jeudi 13 août 2015

Sans Forme, de Gail Carriger,

Un jour qu’elle se réveille de sa sieste, s’attendant à trouver son époux gentiment endormi à ses côtés comme tout loup-garou qui se respecte, elle le découvre hurlant à s’en faire exploser les poumons. Puis il disparaît sans explication... laissant Alexia seule aux prises avec un régiment de soldats non humains, une pléthore de fantômes exorcisés, et une reine Victoria qui n’est point amusée du tout.
Mais Alexia est toujours armée de sa fidèle ombrelle et des dernières tendances de la mode, sans oublier un arsenal de civilités cinglantes. Et même quand ses investigations pour retrouver son incontrôlable mari la conduisent en Écosse, le repère des gilets les plus laids du monde, elle est prête !
Quatrième de couverture par Orbit.
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«  « — Oh, lady Maccon, je suis follement amoureux d’elle. Ces cheveux noirs, ce naturel si doux, ces extraordinaires chapeaux. »
Bon Dieu, se dit Alexia, il doit être réellement amoureux s’il aime les chapeaux. »
P. 160

Autant j’avais adoré le premier tome malgré quelques petits défauts pardonnés, autant cette suite me laisse vraiment sur mon faux-cul ! J’avais traîné à acheter les tomes deux et trois en restant fidèle aux éditions Orbit mais finalement, je pouvais encore laisser couler car Sans Forme est une grosse déception.

Déjà, il y a un gros défaut de rythme au début du tome : l’histoire a du mal à décoller et j’ai trouvé ces cent premières pages assez indigestes tant je m’ennuyais, trouvant qu’ il avait trop de blabla pour peu d’informations au final… Là où j’ai commencé à accrocher c’est à partir du quatrième chapitre, et même mieux, quand Alexia Tarabotti, devenue Lady Alexia Woosley, décolle en dirigeable (sans mauvais jeu de mots). Je sentais que ça commençait à venir et toute cette partie dans les airs était très sympa, très steampunk.
Mais enfin, Gail Carriger n’a pas su maintenir les mystères de ce tome-ci : alors qu’elle réserve toutes les révélations pour la fin pour faire perdurer les questions, je les avais toutes devinées à partir de ce passage en dirigeable… Forcément, s’enfiler les 200 pages suivantes pour n’avoir aucune surprise au bout, l’ennui était à son comble.
D’ailleurs, concernant la fin, j’en avais entendu beaucoup bien mais elle n’a pas été efficace sur moi. [spoiler] J’ai l’impression de trouver les solutions avant de les lire d’ailleurs mais le fait qu’Alexia soit enceinte ne m’a pas choquée : puisque Lord Maccon était humain pendant presque tout le livre (et qu’il devient même humain dès que sa femme le touche), n’est-ce pas logique qu’à force de galipettes passionnées sa femme tombe enceinte ?… Enfin, pour moi, ça me semble logique. [/spoiler] Je verrai bien la réponse dans Sans Honte mais je ne comprenais pas tout ce remue-ménage chez des personnages pourtant doués de logique et je trouvais même cette scène horripilante car exagérée.
Vivement qu’Alexia retrouve son sang-froid et ses facultés mentales, parce que là...


Concernant l’exagération, j’avais déjà reproché un peu au style de Carriger d’être assez pesant car la parodie du style guindé victorien est poussé à son paroxysme : je le prends à l’humour la plupart du temps mais il faut reconnaître qu’à certains coins de pages, je me suis demandée si ce n’était pas un peu lourd…
Surtout que cette exagération humoristique ne touche pas que la plume mais aussi les personnages. Entre Ivy Hisselpenny et son comportement de petite fille, Félicité Loontwill et son rôle de prédatrice célibataire et autres clichés de la société du XIXème siècle, j’avoue que j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. Par chance, Lord Akeldama, que j’adore, est au mieux de sa forme et (lui au moins) arrive à me faire rire, sans oublier Geneviève Lefoux a été suffisamment intéressante pour me captiver un minimum [spoiler] c’est le couple qu’elle formait avec Angélique (ouais nan, ça, je l’avais deviné aussi depuis le dirigeable) qui m’intriguait mais au lieu de ça, il fallait se coltiner le triangle amoureux de Ivy, Félicité et Tunstell... Pffff… [/spoiler]
En parlant de couple, celui d’Alexia et de son loup-garou n’arrive toujours pas à me convaincre (surtout avec cette fin, tss, tss). Comme pour le premier tome, les passages émouvants sont inexistants entre eux, remplacés par des piques sur un ton de « je t’aime, moi non plus » et des étreintes très charnelles. Mais enfin, en espérant que la conclusion du second tome permette des passages plus sensibles pour le troisième tome…
Je ne demande pas de la mièvrerie, mais enfin, un peu d’effet mignon ne fait pas de mal non plus.

En fait, ce que je retiens de ce tome, ce sont les bonnes idées concernant l’univers qu’installe Gail Carriger, cette originalité de l’existence des sans âmes et l’individu coupable dans ce tome que j’ai trouvé touchant et avec une bonne fin (mieux que celle d’Alexia en tout cas…).
Je vérifierai mes soupçons dans Sans Honte (car je pense sincèrement avoir deviné la raison de ce coup de théâtre final) et je terminerai à lire cette saga puisqu’elle n’est qu’en cinq tomes, mais j’ai peur que cela devienne laborieux…

Grâce à la couverture, je valide avec cette chronique l’idée 110 du Challenge des 170 Idées, je suis d’ailleurs ravie de raccrocher cette idée au Big Ben qu’on aperçoit. Sacrée horloge !

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Un terme est utilisé un peu à tort et à travers dans Sans Forme : "une femme bas-bleu", une étiquette qui colle à Alexia tout le long du récit. En réalité, cette expression était surtout réservée aux femmes de lettres : celles qui organisaient ou participaient à des salons littéraires, qui écrivaient sous un pseudonyme masculin par exemple. George Sand est un bas-bleu, Emily Brontë is a blue stocking. Plus tard, le terme s’est élargi et touchait les femmes qui s’intéressaient aux branches scientifiques, ce qui correspond plus à Alexia mais le terme reste particulièrement péjoratif. C’est comme quand un geek vous appelle noob : il faut très, très mal le prendre. Et quand Lord Maccon l’appelle comme ça à la page 173, on voit tout l’amour qui les unit !
• Apparaissant dès le XVe siècle, le terme laird (page 181) est un titre réservé aux individus qui héritent de possessions terriennes en Écosse. On suppose que les racines étymologiques sont les même que pour le titre de Lord mais sans être aussi prestigieux.
• Ci-contre, Alexia Tarabotti, de Karen Besant.

4 commentaires:

  1. Je n'ai pas eu la surprise non plus : je pense que dans cette série, c'est bien davantage (ou que) la galerie de personnages et leurs interactions qui comptent plus que l'intrigue ;) J'avais cherché l'origine des termes moi aussi :)

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    1. Je pense que je vais me raccrocher à ça aussi pour le coup, mais enfin, je garde Angélique dans mon pitit coeur.
      Mais quand même... Les Maccon ne sont pas sérieux !

      Le soucis, c'est que bas-bleu, je l'avais appris dans un livre du XIXème (Flaubert, je crois... J'ai un doute...), donc j'étais choquée avant xD

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  2. J'ai lu il y a peu Sans âme, le premier, et j'ai passé un bon moment avec ! La suite m'attend déjà et je pourrais constater prochainement si mes impressions collent aux tiennes ;) Je serais d'ores et déjà moins exigeante sur le piment de l'intrigue... Merci :)

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    1. Ça peut aider et amortir, oui !
      Enfin, je suis motivée pour le tome 3 tout de même, mais c'est que je blâme surtout cette conclusion et j'espère que Sans Honte me captivera un peu plus...

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