mardi 4 décembre 2012

Il était une fois un crime, de Lee Jackson,

À Londres, dans le quartier huppé d'Islington, la découverte du cadavre de Dora laisse la police perplexe. Près du corps, on retrouve une note écrite par son mari, Jacob : « J'ai l'intime conviction d'être le seul responsable ». Dans la haute bourgeoisie anglaise où la réputation a plus de valeur que la vie, les aveux ne sont pas toujours synonymes de vérité...
Une intrigue implacable servie par un maître du roman policier victorien.
Quatrième de couverture par 10-18, collection Grands détectives.
---

Lorsque j’ai commencé Il était une fois un Crime, j’avais dans la tête que Lee Jackson nous servait-là une autre enquête toute simple, sans prétention, pour faire passer le temps et nous communiquer son amour pour le Londres victorien.
Et bien la conclusion, en fermant ce petit roman, est que je ne m’attendais pas à découvrir un véritable puzzle aussi bien maîtrisé et aussi captivant !

Déjà, ce que je veux pointer du doigt à tout prix est la construction du roman. Une enquête présentée sous forme de journal, avec quelques bribes de récits, ce n’est pas l’invention du siècle… Sauf qu’ici, le journal est tenu par le principal suspect de l’affaire : le mari de la victime, Jacob Jones. Les chapitres commencent donc avec à peine quelques pages sur les policiers, l’inspecteur Delby et le sergent Preston, qui enquêtent en ayant une longueur d’avance sur nous : ayant lu l’intégralité du journal, on assiste donc à la mise en place des pièces qu’on découvrira au fil du roman.
Construction très laborieuse et à risques, Lee Jackson s’en sort pourtant haut la main, jonglant avec les indices et les révélations pour nous tenir en haleine efficacement.

La maîtrise va de l’importance des indices jusqu’à la qualité des mensonges : Lee Jackson se débrouille très bien non seulement dans la construction de son histoire, mais s’en sort indemne à travers les engrenages posés. Je le rappelle, il s’agit d’un journal tenu par un homme particulièrement narcissique et hautain et les faits sont donc subjectifs, ce qui complique notre raisonnement si on cherche une réponse par nous-mêmes. Et c’est là le point le plus appréciable d’Il était une fois un crime !
Une enquête donc intelligente et entraînante.

Couverture anglaise
Qu’en est-il des personnages ?
Loin de vouloir être parfaite, la galerie qui s’offre à nous est très diverse. Comme on est la plupart du temps en compagnie de l’auteur Jacob Jones, autant dire quelques mots : méprisant, jeune bourge et à la limite égoïste, ce n’est pas le personnage le plus appréciable du roman. Tant mieux cela dit. Mon opinion ne cessait de balancer durant ma lecture cependant : Jacob Jones est un homme qui veut s’élever au-dessus de tous les autres et briller en société, blanc comme neige et il nous arrive de compatir à certains moments.

On assiste donc à sa descente aux Enfers imprévue, entraînant avec lui son adorable femme Dora (pas décrite très fidèlement je pense, mais l’image qu’il en donne la rend très touchante), le jeune Fortesque, un collègue rêveur et ambitieux qui reste sympathique, le Dr. Antrobus, son voisin, plaisant bonhomme et bon médecin et bien d’autres encore…
Un défaut entache pourtant tous ces portraits : peut-être parce qu’il s’agit d’un journal, mais j’ai trouvé que les personnages manquaient terriblement de fond, comme s’il s’agissait d’esquisses… Après, chacun reste très intéressant et mon petit coup de cœur se dirige vers Dora, qui avait toute ma sympathie durant toute ma lecture.

En gros, un roman policier digne de ce nom, totalement insoupçonné et qui vaut largement la lecture. Mais quel est le point qui m’a particulièrement déçu dans Il était une fois un Crime ? Lee Jackson est un maître incontestable de l’univers victorien, c’est pour cela que je suis sous sa coupe d’ailleurs. Mais dans ce roman, l’auteur s’est montré un peu avare sur ses connaissances à propos de la société victorienne, se contentant du strict minimum par rapport à d’autres ouvrages, comme Une Femme sans Peur. Voilà le défaut que je reprocherai à ce livre de Jackson.


Après, je ne regrette pas du tout ma lecture et il s’agit selon moi du meilleur roman de Lee Jackson… Voire, un des meilleurs romans d’enquêtes victoriens. J’invite donc les curieux à entamer leur lecture sans plus tarder !




Grâce à Il était une fois un Crime, j'en suis à ma treizième contribution pour le challenge Victorien (dans la catégorie Charles Dickens) organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Si vous voulez nous rejoindre, tout est expliqué sur cet article !






             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Il était une fois un Crime/The Diary of a Murder était à l’origine une web novel dont les deux premiers chapitres sont gratuits ici (seulement en anglais).

3 commentaires:

  1. je ne connais pas du tout ce livre mais ça a l'air pas mal !!! je retiens :D

    RépondreSupprimer
  2. Bonsoir,
    Je me promenais à tout hasard sur internet et, ô agréable surprise, je découvre ce site; mon appétit littéraire est bien content désormais! Bien ravivé par la lecture de ces articles que je trouve fort géniaux, si ce n'est composés intelligemment et intéressants.
    Je ne suis pas très bien renseignée sur les enquêtes au temps de l'époque victorienne - je l'avoue, mais j'ai néanmoins déjà entendu parler de Lee Jackson et de sa plume noire et tordue à souhait; ce commentaire, sans rien dévoiler de la lecture (ce qui est plaisant en soi) m'a donné envie de m'y plonger et pour cela, Vampire Aigri, je te remercie.
    Si jamais d'aventure, il t'arrivait de lire ce commentaire, sache que j'aimerais te contacter afin de te proposer un partenariat un peu spécial... De Vampire à Sorcière.
    Dans l'attente inespérée de ta réponse
    La Sorcière aux sombres balades

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour,
      Ah, c’est vraiment le meilleur de Lee Jackson pour l’instant, c’est même dommage qu’il n’en ait pas publié d’autres depuis… Mais enfin, tant qu’il pond une autre pépite, ça me va.

      Merci beaucoup pour ce message très sympathique, en tout cas ! Quant à ce partenariat, Sorcière aux sombres balades, je t’écoute avec plaisir (et beaucoup de curiosité !), tu peux me contacter par mail (dans mon profil complet, il y a « contacter par mail », quelque chose comme ça), j’attends donc cette proposition avec impatience ;)

      À très bientôt, j’espère~

      Supprimer