Appelée à la rescousse par sa mère pour résoudre un vol de collier, Charlotte Pitt s’immisce dans les affaires de Rutland Place... sans se douter que de menus larcins peuvent cacher des secrets pour le moins compromettants, et finir dans le sang ! Entre chantage, empoisonnement et petits crimes entre amis, la ténacité de Charlotte pourrait s’avérer dangereuse.
Quatrième de couverture par 10/18.
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« [Thomas] connaissait l’âme humaine en général, mais Charlotte connaissait encore mieux l’âme féminine. »
P. 71-72
Habituellement j’enchaîne les Anne Perry de façon automatique, un peu comme une sale habitude de fumeur ou de buveur de thé : il vient un jour où j’aperçois ma petite collection sur l’étagère et je me dis pourquoi pas sortir le tome suivant ? Si je suis toujours contente de retrouver la plume de l’auteure et son ambiance presque cliché de la haute société victorienne, la fin d’un Anne Perry ne me donne pourtant jamais envie de rembrayer sur le prochain tome : la digestion est quelques fois un peu lourde et mes avis trop souvent mitigés pour me motiver.
Pourtant, ce ne fût pas le cas pour Rutland Place qui est sûrement le premier tome qui m’a captivé jusqu’aux dernières lignes ! Une excellente surprise !
Elizabeth Barrett Browning (1909) par Albert Chevallier Tayler
Bien évidemment, les personnages restent toujours fidèles à eux-mêmes. Charlotte reste la suffragette enthousiaste, Emily la Lady avide d’enquêtes pour pimenter son quotidien et Thomas le policier bourru mais avec un bon fond. Et encore, j’avoue que je ne porte pas tout le temps Thomas dans mon cœur et que je l’ai trouvé particulièrement agaçant dans ce tome-ci. Le point fort est qu’on retrouve la famille Ellison comme lors de L'Étrangleur de Cater Street, la mère de Charlotte et Emily et feu Sarah n'est plus la petite bonne femme en deuil et apparaît sous un nouveau jour. On retrouve également le français Alaric apparut dans Le Crime de Paragon Walk et lui aussi a un tout nouveau rôle.
Bien évidemment, de nouveaux personnages sont au rendez-vous et j’en retiens un en particulier : le médecin Mulgrew que j'ai particulièrement adoré. [spoiler] J'espère vraiment le recroiser dans les prochains tomes, avec si possible des nouvelles de sa relation avec Ottilie Charrington. [/fin du spoiler]
Sans oublier Eloise et Tormod Lagarde que j’ai également trouvé excellents.
Sans oublier Eloise et Tormod Lagarde que j’ai également trouvé excellents.
Pourtant, il a fallu que je m’accroche car c’est certainement le début le plus lent depuis le début de la saga. Les tomes d’Anne Perry ont l'habitude de commencer dans le vif du sujet immédiatement, je pense notamment à Ressurection Row où un cadavre déterré arrive dès l’introduction, avant même que le lecteur retrouve le couple Pitt. Mais pour Rutland Place, le lecteur devra se montrer plus patient.
[ci-contre : Rutland Place, EC1, par Tony Avon]
Anne Perry entraîne son public d’un vol qui semble tout à fait anodin à une histoire nettement plus sordide et se divise en plusieurs trames. Et honnêtement, c’est une grande première pour cette sérié, tous les fils conducteurs m'ont plu : [spoilers concernant ces fameux fils conducteurs] rien que la romance idyllique de Mrs Ellison pour Alaric, qui fait d'elle une femme délaissée plus "vraie" et apporte un côté touchant. Le côté kleptomane d'Ambrosine Charrington pourrait paraître commun mais j’ai bien aimé le personnage et la kleptomanie est un trouble sympathique dans un personnage fictif car il apporte une certaine complexité. Dommage qu’Anne Perry n’en explique pas les raisons chez Mrs. Charrington. Et enfin, bien sûr, la relation incestueuse des Lagarde. J’avais d'ailleurs imaginé Eloise Lagarde sous les traits de Holliday Grainger qui joue Lucrezia Borgia dans la série The Borgias, Cesare Borgia a rapidement suivi pour Tormod. Je ne pouvais pas imaginer mieux en fait. J’ai aimé le côté épurée d’Eloise, cette martyre qui devient criminelle et est même accusée de crimes qu’elle n’a pas commis. Ce personnage est un vrai coup de cœur et sa trame m'a beaucoup ému. [/spoilers concernant ces fameux fils conducteurs] L’ambiance m’a donc complètement charmé et l’enquête m’a marqué. Par rapport aux auteurs d'époque qui devaient toujours user de la censure lorsqu’ils touchaient à des thèmes immoraux, Anne Perry a cet avantage où elle peut s’exprimer sans détour et elle l’utilise ici à son avantage.
En somme, une très, très bonne surprise. Rutland Place est à mes yeux le meilleur tome de la saga pour l’instant grâce à ses personnages que j'ai trouvé moins clichés et sa trame plus touchante et complète (enfin une vraie conclusion et pas un truc qui part en queue de poisson). Bien sûr, je ne m’attends pas à avoir un tel engouement à chaque tome et j’éviterai donc de placer la barre trop haute pour le prochain tome intitulé Le Cadavre de Bluegate Fields. Mais tout de même, Rutland Place m’a redonné un peu confiance envers Anne Perry et je risque de lire la suite plus tôt que prévu.
Je rattache cette chronique à l’idée n° 162 du Challenge des 170 Idées grâce au tableau Elizabeth Barrett Browning qui figure sur la couverture :
Je rattache cette chronique à l’idée n° 162 du Challenge des 170 Idées grâce au tableau Elizabeth Barrett Browning qui figure sur la couverture :
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Si certains se sentent de mélanger les tomes de la série Charlotte et Thomas Pitt, je conseille quand même vivement de lire Rutland Place en suivant l'ordre chronologique : il y a des allusions aux quatre autres premiers tomes et le néophyte risque de ne pas apprécier ces clins d’œil.
• Les amateurs de polars so british seront ravis d’apprendre que Rutland Place se trouve aujourd'hui à deux pas de l'appartement Florin Court ! Pas d’effusion de joie ? Et si je vous dis que le fameux Florin Court est l'immeuble qui a servi de domicile à Hercule Poirot dans la série de Agatha Christie's Poirot de 1989 avec David Suchet, vous voyez où je veux en venir ?
• Les amateurs de polars so british seront ravis d’apprendre que Rutland Place se trouve aujourd'hui à deux pas de l'appartement Florin Court ! Pas d’effusion de joie ? Et si je vous dis que le fameux Florin Court est l'immeuble qui a servi de domicile à Hercule Poirot dans la série de Agatha Christie's Poirot de 1989 avec David Suchet, vous voyez où je veux en venir ?
• Les chroniques des tomes précédents,
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