mercredi 24 juin 2015

Les Enchantements d'Ambremer, de Pierre Pevel,

Les messieurs ont des fières moustaches, des chapeaux melons ; les dames portent des corsets, des jupons, des bottines à boutons. Déjà, de rutilants tacots pétaradent parmi les fiacres le long des Grands Boulevards aux immeubles haussmanniens. Mais ce n’est pas le Paris de la Belle Époque tel que nous l’entendons : la tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes ont investi la Seine, les farfadets, le bois de Vincennes, des chats-ailés discutent philosophie et une ligne de métro permet de rejoindre le pays des fées.
Occupé à enquêter sur un trafic d’objets enchantés, Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, se retrouve mêlé à une série de meurtres. Confronté à des gargouilles immortelles et à un puissant sorcier, Griffont n’a d’autre choix que de s’associer à Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien…
Quatrième de couverture par Bragelonne.
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« Que se serait-il passé si l’OutreMonde [le monde des fées], à la faveur d’une conjonction astrale propice, ou d’un caprice du destin, avait librement étendu son influence sur Terre pour l’imprégner de merveilles que le temps écoulé nous aurait bientôt rendues familières ? Avec votre permission, admettons qu’il en fût ainsi et transportons-nous au début du XXème siècle, en France. » 
P. 6

Et j’ai accordé ma permission à Pierre Pevel sans le moindre regret.
Déjà, restons honnêtes : si je me suis jetée sur le Paris des Merveilles, c’est que j’ai eu un vrai coup de cœur pour le travail de Xavier Collette, l’auteur des nouvelles couvertures pour Bragelonne. D’ailleurs, je ricanais sous cape car, dans les transports en commun, plus d’une paire d’yeux s’est accrochée à la couverture des Enchantements d’Ambremer.
Bon, ensuite, parce qu’on ne juge pas un livre à sa couverture, j’ai cédé au profil de la baronne de Saint-Gil parce que je connaissais déjà l’auteur Pierre Pevel avec sa trilogie de Wielstadt et le thème de la Belle-Époque a achevé de m’attirer dans le filet. Un Paris de 1909 qui accueille les fées et autres merveilles, le sujet me tentait et ce premier tome est réellement une aventure qui enchante et fait rêver.
Déjà, comme pour la trilogie de Wielstadt, j’ai apprécié le fait que Pevel sorte des créatures plus discrètes dans la Fantasy : les fées sont à l’honneur mais également les dragons, les gnomes et d’autres surprises qu’on croise trop peu dans les autres œuvres du genre. Les surprises ne s’arrêtent pas là, car Paris est totalement réinventé et s’offre sous une toute nouvelle image avec des allures qui mêle le féerique et le steampunk. Et pourtant, on reconnaît bien la capitale française et j’avais envie de revenir me promener dans les quartiers cités !
On reconnaît également l’époque car Pevel sème de nombreux clins d’œil et le lecteur croise donc le cinéaste George Méliès, les techniques policière d’Alphonse Bertillon, les œuvres du regretté Jules Verne et d’autres encore. On baigne presque dans le roman historique !

Ce qui aide, dans cet habile mélange, c’est que le lecteur est moins perdu que lorsqu’il débarque en Terre du Milieu ou à Westeros : les informations guident pas à pas et on se familiarise très vite avec l’Histoire, les cercles des mages et les trois mondes croisés durant l’aventure en gardant un cadre pourtant familier.

« À l’époque déjà, les esprits sages niaient l’existence de l’OutreMonde et de ses prodiges. Et les mêmes, aujourd’hui, continuent doctement à vouloir peindre nos rêves en gris… »
P. 5

Je suis contente d’avoir retrouvé la plume de Pevel, inspiré et fluide, bien que j’ai eu quelques difficultés avec la narration : j’ai toujours eu du mal avec les styles où l’auteur a un contact direct avec le lecteur. Mais le fait d’avoir déjà lu Pevel fait que j’aie mieux digéré cette particularité, sans compter que le ton pourrait s’accorder avec celui d’un chat-ailé (oui, en imaginant que l’histoire est racontée par Azincourt, le chat-ailé de Griffont par exemple).
Je partage un extrait pour illustrer ce que je sous-entends et qui ne plaît pas forcément à tout le monde concernant la référence au Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux : « [La loge] que l’on ne réservait plus à personne depuis les événements dont Gaston Leroux fit le récit dans Le Fantôme de l’Opéra, génial roman que le lecteur est invité à découvrir, si nécessaire, dès qu’il aura achevé celui-ci. » P. 64, personnellement, ayant lu et adoré Le Fantôme de l’Opéra, la référence a étalé un gros sourire sur ma figure, mais chacun peut avoir sa réaction...
Ce ton ajoute donc un élément à la lecture et installe davantage le lecteur non pas dans un livre mais dans un salon parisien où on se tient correctement dans son fauteuil.
Il ajoute aussi une pointe d’originalité puisque ce roman n’est pas qu’une réécriture de Paris : une enquête occupe la majorité de la trame et entraînera son public dans des complots de la Haute, se mariant donc parfaitement à ce ton gentiment pédant et complice (donc je confirme : comme une anecdote partagée avec Azincourt, il ne reste qu’à imaginer l’accent anglais).

Finalement, j’ai quand même été captivée et j’ai dévoré cette énigme originale et logique (oui, car bon, c’est Fantasy mais l’auteur ne commet par l’affront de tricher). Certaines questions restent en suspens et me donnent envie de poursuivre avec L’Élixir d’Oubli, sans compter que je serai ravie de retrouver ces personnages qui ne manquent pas de charme et qui sont encore bien mystérieux.

Et pour finir, une illustration de Grégos, 
trois autres vous attendent à ce lien et qui vous rappelleront des moments de lecture.

Je peux raccrocher cette chronique à l’idée n°51 du Challenge des 170 Idées grâce à la couverture et au titre, car Paris est ma ville natale et quand je m’y rends, je me sens toujours comme chez moi dès que j’aperçois la Tour Eiffel depuis le métro.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Une petite nouvelle bonus intitulée Magicis in Mobile vient conclure ce premier tome.

8 commentaires:

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    1. J’espère que ce sera une bonne surprise pour toi aussi ;)

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  2. Il y a plusieurs années,bien avant que je blog j'avais lu et adoré ce livre =)
    J'ai tellement envie de le relire, mais surtout de me procurer les nouvelles éditions <3

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    1. Comme je comprends ! Les anciennes couvertures, navrée pour les auteurs, n’ont pas du tout le même charme, Collette a roxxé du poney à fond, là ! Et elle reflète très bien le roman qu'elle illustre.

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  3. Ah je suis fan du travail de Xavier Collette, donc j'ai été enchantée de ces couvertures. J'aime beaucoup cette proximité des deux mondes et le côté pluriculturel ;) Griffont et Saint-Gil sont deux sacrés personnages. Je viens tout juste de terminer le dernier tome de mon côté.

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    1. Héhé, je suis devenue fan depuis que je suis tombée sur ses couvertures, je ne le connaissais pas du tout :D
      J’espère qu’il est aussi bon que ce premier tome, alors ! Même si j’ai encore le second à lire… Mais les trois sont dans ma bibliothèque, je passerai lire ta chronique dès que je les aurai lus~

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  4. Je suis terriblement tentée, la couverture est juste superbe *_*

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    1. Et elle reflète très bien cet univers féerique, j’espère que ce sera une bonne lecture :)

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