jeudi 15 décembre 2016

Sherlock Holmes contre Frankenstein, de David Whitehead,

Sherlock Holmes s’apprête à affronter son adversaire le plus terrifiant dans Sherlock Holmes contre Frankenstein. Ecrit par David Whitehead (17 fois numéro 1 des ventes Kindle Amazon) d’après le scénario de Gautier Cazenave.
Seule la plus ténébreuse des affaires pouvait tirer Sherlock Holmes du confort de Baker Street en cet hiver de 1898 : elle se présenta sous la forme du meurtre d’un fossoyeur, dans d’étranges circonstances. Il n’en fallait pas moins pour que Holmes et Watson se rendent dans le village allemand de Darmstadt, où les attendaient un tueur géant, un savant aux motivations mystérieuses... et la silhouette du château Frankenstein...
Quatrième de couverture par Amazon.
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« — L’argile ! poursuivit Holmes avec toutes les apparences d’un homme qui pense à voix haute.
— Ce n’est pas le moment de parler par énigmes ! s’emporta Watson. »

Bon bah oui, là, comme ça, il ne paye pas de mine, cet ebook vendu sur Amazon. Il coûte autant qu’un café, il n’existe pas en livre papier et en plus, la couverture est kitsch à souhait.
Et bah j’ai aimé ! Même la couverture possède son charme des histoires d’horreur des années 80 (1980, pas 1880 pour le coup).

J’avoue que j’ai commencé ce livre sans aucune attente : je ne connais aucun avis, je ne me suis pas intéressée aux notes, c’était en totale découverte. David Whitehead et Gautier Cazenave (scénariste de base) ne sont pas allés chercher très loin : le titre annonce tout, il s’agit d’un pastiche holmésien qui confronte le célèbre détective au monde du scientifique Victor Frankenstein (la créature n’a jamais porté le nom de son créateur puisqu’elle est née sous X).
Tout d’abord, j’ai cru que le roman de Shelley n’existait pas dans ce lore : il s’avère que si, mais si l’œuvre de Doyle est respectée, les auteurs prennent des libertés concernant Frankenstein.
Mais cela ne retire rien à la qualité.

David Whitehead se montre fidèle à Arthur Conan Doyle sur plusieurs points : ses personnages sont crédibles, on reconnaît Sherlock Holmes et le docteur Watson même dans ce contexte qui tend plutôt vers Shelley et le surnaturel, ce qui n’est pas un petit exercice. Ensuite, au niveau de l’écriture : c’est simple, fluide, on tourne les pages à un rythme régulier comme lors d’une nouvelle du canon.
À un point près : le docteur Watson a un caractère plus trempé et n’étant plus le narrateur, son personnage est davantage représenté. Whitehead délaisse Holmes qui a été suffisamment "humanisé" dans d’autres pastiches et met Watson sur le devant de la scène : sa philosophie, ses deuils (il a perdu deux épouses, quand même), ses charmes… Bref, on a toujours eu envie d’être ami avec Holmes, mais ici, on veut également l’être avec Watson. Un excellent point qui change un peu des pastiches plus classiques et qui a la même initiative que dans Un Certain Dr. Watson.
L’enquête est construite de façon intelligente : des indices sont aisés à comprendre mais des zones sombres sont maintenues jusqu’au bout. Certains éléments étaient découverts mais j’ai eu quelques surprises tout de même. Et puis, l’intérêt de ce livre ne réside pas uniquement dans l’enquête mais l’ambiance : on délaisse les montagnes suisses du roman de Shelley pour se perdre à Darmstadt. Au programme : forêts allemandes, village pittoresque, château lugubre… Un décor qui rappelle celui du Chien des Baskerville et qui met à l’épreuve le côté cartésien de Sherlock Holmes et de Watson.

Le côté "gothique" se poursuit au-delà du cadre et colore les événements : apparitions, affaires sordides, folie scientifique, tragédies… Certains verront un côté grand guignol mais j’ai aimé cette atmosphère qui rappelle légèrement les vieux films d’horreur en noir et blanc ou encore les slashers des années 80. Et les auteurs ne tombent pas dans la facilité pour autant : tout reste logique. (sauf à la fin où un petit détail m’a paru incongru mais enfin, fallait bien un peu d’action)

Un très chouette roman qui a le potentiel de plaire aux fans de Holmes, moins peut-être les fans de Shelley mais les fans de films d’horreur seront sûrement sensibles à ce pastiche.
Si vous avez une liseuse et que vous n’aimez pas le café, sautez sur l’occasion !
             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Ce livre est dédié à Peter Cushing qui a endossé le rôle de Sherlock Holmes dans l’adaptation Le Chien des Baskerville en 1959 et dans une série de 1968 mais également le rôle du Baron Victor Frankenstein dans une série de films de 1957 à 1974, le premier étant Frankenstein s'est échappé. Véritable icône de pop culture et de l’univers horrifique, Peter Cushing a aussi été le docteur Van Helsing dans Les Maîtresses de Dracula de 1960.
Sherlock Holmes contre Frankenstein est actuellement en cours de réalisation et nous retrouverons dans ce film John Lebar. Si le nom ne vous parle pas, vous l’avez pourtant vu si vous avez regardé la première saison de Sherlock : c’est celui qui joue le Golem !


mardi 13 décembre 2016

Top Ten Tuesday [26],

              

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini. Ce rendez-vous a  initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français sur ce blog.






Mon thème pour aujourd’hui est…
Les 10 livres de mon enfance.

Je vais me payer une bonne tranche de rire aujourd’hui et pratiquer un peu l’autodérision en vous partageant les livres qui ont marqué mon enfance. Je lisais moins qu’aujourd’hui et je n’ai compté que les romans, pas les livres illustrés ou les bandes-dessinés (Mélusine on the top).
Donc bon. J’ai dépoussiéré des facettes qui risquent de surprendre !

Les premiers coups de cœur sont souvent Harry Potter, moi, à 11 ans, c’était la trilogie Silverwing. J’ai adoré cette saga et j’avais lu les trois tomes en l’espace de six mois, ce qui était une première. Si je ne pense pas les relire, j’espère me les racheter un de ces quatre puisque c’était un emprunt de bibliothèque et conserver les aventures d’Ombre chez moi aussi.
Je peux dire que Meg Cabot est la première auteure à avoir été "mon auteur préféré", ma mère m’achetait toutes ses nouvelles sorties et j’ai lu tous les tomes du Journal d’une Princesse (dans cette collection en tout cas, j’ai découvert qu’il y avait bien plus de tomes en fait...). Ceci dit, curieusement, les souvenirs sont très flous et si je les relisais, j’aurais de sacrées surprises.
Mon amour pour les histoires d’horreur date d’il y a longtemps et si je n’accrochais pas beaucoup à la collection Chair de Poule (et je n’aimais pas la série non plus, je préférais les Contes de la Crypte, un degré largement différent), j’ai été tentée par Le Secret de la Sirène à la bibliothèque.
Si je ne me souviens de pas tout, son titre me trotte encore dans la tête et j’ai encore une nette impression d’angoisse.
Dans la même veine que Le Secret de la Sirène, la tension est au rendez-vous, même si j’ai nettement moins accroché à cette histoire-ci.
Mais enfin, quand même... GG, Michel Amelin !
Et ouais, j’ai pas honte pour ça : j’ai toujours eu du mal à finir les Resident Evil jeune (rien à voir avec mon appartenance au sexe féminin, c’est que ce sont difficilement des jeux pour enfants… Et les jeux d’autrefois étaient bordel de durs), je complétais avec les livres, lisant les adaptations des jeux que j’avais essayés.
Malgré ce que l’on peut penser, les livres de Resident Evil sont bons : des passages efficaces et à vomir, je m’en souviens encore. Je me les reprendrais peut-être un de ces quatre.
Comme je le disais, Meg Cabot a vraiment été ma première auteure favorite. Ceci dit, j’avais moins accroché à l’histoire de Samantha qu’à celle de Mia, bien plus rock’n’roll et "pied-de-nez" à tous ces clichés féminins. Samantha était mignonne mais je m’étais un peu ennuyée…
Bon allez, on commence la partie "j’ai un peu honte" avec la saga Ange et Compagnie. Y avait des paillettes, peu de pages, peu de… peu d’histoire en fait, fallait pas beaucoup se poser de questions. Je ne garde pas de grands souvenirs de cette saga et malgré les nombreux voyages dans le temps, ce n’est pas elle qui m’a fait aimer l’Histoire.

J’avais totalement oublié cette saga ! Et je suis tombée sur un livre sur des aventures équestres (thème facile pour les petites filles) et d’un coup, je me suis souvenue : moi aussi je lisais une saga avec des chevaux quand j’étais petite, et j’étais arrivée assez loin !
Je ne me souviens pas de grand chose, juste que c’était souvent larmoyant : encore plus maudit que La petite maison dans la prairie. Aujourd’hui, après tant de lectures horrifiques, je pense que le ranch de Heartland était construit sur un cimetière indien...

Dernier coup de honte : j’avais reçu plusieurs tomes de Toi + Moi à un anniversaire (10 ou 11 ans) et j’en ai lu quelques uns, celui-ci surtout même si l’histoire m’est complètement sortie de la tête, mais la couverture, je m’en souviens.
Pour sauver mon honneur in extremis : je n’en ai pas lu beaucoup ! Comme quoi, la romance déjà à cet âge, c’était pas le grand amour.
*badum tss*

Et bien sûr, comme 90% des gens nés dans les années 1990, j'ai lu Harry Potter, mais j’ai commencé très tard finalement : j’étais au collège que je n’avais pas encore lu La Coupe de Feu.
Déjà les mouvements de hype me blasaient, la preuve : je n’ai même pas envie de voir Les Animaux Fantastiques.
Quand on est aigri, on ne se refait pas, hein.
(plus sérieusement : je ne suis pas pressée de voir ce film pour "redécouvrir" Harry Potter : j’ai fait mon "deuil" de cette saga, j’ai accepté l’idée que ce soit fini et je n’en demande pas plus à J. K. Rowling, surtout que je n’ai pas encore lu ses autres romans.)

Donc l’image du vampire aigri est cassé, mais j’ai eu une enfance aussi, j’ai également eu des goûts de merde à écouter Lorie et L5, à lire Ange et Compagnie et Heartland, je regardais Totally Spies et je voulais ressembler à Sam, mais je découvrais également Stephen King (j’ai lu Salem sur les conseils de ma prof d’art plastique en 5ème) et j’étais déjà une grande fan de la saga Silent Hill sur Playstation.
Je n’avais pas que des goûts de chiotte !
Mais enfin, le vrai but ici, c’était de vous faire sentir vieux !
Avec amour, mes viocs’ ♥

mardi 6 décembre 2016

L'Étrange cas de Juliette M., de Megan Shepherd,

Juliette est la fille d’un célèbre physicien décédé qui a scandalisé la communauté scientifique avec ses expériences. Elle vit depuis comme domestique à l’université et tente de survivre dans l’atmosphère sombre et dangereuse de la ville. Elle tombe par hasard sur son ami d’enfance, Montgomery, qui lui révèle une nouvelle bouleversante… son père ne serait peut-être pas mort ?!
Quatrième de couverture par Milan, Macadam.
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Une auteure disait que la section livre pour enfants regorgeait de merveilles tandis que pour les YA (young adult, pour les non-intimes), il faut parfois creuser pour tomber sur des perles…
J’avoue être plutôt d’accord bien que ce soit une affaire de goûts, mais je m’intéresse peu à la littérature YA qui possède des caractéristiques qui ne me parlent pas : les archétypes entre l’héroïne badass-badass ("je me bats comme un guerrier mais j’ai le physique d’une princesse Disney, faut pas déconner") et le prétendant so-d4rk ("je suis brun, je suis très pâle, je me moque de toi sans arrêt pour mieux attirer ton attention parce que genre ça marche vraiment comme ça"), les quêtes et les sujets très personnels qui pourraient être intéressants mais se résument à peu de choses et se concluent facilement ("tu es l’éluuu ! Tu as juste à croire en tes amis et ça marchera, frère."), des plumes bien souvent plus axées dans les dialogues/pensées que les alentours (en même temps, les livres jeunesse feraient tous 800 pages au lieu de 300 après…), un contexte historique installé mais en même temps bourré d’anachronismes qui facilitent souvent la trame et passent inaperçus quand on veut bien fermer les yeux dessus…
Bref, pas du tout le genre d’ingrédient qui me met en appétit. J’en achète donc très rarement et si un titre me plaît, je regarde d’abord s’il se trouve en bibliothèque (et si je suis conquise comme pour La Passe-Miroir, qui est une perle, je le rachète avec amour, et sa suite dans la foulée).


L’Étrange cas de Juliette M. m’avait fait de l’œil mais sans plus : la couverture est très sympathique (ah, un ingrédient YA qui me plaît !), le résumé accroche, mais le fait que le roman se déroule dans les années 1890 me refroidissait : en effet, on a beau être à Londres en 1890 et même si Juliette Moreau est déchue de son rang social, elle tutoie comme la première des tavernières. À l’instar de beaucoup de livres jeunesses historiques, l’époque n’est pas franchement bien retranscrite, mais bon. Je m’y attendais, donc pas de grosse déception à ce niveau.
Par contre, je m’attendais à de l’horreur et l’horreur était au rendez-vous. Assez timidiement, mais c’est que L’Étrange cas de Juliette M. possède une ambiance réellement glauque. On cause vivisection, folie héréditaire, expériences peu orthodoxes… Megan Shepherd mérite son petit warning pour son livre qui n’est pas à mettre entre toutes les mains.
(Autant je ne comprends pas le "interdit aux moins de 13 ans" des tomes de l’Épouvanteur, autant L’Étrange cas de Juliette M. peut porter cet avertissement)
Et que serait une ambiance bien construite sans une jolie plume ? Les métaphores sont bien choisies et la narration est fluide, ça aide pour installer le lecteur dans une jungle hostile et aux environs douteux.

Enfin, si la narration est fluide, il y a beaucoup de moments où le lecteur se heurte à des révélations avortées, de fausses tentatives et c’est très frustrant. J’étais presque tentée de lire la fin du livre pour avoir quelques clés tant on patauge bien trop longtemps...
Enfin, pour avoir une clé en particulier : l’issue de ce triangle amoureux dont on se serait bien passés.
J’ai horreur des triangles amoureux : il y a une chance sur deux pour s’attacher au mauvais gars, déjà, et celui de L’Étrange cas de Juliette M. est d’un cliché assommant. Sur la gauche, on a Montgomery, le serviteur et homme à tout-faire, blond, doux et tendre et sur la droite, Edward, noble rebelle, brun ténébreux et mystérieux, un peu rustre. Bon, la seule pointe d’originalité, c’est que Montgomery est plus à l’aise dans un salon de thé et Edward, dans une jungle.
Mais enfin…
J’avais cherché la réponse sur des chroniques sans trouver, donc pour vous, futur/e lecteur/trice, l’amour de la vie de Juliette Moreau se révèle être [spoiler] Montgomery, donc ne vous attachez pas à l’autre, ce n’est pas la peine [/fin du spoiler].


Un autre détail me dérangeait pour cette romance et pourra déranger d’autres : Juliette est incapable de choisir. Mais au lieu de se contenter de faire le point sur elle-même, elle draguouille les deux, embrasse l’un et a honte quand l’autre surprend son geste. Ma fille, tu sais comment j’appelle ces nanas ? Des salôôôôôôôôpes Des allumeuses. Donc au lieu de donner de faux espoirs, pose ton postérieur sur une chaise et songe que les hommes sont des êtres doués de sentiments et qu’on ne les goûte pas comme on le ferait avec deux gâteaux.
C’était ma minute leçon amoureuse, mais j’avais besoin de râler contre ça. J’ai une allergie concernant les gens indécis surtout en matière de sentiments et qui agissent de façon irréfléchie.
Hormis ce gros défaut, le personnage de Juliette est dans l’ensemble agréable : forte mais avec un fond torturé, intelligente mais gauche socialement. Elle n’est pas adorable, mais elle est sympathique !

Grosso modo, L’Étrange cas de Juliette M. est un bon p’tit bouquin. Enfin, le mérite ne semble pas tout à fait mérité puisque paraît-il que c’est presque un copier/coller de L’Île du Docteur Moreau de H. G. Wells. N’ayant pas lu ce roman, je ne peux pas dire à quel point Megan Shepherd a copié ou s’est inspirée de la base, ce que je sais, c’est qu’elle ne cache pas sa source d’inspiration.
Mais je pense affirmer qu’au moins, H. G. Wells n’est pas venu casser les bonbons de ses lecteurs avec un triangle amoureux sans charme.

Par contre, dernier petit détail : beaucoup de lecteurs se sont plaints que L’Étrange Cas de Juliette M. soit en fait une trilogie, considérant qu’un seul tome suffisait et que ce premier n’avait pas besoin de suite.
Sauf que le un me fait clairement l’impression d’un cliffhanger… Heureusement, la suite m’attend à la bibliothèque, car malgré les fausses notes repérées, je lirai la suite de cette saga.

Grâce à la couverture, je peux valider l’idée 84 du Challenge des 170 Idées :

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Megan Shepherd ne cache pas s’être largement inspirée du roman L’Île du docteur Moreau de H. G. Wells publié en 1896.