Qui donc s’amuse à déterrer les morts du très chic quartier de Gadstone Park ? S’agit-il de farces de mauvais goût ou faut-il y voir une plus sombre menace ? Chargé de l’enquête, Thomas Pitt se perd en conjectures. Mais le code de bonne conduite de la haute société anglaise ne tardera pas à se craqueler, révélant sa corruption et sa fausse respectabilité.
Quatrième de couverture par 10/18
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« Il avait en réserve de belles phrases toutes prêtes pour les cérémonies ordinaires, baptêmes, décès, mariages, voire parfois certains scandales, mais s’attendait-il à enterrer trois fois le même homme en trois semaines ? »
P. 123
À force de me manger des déceptions et des romans moyennement potables depuis des mois, j’avais besoin de me rabattre sur une série où je savais à quoi m’attendre. Sans compter que l’épisode 4 des aventures du couple Pitt possède selon moi le résumé le plus intriguant.
Alors certes,
ce n’est pas le roman de l'année mais une petite enquête comme ça, comparée à toutes ces dernières lectures presque dérisoires, ça a influencé positivement mon ressenti final. Toutefois, n’espérez pas un Christie ou un Doyle, ça reste un policier feuilleton !
Ma chronique en détails…
Une cage pour retenir les morts susceptibles de se réveiller ? Nope.
Outre le fait que le mythe du vampire qui devenait déjà très populaire, le viol de sépultures était un crime courant à l'époque à cause des trafiques de cadavres, ces cages scellaient donc les tombes pour laisser les morts en paix.
Bien sûr, il fallait avoir les moyens de faire forger une telle grille.
J’aborde tout de suite un gros point négatif qu’on retrouve dans les trois premiers tomes déjà : le cliché. Celui des coqs de la haute société où, pour faire rire le lecteur, Anne Perry pointe une stupidité et des gouts superficielles sous une éducation à peine prise au sérieux. Oui cette caricature peut faire rire, mais quand on retrouve le côté franchement péteux chez tous les bourgeois dans toutes les enquêtes, on sent comme une redondance dont on pourrait se passer. Depuis le temps, je me suis carrément lassée des majordomes qui regardent Thomas Pitt de haut...
On me dira que c’est pour une touche réaliste, je ne dis pas le contraire, mais si Anne Perry pouvait nous épargner la même scène tous les cinq chapitres, cela serait merveilleux.
Idem pour les caractères. Autant que le contre-cliché de la Lady qui veut abolir l’esclavage, le jeune Lord qui veut travailler pour l’égalité dans les société en 1830, ça me gave pas mal, celui de l’abus du grand noble qui regarde les petites gens comme s’ils étaient tous des lépreux, ce n'est pas tellement mieux en fin de compte. C’est vrai que les visites de flic dans les beaux quartiers nourrissent les ragots (aujourd’hui encore ça fait parler…) mais il existe des variantes de caractère, des attitudes ! Que l’auteur change le menu, quoi…
(Et encore, si on pouvait quitter un peu les quartiers nobles pour explorer les bas-fonds et changer de décor, ça apporterait un peu d’originalité à la série)
Mrs Perugini, peinte par John Everett Millais en 1880.
Son nom et son profil ne vous diront peut-être bien, mais il s'agit de la seconde fille de Charles Dickens.
M’enfin, le puzzle que nous sert Anne Perry a le mérite d’être intriguant et bien trouvé. J’ai lu rapidement ce tome pour découvrir l’issue du mystère des tombes. Au lieu de révélations, des énigmes s’ajoutent et pimentent le récit pour faire chauffer les méninges. Certaines réponses m’ont satisfaites, d’autres m’ont carrément laissée pantoise [Spoiler à propos des tombes] je veux dire, j’ai bien compris ? Le gars a déterré et inversé les cadavres pour brouiller les pistes pour couvrir le meurtrier où le crime ne lui est d’aucun profit ? Les hommes de la haute société se font chier à ce point ?! [Fin du spoiler à propos des tombes] Ce point m’a clairement déçu et c’est bien dommage avec le potentiel de ce résumé.
Seven Dials, quartier qui apparait au détour de quelques chapitres.
Les personnages dans l’ensemble m’ont plu, j’étais ravie de retrouver Tante Vespasia bien que son caractère est moins spectaculaire que dans le tome 3. Thomas reste fidèle à lui-même et j’ai retrouvé un peu la Charlotte du premier tome. D’ailleurs, Resurrection Row est fortement connecté à L’Étrangleur de Cater Street, si les lecteurs peuvent mélanger les lectures des tomes, je conseille tout de même la lecture de Cater Street avant Resurrection Row.
Concernant les autres personnages plus secondaires, j’ai beaucoup aimé Alicia Fitzroy-Hammond et l’étrange américain du nom de Virgil Smith [spoiler] et j’espère presque retrouver ces deux personnages dans les tomes suivants pour voir si leu romance s’est bel et bien entamé. [/spoiler], le reste de la galerie étant plutôt classique.
En somme,
Resurrection Row est
un tome que je trouve légèrement meilleur que ses deux prédécesseurs mais ne vaut bien évidemment pas un grand policier signé par W. Wilkie Collins, il faut rester dans l’esprit du roman feuilleton. Cela dit, après tant de déceptions littéraires, ça fait du bien de lire quelque chose de léger et qui répond à nos attentes.
L'ancienne couverture française et celle du format Kindle en VO
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Seven Dials est un véritable quartier d'époque qui a servi de décor à plusieurs romans. Anne Perry le recycle d'ailleurs pour son vingt-troisième tome et Agatha Christie l'aborde également dans son roman Les Sept Cadrans (en VO The Seven Dials Mystery)
• Plus en rapport avec la couverture : Mrs. Perugini, ou de son nom complet Kate Dickens Perugini, a également servi de modèle pour The Black Brunswicker (tableau ci-contre), peint aussi par Millais en 1860.
• Chroniques des tomes précédents pour ceux qui veulent :
•
Tome 1, L'Étrangleur de Cater Street