vendredi 31 juillet 2015

L'Apprenti Épouvanteur, de Joseph Delaney,

« L’Épouvanteur a eu de nombreux apprentis, me dit maman. Mais peu ont achevé leur formation. Et ceux qui y sont parvenus sont loin d’être à la hauteur. Ils sont fragiles, veules ou lâches. Ils se font payer fort cher de bien maigres services. Il ne reste que toi, mon fils. Tu es notre dernier espoir. Il faut que quelqu’un le fasse. Il faut que quelqu’un se dresse contre les forces obscures. Tu es le seul qui en soit capable. »

Thomas Ward, le septième fils d’un septième fils, devient l’apprenti de l’Épouvanteur du comté. Son maître est très exigeant. Thomas doit apprendre à tenir les spectres à distance, à entraver les gobelins, à empêcher les sorcières de nuire… Cependant, il libère involontairement Mère Malkin, la sorcière la plus maléfique qui soit, et l’horreur commence…
Quatrième de couverture par Bayard Jeunesse.
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« Jack lui-même n’aimait pas mener les bêtes du côté de la colline, et les chiens refusaient de franchir la lisière du bois. Quant à moi, sensible comme je l’étais à des choses que les autres ne percevaient pas, j’étais incapable de travailler dans les pâtures proches, car je pouvais les entendre. J’entendais les cordes grincer au vent, et les branches craquer sous le poids des corps. J’entendais les mourants s’étouffer et s’étrangler. »
P. 24

Vous vous souvenez quand Barbe Bleue donne la clé à sa nouvelle femme en lui faisant jurer de ne jamais l’utiliser ? Quand Peau d’âne réclame à son père incestueux des robes de plus en plus chères pour repousser ses avances ? Toutes ces contraintes dans les contes de fées, toutes ces situations de dilemme, vous les retrouverez en vous plongeant dans ce premier tome de la saga de L’Épouvanteur.
L’histoire de Joseph Delaney sent bon le récit fantastique et s’adresse aussi bien aux jeunes lecteurs qu’aux plus vieux, il est même possible que sa plume vous entraîne quelques années en arrière. Pour dire : je me suis gavée de bonbons en lisant L’Apprenti Épouvanteur comme une petite fille durant le soir d’Halloween pendant qu’elle se régale avec des Chair de Poule.
Fantômes, sorcières, gobelins, l’univers de Delaney se dévoile encore timidement dans ce premier volume mais on apprend aux côtés de Thomas J. Ward, ce jeune héros à qui il est facile de s’identifier et on boit les enseignements de l’Épouvanteur. On découvre donc en douceur mais j’ai quand même été charmée dès le début : l’ambiance tient plus de la terreur que du féerique, mettant en scène beaucoup de passages sombres.
Mais un petit mot concernant ces mises en garde : j’avais à la base acheté ce roman pour le petit frère âgé de 12 ans et je me suis méchamment pris le bec avec la libraire qui tentait de me détourner de L’Épouvanteur… Sous prétexte que faire lire des romans trop adultes aux enfants les empêche de s’intéresser par la suite à des livres de leur âge…
Va falloir m’expliquer ce que Germinal foutait dans les rayons Jeunesse, alors...
Par chance, j’avais croisé un garçon de huit ans qui m’a dit, je m’en souviens, « prenez-le pour votre frère, j’en suis au tome cinq et j’adore depuis le début ! », alors certes, la libraire pouvait se targuer d’avoir suivi une formation, j’ai choisi de me référer à l’avis du petit garçon, pour ma part.
Je voulais donc le lire et construire mon propre avis.
Et effectivement : L’Apprenti Épouvanteur réserve une bonne dose d’angoisse avec des rebondissements qui tiennent en haleine, mais rien de violent, rien de trop glauque non plus, l’auteur préservant son jeune public auprès de lui avec une dose de morale et d’astuces pour se défendre.
On est loin du Dark Fantasy sanglant ou du Stephen King qui est responsable de nuits blanches…

Certains le savent, je ne suis pas une passionnée du genre jeunesse, et pourtant, si la plume est simple, elle est claire et travaillée, faisant avancer aisément le lecteur sans l’expédier trop vite. En somme, un bon équilibre entre un style léger et un talent de conteur pour captiver même les lecteurs âgés.
De plus, si l’histoire est loin d’être niant-niant (en tout cas pour l’instant), les personnages s’écartent aussi des clichés insupportables des récits pour enfants. Tom Ward est un héros classique mais agréable avec une mère particulièrement intrigante et intéressante (pour tout dire, c’est surtout sur elle que j’ai hâte d’en savoir plus), un vieil Épouvanteur plein de surprises, je ne m’attendais à un personnage aussi travaillé et une petite fille aux souliers pointus qui risque d’ajouter du piment par la suite.
J’ai aimé aussi les créatures et les différentes sorcières que l’on croise déjà, formant un éventail de personnages pleins d’attraits.

Je suis très encouragée à lire la suite car la magie a bel et bien opéré sur moi, séduite par cette ambiance halloweenesque, à la fois bon-enfant et sinistre.
Je sais d’avance que je vais garder deux ou trois tomes sous le coude pour les dévorer au prochain 31 Octobre.

Alice kick, par Svanhilde, un passage dont on se souviendra tous~

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il est possible de lire une petite nouvelle et le premier chapitre ici. Au passage, la nouvelle n’est disponible qu’avec la nouvelle édition, celle qui a pour couverture l’affiche du film…
• … Personnellement, je ne sais pas ce que vaut le film. Mais selon les rumeurs, c’est une histoire très librement inspirée. Donc bon, enfin. J’ai préfère la première édition, de toute façon.

Meurtres à Cardington Crescent, d'Anne Perry,

Dans l’élégante demeure de Cardington Crescent, le jour se lève sur la corruption. Et quand c’est un aristocrate volage qu’on assassine au petit matin, son épouse ne tarde pas à être accusée… Sauf qu’il s’agit d’Emily, la sœur de Charlotte Pitt. Et que le célèbre couple enquêteur, touché de plein fouet, est prêt à tout pour détourner les condamnations hâtives.
Quatrième de couverture par 10/18.
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« — Je regrette d’avoir à vous dire que ma mère et ce pauvre George ont été témoins de la scène. Apprenez, Mr… euh… Pitt, que dans la bonne société une femme mariée ne s’éclipse pas dans un jardin d’hiver au bras d’un homme à la réputation douteuse pour revenir, un quart d’heure plus tard, la robe de travers, en affichant un sourire béat.
Pitt songea que c’était exactement ce qu’une femme de « la bonne société » faisait. »
P. 106

Après deux bonnes surprises ont suivi deux déceptions : Mort à Devil’s Acre était assez fade et Meurtres à Cardington Crescent n’a pas relevé la barre finalement… Pourtant, au vu du résumé intriguant, j’en attendais pas mal : on retrouve les personnages principaux dans une vraie situation délicate et j’attendais que l’auteur me régale d’émotions…
Finalement, c’était raté.

Sûr, je ne reproche rien au style d’Anne Perry : simple mais efficace, les pages tournent d’elles-mêmes et on apprécie cette narration fluide et claire. Mais voilà, une écriture jolie ne suffit pas : au bout de huit tomes, j’ai l’impression que Perry nous sert toujours la même chose, la psychologie de ses personnages stagne et ils m’insupportent de plus en plus tant ils sont évidents.
Tout ce beau monde mérite d’être creusé et développé. Or, de mon propre avis, on a surtout droit à une sorte de vulgarisation de la psychologie criminelle, autant chez les victimes que chez les auteurs. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le mobile et les intentions m’échappent un peu : Anne Perry nous étale son enquête et torche sa conclusion.
Thomas et Charlotte tombent dans du sentimentaliste tellement grossier que j’avais mal. Emily arrive à en réchapper un peu, Tante Vespasia aussi, par chance.

Apple Dumpling par George Dunlop Leslie.

L’enquête reste intéressante pourtant : rien d’original, il est vrai, mais elle concerne des personnages que l’on connait depuis le premier tome, L’Étrangleur de Cater Street, et c’est là que réside la pointe de nouveau.
J’avoue que j’ai grincé des dents à quelques détails que je jugeais assez peu réalistes ou gros. Mais enfin, j’ai réussi à les digérer.
Il y a par chance des moments captivants et encouragent à poursuivre la lecture, mais encore une fois, c’est la fin qui me dérange : elle est expédiée.

La suite de cette série n’est pas fameuse, nous servant souvent la même chose, ce qui est très dommage. Je continuerai quand même à les lire, en espérant une évolution et que Anne Perry peaufine davantage ses conclusions, quitte à s’étaler cinquante pages de plus…

Au moins, grâce à cette couverture, je peux valider l’idée 92 du Challenge des 170 Idées.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• À la page 26, Gilbert et Sullivan sont mentionnés : il s’agit de deux compositeurs d’opérette, William S. Gilbert  et Arthur Sullivan, très populaires entre 1871 et 1896. Iolanthe est une pièce datant de 1882.
• À la page 29, une certaine Madame Ouida est mentionnée : il s’agit du pseudonyme de Maria Louise Ramé (1839 - 1908), une auteure qui écrivait surtout des livres pour enfants.
• Lorsqu’une femme s’évanouissait, on lui faisait sentir des sels, du carbonate d’ammonium pour être plus précis. Toutefois, les sels d’Epsom dont parle Tante Vespasia à la page 253 ne sont pas destinés à réveiller mais plutôt à relaxer : on lui confère énormément de vertus et son nom vient d’une ville anglaise dans le comté du Surrey, au sud de Londres. Encore aujourd’hui, ces sels sont utilisés dans les spa.

mercredi 29 juillet 2015

Héros ou Couple inoubliables [08],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.





Pour ce mercredi, un couple qui me charme depuis Août dernier...


    → Pourquoi ce couple ?
Parce que c’est le couple où je chiale dès qu’on m’en parle.
Plus sérieusement, j’ai commencé la saga du Sorceleur en Août dernier et ce couple refuse de perdre en prestige. C’est un couple qui me captive comme Edward et Bella ont captivé des milliers d’adolescentes en 2008 et je reste complètement sous leur charme.
    → Est-ce le couple principal ?
Oui, j’irai même plus loin : Yennefer est la femme de la vie de Geralt et Geralt est l’homme de la vie de Yennefer, une destinée les lie.
Et si vous avez choisi Triss plutôt que Yennefer dans Witcher 3, vous n’êtes rien d’autre qu’un mécréant, un blasphémateur. Pouah, pouah, choix de gueux, messire !
    → Quel aspect particulier de la relation vous a tant plu ?
La liste est un peu longue…
Déjà, je les aime autant l’un que l’autre : Yennefer est d’une telle beauté qu’elle fait tourner de l’œil rien que dans les descriptions du livre (chevelure noir corbeau, visage en cœur, yeux d’un violet profond…) et si ses débuts font d’elle une sorcière narcissique très classique et banale dans la Fantasy, son caractère évolue et laisse entrevoir une femme très sensible. Geralt, bien sûr, possède un certain charisme mais reste tout de même touchant en étant perdu dans cette équilibre monstre/humain, sans compter qu’il perd vraiment ses moyens face à cette magicienne talentueuse.
Les portant déjà dans mon cœur, je trouve qu’ils s’accordent en plus parfaitement, leur psychologie évoluant au même rythme. Il y a d’ailleurs un petit rien qui fait leur originalité : les deux sont stériles. Geralt étant un mutant ne peux plus procréer et Yennefer, en devenant sorcière, a renoncé à sa fertilité et en souffre énormément.
C’est là qu’un autre élément vient renforcer mon attachement : Ciri. Orpheline adoptée par ce sorceleur et cette magicienne, c’est elle qui exauce leur "vœu" de former un couple "normal" et révèle toute la sensibilité de ces deux amoureux pudiques (sauf au niveau sexuel… Yennefer a des fantasmes étranges comme faire l’amour sur une licorne empaillée). Quand Geralt serre la petite Ciri dans ses bras, quand Yennefer lui dit « je t’aime, ma fille » avec les larmes aux yeux, ce couple contre-nature prend une nouvelle dimension très touchante.
Plus que le couple que forment Yennefer et Geralt, c’est le trio avec Ciri qui rend ce triangle passionnant et j’ai suivi leurs aventures avec beaucoup d’intérêt, ayant un pincement au cœur à chaque engueulade et à chaque retrouvaille.

Bref, Yennefer et Geralt est une romance qui m’a émue au possible et Roméo et Juliette, à côté d’eux, forment un piètre couple, j’ai eu beaucoup de mal à les quitter car j’ai ri et pleuré avec eux.



The Witcher 3 rend d’ailleurs un bel hommage à ce couple légendaire avec cette chanson :
[à gauche, la version française et à droite, la version anglaise… La version polonaise est très belle aussi d’ailleurs]

Sur ce, je m’en vais me noyer dans mes larmes.

mardi 28 juillet 2015

Les Soirées de Médan, de Collectif,

C’est en 1880 que Zola et cinq de ses jeunes amis, Guy de Maupassant, Paul Alexis, Henry Céard, Léon Hennique et J.-K. Huysmans, décidèrent d'écrire chacun une nouvelle et de les publier en un volume sous le titre Les Soirées de Médan.
Le propos de ces textes était certes de faire une œuvre qui soit exemplaire du naturalisme. Et pourtant, de Boule de Suif de Maupassant à l’Attaque du Moulin de Zola, en passant par Sac au Dos de Huysmans, ce livre demeure un joyau de la littérature, de cette littérature du XIXème siècle à laquelle le roman français doit tant.
Quatrième de couverture par Les Cahiers Rouges, Grasset.
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Si j’ai dévoré des classiques anglais, américains et même russes, j’avoue que ma culture des classiques français est un peu (beaucoup) légère à côté. Certes, Zola ne m’était pas inconnu et je connaissais des anecdotes dramatiques de la vie mouvementée de Victor Hugo, mais jamais encore je n’ai lu ces classiques français que les professeurs louent tant et si bien.
Je me suis donc approchée à petits pas furtifs des Soirées de Médan qui réunit cinq nouvelles de cinq auteurs liés par l’amour de la langue française, traitant tous cependant du même sujet : la guerre Francoprusienne de 1870. Si les œuvres ne m’ont pas toutes convaincue, j’ai été très séduite par cette image un peu bohème avec ces cinq artistes réunis dans un vieux salon, discutant, partageant et travaillant tout en s’amusant.
Mais les comptes-rendus suivent dans ma chronique, gardez juste à l’esprit que la note finale n’est pas une moyenne de celles qui suivent mais jauge une impression générale :

Emile Zola et sa famille.

« [...] Et là, heureux de nous de nous trouver d’accord, pauvres d’argent, riches d’enthousiasmes, nous bavardions littérature, [...]. »
P. 10

      L’Attaque du Moulin, d’Emile Zola, 5/5
Pour un premier Emile Zola, j’avoue que le bonhomme a su y faire : une histoire adaptée au format nouvelle, la rendant ni trop longue, ni trop courte. Les descriptions sont imagées, agréables et originales, rien de lourd en somme, sûrement grâce au format.
Mais ce n’est pas juste une jolie petite nouvelle, le thème installe une campagne tranquille menacée par la guerre, l’ambiance retrace donc bien cette opposition et l’histoire se solde même d’une conclusion piquée d’une ironie qui me plaît énormément !
Une excellente rencontre, donc.

      Boule de Suif, de Guy de Maupassant, 5/5
Lui aussi, Guy de Maupassant a laissé une très bonne impression à la néophyte que je suis. Comme chez Zola, on ne s’intéresse pas aux soldats mêmes mais aux citoyens, victimes en fuite, affamés et angoissés.
Plus glauque en ambiance que L’Attaque du Moulin, on traîne dans le froid et la solitude avec des personnages détestables. Tout le côté négatif de la nature humaine finira par ressortir durant la nouvelle.
Une aventure détestable mais que j’aie beaucoup aimé. Après tout, hé, c’est la guerre.

      Sac au Dos, de J.-K. Huysmans, 2/5
Là, j’ai clairement eu un coup de mou.
Le lecteur bascule du côté des soldats, plus précisément du côté du sang-neuf, de jeunes français qui ignorent ce qui les attend.
Si le style n’est pas désagréable, j’avoue que j’ai eue du mal à y voir un intérêt quelconque : le sujet est bien trop vague pour le format de nouvelle et il n’y a pas vraiment d’histoire, juste un semblant de témoignage d’une cinquantaine de pages. Pour être franche, j’avais même l’impression que le récit tournait en rond…
Après, les deux premières nouvelles étaient vraiment excellentes, la déception de Sac au Dos est causée peut-être par un peu de comparaison…

La maison à Médan achetée par Emile Zola et où les cinq auteurs se réunissaient.

      La Saignée, de Henry Céard, 3/5
Là, ça remonte un peu : Céard relance un peu mon intérêt mais pas tant que ça non plus.
Étrange histoire d’amour et de séduction avec un personnage pimpant : Huberte de Pahauën, cette grande femme fausse rousse qui m’a pas mal amusée et ajoute un vrai tourbillon, tantôt comique, tantôt dramatique, ce qui apporte une autre ambiance par rapport aux autres nouvelles mais garde le thème d’une vraie déchéance.
J’ai aimé cette complexité mais j’avoue que j’aie eu un peu de mal avec le style et la fin perdait un peu de son souffle
Donc une bonne nouvelle mais sans plus…

      L’Affaire du Grand 7, de Léon Hennique, 2/5
Seconde grosse déception, j’avoue que je perdais le fil durant cette nouvelle, n’arrivant pas à accrocher à l’intrigue ou au style.
Très franchouillard et manquant d’originalité, je n’ai pas été bien emballée…

      Après la Bataille, de Paul Alexis, 4/5
Finalement, la dernière nouvelle a rattrapé un peu les trois précédentes : assez émouvant et reposant, après un recueil de guerre, Après la Bataille est la nouvelle parfaite pour clore ce livre. 
La rencontre de ces deux étrangers, un soldat du nom de Gabriel Marty et une femme en fuite appelée madame de Plémoran, est pleine d’attrait et de surprises. 
J’ai beaucoup aimé et la conclusion complète le charme.

Les portraits des six auteurs.

Bon, c’est un plus pour la culture générale, c’est sûr, mais je ne retiendrai que deux ou trois nouvelles de ce recueil, les autres ne suivant clairement pas…
Au moins, ça me motive pour lire les auteurs qui m’ont marquée.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le titre du recueil, Les Soirées de Médan, fait écho à la maison achetée par Zola à Médan, près de Poissy, en 1878.
• Plus tard, plus tard... Quand l’alcool sera retombé et que je serai moins fatiguée, je rajouterai des trucs à dire.

Les Quatre, d'Agatha Christie,

Hercule Poirot semble enfin avoir trouvé des adversaires à sa mesure : un quatuor criminel, dont le but n’est rien de moins que s’assurer la domination du monde.
Rude bataille en perspective !
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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Après la grosse déception du Chat et les Pigeons, j’ai fait une petite pause dans la série des Hercule Poirot... Mais comme ils sont courts et que j’ai mon 2015 Reading Challenge, bah hé, fallait bien que je m’y remette.
Sans regret puisque ce fût une bonne surprise : une confrontation loufoque, des méchants à la James Bond et un détective belge au mieux de sa forme.


Roman court, il l’est d’autant plus qu’il est sectionné comme s’il s’agissait de plusieurs nouvelles à la suite, son rythme n’est pourtant pas trop saccadé et l’enquête suit une harmonie agréable : plutôt que d’un repas complet, Christie nous sert des petits fours bien savoureux, enchaînant des petites enquêtes intelligentes et qui arrivent à bien se compléter. Rien de redondant et de lassant, offrant un panorama de délits.
J’avoue que j’ai eu quand même une petite préférence pour la cinquième enquête qui trouve son thème dans le jeu des échecs et des complots russes.
Ouais, définitivement très James Bond, ça.

Zoomez pour suivre les enquêtes durant votre lecture.

Il y a bien la patte d’Agatha Christie et Les Quatre se déguste avec des scones et une tasse de thé, aussi british qu’un James Bond, quoi. J’ai aimé le côté "poussé" des maîtres du monde, ce n’est pourtant pas si délirant que ça en à l’air : on nous épargne les explosions et les coups de théâtre hollywoodiens. L’enquête principale reste très intéressante malgré des indices un peu exagérés (par exemple le "Jasmin Jaune") mais j’ai aimé la suivre jusqu’au bout, surtout parce que Poirot se heurte à des génies du crime, ce qui corse le récit et équilibre les camps adverses.
On ne cherche pas l’identité des criminels (même si ils sont sous couverture), on cherche comment les coincer et Les Quatre se démarque des autres romans de Poirot grâce à ce détail. On croise des personnages réfléchis et qui apportent du mouvement dans l’avancement, qualité très appréciable dans ce genre de longues séries policières.

Finalement, j’ai tiré une bonne pioche avec Les Quatre ! Original, complexe et vivant, il m’a remise dans le bain de la Reine du Crime et je pense reprendre goût bientôt !

...such a waste., par Erebus Odora.

Et grâce à cette couverture, cette chronique valide l’idée n°164 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Avant d’être un seul et même roman, Les Quatre avait été morcelé en douze nouvelles publiées dans le magazine The Sketch. Pour le roman final, Agatha Christie a alors ajouté le prologue et l’épilogue.
• Le beau-frère d’Agatha Christie, Campbell Christie, a apporté son aide durant l’écriture et la finalisation en roman car l’auteure traversait une période difficile : celle de son divorce avec Archibald Christie.

mardi 21 juillet 2015

Top Ten Tuesday [24],

              

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a  initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur ce blog.






Le thème du 17 Juillet 2012 était...
Les 10 passages les plus mémorables.
Comme l'article est sacrément long, il est à déplier.
Risque de spoils concernant Le Moine, L'Épée de la Providence, Simetierre.

mercredi 15 juillet 2015

La Dame du Lac, d'Andzrej Sapkowski,

Tandis que Yennefer est retenue prisonnière et que Geralt passe l’hiver en compagnie de la magicienne Fringilla aux charmants artifices, Ciri est projetée dans un monde parallèle en pénétrant dans la tour de l’Hirondelle. Désormais sous la coupe de l’elfe Avallac’h, elle ne peut espérer la liberté que si elle accepte de porter l’enfant du roi des Aulnes.
La jeune fille parviendra-t-elle à s’enfuir pour voler au secours de ses amis ?
Quatrième de couverture par Milady.
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Avec la lecture de ce septième tome, La Dame du Lac, j’achève la magnifique saga du Sorceleur de Andrzej Sapkowski. Alors certes, j’ai versé quelques petites larmes, à cause du récit, à cause du fait de savoir qu’il s’agissait de la fin, mais en même temps, je ne regrette pas que ce tome soit le dernier car il était temps effectivement que Ciri, Geralt et Yennefer trouvent enfin un terme à leurs périples.


Je ne sais pas si c’est la déception de "fin de série", mais j’avoue que ce tome est en-dessous des deux précédents pour moi : ironiquement, il s’agit du volet le plus épais mais j’ai l’impression que c’est le plus creux, il ne se passe finalement énormément de choses. Le début met déjà du temps à se mettre en place et Sapkowski demande beaucoup de patiente à son lecteur. Cependant, on sent que quelques éléments viennent perturber cette tranquillité et on a hâte qu’ils explosent et que nos héros retrouvent leur fougue et repartent à l’aventure !
Par chance, une fois l’action lancée, elle ne s’arrête plus ; elle se déroule avec rapidité et… facilité. J’ai trouvé que l’auteur abusait un peu trop des coïncidences et expédiait vite quelques explications.

« Le vampire, cette fois non plus, ne cilla pas.
— Parce que tout simplement, pour reprendre cet aphorisme plein de charme juvénile de notre chère Angoulême : «  Viendra le jour où il sera l’heure ou de chier, ou de libérer les latrines » En d’autres termes…
— Ne vous donnez pas la peine de reformuler. »
P. 150 - 151

Là où je n’ai pas été déçue, par contre, c’est de retrouver toute cette galerie de personnages que j’aime tant. Les principaux partagent la scène avec des points de vue plus secondaires pour nous plonger dans les moindres recoins de cet univers. On croise donc Shani, Rusty, Iola, Jarre et j’en passe… Ce qui est dommage, c’est que les compagnons de Geralt sont quelque peu effacés ici, [spoiler] ils continuent de suivre Geralt et meurent tous sans exception à la fin, mais je trouvais que chaque mort manquait de cachet, seule celle de Cahir m’avait vraiment émue, puisqu’elles s’enchaînent toutes, elles paraissent un peu expédiées… Sapkowski devrait prendre note auprès de George R. R. Martin… [/spoiler].
Concernant le fameux trio familial, j’ai eu tout ce que je désirais : on retrouve un Geralt moins maussade, une Ciri de plus en plus mature et une Yennefer d’une grande sensibilité. Leurs relations sont toujours aussi fortes et je pense que le couple que forment Yennefer et Geralt a définitivement rejoint le panthéon de mes romances favorites.

Yennefer et Geralt [crédits],
still a better love story than Twilight and 50 Shades of Grey.

Quant à l’écriture, Sapkowski délaisse cette habitude de mélanger la trame chronologique et La Dame du Lac est plus direct, sa narration reste quand même maîtrisée et malgré mes petites réserves, il y a beaucoup de moments forts dans ce tome.

Enfin voilà. Malgré mon avis mitigé, cela ne retire rien de tout l’amour que je porte à cette saga : la conclusion me satisfait et m’attache davantage à ces personnages. J’aurais juste aimé que l’auteur emprunte un autre chemin et se montre moins avare en explications.
Autrement, je ne regrette pas d’avoir suivi cette série qui est une des meilleures saga de Dark Fantasy pour moi.

Je ne zappe pas Jaskier qui, jusqu’au bout, reste fidèle à lui-même.

Entre le titre et les références, La Dame du Lac est curieusement mêlé au monde arthurien… D’ailleurs, grande fan que je suis, je n’aurais pas refusé d’avoir cinq fois plus d’allusions à ces légendes [spoiler] j’étais en joie totale quand Ciri rencontre Galaad mais je regrette de ne pas l’avoir vue à la cour du roi Arthur… [/spoiler]. Je raccroche donc cette chronique au Challenge Arthurien :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Rien à signaler pour le moment.

La Huitième Couleur, de Terry Pratchett,

Dans une dimension lointaine et passablement farfelue, un monde en forme de disque est juché sur le dos de quatre éléphants, eux-mêmes posés sur le dos d’une tortue.
À Ankh-Morpork, l’une des villes de ce Disque-Monde, les habitants croyaient avoir tout vu. Et Deuxfleurs avait l’air tellement inoffensif, bonhomme chétif fidèlement escorté par un Bagage de bois magique circulant sur une myriade de petites jambes.
Tellement inoffensif que le Patricien avait chargé le calamiteux sorcier Rincevent de sa sécurité dans la cité quadrillée par la guilde des voleurs et celle des assassins ; mission périlleuse et qui va les conduire loin : dans une caverne de dragons et peut-être jusqu’aux rebords du disque.
Car Deuxfleurs appartenait à l’espèce la plus redoutable qui soit : c’était un touriste…
Quatrième de couverture par Pocket.
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Tout d’abord, je tiens à remercier mon ours pour m’avoir prêté ce livre d’un auteur récemment disparu mais que je voulais rencontrer depuis longtemps. Terry Pratchett a laissé derrière lui une bibliographie bien fournie et je ne savais quel livre lire, jusqu’à ce que le premier tome, La Huitième Couleur, me soit confié et je regrette de le rendre car ce fut un vrai coup de cœur !
(m’en fiche, je l’achèterai avec le second tome dans l’édition illustrée par Marc Simonetti, hop)

L’illustration, signée Josh Kirby, a été utilisée pour l’édition anglaise et celle de l’Atalante et de Pocket. 
« Dans un ensemble lointain de dimensions récupérées à la casse, dans un plan astral nullement conçu pour planer, les tourbillons de brumes stellaires frémissant et s’écartent…
Voyez…
La tortue la Grande A’Tuin apparaît, elle fend d’une brasse paresseuse l’abîme interstellaire, ses membres pesants recouverts d’un givre d’hydrogène, son antique et immense carapace criblée de cratères météoritiques. De ses yeux vastes comme des océans, encroûtés de chassie et de poussière d’astéroïdes. Elle fixe le But Ultime.
Dans son cerveau plus grand qu’une ville, avec une lenteur géologique, Elle ne songe qu’au Fardeau.
Une bonne partie du fardeau est évidemment due à Bérilia, Tubul, Ti-Phon l’Immense et Jérakine, les quatre éléphants géants dont les larges épaules bronzées par les étoiles soutiennent le disque du Monde que la longue cataracte enguirlande sur son vaste pourtour et que surplombe le dôme bleu layette des Cieux.
L’astropsychologie n’est toujours pas parvenue à établir à quoi ils pensent. »
P. 7

Avec une telle introduction, j’ai été conquise dès le début. Certes, j’ai eu du mal à me familiariser avec cet univers, mais aidée d’une carte et d’un guerrier Pratchettien, j’ai vite pris mes aises et j’ai ri du début à la fin !

Déjà, pour lire du Pratchett, il faut connaître la Fantasy : l’auteur s’adresse aux fins amateurs du genre et les régale d’une satyre gentille et délicieusement absurde. Ceux qui ne trouvent pas leur bonheur auprès de dragons immenses, de barbares armés jusqu’aux dents, de sorciers savants mais décalés ou de dryades sauvages ne trouveront pas plus de joie chez Pratchett. En revanche, ceux qui ont épousé ce genre littéraire depuis des années et parlent aussi bien le khûzdul que le dothraki risquent d’être ravis par le monde délirant de Terry Pratchett.

Même si on ne l’explore pas entièrement en un tome, on voyage déjà beaucoup dans La Huitième Couleur
la carte vous aidera certainement.

J’ai envie de comparer La Huitième Couleur à La Couette de l’Oubli mais ce serait uniquement pour donner un autre ordre d’idée : l’humour de Pratchett est moins parodique que celui de John Lang, mais ils délirent autant l’un que l’autre !
Mais plus que son humour, c’est son imagination que j’applaudie : des dragons transparents, des trolls aquatiques, une couleur qui n’existe pas, un bois enchanté, un vin à base de méduses… Pratchett nous entraîne dans son univers, un univers complet et que j’ai hâte de découvrir à travers la suite des aventures du mage Rincevent et le touriste Deuxfleurs et les autres tomes.

Concernant les personnages, d’ailleurs, ce ne sont pas des pâles figures dans un monde en couleurs : ils ajoutent tout le piment dans ce plat british aux étranges saveurs. Rincevent, le mage raté aussi peureux d’un lapin sauvage mais qui cache bien des atouts, Deuxfleurs, aussi joyeux et aventurier qu’un Hobbit (je l’ai imaginé plus d’une fois avec des pieds nus et velus d’ailleurs…), Hrun, pas franchement intelligent mais désabusé à souhait et bien sûr, les fans de Pratchett l’attendent… La Mort. Cynique, fier, terrifiant… Et incroyablement sympathique (Tant qu’il ne vient pas pour nous !). Je suis heureuse de savoir que c’est un personnage qu’on croise régulièrement et je commence à comprendre le succès qui le berce dans cette communauté.

La dernière chose qui a réussi à me convaincre, c’est la plume de Pratchett, j’ai l’impression que le traducteur Patrick Coulon a fourni un très bon boulot aussi car les phrases sont vivantes, fluides. Malgré le côté délirant, j’ai trouvé une certaine aisance dans la narration qui guide le lecteur et le perd le moins possible. Le ton est maintenu et les dialogues ne manquent pas de charme.
En plus d’avoir un sens de l’humour efficace et des idées à la pelle, Pratchett pouvait se vanter de savoir écrire.

Pocket réédite tous les tomes du Disque-Monde et laisse les couvertures entre les mains du talentueux Marc Simonetti qui, une fois de plus, impressionne par ses talents d’illustrateurs tout en rendant hommage au récit.
(qui reflète parfaitement l’esprit du livre, au passage)

Cette découverte est donc la plus belle de l’année, mon premier vrai coup de cœur et je suis heureuse d’avoir enfin lu un roman de Terry Pratchett, malgré mon train de retard. Mais enfin, découvrir l’auteur après son décès et pousser d’autres lecteurs à en faire autant, n’est-ce pas lui donner un semblant d’immortalité ?
La Mort risque de ne pas aimer ça…

Autant le récit que la couverture m’évoquent des notions de liberté. Alors ouais, on voit peut-être pas la même chose, on ne ressent peut-être pas la même impression, mais voilà, sachant que cette idée est relativement floue, je raccroche cette chronique au numéro 152 du Challenge des 170 Idées (en plus, la liberté correspond plutôt bien au passage en question) :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il y a un certain désaccord concernant la particularité de Deuxfleurs qu’on décrit comme ayant "quatre yeux", certains artistes lui ajoutent donc des lunettes tandis que d’autres prennent l’expression au pied de la lettre en le dotant vraiment de quatre yeux… Je vous propose de comparer les illustrations respectives de Simonetti et Kirby (en zoomant sur celui qui descend les marches) pour admirer la confrontation.
• Cela amusera les grands fans (dont moi) : la Huitième Couleur a été adaptée en téléfilm en 2008 et c’est Christopher Lee qui a doublé la Mort.

jeudi 9 juillet 2015

Challenge Find a Book [19],

Beh, une déception pour terminer ce challenge... Le Diable danse à Bleeding Heart Square n’est pas une lecture YA mais enfin, je m’attendais à quelque chose de plus sanglant, de plus intense quand même...
La couverture, très sophistiquée, a réussi à me convaincre mais enfin, le reste n’était clairement pas à la hauteur à mes yeux.

mercredi 8 juillet 2015

Challenge Find a Book [18],

Nan je n’ai pas triché ! Ceux qui ne possèdent pas L’Élixir d’Oubli auront peut-être besoin d’une preuve, mais il y a effectivement des étoiles sur cette couverte... Et beaucoup :

mardi 7 juillet 2015

Challenge Find a Book [17],

Là, j’ai douillé.
Et puis finalement, le premier tome des Contes et Légendes Inachevés de Tolkien, malgré le travail remarquable de John Howe, n’est pas le parfait exemple pour une couverture aux tons turquoises... Mais enfin, c’est le seul livre de ma bibliothèque qui s’en rapproche le plus.

lundi 6 juillet 2015

Challenge Find a Book [16],

Certainement mon plus gros coup de cœur du King, Bazaar est dans une vieille édition qui appartient à ma mère et qui ne possède pas de résumé, les seules lettres se trouvent sur la tranche rouge, dorées et une main sort d’un losange au milieu de la couverture, unique illustration.
Je suis d’ailleurs assez heureuse d’avoir d’autres lectures dans cette édition car elle est vraiment très belle.

dimanche 5 juillet 2015

Challenge Find a Book [15],

J’ai fouillé et voilà ! Le Pas de Merlin est donc le livre qui se passe l’époque la plus reculée de ma bibliothèque, narrant les aventures de Merlin en l’an 570.
Cela dit, je pense que les amateurs d’Antiquité me battront sans le moindre soucis. Mais hé, pas pour très longtemps : je savoure depuis quelques mois, à petites doses, Les Métamorphoses d’Ovide.
Mouerf.

samedi 4 juillet 2015

Challenge Find a Book [14],

En toute franchise, même si je suis une grande fan du peintre John Singer Sargent, j’étais à mille lieux de penser que ce corset rayé de noir et de blanc était d’époque ! Comme quoi, prendre Le Portrait de Madame Charbuque pour le quatorzième jour et vérifier de quelle image était tiré ce gros plan m’a confrontée à une sacrée surprise.

vendredi 3 juillet 2015

Challenge Find a Book [13],

Je reste dans le registre anglais avec cet auteur connu mais avec un nom très banal dans les pays anglophones. Par chance, ses policiers sont loin d’être communs et après la bonne de surprise de Basil, j’ai attaqué Sans Nom. À petite dose vu le pavé, ce fut encore une bien bonne surprise et il me reste encore beaucoup d’œuvres à lire de ce W. Wilkie Collins, pour mon plus grand plaisir~