit mot de celui qui l’avait offert, mais visiblement non) :

Hé ho, c’est même pas mon nom !

Bref, après cette découverte récente (vieille de 5 minutes), je passe à mon commentaire.
Déjà, une chose est sûre : Mathias Malzieu prouve encore une fois son talent pour les paroles lyriques et ses scénarios plein rebondissements. De plus, depuis La Mécanique du Cœur, je songe même à dire que son style s’est amélioré. On porte un nouveau regard sur des paysages que pourtant nous connaissons déjà avec, par exemple, l’impression très nette que le ciel est bien vivant tandis que le héros de Malzieu se meurt.

Le protagoniste de ce triste conte sur la maladie est d’ailleurs aussi têtu qu’un enfant et a bien décidé de consacrer ses derniers jours à sa carrière de cascadeur. Attachant, on reconnaît que Tom possède les marques de fabrique de Malzieu dans son caractère rêveur, sa gentillesse délibérée et sa volonté sans limite. La galerie de personnages qui le suit vaut également le détour avec le couple de vieillards, le petit garçon Victor… Bref, le cascadeur est bien entouré dans un univers pourtant bien effrayant : l’hôpital.
[ci-contre : l'auteur et son œuvre.]
On imagine déjà les kilomètres de linoléum, les murs pâles et froids, le comportement détaché du personnel et cette tranquillité qui donne l’impression d’être coupé du monde. Alors oui, ces descriptions horriblement réalistes viennent frapper l’imagination du lecteur de temps en temps, mais un peu de couleur s’ajoute, du rouge en quantité en fait grâce à cette femme-oiseau aux descriptions à en faire décrocher la mâchoire :


« Les plus belles femmes du monde sont censées donner le tournis, celle-ci me donne un torticolis. Sa petite fabrique de vent télécommande les mouvements de mon cou. Tout palpite. Les plumes qui ondulent sur sa peau la rendent terriblement expressive. Elle pourrait communiquer avec moi sans prononcer le moindre mot. J’ai gravi l’escalier de secours avec la volonté de tout savoir sur cette sirène céleste. Mais maintenant j’ai juste envie de rester là à assister au spectacle de sa bouche en mouvement jusqu’au lever du jour. »
P. 61

Endorphine vous a charmé aussi ? Attendez de lire les passages où elle déploie ses ailes et vole. Le personnage est d’un charme renversant et est recouvert d’un mystère soyeux, sans manquer de caractère en plus (le charme des espagnoles avec Miss Acacia de La Mécanique du Cœur ?).

Cependant, attention à ne pas voler trop haut : si vous voulez atteindre les cieux dans l’espoir de refermer le livre avec la tête légère, Métamorphose en bord de Ciel vous attend avec une mauvaise surprise. Plus dure sera la chute, comme on dit et le thème abordé dans ce triste roman se fait beaucoup moins discret pour la conclusion : j’ai pleuré durant ma descente rapide et, le cul par terre, quand tout était fini, j’ai encore pleuré.

Une magnifique illustration signée Coliandre, belle et surtout fidèle à l’esprit du roman.

Métamorphose en bord de ciel, c’est donc un conte moderne gonflé de métaphores sur des petites choses quotidiennes, illustrées par des situations magiques que seule une imagination débordante pourrait comprendre. Mathias Malzieu nous balance encore une fois dans le ciel, parmi les rêves et la beauté de son monde bien personnel.
Si seulement il pouvait nous rattraper lorsque l’apesanteur reprend ses droits...

N’hésitez pas à consulter d’autres avis, réunis grâce à une lecture commune de LivrAddict, chez FleurduSoleilVashta NeradaGrizelda, DexCéline031 et Myiuki22. Et bien sûr, merci à FleurduSoleil d’avoir organisé cette petite lecture commune !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Comme la Mécanique du Cœur, un album CD (quelques chansons seulement en fait) est rattaché à Métamorphose en Bord de Ciel. Il est sorti depuis le 26 Mars 2012 et il s’intitule Bird ’n’ Roll.


Duel en Enfer, de Bob Garcia,



Londres, été 1888. Sous le poids d’une chaleur suffocante, la ville est saisie d’horreur par les premiers meurtres de celui qu’on nommera bientôt « Jack L’Éventreur ». Pourtant, aucune des enquêtes du célèbre Sherlock Holmes ne mentionne la plus fameuse affaire criminelle qui ait agité ses contemporains. Bien des années plus tard, le docteur Watson confie à son éditeur le journal de l’investigation qu’il mena aux côtés du détective sur l’insaisissable tueur en série.
Une terrible plongée dans l’enfer des bas-fonds londoniens, sur les pas du meurtrier le plus sanguinaire et le plus énigmatique que l’Angleterre ait connu.
Quatrième de couverture par J’ai Lu.

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Rien ne va plus, je suis un Vampire aigri qui a noté trop généreusement dernièrement. Défoulons-nous sur un roman. Non, je rigole, j’annonce mes blagues dès le début contrairement à certains. Plus sérieusement, un roman où je m’attendais à un voyage fantastique et où, au final, c’était plus un rencard raté. Non, pas un lapin, un rencard raté. Comme quand tout part de travers et on se demande jusqu’où ça ira.

Duel en Enfer ose une confrontation bien connue mais que peu d’écrivains ont tenté : la traque de Jack L’Éventreur par Sherlock Holmes. Je ne vous cache que je suis une ripperologue croisée d’une holmésienne, donc il est normal que quand j’ai découvert ce roman, je ne me sentais plus.

Que dire ? Le style n’est pas détestable mais il est alourdi trop fréquemment par des expressions communes, des constructions trop classiques… Au moins, le style a le mérite d’être fluide et rapide.
Mais si seulement il n’y avait que ça. C’est souvent le danger des pastiches holmésiens : la crédibilité de Holmes sous la plume d’un autre. Là, je risque de vous en révéler un peu trop mais rien de grave, nous avons droit à un Holmes qui se plaint de ses mauvaises rentes d’argent, qui est totalement insensible à l’état du cadavre… Je ne vous spoile pas si je vous dis que la dernière victime de Jack a été un massacre total ? Si c’est suffisamment choquant, lire que Holmes braque sa loupe entre les boyaux pour inspecter le cadavre… Je trouve ça gros. Mais attention, le plus beau : un Holmes amoureux. D’une insensibilité qui dépasse l’original tout d’abord et puis un Holmes amoureux… Je sais que c’est un personnage complexe, mais là…

Ma plus grosse déception aura été le fin mot de l’histoire et si vous voulez lire le roman en réservant des surprises, arrêtez-vous là, je révèle a fin qui m’a fait hurler toute la nuit. Jack L’Éventreur est… Un jeune gamin des rues âgé de 10 ans. On avait droit au médecin cannibale, la sage-femme folle, le gentleman impuissant, le boucher désespéré… Mais alors jamais, jamais je n’aurai imaginé Jack L’Éventreur avec une petite casquette, en salopette, faisant 1mètre 30 et connaissant parfaitement l’anatomie humaine. Impressionnant, non ?
Alors certes, Bob Garcia, en voyant la colère des lecteurs avait répondu, je cite :
Hé non... je ne me suis pas "trompé", ma documentation ne présente pas de lacune, et je ne suis pas si accro à l'anachronisme ;o)
Je me doute qu'il faut du muscle pour étriper une bonne femme, bien que je ne l'ai jamais fais moi-même malgré une tentation quasi quotidienne. Je sais aussi (car il m'arrive parfois de lire des livres d'histoire) que Teddy-bear n'existait pas en 1888. Peut-être convient-il de se demander QUAND ce vieux roublard de Watson a rédigé son recit. Puis-je suggérer au lecteur dubitatif de relire attentivement les pages 432-433 et 434 de "Duel en enfer" ? La vraie chute est là.
S'il se trouvait encore quelqu'un (cas improbable) qui ne comprendrait pas, qu'il relise les pages en question en pensant à allumer la lumière. Si le doute persistait, qu'il relise une troisième fois à haute voix en prenant soin d'assimiler le sens de chaque mot (en s'aidant si besoin d'un dictionnaire, par exemple français).
S'il n'avait toujours pas compris qu'il laisse tomber. Il est parfois bon de faire un petit break et de se replonger dans la lecture de Pif le chien, ne serait-ce que pour le gadget. Ou alors dans "Le vol des 714 porcineys" (je précise qu'il n'y a pas d'erreur dans le titre !)"
Amicalement,
Bob Garcia

Alors oui, c’est convaincant, on comprend que Watson s’est royalement moqué de son naïf éditeur. Mais justement ! Tout le problème est là. Car si Watson se moque de l’éditeur, il se moque aussi de nous, en gros, un poisson d’Avril qui fait bien 650 pages. Quand on tâte une confrontation à deux icônes pareils, forcément on s’attend à une véritable enquête, avec des éléments venant de la réalité, pas forcément une réponse, mais quelque chose d’intense. Au final, une série de déceptions chez les lecteurs qui ne s’attendaient pas à une blague aussi longue.

Mon avis aurait été bien différent si le roman avait été qualifié en humour immédiatement et si je voulais du léger. Mais je m’attendais à du lourd et au final, j’ai eu une blagounette du mois. J’ai pourtant de l’humour… Mais là…

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il existe de nombreuses autres versions de Sherlock Holmes contre Jack L’Éventreur. Un téléfilm par exemple mais dont la qualité est monstrueuse. Donc, au final, si vous voulez une confrontation entre les deux hommes les plus populaires du XIXème siècle, avec du sérieux et une chute intéressante, je ne peux que vous conseiller le jeu vidéo par Frogwares sur ordi : Sherlock Holmes contre Jack L’Éventreur.

La Taupe, de John Le Carré,



À Londres, en pleine Guerre Froide, les services de renseignements britanniques craignent d’avoir été infiltrés par un agent double au service des Soviétiques. George Smiley, un agent secret aux sens aiguisés, est chargé de suivre la trace de la taupe et de la débusquer.
Dans les obscurs labyrinthes du monde de l’espionnage international, la tâche s’avère périlleuse.
Quatrième de couverture par Points.

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Je suppose que lorsque l’on vous dit espionnage, vous pensez de suite à James Bond ? Oui ? Bah c’est pour ça que lorsque l’on me parle d’espionnage, je grince un peu des dents. Je n’ai jamais été une grande fan de James Bond et je n’ai jamais compris le succès du personnage. Un peu trop extrême pour moi je suppose. D’un autre côté, même si le nom de John Le Carré me disait quelque chose, je n’avais jamais ouvert un de ses livres…

Alors je vais en faire hurler certains mais oui : j’ai vu le film avant d’avoir lu le livre ! Étant une esclave de Gary Oldman, Colin Firth, Benedict Cumberbatch, Mark Strong et autres acteurs anglais au point d’aller voir n’importe quel film, tant qu’ils sont là (bon, cela dit, j’ai toujours pas pardonné Gary Oldman d’avoir joué dans Le Chaperon Rouge… Il paye aussi des factures mais il me fera pas croire qu’il était fauché à ce point). Et là, quel coup de cœur mes amis, car quel chef d’œuvre ! De la tristesse, de la solitude, du béton armé qui vous écrase le cœur, et le pire, c’est que vous en redemandez. Au final, j’étais intriguée par le bouquin et les interviews que j’ai vu de John Le Carré m’ont fait aimé l’homme en lui-même, franc et sympathique.
Bref, j’achète le roman. Pas avec la belle couverture qu’on voit au début de l’article, celle avec la couverture du film. Ouais, ça serait pas un film que j’aime autant, j’aurai rouspété, mais fermer le livre et tomber nez à nez avec Oldman dans son costume, c’est plaisant en fait.

Mais je m’égare et on va croire que j’ai mis 4/5 juste pour la couverture (non, la couverture n’a remporté qu’un seul point en plus, c’est faux !). James Bond m’a donné vraiment de mauvais aprioris sur le monde de l’espionnage, George Smiley, en revanche, m’a permis de sympathiser avec cet univers. Et ce, pour plusieurs raisons. Déjà, l’ambiance de la Guerre Froide, voir ces soldats de l’ombre se battre pour éviter l’Armageddon nucléaire, c’est poignant. C’est plus réaliste qu’un docteur russe un peu fou et mordu de pouvoir et de chaos, alors forcément, vous ressentez la mêmes craintes que les personnes qui ont vécu ces cauchemars continuels. Et quand on constate leur solitude, c’est pire. Car effectivement : qui dit espion dit détachement de tout, la solitude la plus totale, la vie sociale réduit à néant et une paranoïa accrocheuse. Il y a des passages sur les pensées de Smiley qui m’ont fait particulièrement mal, qui vous donnent envie de tous les enlacer un par un et de leur dire que vous savez tout le boulot extraordinaire qu’ils font pour leur patrie. 
Et je m’emballe encore ! Mais pour revenir plus sérieusement à cette galerie de personnes, la solitude qui leur pèsent, leur intelligence aiguisée et en même temps, leur banalité, leur condition humaine… John Le Carré a un talent indéniable pour créer des personnages magnifiques et incroyablement touchants. Je crois que c’est le point le plus important du roman pour moi : la qualité des personnages.

John Le Carré a également un style très agréable. De là à dire que ça casse des briques, peut-être pas, mais les tournures de phrases sont intelligentes, fluides. Juste, Mr Le Carré oublie que nous n’avons pas tous été espions et il utilise un bon nombre d’expressions qui m’ont laissé comme une illettrée dans un nouveau job. Même si il affirme que les expressions sont pour la plupart inventées (et que les vraies du MI6 sont gardées secrets), ça perturbe toujours un peu.
Forcément, ça contribue à la principale difficulté du roman : comprendre entièrement le scénario. Que ce soit pour le roman ou le film, il faudra certainement tout revoir, depuis le début, notes sous le coude. Donc bref, c’est mon conseil, mettez des marques-pages, notez les noms des personnages, vous en aurez peut-être besoin. C’est de l’intellectuel et un sacré scénario, du puzzle de haut niveau.

En clair, je considère ce premier volume (oui, parce que même Smiley a encore du chemin à faire même à la fin de La Taupe et ce n’est que le début d’une trilogie) comme un fabuleux départ et j’ai hâte de retrouver la plupart des personnages dans le second volet.

Vous voyez de quoi je parle ?

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• John Le Carré, l’auteur, traite d’un sujet qu’il connaît plutôt bien puisque lui-même travaillait au MI6. Bien sûr, vous vous en doutez, un espion qui vend tous les secrets du métier dans des romans, ça passerait mal. Ses œuvres restent de la fiction, mais on voit que le thème est maitrisé.
• Comme dit plus tôt, un film par Tomas Alfredson est sorti en Février sur nos écrans français. Un vrai petit bijou du cinéma si vous voulez mon avis. Mais il y a également une série signée par la BBC avec Alec Guinness en George Smiley. Plus difficile à trouver et qui feront surtout le bonheur des bilingues anglais. Mais qui est tout aussi bien et « plus proche » que le film d’Alfredson. À savoir que l’adaptation d’Alfredson était volontairement écarté et que, comme dit plus haut, il aide à comprendre le roman.
• La trilogie complète s’intitule la Trilogie de Karla, personnage phare de la série. La Taupe est suivie de Comme un Collégien et s’achève sur les Gens de Smiley. Mais à ma connaissance, seul le second tome n’a pas eu droit à son adaptation. C’est d’ailleurs dommage…

samedi 21 avril 2012

Les Hauts de Hurlevent, par Emily Brontë,


Les Hauts de Hurlevent sont des terres balayées par les vents du Nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l’ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s’approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et frustre.
Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses sœurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l’orgueilleux qui l’a tuée.
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche

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Ah, les Hauts de Hurlevent, un roman qui m’a marqué à vie. Je me souviens l’avoir découvert en classe d’anglais, on étudiait le passage où Heathcliff supplie à Catherine de revenir. À l’époque, j’avais encore pas mal de lacunes en anglais (surtout aussi classique), donc je butais sur certains mots inconnus, mais toute l’émotion était passée, c’est à peine si j’étais pas en train de me retenir de pleurer en plein cours.
Et forcément, je me suis jetée dessus en le voyant dans une librairie (j'achète toujours des oeuvres qui font pleurer, c'est un drame chez moi).
Mais ce qui a été le plus extraordinaire, c’était de le lire au printemps, dans des parcs verdoyants, dans des villages rustiques perdus dans les montagnes, durant des jours de pluies violentes près d’un feu… Je m’y croyais, j’avais l’impression de partager les sensations, les odeurs de poussière et de terre, les lumières chaotiques des mauvais jours et le bruit du vent. En fait, c’est paradoxale de vouloir tant s’incruster dans un roman où la douleur est dominante.

Chaque personnage, tous plus magnifiques et recherchés les uns que les autres, a sa propre douleur, tous sont à plaindre, tous sont pathétiques… Le plus impressionnant de tous est bien évidemment Heathcliff, dont la folie surpasse toutes nos craintes. J’ai tenté de voir des adaptations du roman, mais aucune, sincèrement, aucune n’arrive à révéler toute l’horreur du sujet. En partie parce qu’aucun film ne s’est pleinement intéressé à la troisième génération (celle des enfants d’Heathcliff et Catherine) qui est pourtant d’une importance capitale. Je veux dire, que Heathcliff s’acharne sur les héritiers de sa bien aimée juste pour satisfaire ses rêves à lui, ça tient de la pathologie grave ! Et pourtant, on pleure avec lui lorsqu’il clame combien il aimait Catherine. Le roman est certes sur un amour qui détruit les amants et leur entourage, mais de mon point de vue, Les Hauts de Hurlevent est surtout sur la souffrance d’une famille, une malédiction dont la source est le lien entre Heathcliff et Catherine. 

En somme, c’est un grand classique de la littérature anglaise qui est d’une beauté bouleversante et où il suffit de se laisser happer dans l’histoire. Bien au-dessus du populaire Roméo et Juliette à mon avis, Les Hauts de Hurlevent est l’histoire d’amour que je préfère car elle est loin d’être naïve et plate (et j’ai horreur de la romance pourtant) et les amants, tout comme ceux qui les entourent, sont riches d'émotions.
En dernier point, je dirais qu’Emily Brontë a un style vraiment magnifique, très mélancolique et que les mots qu’elle utilise sont très forts, particulièrement marquants.

À lire pour ce printemps si vous partez vous terrer dans des landes perdues ou des villages oubliés.

Illustration de Meluseena




Cette chronique est aussi ma douzième contribution dans le cadre du challenge Victorien (dans la catégorie Charles Dickes) organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Si vous voulez nous rejoindre, tout est expliqué sur cet article !


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Unique roman d’Emily Brontë, il a d’abord été publié sous un pseudonyme masculin, celui de Ellis Bell. C’était une technique courante à l’époque si une femme voulait que son œuvre ait de « vrais lecteurs ». Les deux sœurs, Charlotte et Anne, avaient fait de même.
• De nombreuses adaptations sont sorties au cinéma. La plus connue est celle de 1992 avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes. Un autre film sort cette année, par Andrea Arnold. Je ne sais pas ce qu’il donnera, la bande-annonce prédit une bonne ambiance mais je ne m’emballe pas trop.