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samedi 21 avril 2012

Les Hauts de Hurlevent, par Emily Brontë,


Les Hauts de Hurlevent sont des terres balayées par les vents du Nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l’ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s’approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu’au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et frustre.
Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses sœurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l’orgueilleux qui l’a tuée.
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche

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Ah, les Hauts de Hurlevent, un roman qui m’a marqué à vie. Je me souviens l’avoir découvert en classe d’anglais, on étudiait le passage où Heathcliff supplie à Catherine de revenir. À l’époque, j’avais encore pas mal de lacunes en anglais (surtout aussi classique), donc je butais sur certains mots inconnus, mais toute l’émotion était passée, c’est à peine si j’étais pas en train de me retenir de pleurer en plein cours.
Et forcément, je me suis jetée dessus en le voyant dans une librairie (j'achète toujours des oeuvres qui font pleurer, c'est un drame chez moi).
Mais ce qui a été le plus extraordinaire, c’était de le lire au printemps, dans des parcs verdoyants, dans des villages rustiques perdus dans les montagnes, durant des jours de pluies violentes près d’un feu… Je m’y croyais, j’avais l’impression de partager les sensations, les odeurs de poussière et de terre, les lumières chaotiques des mauvais jours et le bruit du vent. En fait, c’est paradoxale de vouloir tant s’incruster dans un roman où la douleur est dominante.

Chaque personnage, tous plus magnifiques et recherchés les uns que les autres, a sa propre douleur, tous sont à plaindre, tous sont pathétiques… Le plus impressionnant de tous est bien évidemment Heathcliff, dont la folie surpasse toutes nos craintes. J’ai tenté de voir des adaptations du roman, mais aucune, sincèrement, aucune n’arrive à révéler toute l’horreur du sujet. En partie parce qu’aucun film ne s’est pleinement intéressé à la troisième génération (celle des enfants d’Heathcliff et Catherine) qui est pourtant d’une importance capitale. Je veux dire, que Heathcliff s’acharne sur les héritiers de sa bien aimée juste pour satisfaire ses rêves à lui, ça tient de la pathologie grave ! Et pourtant, on pleure avec lui lorsqu’il clame combien il aimait Catherine. Le roman est certes sur un amour qui détruit les amants et leur entourage, mais de mon point de vue, Les Hauts de Hurlevent est surtout sur la souffrance d’une famille, une malédiction dont la source est le lien entre Heathcliff et Catherine. 

En somme, c’est un grand classique de la littérature anglaise qui est d’une beauté bouleversante et où il suffit de se laisser happer dans l’histoire. Bien au-dessus du populaire Roméo et Juliette à mon avis, Les Hauts de Hurlevent est l’histoire d’amour que je préfère car elle est loin d’être naïve et plate (et j’ai horreur de la romance pourtant) et les amants, tout comme ceux qui les entourent, sont riches d'émotions.
En dernier point, je dirais qu’Emily Brontë a un style vraiment magnifique, très mélancolique et que les mots qu’elle utilise sont très forts, particulièrement marquants.

À lire pour ce printemps si vous partez vous terrer dans des landes perdues ou des villages oubliés.

Illustration de Meluseena




Cette chronique est aussi ma douzième contribution dans le cadre du challenge Victorien (dans la catégorie Charles Dickes) organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Si vous voulez nous rejoindre, tout est expliqué sur cet article !


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Unique roman d’Emily Brontë, il a d’abord été publié sous un pseudonyme masculin, celui de Ellis Bell. C’était une technique courante à l’époque si une femme voulait que son œuvre ait de « vrais lecteurs ». Les deux sœurs, Charlotte et Anne, avaient fait de même.
• De nombreuses adaptations sont sorties au cinéma. La plus connue est celle de 1992 avec Juliette Binoche et Ralph Fiennes. Un autre film sort cette année, par Andrea Arnold. Je ne sais pas ce qu’il donnera, la bande-annonce prédit une bonne ambiance mais je ne m’emballe pas trop.