« L’Épouvanteur a eu de nombreux apprentis, me dit maman. Mais peu ont achevé leur formation. Et ceux qui y sont parvenus sont loin d’être à la hauteur. Ils sont fragiles, veules ou lâches. Ils se font payer fort cher de bien maigres services. Il ne reste que toi, mon fils. Tu es notre dernier espoir. Il faut que quelqu’un le fasse. Il faut que quelqu’un se dresse contre les forces obscures. Tu es le seul qui en soit capable. »
Thomas Ward, le septième fils d’un septième fils, devient l’apprenti de l’Épouvanteur du comté. Son maître est très exigeant. Thomas doit apprendre à tenir les spectres à distance, à entraver les gobelins, à empêcher les sorcières de nuire… Cependant, il libère involontairement Mère Malkin, la sorcière la plus maléfique qui soit, et l’horreur commence…
Quatrième de couverture par Bayard Jeunesse.
« Jack lui-même n’aimait pas mener les bêtes du côté de la colline, et les chiens refusaient de franchir la lisière du bois. Quant à moi, sensible comme je l’étais à des choses que les autres ne percevaient pas, j’étais incapable de travailler dans les pâtures proches, car je pouvais les entendre. J’entendais les cordes grincer au vent, et les branches craquer sous le poids des corps. J’entendais les mourants s’étouffer et s’étrangler. »
P. 24
Vous vous souvenez quand Barbe Bleue donne la clé à sa nouvelle femme en lui faisant jurer de ne jamais l’utiliser ? Quand Peau d’âne réclame à son père incestueux des robes de plus en plus chères pour repousser ses avances ? Toutes ces contraintes dans les contes de fées, toutes ces situations de dilemme, vous les retrouverez en vous plongeant dans ce premier tome de la saga de L’Épouvanteur.
L’histoire de Joseph Delaney sent bon le récit fantastique et s’adresse aussi bien aux jeunes lecteurs qu’aux plus vieux, il est même possible que sa plume vous entraîne quelques années en arrière. Pour dire : je me suis gavée de bonbons en lisant L’Apprenti Épouvanteur comme une petite fille durant le soir d’Halloween pendant qu’elle se régale avec des Chair de Poule.
Fantômes, sorcières, gobelins, l’univers de Delaney se dévoile encore timidement dans ce premier volume mais on apprend aux côtés de Thomas J. Ward, ce jeune héros à qui il est facile de s’identifier et on boit les enseignements de l’Épouvanteur. On découvre donc en douceur mais j’ai quand même été charmée dès le début : l’ambiance tient plus de la terreur que du féerique, mettant en scène beaucoup de passages sombres.
Mais un petit mot concernant ces mises en garde : j’avais à la base acheté ce roman pour le petit frère âgé de 12 ans et je me suis méchamment pris le bec avec la libraire qui tentait de me détourner de L’Épouvanteur… Sous prétexte que faire lire des romans trop adultes aux enfants les empêche de s’intéresser par la suite à des livres de leur âge…
Va falloir m’expliquer ce que Germinal foutait dans les rayons Jeunesse, alors...
Par chance, j’avais croisé un garçon de huit ans qui m’a dit, je m’en souviens, « prenez-le pour votre frère, j’en suis au tome cinq et j’adore depuis le début ! », alors certes, la libraire pouvait se targuer d’avoir suivi une formation, j’ai choisi de me référer à l’avis du petit garçon, pour ma part.
Je voulais donc le lire et construire mon propre avis.
Et effectivement : L’Apprenti Épouvanteur réserve une bonne dose d’angoisse avec des rebondissements qui tiennent en haleine, mais rien de violent, rien de trop glauque non plus, l’auteur préservant son jeune public auprès de lui avec une dose de morale et d’astuces pour se défendre.
On est loin du Dark Fantasy sanglant ou du Stephen King qui est responsable de nuits blanches…
Certains le savent, je ne suis pas une passionnée du genre jeunesse, et pourtant, si la plume est simple, elle est claire et travaillée, faisant avancer aisément le lecteur sans l’expédier trop vite. En somme, un bon équilibre entre un style léger et un talent de conteur pour captiver même les lecteurs âgés.
De plus, si l’histoire est loin d’être niant-niant (en tout cas pour l’instant), les personnages s’écartent aussi des clichés insupportables des récits pour enfants. Tom Ward est un héros classique mais agréable avec une mère particulièrement intrigante et intéressante (pour tout dire, c’est surtout sur elle que j’ai hâte d’en savoir plus), un vieil Épouvanteur plein de surprises, je ne m’attendais à un personnage aussi travaillé et une petite fille aux souliers pointus qui risque d’ajouter du piment par la suite.
J’ai aimé aussi les créatures et les différentes sorcières que l’on croise déjà, formant un éventail de personnages pleins d’attraits.
Je suis très encouragée à lire la suite car la magie a bel et bien opéré sur moi, séduite par cette ambiance halloweenesque, à la fois bon-enfant et sinistre.
Je sais d’avance que je vais garder deux ou trois tomes sous le coude pour les dévorer au prochain 31 Octobre.
Alice kick, par Svanhilde, un passage dont on se souviendra tous~
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il est possible de lire une petite nouvelle et le premier chapitre ici. Au passage, la nouvelle n’est disponible qu’avec la nouvelle édition, celle qui a pour couverture l’affiche du film…
• … Personnellement, je ne sais pas ce que vaut le film. Mais selon les rumeurs, c’est une histoire très librement inspirée. Donc bon, enfin. J’ai préfère la première édition, de toute façon.
Je viens de relire ce premier tome :) J'ai lu les trois premiers il y a de ça quelques années et je me suis dit que j'allais retourner aux côté de Tom et poursuivre. C'était une chouette relecture et je ne me souvenais pas que l'auteur avait déjà jeté beaucoup de "bases". Je n'ai pas vu non plus l'adaptation, mais j'ai eu les mêmes échos (et surtout Joseph Delaney n'a pas eu son mot à dire)
RépondreSupprimerOhoh, des "bases" ? Quand j'avancerai un peu plus, je me laisserai peut-être tentée par une relecture du premier tome alors !
Supprimer(C'est comme revoir le Sixième Sens et connaître déjà la fin : on se sent tout-puissant. *sort*)