Le mercenaire Sidoine de Valzan est chargé d’escorter la prophétesse Jehanne.
La jeune femme prétend pouvoir remettre le Dauphin sur le trône et rétablir la paix dans le royaume.
Mais à son arrivée, Sidoine découvre qu’elle a été assassinée par des démons.
Il lui faut absolument trouver une femme pour sauver le royaume, mais qui ? Il ne connaît personne en ces terres étrangères.
Personne, hormis la prostituée avec laquelle il a passé la nuit précédente : Oriane.
Oriane… Jehanne… qui verra la différence ?
Quatrième de couverture par Asgard Editions.
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« Avec moi ! Boutons les Azuléens hors de la Falatie ! »
P. 233
Vivement conseillé par Sia (ou plutôt, intriguée par le nombre d’éloges qu’on peut trouver sur sa chronique), je me suis mise à chercher La Pucelle et le Démon, mais sans gros résultats… Et c’est finalement tout à fait par hasard à Virgin en Mars, où je m’étais pourtant jurée de ne rien acheter, que je trouve ce fameux roman de Bénédicte Taffin ! Forcément, La Pucelle et le Démon n’est pas resté très longtemps sur mes étagères…
Déjà, bien qu’il ne s’agit pas d’un coup de cœur renversant, je dois dire qu’il s’agit d’une très bonne surprise pour un livre d’une auteure encore à ses débuts, surtout si on pense au défi que représente le mixage entre Historique et Fantasy. Bénédicte Tafin assure cependant ses arrières en s’inspirant uniquement de l’histoire de Jeanne d’Arc : ce ne sont plus les Français qui sont en guerre contre les Anglais, mais les Falatiens contre les Azuléens. De plus, les historiens les plus fanatiques, mis en garde, se reposeront sur le dossier qui clos La Pucelle et le Démon et qui relate les grandes lignes de la vie de notre fameuse Pucelle avec des ouvrages et des liens très intéressants.
Sans vouloir lancer un petit débat historique, la légende de Jehanne d’Arc, vieille de bientôt six siècles, a été racontée et refaçonnée à la manière du téléphone arabe au fil des époques et les documents, même de date exacte, racontent bien ce qu’ils veulent. Je pense honnêtement qu’aujourd’hui, une fois passée la limite des preuves exactes trouvées durant la vie de la Pucelle d’Orléans et son procès, on tombe forcément dans la spéculation et l’avis subjectif. Après tout, le thème des voix entendues est, encore en 2013, un sujet sensible et qui souffre de nombreux débats. Bref, ce petit pavé qui fera peut-être pleurer certains de mes lecteurs est là pour mettre l’accent sur une chose : peu importe les écarts et les libertés, j’ai gardé en tête que Bénédicte Taffin est surtout là pour écrire de la fantasy inspirée et non se faire passer pour une négationniste. Et je dois reconnaître que, ironiquement, j’ai appris quelques anecdotes sur la légende de Jeanne d’Arc.
Outre ce sujet original, qu’en est-il du roman en lui-même ?
Le gros reproche que je pourrais faire se trouve dans les longueurs du récit, je pense par exemple au nombre de fois qu’Arkashaar perturbe Sidoine avec du porno made in Hell. Avec du recul, c’était assez amusant, mais durant ma lecture, cette blague trop de fois répétée m’avait presque lassé. Cela dit, cela n’empêche pas que j’ai adoré Arkashaar et Sidoine. Et si je n’en tiens pas rigueur à l’auteur, c’est notamment parce qu’on balance de la plaisanterie au drame au fil du récit : ces disputes de possédé au début hilarantes prennent une autre ampleur et l’évolution est donc intéressante, surtout si comme moi, on aime les événements relativement sombres. Et même si le style n’est pas extraordinaire, Bénédicte Taffin se rattrape aisément avec des passages surprenants et des descriptions efficaces et sans lourdeur. Sans compter que le roman démarre très bien et très fort, captivant dès les premières pages en présentant des débuts de fils conducteurs divers et prometteurs.
Et pour rester collet monté cinq minutes, un détail d'un tableau que j'aime beaucoup :
Jehanne d'Arc and the Archangel Michael, par Eugene Thirion (1879)
Concernant les personnages, même si on reste dans le domaine classique, je me suis quand même attachée à Sidoine, Arkashaar, Oriane, Cyrielle et même, l’étrange Riez. Sans oublier les liens qui les relient qui se modifient au fil du récit, changeant consciemment ou non.
L’auteure installe également une esquisse de monde totalement imaginé avec différentes sortes de démons, des villes inspirées, des tactiques (je suis restée sur le coup de la flèche qui transporte un démon d’ailleurs qui est franchement pas mal)… Bref, on est loin des univers travaillés jusqu’à la moindre constellation de George R. R. Martin ou de Tolkien, mais Bénédicte Taffin nous sert juste ce qu’il faut pour rendre le tout agréable et suffisamment inventif. Toutefois, mon gros regret est que Taffin termine son aventure bien trop tôt et bien trop rapidement à mon goût. En fait, j’ai été frustrée de fermer le livre avec des questions encore présentes et mon appétit du détails loin d’être rassasié et je n’aurai pas râlé contre une petite centaine de pages de plus !
La Pucelle et le Démon, sans être un chef d’œuvre capable de détrôner les monstres habituels de la Fantasy, est toutefois une excellente surprise et restera dans ma mémoire pour son originalité et son audace d’avoir touché, avec humour et imagination, la légende de Jehanne d’Arc.
De très bonnes continuations à Bénédicte Taffin qui est une auteure à suivre désormais~
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Bénédicte Taffin tient un blog ici-même où elle se montre très proche du public, et rien que ça, c’est un détail que j’aime. Mais il y a aussi un autre détail… Elle y avoue être une rôliste ! Qui a dit que geek et littéraire n’avaient rien à faire ensemble ? (La preuve, j’en suis un joli mixte… enfin, je suppose...)
• Bien que La Pucelle et le Démon est un récit fantastique et hors-temps, tout juste inspiré par l’époque, j’ai tagué l’article des dates qui marquent la fin de la Guerre de Cent Ans. C’est uniquement au cas où certains lecteurs, avides de cette période et de la légendaire Jehanne D’Arc, seraient susceptibles d’être intéressés par le récit de Bénédicte Taffin.
J'ai aimé moi aussi ce défi pour mêler fantasy et Histoire ; un exercice relevé haut la main ! J'ai bien aimé le combo Sidoine & Arkashaar bien que j'aimerai en apprendre davantage sur ce dernier :)
RépondreSupprimerJe ne connais pas ce tableau et le détail est vraiment intriguant.
Je suis une grande fan de la fantasy s'inspirant d'éléments historiques (peut-être des restes de mes premiers amours Arthuriens), raison pour laquelle je te tanne à lire du Guy Gavriel Kay un jour :P
RépondreSupprimerLa Pucelle et le Démon m'intrigue bien, je crois que je vais me laisser séduire sans remords par cette lecture, surtout que comme tu dis, Jeanne d'Arc subit tellement de misères de la part d'historiens (merci Michelet >_>), qu'on est vraiment plus à ça près, alors autant prendre son pied. Allez, merci pour la découverte, mon porte-feuille maudit ton nom