lundi 13 mai 2013

Le Dernier Souffle, Le Don, de Fiona McIntosh,

Wyl Thirsk n'est encore qu'un adolescent lorsqu'il doit assumer le rôle auquel on le destinait depuis sa naissance : commandant en chef des armées de Morgravia. Une responsabilité qui le conduit à la cour du prince Celimus, un despote sadique. Là, un geste de bonté envers une sorcière condamnée au bûcher vaudra à Wyl un don miraculeux, ainsi que la colère de son seigneur et maître.
Wyl est envoyé au Nord où la guerre menace, pour une mission suicidaire à la cour ennemie... avec pour seule arme un mystérieux pouvoir dont il ne soupçonne pas même l'existence. Or, s'il n'embrasse pas le Dernier Souffle, il signera sa perte... et celle du pays qu'il a juré de défendre.
Quatrième de couverture par Milady.
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Fiona McIntosh n’est pas un nom inconnu pour ceux qui arpentent régulièrement les étagères de fantasy de Sauramps ou de la Fnac. À force d’être agressée par les imposantes tranches de ses ouvrages, j’ai fini par m’intéresser à cette auteure australienne (non, c’est un leurre en fait : elle est en vérité anglaise pour ceux qui veulent plus d’informations). À la base, j’étais intéressée par la trilogie Valisar à cause de ses titres un peu plus violents et ses couvertures plus sombres, mais le format poche du Dernier Souffle m’a convaincu au dernier moment et je me suis donc lancée dans le premier tome de la première trilogie signée Fiona McIntosh.

Et…
Ça a fait -flop-. Genre, littéralement. J’ai pourtant été enchantée par les premiers chapitres ! Je ne cache pas que le charisme du Roi Magnus a pas mal joué sur cet enthousiasme, surtout avec son pote Fergys Thirsk bien qu’il ne fait pas long feu. Les premières intrigues, rivalité enfantine qui grandit avec ses opposants pour empirer, position de la sorcellerie selon les peuples, relations très tranchées… Font que Le Don ne manque pas de vitalité et de diversité. J’ai lu les 200 premières pages à une vitesse assez folle tant Fiona McIntosh ne nous laisse pas le temps de souffler. Bref, tout s’accumule, on ne sait pas trop où elle nous entraîne mais on a hâte de découvrir tout le plan qu’elle a concocté. Là-dessus, c’est une qualité dont ce premier tome peut se vanter : le rythme est fluide et ne souffre d’aucune longueur. Ou presque.

La carte au début du roman qui vous sera certainement utile.


Car si l’enchaînement des événements est un point fort, c’est en fait le seul et en plus, gâté par les reproches que j’ai contre ce roman. Disons que si Fiona McIntosh est célèbre dans le milieu de la Fantasy, c’est qu’elle écrit bel et bien de la Fantasy, on ne peut pas s’y tromper. Mais elle est bien loin de révolutionner le genre malheureusement, et ce, malgré l’idée qu’elle a trouvé au départ. Sans trop spoiler, elle joue avec les réincarnations pour faire de cette capacité un don… Ou une malédiction qui peut promettre un périple très intéressant. Si l’idée est bonne, voire excellente, Fiona McIntosh use un peu de la même recette durant tout le long du premier tome : héros qui arrive à impressionner les bons Rois et s’en fait des potes, un petit gamin avec son chien qui a des visions à répétition mais dont la place est bien incertaine, voire pas super utile dans le récit, des vierges amoureuses qui désirent prendre aussi l’épée pour se battre… Bref, au bout de quelques centaines de pages, l’auteure n’arrive plus à surprendre tant son récit se montre linéaire et plat. Habituellement, quand je trouve une histoire trop lisse, j’essaye de me raccrocher aux personnages. Déjà, même dilemme que dans le Pas de Merlin : j’ai préféré l’un des méchants au héros de l’histoire. Mais avant qu’on me traite de lectrice superficielle, parce que je vous vois venir : NON, Cailech n’a PAS de barbe et Wyl est roux avec des tâches de sons, ce qui pourrait m’attendrir ! (Comme quoi, le charme n’exerce pas toujours, mon petit cœur s’est endurci…) Avouez, vous avez suspecté un barbu dans l'histoire encore. Mais plus sérieusement, j’ai été déçue par les personnages tant on tombe dans la caricature. Les gentils sont de purs gentils et les méchants sont de purs méchants : on a rien à tirer du terrible Celimus à part sa perversité et sa fourberie, on a rien à tirer du vaillant Wyl à part son courage et sa tendresse, on a rien à tirer de la fière Valentyna à part sa beauté et sa force… Et je pourrais dresser ce genre portrait pour tous les personnages. Seul Cailech sort du lot grâce à son caractère indulgent qui souffre pourtant de quelques penchants pour la violence, faisant de lui un personnage paradoxal. Voire, trop paradoxale puisque j’ai trouvé quelques contradictions et des scènes légèrement exagérées…

Fiona McIntosh

Quant à l’écriture, il n’y a rien de renversant ou de spectaculaire, puisant souvent dans le classique. Je parle par exemple des fameuses scènes romantiques à souhait qui nous assomment à la fin de notre lecture où le lecteur nage dans le cliché le plus merveilleux. Les scènes assez trash donnaient l’impression d’être là pour faire sensation et contrebalancer avec le côté limite jeunesse, enfantin de la plume. D’un autre côté, le style assez basique permet au récit de filer correctement, sans trop de lourdeur.

Mais l’éternelle question quand on touche à une saga, série ou trilogie, c’est vais-je continuer ? Franchement, là, de suite, malgré le bon élément de fin qui pourrait me pousser à découvrir le fin mot du périple de Wyl Thirsk, je n’ai absolument aucune envie de terminer Le Dernier Souffle. Quant à Fiona McIntosh, je reste quand même sur ma position de vouloir lire au moins le premier tome de la trilogie de Vasilar, L’Exil.

La Vallée de Clare, dans le Sud de l'Australie.
C'est sûr qu'il y a de quoi être inspirée par un tel paysage !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• L’idée des réincarnations remixée est venue à Fiona McIntohs lors d’une discussion avec une amie du nom de Di qui lui a relaté une expérience avec une diseuse de bonne aventure.
• Robin Hobb a marqué le quatrième de couverture par son avis « Typiquement le genre de lecture qui vous fait dire : "Allez, encore un chapitre…". Un livre à ne pas commencer le soir, surtout si vous devez vous lever tôt le lendemain matin ! ». Mais elle a également soutenu le récit durant sa rédaction.
• Le résumé de Milady a été bien mal torché puisque Wyl n'est pas envoyé au Nord (c'est quelqu'un d'autre qui y va) mais à l'Est, vers Briavel. Je ne veux pas spoiler, mais que des lecteurs ne soient pas perdus durant le récit.
• La trilogie Le Dernier Souffle se compose des tomes suivants : Le Don, Le Sang et L’Âme. Dans les titres originaux, The Quickening se compose de Myrren's Gift, Blood and Memory et Bridge of Souls.


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