Enthralled by his own exquisite portrait, Dorian Gray exchanges his soul for eternal youth and beauty. Influenced by his friend Lord Henry Wotton, he is drawn into a corrupt double life, indulging his desires in secret while remaining a gentleman inthe eyes of polite society. Only his portrait bears the traces of his decadence. The Picture of Dorian Gray was a succès de scandale. Early readers were shocked by its hints at unspeakable sins, and the book was later used as evidence against Wilde at this trial at the Old Bailey in 1895.
Quatrième de couverture par Penguin Classics
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Contrairement à beaucoup de lecteurs, je pense, je n’ai pas découvert Oscar Wilde par son œuvre majeure qu’est The Picture of Dorian Gray. J’avais lu quelques poèmes, quelques pièces de théâtre où j’ai eu un avant-goût de son style raffiné et à la philosophie décalée. Ce qui m’a prise tant de temps pour me décider à le lire enfin, c’est que je savais qu’après l’aventure sordide de Dorian Gray, il ne me resterait plus grand-chose à lire de ce fameux auteur que j’admire tant, pour son talent, pour sa vie. Oscar Wilde peut se contenter de quelques pages pour soulever énormément de conclusions (Je me souviens de la nouvelle Le Sphinx Sans Secret que j’avais énormément aimé, très court mais suffisant pour qu’on comprenne tout le sens de ses idées) et c’est une capacité appréciable chez lui.
The Picture of Dorian Gray n’échappe donc pas à la règle et se plie au style presque spirituel de l’auteur dandy. Déjà, qu’on se le dise : il n’y a rien de choquant dans The Picture of Dorian Gray, pas pour les dépravés du XXIème siècle en tout cas. Tout est dissimulé, suggéré et si les citoyens victoriens ont une imagination qui part très vite, ils n’ont qu’à s’en prendre qu’à eux-mêmes !
Plus sérieusement : le lecteur doit garder en tête que ce livre a été écrit et qu’à cette époque, on faisait un scandale pour un peu tout et rien. Que le lecteur de 2012 ne s’attende pas à voir Dorian Gray dans des orgies sanguinaires et des rituels sataniques, ça ne se passe que dans le (très mauvais) film de 2009. De plus, si toutes les éditions mettent bien l’accent sur le côté horreur, il faut garder en tête que, malgré de très bons rebondissements, The Picture of Dorian Gray est surtout un livre axé sur la question la psychologie de la vieillesse. Comment les gens vivent les années qui passent, comment supportent-ils l’idée que leur visage se fripera, assailli par les rides… Jusqu’au jour où, un magnifique jeune homme se retrouve libéré de ce poids.
Maintenant, est-ce une bonne chose ? Le livre vous le dira, même si vous vous doutez déjà de la réponse.
Je pense que j'aurai acheté cette édition si elle était sortie plus tôt, je la trouve superbe.
Ce qui fait la base du livre est également ce triangle que forment les personnages principaux : Lord Henry Wotton, le raffiné cynique, le peintre Basil, l’artiste sensible et entre les deux, Dorian Gray, insouciant et capricieux. En somme, trois personnalités totalement opposés à la psychologie travaillée mais dont les interactions sont intéressantes. J’ai eu un gros coup de cœur pour Basil, personnellement, qui m’a ému plusieurs fois durant ma lecture.
Malheureusement, comme tout bon roman victorien, The Picture of Dorian Gray souffre de certaines longueurs : je me souviens avoir sauté pas mal de paragraphes du chapitre 10 qui concerne surtout des descriptions historiques qui font rêver Dorian Gray et qui explique en résumé dissimulé les 18 ans de débauche qu’il vient de passer. Pas de détails très palpitants donc sur le coup, mais on pardonne Wilde puisque dans la version initiale du livre, ce chapitre n’existait pas.
Par contre, il y a des chapitres tellement prenants qu’on pardonne ce petit défaut sans mal. Je pense notamment au chapitre 7 qui est une pure merveille. Les premiers chapitres aussi, la façon dont Lord Wotton décrit comment la jeunesse et la beauté fanent : il y a une vraie poésie dans les descriptions que j’ai eu du mal à rester insensible.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture dans l’édition Penguin Classics : il y a un vrai travail de recherche sur l’œuvre. Que ce soit des notations renvoyant à d’autres œuvres (la référence à la Lady of Shalott quand Sybil dit « I have grown sick of shadows » par exemple, personnellement, j’adore ce poème mais tout le monde ne le connaît pas forcément et n’aperçoit donc pas le clin d’œil) ou encore aux événements historiques. Grâce à ces notes, j’ai constaté le nombre de fois que The Picture of Dorian Gray a été remanié, que ce soit par Oscar Wilde lui-même ou son éditeur !
En deux mots, si vous vous sentez capable de lire The Picture of Dorian Gray en anglais (un anglais très accessible malgré l’époque à laquelle il a été écrit), je vous conseille vivement l’édition Penguin Classics avec tous les renseignements.
J’ai donc passé un très bon moment de lecture en compagnie de Dorian Gray, me laissant avec un sentiment de satisfaction et de nombreuses questions à propos de l’art, de la beauté et de la (stupide) jeunesse.
En bonus, j’aimerai juste pousser un petit coup de gueule contre ce film de 2009 (vous remarquerez que les critiques positives sur ce livre sont principalement écrites par des gens qui reconnaissent ne pas avoir lu l’œuvre alors que d’un autre côté, les critiques négatives viennent surtout de personnes qui ont lu le livre). À part deux acteurs que j’aime énormément (Colin Firth et Rebecca Hall même si son rôle sert un peu à rien), j’ai trouvé le reste raté. Certes, l’ambiance est pas mal. Après, peut-être aussi parce que je n’ai pas du tout aimé Ben Barnes (il a l’air d’être un brave gars, hein, mais pas à l’écran, pas dans ce rôle). Voir Dorian Gray en brun, déjà, c’est mal passé pour une raison qui m’est chère : j’imagine toujours Dorian Gray avec les traits de Lord Alfred Douglas, dit Bosie (voir photo ci-contre). Blond, aux airs angéliques, innocents, insouciant… Ben Barnes, on voit d’office qu’il va s’agir du jeune homme prétentieux et démoniaque. J’ai d’ailleurs longtemps cru que le personnage de Dorian Gray avait été inspiré par cet amant d’Oscar Wilde. Et j’avais du mal à ne pas assimiler Oscar Wilde à Lord Wotton et Basil : Lord Wotton pour le côté dandy, philosophe, Basil pour le côté amoureux, sensible et artiste. J’ai eu une sacrée surprise en voyant qu’Oscar Wilde n’avait rencontré Alfred Douglas qu’en 1891, soit un an après la publication du livre (prenez en compte que la rédaction a pris à peu près un an).
J’ai toujours trouvé ce détail particulièrement perturbant d’ailleurs : le hasard faisait-il un peu trop bien les choses dans la vie de l’écrivain ?
Cette chronique est aussi ma onzième contribution dans le cadre du challenge Victorien (dans la catégorie Charles Dickes) organisé par Arieste (mille mercis à elle d'ailleurs). Si vous voulez nous rejoindre, tout est expliqué sur cet article !
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Remanié à plusieurs reprises même après la mort d’Oscar Wilde, The Picture of Dorian Gray a servi de "preuve" lors de son procès (Oscar Wilde a été arrêté pour son homosexualité affichée et qu’une loi de 1885 interdisait fermement les rapports entre hommes).
• Bien que sa plume a donné naissance à beaucoup d’œuvres littéraires, The Picture of Dorian Gray est l’unique roman d’Oscar Wilde, le reste n’étant que des nouvelles, poèmes, pièces de théâtre et lettres.
• The Picture of Dorian Gray a également été écrit pour le magazine américain Lippincott's Monthly Magazine (apparu en 1868 et disparu depuis 1916). Le 30 Août 1889, lors d’un dîner réunissant des figures littéraires, le manager Joseph M. Stoddart fait part de son désir de faire un thème exclusivement sur la littérature anglaise : c’est ainsi qu’il demande à Oscar Wilde d’écrire un roman, qui sera The Picture of Dorian Gray, mais également Sir Arthur Conan Doyle, qui écrira pour le magazine Le Signe des Quatre (The Sign of Four).
• Dans cet ouvrage, Oscar Wilde fait énormément de références à ses travaux antérieurs, notamment L'éventail de Lady Windermere, Le Sphinx sans Secrets, etc.
je l'ai il y a très longtemps il faudrait que je le relise, peut-être en VO à voir si j'en ai le courage :)
RépondreSupprimerJe ne lis pas si souvent en anglais, pourtant j'ai trouvé le style très accessible, je te conseille l'édition Penguin aussi : toutes les notations m'ont beaucoup aidé durant ma lecture.
SupprimerEn espérant que tu pourras te lancer sans trop de problème ;)
Je l'ai lu il y a bien longtemps (ce qui explique que mon commentaire ne va sûrement pas être très constructif xD) mais j'avais adoré aussi (<= voilà)
RépondreSupprimerPar contre j'hésitais à me regarder le film, bon je me doute bien que ça doit relativement être une bouse, mais bon Ben Barnes a l'air d'avoir une bonne bouille (a l'air hein !)
Très constructif, effectivement ! xD Mais je ne t'en veux pas, va !
SupprimerPour le film, la version 2009 m'a carrément hérissé le poil, donc je ne serai pas de ceux et celles qui pourraient te la conseiller... :/
Je ne suis pas une grande fan de Ben Barnes (qui semble être un chic type mais ce rôle ne lui va pas du tout...) et même Colin Firth (je suis pourtant une grande adoratrice, là) n'a pas réussi à me faire aimer l'adaptation.
Après, bien que les grandes lignes sont respectées, je trouve que c'est une adaptation très éloignée de l’œuvre originale...
Enfin, si tu arrives à le voir, tu passeras peut-être un bon moment ? Le seul point positif, c'est le visuel : niveau décor, c'est vrai que y a pas à tortiller, c'est assez plaisant.