« Elle ressemble à une poupée de chiffon toute molle et ses yeux sont grands ouverts. Je pense aux films policiers où des tas de femmes se font tuer et après elles ressemblent à des tas de chiffons toutes molles et je me dis “c’est ça, j’ai tué maman.” »Ainsi commence l’aventure d’Icare, alias Courgette, un petit garçon de neuf ans. Paradoxalement, la vie s’ouvre à lui après cette tragédie. Placé dans un foyer, il pose avec une naïveté touchante son regard d’enfant sur un monde qu’il découvre et qui ne l’effraie pas. De forts liens d’amitié se créent entre et ses camarades. Et puis, il tombe amoureux de Camille…
Quatrième de couverture par J’ai Lu.
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« On va s’asseoir dans l’herbe au bord de la rivière.
– T’as pas froid ? dit Raymond.
– Non.
Et il enlève son blouson et il m’enveloppe dedans. Des fois les grandes personnes, ça écoute que dalle. »
P. 54
J’ai toujours beaucoup admiré l’écriture de Mathias Malzieu : cette capacité à aborder des sujets adultes avec une plume enfantine fait que chaque histoire du chanteur de Dionysos est un plaisir à double intonation. Mais je me rends compte, après ma lecture d’Autobiographie d’une Courgette, que Gilles Paris possède également ce talent.
Autobiographie d’une Courgette est un de ces curieux mélanges : un sujet difficile avec une narration innocente. La naïveté ne cache pas la tristesse mais l’accompagne, elle lui donne une autre allure. Et finalement, Autobiographie d’une Courgette donne plus envie de sourire que de pleurer.
Ce roman aborde un thème qui me touche : les enfants en foyers. Ceux qui n’ont plus d’amour et sont trop vieux (à 9 ans !) pour être adoptés. J’ai été émue par chaque enfant, aussi bien Courgette, Simon, Béatrice, Alice, Ahmed (j’avoue, j’ai ri énormément à cause des pleurs récurrents du petit Ahmed qui ont un côté comique avec la narration de Courgette), les deux frères qui jouent au jeu du dictionnaire… Et bien sûr, Camille, mais ironiquement, c’est celle que j’ai le moins aimée.
Un sujet assez difficile mais loin de faire pleurer : ce roman est espiègle, donne le sourire, fait du bien. Comme le premier éclat de rire après une période particulièrement difficile. Il y a un humour agréable, bien que le ton « enfant » peut rebuter : il faut s’y habituer, mais une fois le ton adopté, on arrive à apprécier cette narration proche de celle d’un enfant de 9 ans et qui répète « et… et… et… et… et… ».
Il se finit toutefois de façon assez abrupte et je n’ai pas approuvé tous les choix scénaristiques… [spoiler] Que Raymond adopte Courgette et Camille, d’accord, mais en sachant que les deux sont amoureux… Ce n’est qu’une amourette si ça se trouve, mais j’ai trouvé un côté un peu malsain. Ensuite, la facilité avec laquelle le fils de Raymond accepte son nouveau frère et sa nouvelle sœur : certaines familles ont cette chance de pouvoir réunir les membres qui ne partagent pas toujours le même sang, mais d’expérience et celle des autres, c’est une aubaine rare. [/fin du spoiler]
Hormis ça, c’est une lecture très sympathique que je ne regrette pas et je garderai un bon souvenir du petit Icare, pardon ! Courgette et de ses copains qui vont me manquer…
« L’église, c’est la maison au bon Dieu qui y est jamais.
Ça m’étonne pas, vu qu’il fait toujours méga froid dans sa maison. Le bon Dieu, Il est pas idiot, Il est bien au chaud dans les nuages avec le soleil qui Le chauffe au-dessus et Il se protège des gens qui ont toujours un truc à Lui demander.
– Surtout de l’argent, dit Simon. »
P. 89
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• C’est auprès des Pressoirs du Roy, avec sa directrice Jacqueline Vialatte et l’équipe, que Gilles Paris a recueilli des conseils afin d’écrire Autobiographie d’une Courgette.
• Je conseille vivement le film qui adapte ce roman : c’est une petite perle d’animation qui ne dure qu’une heure mais qui fait rêver tout du long.
• Je conseille vivement le film qui adapte ce roman : c’est une petite perle d’animation qui ne dure qu’une heure mais qui fait rêver tout du long.