Londres, 1377. Alors que la couronne d’Angleterre tombe aux mains d’un enfant, le futur Richard II, une terrible lutte de pouvoirs déchire le pays… Après l’assassinat ignoble d’un grand négociant de la capitale, le coroner Sir John Cranston et son assistant éclairé, frère Athelstan, sont chargés de rétablir la justice. Leur mission va les mener des taudis de Whitefriers aux ors et aux fastes de la Cour…
Quatrième de couverture par 10/18
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« - Alors, pourquoi passez-vous tellement de temps là-haut , mon père ? Sur la tour de l’église, la nuit ? Nous voyons votre lanterne allumée.
Le dominicain hocha la tête.
- Je ne sais pas, avoua-t-il. Mais par une claire nuit d’été, quand vous contemplez le velours noir du ciel et observez les mouvements des planètes et la lueur tremblotante de l’étoile du soir, vous vous perdez dans l’immensité.
Il lui lança un regard perçant.
- A part franchir les portes de la mort, c’est la meilleure façon qu’a l’homme de se rapprocher de l’éternité. Quand je suis en haut, je cesse d’être Athelstan, prêtre et frère prêcheur, je ne suis plus qu’un homme , délivré de tout soucis.
Benedicta baissa les yeux, caressant doucement du bout des doigts la pierre friable de la marche.
- C’est-ce que je ferai cette nuit, chuchota-t-elle. Je contemplerai le ciel et saurai ce qu’est mourir sans mourir. »
P. 27
Mon engouement pour les moines ne s’est toujours pas atténué et je me suis donc intéressée au Frère Athelstan et ses enquêtes. De plus, les éditions 10/18 rééditant les couvertures (à ce jour, les deux premiers et huitième (le plus récent) tomes sont tout neufs, tout beaux), il n’a pas été compliqué alors de les trouver dans les librairies. Le tome 1 dans la bibliothèque, le tome 2 juste à côté, je n’avais aucune raison de repousser ma lecture et je me suis donc lancée dans l’énigme.
L'ancienne édition à gauche, la nouvelle à droite.
J'aimerais dire que je préfère la seconde mais elle n'a pas plus de rapport avec l'histoire que la première, alors bon.
J'aimerais dire que je préfère la seconde mais elle n'a pas plus de rapport avec l'histoire que la première, alors bon.
Déjà, une chose m’a frappée dans La Galerie du Rossignol : le style. Très poétique, très illustrée, Paul Doherty offre une plume agréable et la traduction est efficace. Je râle juste contre les nombreuses répétitions, je pense à tous les « regards perçants » qu’on rencontre une dizaine de fois par chapitre (parfois même, on se demande la raison du regard perçant. Fusiller du regarde quelqu’un qui ne vous a rien fait, c’est malpolie, vous savez ?) ou encore aux redondances sur le comportement de Sir John Cranston. C’est simple : le mec pète et rote autant qu’il respire ou mange, c’est un trait de caractère comme un autre (si, si, on connaît tous des potes comme ça) mais il ne fallait pas que Doherty se sente obligé de le répéter toutes les cinq pages. Cranston n’est pas un type détestable, au contraire et il faut appuyer sur ce détail pour représenter sa lourdeur mais… Ça devient carrément lassant pour le lecteur, c’en devient pathétique même. Comme je disais : Cranston n’est pas un personnage méchant, il donne juste l’impression de tourner en rond.
Quant à Athelstan, j’ai apprécié le personnage. Simplement apprécié. Il fait un bon et jeune moine avec ses faiblesses, son humanité, sa curiosité mais je l’ai trouvé malheureusement trop classique pour être vraiment attachant. Sa relation toutefois avec Cranston est intéressante : loin de l’osmose de Holmes et Watson, d’Hercule Poirot et Arthur Hastings ou de ma main et ma tasse de thé, frère Athelstan et Sir John Cranston ont beaucoup de mal à s’entendre, fondant leur amitié sur la résignation au départ, partageant plus les piques que les compliments. Un duo donc original et décalé qui promet un avancement complexe.
D’ailleurs, je me plains souvent du côté creux de la plupart des personnages dans les policiers historiques, ici, Paul Doherty travaille sur le passé de ses sujets et cela se voit puisque tous ont une histoire, des secrets et des traits de caractère bien définis. Quelque chose d’agréable qui se maintiendra dans les prochains tomes j’espère.
Concernant l’enquête, elle est très sympa, la conclusion est satisfaisante même si au final, je m’attendais à ce que la galerie du rossignol joue un plus grand rôle. Indice piège de la part de l’auteur, peut-être ? L’avancement est réaliste, bien dosé bien qu’un peu confus à certains moments mais dans l’ensemble, j’ai bien aimé.
Ce qui me dérange énormément en revanche, c’est que les méthodes des deux enquêteurs ne sont tout simplement pas réalistes pour le XIVème siècle. Un terme comme « rigidité cadavérique » n’existait pas, ou n’avait pas la même importance qu’aujourd’hui j’ai envie de dire. C’est ma crainte habituelle dans les policiers historiques : les anachronismes et les avancements trop modernes pour l’époque abordée, et Paul Doherty est tombé dedans. C’est le principal point qui m’a beaucoup déçu et a pas mal coupé mon entrain.
En conclusion, La Galerie du Rossignol est un premier tome sympa mais qui est loin d’être excellent, le style est plaisant mais n’installe pas l’époque correctement à cause de termes trop modernes, trop communs. Que l’histoire se passe en 1377 ou en 1977, les détails ne seraient pas nombreux à modifier.
J’ai cependant le tome 2 et je me lancerai pour voir si Paul Doherty réserve une enquête d’une qualité similaire avec moins de défauts cités plus haut.
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Les enquêtes de frère Athelstan ont été récemment rééditées toujours chez l’éditeur 10/18, par contre, dans l’ancienne édition, l’auteur utilisait le pseudo Paul Harding. Désormais, il utilise son vrai nom Paul Doherty. Donc si vous voyez deux noms d’auteur différent, c’est normal, ça reste la même histoire.
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