1815. Louis XVIII rétabli sur le trône se heurte à une opposition dont l’Empereur, relégué à l’île d’Elbe, songe déjà à profiter. Dans Marseille livrée à la discorde civile, le moment est propice aux règlements de comptes. C’est ainsi que le marin Edmond Dantès, à la veille de son mariage, se retrouve, sans savoir pourquoi, arrêté et conduit au château d’If…
Paru en 1844-1846, Le Comte de Monte-Cristo est une des œuvres les plus populaires de la littérature mondiale. L’abbé Faria, l’évasion inouïe, le trésor grâce auquel les bons seront récompensés et les traîtres punis : le destin d’Edmond Dantès possède la simplicité et la force des grands mythes.
Conteur éblouissant, Dumas nous entraîne du cabinet du roi à la Méditerranée des contrebandiers, des îles toscanes aux catacombes de Rome, puis dans les salons parisiens où le mystérieux comte de Monte-Cristo se dispose à accomplir sa vengeance…
Quatrième de couverture par Le Livre de Poche.
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« — Aussi, dit un troisième, dans votre dernière affaire vous avez été superbe, mon cher Villefort. Vous savez, cet homme qui a assassiné son père ; et bien, littéralement, vous l’aviez tué avant que le bourreau y touchât. »
P. 96
Presque deux siècles plus tard, le Comte de Monte-Cristo fait encore parler de lui et de son effroyable vengeance. Moins connu que Les Trois Mousquetaires, la popularité du Comte est pourtant tout aussi grande à voir comment elle a traversé les âges et le monde grâce à son histoire en crescendo : un naïf romantique se fait arracher son destin brillant par quelques individus jaloux ou cachottiers. Oublié à la longue, son existence pourrit dans un donjon en même temps que sa personnalité. Puis, quatorze ans lui permettent d’acquérir richesse, intelligence et charisme pour mieux se venger des responsables.
Il s’agit de mon premier Dumas et je n’ai pas été surprise par tout le faste et le grandiose dont fait part l’auteur. J’ai presque envie de dire que c’est typiquement français ! Surprenant mais pas violent, Le Comte de Monte-Cristo est un roman sur l’ascension d’une victime avec une soif de vengeance qui va faire plus souvent appel à la providence qu’à la lame d’un poignard pour mener son projet à bien. La chute sociale plutôt que la mort.
Si j’ai beaucoup aimé, j’avoue que j’ai préféré dans le même genre Sans Nom de Wilkie Collins, l’histoire de cette femme à la même époque qui se retrouve dépossédée de tout, jusqu’à son nom et qui est animée d’une fièvre vengeresse presque terrifiante : un roman plus sombre, plus poisseux où la mort est moins belle que dans Le Comte de Monte-Cristo.
Le Comte de Monte-Cristo, une illustration signée par Mike Mahle. |
Cela dit, si j’ai aimé, c’est que j’ai un faible pour les héros désillusionnés : Edmond Dantès (dantesque ?) suit un schéma qui me rend sensible car tout d’abord naïf, bienheureux, confiant avant de basculer dans une figure plus méfiante, réservée, désabusée, voire vampirique. Son parcours est même intense et bien que le lecteur en est proche au début du roman, il s’en écarte au fil du récit : le lecteur connaît Edmond Dantès mais il ne connaît pas le Comte de Monte-Cristo. Son apprentissage est caché au lecteur d’ailleurs, ce qui le rend irréel... C’est compréhensible et pourtant à la fois dommage : j’avais la sensation d’une petite facilité à garder aussi secret son évolution, comme si Dumas trichait et accordait d’office le titre de survivant fortuné à son héros. Et en contrepartie, tant de réserve fait du Comte de Monte-Cristo un personnage fantastique, semblable aux fées des légendes arthuriennes et tout aussi insaisissable.
Bref, je suis mitigée concernant ce point, moi qui suis attachée aux explications, bien que je le reconnaisse moi-même : un tour de magie expliqué semble moins surprenant… Mais ce mystère est juste très maladroitement entretenu.
D’autres personnages sont bien sûr essentiels et partagent la scène avec le Comte, prêts à éblouir le lecteur. J’ai aimé la mascarade entretenue par Bertuccio et Cavalcanti, qui est d’ailleurs grandiose dans son genre.
Par contre, écartez Valentine et Maximilien Morrel de moi : je les ai trouvés insupportables à cause de leur amour mièvre et sanglotant alors que d’autres couples m’attiraient bien davantage.
Les relations amoureuses ne sont pas les seules à être mises en valeur par bonheur : les tendres conflits entre père et fils sont même plus présents et j’ai aimé chaque lien, peut-être parce que j’ai adoré Noirtier de Villefort plus que tout... D’autant plus que l’intrigue qui se trame chez les Villefort a été passionnante.
Si Le Comte de Monte-Cristo est si long, c’est que la vengeance d’Edmond Dantès est un fil conducteur mais ne représente pas l’unique thème du roman : une foule de personnages sont là pour apporter leur propre histoire, leurs propres motivations et chacun connaît sa conclusion, dans la joie ou le malheur.
Alexandre Dumas a plus de talent de conteur d’aventures que de poète : la plume n’est pas frappante de beauté mais le rythme est bien entretenu malgré la lourdeur matérielle du livre (1705 pages quand même) et j’étais plus fascinée par les retournements de situation que par des tournures de phrase.
Un très bon classique que je suis heureuse de connaître enfin mais que je ne conseille pas à tout le monde : il faut aimer cette littérature et moi-même, sans le soutien de Cocotte et Serge Dewulf sur Littérature Audio, je l’aurais fait traîner plus longtemps.
Sur ce, sur les conseils de Calimera, je m’en vais voir l’adaptation japonaise en anime, Gankutsuou, en me déconnectant le cerveau.
« Ma vengeance est perdue s’il ignore en mourant que c’est moi qui le tue. »
[Jean Racine]
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le Comte de Monte-Cristo serait un roman en réalité co-écrit entre Alexandre Dumas et Auguste Maquet.
• Le Comte de Monte-Cristo est très librement inspiré de la vie de Pierre Picaud.
• En tant que roman feuilleton, avant d’être publié en librairie, le Comte de Monte-Cristo est apparu en trois parties dans Le Journal des Débats : la première partie du 28 Août 1844 au 19 Octobre 1844, la seconde partie du 31 Octobre 1844 au 26 Novembre 1844 et la troisième partie du 20 Juin 1845 au 15 Janvier 1846.
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Attention, les liens ne proposent que le premier tome.
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Voilà bien un roman que je souhaite lire depuis des années sans encore avoir eu le courage de m'y lancer... Tu viens juste de me le rappeler avec ton article ! Je pense que ça peut me plaire. Reste à passer au delà des 1700 pages et quelques qui me font peur !
RépondreSupprimerSinon, le secret, l'audiobook :D Au moins le début pour pouvoir se lancer, mais l'introduction n'est pas trop à rallonge et ne nécessite pas vraiment d'un gros coup de pouce.
SupprimerPareil, peur de mettre trop longtemps à le lire, mais il faut que je le sorte de ma punaise de PAL ! :)
RépondreSupprimerC'est facile de dire qu'un livre est "impossible à lâcher" quand il ne fait pas plus de 500 pages, mais quand y a deux tomes qui font, à deux, 1700 pages, la santé y passe xD
SupprimerMais sinon, l'audiobook est un bon moyen : je l'ai audiolu (pour reprendre le verbe de Systia) en un mois, ce qui est pas mal !
Pour rebondir sur cet article et sur celui sur "La couleur des sentiments", c'est vrai que les livres audio c'pas mal, notamment pour découvrir des classiques ou en attaquer qui nous intimide.
RépondreSupprimerLe site Litterature Audio m'a permis par exemple de "lire" les "Mille et une nuits" (plus de 60h d'écoute !), "Les voyages de Gulliver" ou de découvrir Wilkie Collins (tu as chroniqué cet auteur, si je ne m'abuse) ou Edith Wharton.
Bref : les livres audios, c'est cool ! :)
Par contre, j'ai "Le comte de Monte Cristo" en poche (3 volumes) et ton avis m'a un peu refroidie, moi qui était resté sur l'impression romanesque de je-ne-sais-plus-quelle-adaptation-tv-ou-ciné :/
Vais peut-être l'audiolire (oui, ça se dit :p) en fait, merci du lien ^^
Effectivement, j'ai chroniqué deux romans de Collins que j'adore, comme ses romans ne sont pas toujours à faciles à trouver (à part les populaires), je penserai à zieuter en audiobook ! J'ai juste pris le roman qu'il a coécrit avec Dickens. Merci du tuyau ;)
SupprimerLe Comte de Monte-Cristo est très bon mais pas excellent à mon avis, je l'ai trouvé trop "romantique" et avec peu de moments terrifiants même si il y a beaucoup de rebondissements saisissants, c'est pour ça que dans le même genre, j'ai préféré Sans Nom (l'as-tu audiolu ? ;D) de Collins : plus sombre et plus palpitant.
Nop, j'ai juste audiolu "La pierre de lune" et "Mad Monkton". Et comme ça fait un 'tit moment, je ne m'en souviens plus trop ^^.
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