jeudi 15 décembre 2016

Sherlock Holmes contre Frankenstein, de David Whitehead,

Sherlock Holmes s’apprête à affronter son adversaire le plus terrifiant dans Sherlock Holmes contre Frankenstein. Ecrit par David Whitehead (17 fois numéro 1 des ventes Kindle Amazon) d’après le scénario de Gautier Cazenave.
Seule la plus ténébreuse des affaires pouvait tirer Sherlock Holmes du confort de Baker Street en cet hiver de 1898 : elle se présenta sous la forme du meurtre d’un fossoyeur, dans d’étranges circonstances. Il n’en fallait pas moins pour que Holmes et Watson se rendent dans le village allemand de Darmstadt, où les attendaient un tueur géant, un savant aux motivations mystérieuses... et la silhouette du château Frankenstein...
Quatrième de couverture par Amazon.
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« — L’argile ! poursuivit Holmes avec toutes les apparences d’un homme qui pense à voix haute.
— Ce n’est pas le moment de parler par énigmes ! s’emporta Watson. »

Bon bah oui, là, comme ça, il ne paye pas de mine, cet ebook vendu sur Amazon. Il coûte autant qu’un café, il n’existe pas en livre papier et en plus, la couverture est kitsch à souhait.
Et bah j’ai aimé ! Même la couverture possède son charme des histoires d’horreur des années 80 (1980, pas 1880 pour le coup).

J’avoue que j’ai commencé ce livre sans aucune attente : je ne connais aucun avis, je ne me suis pas intéressée aux notes, c’était en totale découverte. David Whitehead et Gautier Cazenave (scénariste de base) ne sont pas allés chercher très loin : le titre annonce tout, il s’agit d’un pastiche holmésien qui confronte le célèbre détective au monde du scientifique Victor Frankenstein (la créature n’a jamais porté le nom de son créateur puisqu’elle est née sous X).
Tout d’abord, j’ai cru que le roman de Shelley n’existait pas dans ce lore : il s’avère que si, mais si l’œuvre de Doyle est respectée, les auteurs prennent des libertés concernant Frankenstein.
Mais cela ne retire rien à la qualité.

David Whitehead se montre fidèle à Arthur Conan Doyle sur plusieurs points : ses personnages sont crédibles, on reconnaît Sherlock Holmes et le docteur Watson même dans ce contexte qui tend plutôt vers Shelley et le surnaturel, ce qui n’est pas un petit exercice. Ensuite, au niveau de l’écriture : c’est simple, fluide, on tourne les pages à un rythme régulier comme lors d’une nouvelle du canon.
À un point près : le docteur Watson a un caractère plus trempé et n’étant plus le narrateur, son personnage est davantage représenté. Whitehead délaisse Holmes qui a été suffisamment "humanisé" dans d’autres pastiches et met Watson sur le devant de la scène : sa philosophie, ses deuils (il a perdu deux épouses, quand même), ses charmes… Bref, on a toujours eu envie d’être ami avec Holmes, mais ici, on veut également l’être avec Watson. Un excellent point qui change un peu des pastiches plus classiques et qui a la même initiative que dans Un Certain Dr. Watson.
L’enquête est construite de façon intelligente : des indices sont aisés à comprendre mais des zones sombres sont maintenues jusqu’au bout. Certains éléments étaient découverts mais j’ai eu quelques surprises tout de même. Et puis, l’intérêt de ce livre ne réside pas uniquement dans l’enquête mais l’ambiance : on délaisse les montagnes suisses du roman de Shelley pour se perdre à Darmstadt. Au programme : forêts allemandes, village pittoresque, château lugubre… Un décor qui rappelle celui du Chien des Baskerville et qui met à l’épreuve le côté cartésien de Sherlock Holmes et de Watson.

Le côté "gothique" se poursuit au-delà du cadre et colore les événements : apparitions, affaires sordides, folie scientifique, tragédies… Certains verront un côté grand guignol mais j’ai aimé cette atmosphère qui rappelle légèrement les vieux films d’horreur en noir et blanc ou encore les slashers des années 80. Et les auteurs ne tombent pas dans la facilité pour autant : tout reste logique. (sauf à la fin où un petit détail m’a paru incongru mais enfin, fallait bien un peu d’action)

Un très chouette roman qui a le potentiel de plaire aux fans de Holmes, moins peut-être les fans de Shelley mais les fans de films d’horreur seront sûrement sensibles à ce pastiche.
Si vous avez une liseuse et que vous n’aimez pas le café, sautez sur l’occasion !
             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Ce livre est dédié à Peter Cushing qui a endossé le rôle de Sherlock Holmes dans l’adaptation Le Chien des Baskerville en 1959 et dans une série de 1968 mais également le rôle du Baron Victor Frankenstein dans une série de films de 1957 à 1974, le premier étant Frankenstein s'est échappé. Véritable icône de pop culture et de l’univers horrifique, Peter Cushing a aussi été le docteur Van Helsing dans Les Maîtresses de Dracula de 1960.
Sherlock Holmes contre Frankenstein est actuellement en cours de réalisation et nous retrouverons dans ce film John Lebar. Si le nom ne vous parle pas, vous l’avez pourtant vu si vous avez regardé la première saison de Sherlock : c’est celui qui joue le Golem !


mardi 13 décembre 2016

Top Ten Tuesday [26],

              

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a  initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur ce blog.






Mon thème pour aujourd’hui est…
Les 10 livres de mon enfance.

Je vais me payer une bonne tranche de rire aujourd’hui et pratiquer un peu l’autodérision en vous partageant les livres qui ont marqué mon enfance. Je lisais moins qu’aujourd’hui et je n’ai compté que les romans, pas les livres illustrés ou les bandes-dessinés (Mélusine on the top).
Donc bon. J’ai dépoussiéré des facettes qui risquent de surprendre !

Les premiers coups de cœur sont souvent Harry Potter, moi, à 11 ans, c’était la trilogie Silverwing. J’ai adoré cette saga et j’avais lu les trois tomes en l’espace de six mois, ce qui était une première. Si je ne pense pas les relire, j’espère me les racheter un de ces quatre puisque c’était un emprunt de bibliothèque et conserver les aventures d’Ombre chez moi aussi.
Je peux dire que Meg Cabot est la première auteure à avoir été "mon auteur préféré", ma mère m’achetait toutes ses nouvelles sorties et j’ai lu tous les tomes du Journal d’une Princesse (dans cette collection en tout cas, j’ai découvert qu’il y avait bien plus de tomes en fait...). Ceci dit, curieusement, les souvenirs sont très flous et si je les relisais, j’aurais de sacrées surprises.
Mon amour pour les histoires d’horreur date d’il y a longtemps et si je n’accrochais pas beaucoup à la collection Chair de Poule (et je n’aimais pas la série non plus, je préférais les Contes de la Crypte, un degré largement différent), j’ai été tentée par Le Secret de la Sirène à la bibliothèque.
Si je ne me souviens de pas tout, son titre me trotte encore dans la tête et j’ai encore une nette impression d’angoisse.
Dans la même veine que Le Secret de la Sirène, la tension est au rendez-vous, même si j’ai nettement moins accroché à cette histoire-ci.
Mais enfin, quand même... GG, Michel Amelin !
Et ouais, j’ai pas honte pour ça : j’ai toujours eu du mal à finir les Resident Evil jeune (rien à voir avec mon appartenance au sexe féminin, c’est que ce sont difficilement des jeux pour enfants… Et les jeux d’autrefois étaient bordel de durs), je complétais avec les livres, lisant les adaptations des jeux que j’avais essayés.
Malgré ce que l’on peut penser, les livres de Resident Evil sont bons : des passages efficaces et à vomir, je m’en souviens encore. Je me les reprendrais peut-être un de ces quatre.
Comme je le disais, Meg Cabot a vraiment été ma première auteure favorite. Ceci dit, j’avais moins accroché à l’histoire de Samantha qu’à celle de Mia, bien plus rock’n’roll et "pied-de-nez" à tous ces clichés féminins. Samantha était mignonne mais je m’étais un peu ennuyée…
Bon allez, on commence la partie "j’ai un peu honte" avec la saga Ange et Compagnie. Y avait des paillettes, peu de pages, peu de… peu d’histoire en fait, fallait pas beaucoup se poser de questions. Je ne garde pas de grands souvenirs de cette saga et malgré les nombreux voyages dans le temps, ce n’est pas elle qui m’a fait aimer l’Histoire.

J’avais totalement oublié cette saga ! Et je suis tombée sur un livre sur des aventures équestres (thème facile pour les petites filles) et d’un coup, je me suis souvenue : moi aussi je lisais une saga avec des chevaux quand j’étais petite, et j’étais arrivée assez loin !
Je ne me souviens pas de grand chose, juste que c’était souvent larmoyant : encore plus maudit que La petite maison dans la prairie. Aujourd’hui, après tant de lectures horrifiques, je pense que le ranch de Heartland était construit sur un cimetière indien...

Dernier coup de honte : j’avais reçu plusieurs tomes de Toi + Moi à un anniversaire (10 ou 11 ans) et j’en ai lu quelques uns, celui-ci surtout même si l’histoire m’est complètement sortie de la tête, mais la couverture, je m’en souviens.
Pour sauver mon honneur in extremis : je n’en ai pas lu beaucoup ! Comme quoi, la romance déjà à cet âge, c’était pas le grand amour.
*badum tss*

Et bien sûr, comme 90% des gens nés dans les années 1990, j'ai lu Harry Potter, mais j’ai commencé très tard finalement : j’étais au collège que je n’avais pas encore lu La Coupe de Feu.
Déjà les mouvements de hype me blasaient, la preuve : je n’ai même pas envie de voir Les Animaux Fantastiques.
Quand on est aigri, on ne se refait pas, hein.
(plus sérieusement : je ne suis pas pressée de voir ce film pour "redécouvrir" Harry Potter : j’ai fait mon "deuil" de cette saga, j’ai accepté l’idée que ce soit fini et je n’en demande pas plus à J. K. Rowling, surtout que je n’ai pas encore lu ses autres romans.)

Donc l’image du vampire aigri est cassé, mais j’ai eu une enfance aussi, j’ai également eu des goûts de merde à écouter Lorie et L5, à lire Ange et Compagnie et Heartland, je regardais Totally Spies et je voulais ressembler à Sam, mais je découvrais également Stephen King (j’ai lu Salem sur les conseils de ma prof d’art plastique en 5ème) et j’étais déjà une grande fan de la saga Silent Hill sur Playstation.
Je n’avais pas que des goûts de chiotte !
Mais enfin, le vrai but ici, c’était de vous faire sentir vieux !
Avec amour, mes viocs’ ♥

mardi 6 décembre 2016

L'Étrange cas de Juliette M., de Megan Shepherd,

Juliette est la fille d’un célèbre physicien décédé qui a scandalisé la communauté scientifique avec ses expériences. Elle vit depuis comme domestique à l’université et tente de survivre dans l’atmosphère sombre et dangereuse de la ville. Elle tombe par hasard sur son ami d’enfance, Montgomery, qui lui révèle une nouvelle bouleversante… son père ne serait peut-être pas mort ?!
Quatrième de couverture par Milan, Macadam.
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Une auteure disait que la section livre pour enfants regorgeait de merveilles tandis que pour les YA (young adult, pour les non-intimes), il faut parfois creuser pour tomber sur des perles…
J’avoue être plutôt d’accord bien que ce soit une affaire de goûts, mais je m’intéresse peu à la littérature YA qui possède des caractéristiques qui ne me parlent pas : les archétypes entre l’héroïne badass-badass ("je me bats comme un guerrier mais j’ai le physique d’une princesse Disney, faut pas déconner") et le prétendant so-d4rk ("je suis brun, je suis très pâle, je me moque de toi sans arrêt pour mieux attirer ton attention parce que genre ça marche vraiment comme ça"), les quêtes et les sujets très personnels qui pourraient être intéressants mais se résument à peu de choses et se concluent facilement ("tu es l’éluuu ! Tu as juste à croire en tes amis et ça marchera, frère."), des plumes bien souvent plus axées dans les dialogues/pensées que les alentours (en même temps, les livres jeunesse feraient tous 800 pages au lieu de 300 après…), un contexte historique installé mais en même temps bourré d’anachronismes qui facilitent souvent la trame et passent inaperçus quand on veut bien fermer les yeux dessus…
Bref, pas du tout le genre d’ingrédient qui me met en appétit. J’en achète donc très rarement et si un titre me plaît, je regarde d’abord s’il se trouve en bibliothèque (et si je suis conquise comme pour La Passe-Miroir, qui est une perle, je le rachète avec amour, et sa suite dans la foulée).


L’Étrange cas de Juliette M. m’avait fait de l’œil mais sans plus : la couverture est très sympathique (ah, un ingrédient YA qui me plaît !), le résumé accroche, mais le fait que le roman se déroule dans les années 1890 me refroidissait : en effet, on a beau être à Londres en 1890 et même si Juliette Moreau est déchue de son rang social, elle tutoie comme la première des tavernières. À l’instar de beaucoup de livres jeunesses historiques, l’époque n’est pas franchement bien retranscrite, mais bon. Je m’y attendais, donc pas de grosse déception à ce niveau.
Par contre, je m’attendais à de l’horreur et l’horreur était au rendez-vous. Assez timidiement, mais c’est que L’Étrange cas de Juliette M. possède une ambiance réellement glauque. On cause vivisection, folie héréditaire, expériences peu orthodoxes… Megan Shepherd mérite son petit warning pour son livre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains.
(Autant je ne comprends pas le "interdit aux moins de 13 ans" des tomes de l’Épouvanteur, autant L’Étrange cas de Juliette M. peut porter cet avertissement)
Et que serait une ambiance bien construite sans une jolie plume ? Les métaphores sont bien choisies et la narration est fluide, ça aide pour installer le lecteur dans une jungle hostile et aux environs douteux.

Enfin, si la narration est fluide, il y a beaucoup de moments où le lecteur se heurte à des révélations avortées, de fausses tentatives et c’est très frustrant. J’étais presque tentée de lire la fin du livre pour avoir quelques clés tant on patauge bien trop longtemps...
Enfin, pour avoir une clé en particulier : l’issue de ce triangle amoureux dont on se serait bien passés.
J’ai horreur des triangles amoureux : il y a une chance sur deux pour s’attacher au mauvais gars, déjà, et celui de L’Étrange cas de Juliette M. est d’un cliché assommant. Sur la gauche, on a Montgomery, le serviteur et homme à tout-faire, blond, doux et tendre et sur la droite, Edward, noble rebelle, brun ténébreux et mystérieux, un peu rustre. Bon, la seule pointe d’originalité, c’est que Montgomery est plus à l’aise dans un salon de thé et Edward, dans une jungle.
Mais enfin…
J’avais cherché la réponse sur des chroniques sans trouver, donc pour vous, futur/e lecteur/trice, l’amour de la vie de Juliette Moreau se révèle être [spoiler] Montgomery, donc ne vous attachez pas à l’autre, ce n’est pas la peine [/fin du spoiler].


Un autre détail me dérangeait pour cette romance et pourra déranger d’autres : Juliette est incapable de choisir. Mais au lieu de se contenter de faire le point sur elle-même, elle draguouille les deux, embrasse l’un et a honte quand l’autre surprend son geste. Ma fille, tu sais comment j’appelle ces nanas ? Des salôôôôôôôôpes Des allumeuses. Donc au lieu de donner de faux espoirs, pose ton postérieur sur une chaise et songe que les hommes sont des êtres doués de sentiments et qu’on ne les goûte pas comme on le ferait avec deux gâteaux.
C’était ma minute leçon amoureuse, mais j’avais besoin de râler contre ça. J’ai une allergie concernant les gens indécis surtout en matière de sentiments et qui agissent de façon irréfléchie.
Hormis ce gros défaut, le personnage de Juliette est dans l’ensemble agréable : forte mais avec un fond torturé, intelligente mais gauche socialement. Elle n’est pas adorable, mais elle est sympathique !

Grosso modo, L’Étrange cas de Juliette M. est un bon p’tit bouquin. Enfin, le mérite ne semble pas tout à fait mérité puisque paraît-il que c’est presque un copier/coller de L’Île du Docteur Moreau de H. G. Wells. N’ayant pas lu ce roman, je ne peux pas dire à quel point Megan Shepherd a copié ou s’est inspirée de la base, ce que je sais, c’est qu’elle ne cache pas sa source d’inspiration.
Mais je pense affirmer qu’au moins, H. G. Wells n’est pas venu casser les bonbons de ses lecteurs avec un triangle amoureux sans charme.

Par contre, dernier petit détail : beaucoup de lecteurs se sont plaints que L’Étrange Cas de Juliette M. soit en fait une trilogie, considérant qu’un seul tome suffisait et que ce premier n’avait pas besoin de suite.
Sauf que le un me fait clairement l’impression d’un cliffhanger… Heureusement, la suite m’attend à la bibliothèque, car malgré les fausses notes repérées, je lirai la suite de cette saga.

Grâce à la couverture, je peux valider l’idée 84 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Megan Shepherd ne cache pas s’être largement inspirée du roman L’Île du docteur Moreau de H. G. Wells publié en 1896.

mercredi 16 novembre 2016

Héros ou Couple inoubliables [14],

              

Organisé par Cassie56, le rendez-vous hebdomadaire Héros ou Couple Inoubliables permet de laisser une trace, un article à propos d’un personnage héroïque ou d’une romance qui vous a marqué, ému ou ravi en répondant à trois questions.
Aucun jour n’est fixé, mais j’ai opté les mercredis pour mon blog.





    → Pourquoi ce couple ?
Car c’est lui qui sauvé un peu mon impression concernant le roman David Copperfield (qui a été plutôt décevant...).
    → Est-ce le couple principal ?
Pas au début de ce roman d’apprentissage, mais il devient le couple principal.
    → Quel aspect particulier de la relation vous a tant plu ?
David Copperfield aurait été une bonne surprise si Agnès et David avaient été en couple plus tôt : les premières romances de David Copperfield sont mignonnes (un jeune homme qui tente de se donner un peu de contenance face à ses premières conquêtes ratées, c’est touchant) et on sent l’attachement d’Agnès Wickfield, cette douce jeune fille qui est très différente des prétendantes de David : sage, paisible, douce… Je rageais quand David se lamentait sur une déception amoureuse et se confiait à Agnès sans voir qu’elle était mourrait d’envie de le consoler d’une façon amoureuse.
Non, bande de cochons, je ne pense pas à des pratiques sexuelles. Je pensais vraiment à un discours "avec moi, vous serez heureux, machin, machin".
Le début de David Copperfield est super, le milieu est d’un ennui mortel et je n’ai retrouvé de l’intérêt à ce roman qu’à la fin : quand David fait enfin d’Agnès sa madame Copperfield. La grosse joie !

dimanche 13 novembre 2016

La Saison des Orages, d'Andrzej Sapkowski,

On a volé les fameuses épées du Sorceleur ! Et il en a plus que jamais besoin : une intrigue de palais se trame et le prince de Kerack a requis l’aide de Geralt. Mais ce dernier va devoir déjouer les manœuvres d’une belle et mystérieuse magicienne rousse avant de partir à la recherche de son voleur. Heureusement, son fidèle compagnon barde Jaskier lui sera d’un précieux secours, de même que son nouvel ami, le nain Addario, pour affronter les dangers  qui l’attendent.
Quatrième de couverture par Milady.
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« – Tu ne jetteras donc pas ton épée, hein ? jugea-t-il. Tu es donc si brave ? Un vrai dur ? Tu manges les huîtres avec la coquille ? En les faisant passer avec de la térébenthine ? »
P. 225

Ceux qui suivent la page facebook ont vu que j’ai ouvert cet énième tome du Sorceleur avec les orteils dans l’eau : et quelle joie ce fût que de commencer une nouvelle aventure de Geralt dans un tel décor ! L’ambiance, comme toujours, est posée dès les premières pages et l’aventure inédite n’a rien à envier à la trame des romans principaux.

J’ai bien mis un mois pour lire ce tome, pas parce que je m’ennuyais ou parce qu’il était indigeste : il s’agit du dernier (?) tome de la saga de Sapkowski et l’idée de toucher à la fin m’attristait : prendre mon temps était donc une nécessité. 
Ouais, c’était nécessaire. Vital, même.
Plus sérieusement : en plus d’être le dernier et donc primordial de le savourer, j’ai vraiment aimé ce tome tout du long et je n’étais pas pressée d’arriver à la conclusion.

Résumer ce tome en quelques mots expliquerait déjà mon impression très positive : La Saison des Orages présente une vraie aventure de sorceleur (pas d’intrigue royale… enfin pas trop), avec de nouvelles créatures émouvantes, des personnages intéressants qu’on regrette ne de pas voir longtemps et surtout, une ode à l’amour pour Yennefer histoire de faire rager les autres sorcières. Ce qui est drôle !
Bref, plaisir suprême. Je dirais même que La Saison des Orages est bien mieux que certains tomes de la saga !
Le vrai point fort, ici, c’est une plongée dans le monde qu’on découvre à peine dans la saga du Sorceleur : les événements rapprochent le lecteur de diverses couches de la société, des modes de vie… En un roman, ce monde ne peut bien évidemment pas être exploré de façon plus poussé, mais enfin, Sapkowski a fourni plus d’efforts dans ce hors-série.
En 400 pages, l’auteur nous fait voir en plus du pays et les décors sont variés : une jungle hantée par une femme renarde, un domaine qui réunit des sorciers peu sympathiques, une ville riche où les autorités complotent…

Comme dit plus haut, on découvre également des créatures qui n’apparaissent pas dans la saga-même, avec ce schéma qu’on rencontre souvent dans le Sorceleur : combattre ou comprendre des monstres, dénicher les alliés, voire en retrouver du passé, et démasquer les traitres qui cachent une nature monstrueuse sous des traits parfois humains.

Curieusement, la fin de ce tome est mieux que celle de la fin de La Dame du Lac : étrange et féerique, j’ai été vraiment émue car je ne m’attendais pas à cette apparition un peu spéciale et je me suis sentie comme Nimue, la future sorcière et future Dame du lac, avec cette petite pointe de tristesse dans le cœur. La fin de la Saison des Orages sonne plus comme un vrai au revoir.

L’image a servi pour la couverture du troisième tome, Le Sang des Elfes, en Chine.
« – Je rêve parfois de prendre la mer. Seule. De hisser la voile et de sortir en mer… Loin, très loin au-delà de l’horizon. Avec juste la mer et le ciel alentour. Je rêve d’être éclaboussée par l’écume salée des vagues, le vent s’engouffrant dans mes cheveux telles les caresses d’un homme. Et moi, seule, absolument seule, infiniment seule au milieu d’un élément qui m’est étranger et hostile. La solitude dans une immensité énigmatique. Tu n’en rêves pas ?
Non, songea-t-il à part lui, je n’en rêve pas. Chaque jour, j’y ai droit. »
P. 90

Milady utilisant une image du troisième jeu et étant complètement fan, je peux valider cette chronique avec l’idée 26 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
La Saison des Orages peut être vu comme le tome 1,5 : la romance avec Yennefer a déjà commencé mais la rencontre avec Ciri appartient encore au futur. Les lecteurs peuvent lire ce tome après avoir fini la saga pour se consoler, ou bien le lire avant de commencer L’Épée de la Providence, bien que le format nouvelles/roman/nouvelles puisse perturber peut-être un peu.
• En réalité, il ne s’agit pas du dernier tome : Sapkowski a écrit un recueil de 8 autres nouvelles en 2000. Le recueil en polonais a pour titre Coś się kończy, coś się zaczyna (traduit par Quelque chose s'achève, quelque chose commence bien qu’il ne soit pas sorti en France). Ce recueil possède notamment un cadeau de mariage de Sapkowski pour un couple d’amis : la nouvelle qui raconte le mariage entre Yennefer et Geralt ! Ceci dit, Sapkowski précise lui-même que c’est vraiment un cadeau et par conséquent, ce récit n’est pas vraiment canonique.
• Pour conclure sur un "vrai" au revoir avec la saga (même s’il me reste le troisième jeu et ses extensions à finir), je vous partage cette musique composée par Miracle of Sound, de son vrai nom Gavin Dunne, qui a fait déjà quelques morceaux pour la saga, The Path vient clore ses productions et pour dire au revoir au Loup Blanc :


samedi 12 novembre 2016

Persuasion, de Jane Austen,

D’un ton plus grave que les œuvres précédentes de la romancière, il raconte les retrouvailles d’Anne Elliot avec Frederick Wentworth, dont elle a repoussé la demande en mariage huit ans auparavant, persuadée par son amie Lady Russell des risques de cette union avec un jeune officier de marine en début de carrière, pauvre et à l’avenir incertain.
Mais alors que la guerre avec la France s’achève, le capitaine Wentworth revient, fortune faite, avec le désir de se marier pour fonder un foyer. Il a conservé du refus d’Anne Elliot la conviction que la jeune fille manquait de caractère et se laissait trop aisément persuader.
Anne Elliot, beauté fanée et effacée de vingt-sept ans, est la seconde fille de Sir Walter Elliot, un baronnet veuf et vaniteux. Sa mère, une femme intelligente, est morte quatorze ans auparavant, en 1826 ; sa sœur aînée, Elizabeth, tient de son père la vanité de sa position. Sa plus jeune sœur, Mary, encline à se plaindre sans cesse, a épousé Charles Musgrove de Uppercross Hall, l’héritier d’un riche propriétaire des environs. Encore célibataire, sans personne dans son entourage qui soit digne de son esprit raffiné, Anne est en passe de devenir une vieille fille sans avenir.
Quatrième de couverture par Littérature Audio, par Cocotte.
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Je ne compte pas parmi les Austeniennes aguerries, je dois l’avouer dès le départ. Et si je l’ai lu (ou plutôt, audiolu), c’est vraiment parce qu’il était dans la liste du Baby Challenge Classiques 2016 de LivrAddict.
Trouvé sur Littérature Audio, je l’ai emporté pendant un voyage en vacances d’été (mais j’avais oublié mon câble pour mon mp3, donc il s’est déchargé avant que le chargeur ne me suive par envoi… petite pause imposée, donc).


Je dois avouer que Persuasion m’a fait une meilleure impression qu’Orgueil et Préjugés. Je n’avais pas encore écouté Lady Susan mais aujourd’hui, je dirais que Persuasion serait entre les deux : comme d’habitude, l’histoire d’amour est évidente, la conclusion aussi mais j’ai trouvé tout ce récit plus doux, plus sensible et comme j’aimais beaucoup Anne, ceci explique cela. Elle n’est pas d’une beauté renversante, elle est à l’écoute et fait preuve de tact en gardant pour elle ses pensées éclairées, étant plus réfléchie que les gens de son entourage… Le genre d’héroïne que j’apprécie.


Mais à part quelques passages (notamment une mauvaise chute, je ne m’attendais pas à tant d’action) et ce personnage sympathique, je n’ai pas été transportée. Donc bon, au bout de cette troisième tentative, je pense pouvoir l’affirmer : Jane Austen, ce n’est pas pour moi.
Je ferai l’impasse si un de ses romans apparaît dans un challenge qui m’intéresse car bon, me forcer ne me fera pas aimer l’auteure. Par contre, je le conseille aux amateurs de romance, surtout si vous avez le pied marin, il y a une ambiance bord de mer dans Persuasion qui n’est pas désagréable.
Je laisserai une chance peut-être à Emma, ceci dit. Je ne sais pas pourquoi, il m’intéresse malgré tout.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Persuasion est le dernier roman écrit par Jane Austen, il a été publié à titre posthume en décembre 1817, soit cinq mois après la mort de l’auteure.

vendredi 11 novembre 2016

Érec et Énide, de Chrétien de Troyes,

Suffit-il qu’un chevalier valeureux et qu’une belle et sage jeune fille se rencontrent, connaissent l’éblouissement au premier regard puis s’épousent pour que tout soit dit sur le mariage et l’amour ? Certes non, car l’aventure aura tôt fait de les rattraper et, avec elle, les épreuves et le doute : le salut et la joie sont à ce prix…
Érec et Énide, qui inaugure la merveilleuse série des récits arthuriens, est le premier véritable roman de notre littérature.
Quatrième de couverture par GF Flammarion.
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Passionnée par les légendes arthuriennes, il fallait bien que je lise ce premier roman, celui qui lance cette saga épique. Quoique j’avoue que j’ai un avis un peu mitigé : les œuvres de Chrétien de Troyes ne ressemblent en rien aux romans arthuriens que les auteurs peuvent écrire aujourd’hui, mais je dois avouer que je m’attendais à un peu plus de féerie.

Finalement, Érec et Énide est un roman d’amour avant d’être un roman féerique (littérature courtoise en même temps, hé, j’avais un peu oublié durant ma lecture…) : Michel Rousse, dans la préface, pointe l’originalité de placer le mariage au début, alors que le mariage se situe bien souvent à la fin et que le couple traverse des épreuves pour consolider leur amour. Un peu comme tous les couples, direz-vous, sauf qu’Érec met à l’épreuve Énide et lui fait des trucs chelous dignes d’une légende médiévale où on joue un peu avec la Mort. Alors par chance : non, pas comme tous les couples, car quand le merveilleux est au rendez-vous, comme à l’instar des autres romans arthuriens, on assiste à des situations presque drôles. On y croise des événements qui tiennent du miracle, des monstres, des prouesses… Le quotidien classique d’un chevalier valeureux et d’une gente dame à la vertu intacte.
Il y a ceci dit de beaux moments et j’ai apprécié le couple que formaient les deux tourtereaux. Et pour une fois que la femme ne fait pas de (grosse) bêtise pour nous projeter dans la catastrophe !

Érec et Énide n’est pas un roman indispensable, comme celui de Lancelot ou celui d’Yvain par exemple, mais il peut valoir le coup pour briller en société en parlant d’une légende arthurienne peu connue des mortels.
Ceci dit, je ne cracherais pas sur une réécriture de cette histoire avec de la Fantasy moderne. Et de faire ressortir davantage le rôle de ce cerf blanc, qui est finalement plutôt discrète comme créature.

Cette chronique rejoint bien sûr mes participations au Challenge des Légendes Arthuriennes, et, ça va être horrible, mais je peux valider l’idée 12 du Challenge des 170 Idées, voilà :
(en même temps, quitte à chasser, il faut manger ensuite, pas le laisser pourrir en forêt)

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L’édition GF Flammarion propose une version bilingue, à gauche on peut lire l’ancien français et à droite, le français moderne. De plus, le dossier proposé dans la préface est très complète et permet de comprendre tout le contexte autour.











jeudi 10 novembre 2016

Rebecca, de Daphné du Maurier,

Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme obscur de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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« Une épouvantable tragédie, disait-elle. Partout dans les journaux, bien sûr. Il paraît qu’il n’en parle jamais, qu’il ne prononce jamais son nom. Elle s’est noyée, vous savez, dans une baie près de Manderley... »
P. 44


Rebecca me fait penser à un alcool traître : tout d’abord sucré, léger, on sirote et on sirote car le goût fort de l’alcool est dissimulé, nous poussant à boire sans modération. Typiquement le genre de d’alcool qui "se boit comme du p’tit lait". Et sans s’en rendre compte, l’alcool nous grise et on ne voit pas les verres défilés comme les pages de Rebecca : le rythme ne se remarque même pas. À chaque fois que l’on émerge, on a l’impression de sortir d’un rêve, on se sent un peu embrouillé comme en état d’ivresse.
Rebecca, c’est ce genre de livre.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre : les résumés sont toujours très concis et je m’attendais à une folie dans la même veine que Le Tour d’Écrou. Mais effectivement, il n’y a pas grand-chose à dire pour résumer ce roman sans trop en dévoiler : il faut garder à l’esprit que la narratrice vient d’épouser le veuf (fraîchement veuf, d’ailleurs) Maxim de Winter et qu’elle vient habiter le grand manoir Manderley en tant que maîtresse des lieux, et non en tant que dame de compagnie comme elle l’avait toujours été. Autre problème : la présence de l’ancienne femme, Rebecca, est omniprésente, les meubles qu’elle possédait sont toujours là, ses habitudes sont ancrées et encore respectées des employés, et moins elle occupe les conversations, plus elle s’impose dans les pensées.
Il n’y absolument aucune place pour la nouvelle Madame de Winter, et la gouvernante, Madame Danvers, compte bien lui faire comprendre.


Il n’y a pas de surnaturel dans Rebecca : ce n’est pas un spoil de le révéler mais ça évitera peut-être de fausses attentes. Il y a beaucoup de mystères à découvrir dans ce roman, rangeant Rebecca dans une section thriller/mystère plutôt qu’horrifique/surnaturel (ce que je pensais au début).
Mais malgré cette idée finalement erronée, je n’ai pas du tout été déçue : dérangeant, avec un certain malaise, on s’attache à cette narratrice pourtant bien mystérieuse (on ignore son âge, son passé, même son nom !), on sait cependant qu’elle est bien intentionnée, qu’elle est certes un peu gauche et d’une timidité fatigante, mais son évolution est très intéressante.


La trame est fascinante, tout comme la plume de Daphné du Maurier : fluide, poétique, son style est vraiment magnifique et permet de lire sans s’arrêter. Elle choisit les mots avec justesse, bien que pour le coup, je peux surtout applaudir Anouk Neuhoff, la traductrice.
J’applaudis moins Le Livre de Poche par contre d’avoir écrit en énorme « Nouvelle traduction Texte intégral » sur la couverture… Alors qu’il y avait déjà une petite bannière…
Dans ce décor où la Nature prédomine, Daphné du Maurier donne vie à ces fleurs magnifiques au parfum lourd, à cette mer toute proche, tantôt tranquille, tantôt menaçante, seule ce manoir immense, trop immense, semble mort et ne met pas à l’aise.

Un superbe roman, une histoire avec une ambiance réussie, des personnages touchants et un schéma de relation qui me tient à cœur : le fait de passer après un premier amour, d’être rongée de questions, de doutes et apprendre à lutter avec ce passé inconnu et se concentrer sur le futur. Il y a peu d’histoires d’amour dans ce genre dans la littérature (disons qu’elles sont en minorité par rapport aux premiers amours/coups de foudre qui tiennent pour l’éternité) et ça m’a fait plaisir de lire quelque chose dans ce genre, quelque chose de si réaliste.

« J’ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley. »
P. 7

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Rebecca est un roman qui perdure dans la culture grâce à l’adaptation d’Alfred Hitchcock sortie en 1940.
• En 1990, Rebecca est à la 6ème place du classement des cent meilleurs romans policiers de tous les temps selon la Crime Writers’ Association, juste derrière Le Meurtre de Roger Ackroyd d’Agatha Christie ! Ceci dit, ce n’est pas vraiiiment un roman policier à la sauce Christie ou Doyle, ne vous imaginez pas faire chauffer les neurones durant la lecture. Pour la liste établie par la Mystery Writers of America, Rebecca est à la 9ème place.