mercredi 5 octobre 2016

Madeleine Férat, d'Emile Zola,

Ce n’est pas de volonté que manque Madeleine Férat, mais plutôt de principes pour choisir le bon chemin. Fuyant un tuteur abusif, elle se jette dans les bras du premier venu et, surtout, se croit obligée d’y rester !
L’habitude créant une sorte de bonheur, Madeleine se trouve même désespérée quand Jacques la quitte pour s’engager comme chirurgien militaire en Cochinchine. Elle se sent si engagée qu’elle hésite même à épouser Guillaume de Viargue quand celui-ci, après un an de liaison, la demande en mariage. Elle ne s’y décide que lorsqu’elle apprend la mort de Jacques dans un naufrage.
Quatre ans de bonheur se succèdent dans le domaine normand où le jeune couple vit retiré… jusqu’au jour où Jacques, miraculeusement sauvé, réapparaît dans leur vie…
Quatrième de couverture par Archipoche.
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Pour annoncer la couleur de suite : je n’ai pas aimé Madeleine Férat et j’ai détesté Madeleine Férat.
J’ignorais qu’Archipoche l’avait réédité il y a peu mais ce roman quasi-inconnu d’Emile Zola a été enregistré par Pomme le 24 Février 2011 pour le site Littérature Audio : m’intéressant à l’auteur, je me suis lancée dans cette écoute qui m’a pris quatre mois. Une si grande lenteur est une preuve suffisante de mon ennui.

Très accrocheur au début et connaissant déjà un peu le goût de Zola pour les malheurs les plus sombres, j’étais vraiment contente d’écouter la narration convaincante de Pomme. Mais passé les premiers chapitres, Madeleine Férat commence à tourner en rond : à partir du moment où Jacques revient semer le trouble (sans le vouloir) dans la vie de Madeleine et de son mari Guillaume de Viargue, le roman n’avance plus et on erre en même temps que le couple.
Je n’ai jamais compris comment on pouvait s’ennuyer pendant Madame Bovary, mais ce que ces lecteurs ont ressenti à la lecture de Flaubert, c’est sûrement ce que j’ai ressenti pour l’histoire de cette pauvre fille…

Madeleine Férat a de quoi vacciner de l’infidélité. Mais si Emma Bovary semble hystérique, elle avait au moins le "mérite" de ne pas aimer pas son mari Charles et d’être claire : elle est détestable mais intéressante dans sa folie des grandeurs, cette fascination aveugle pour les bourgeois et son envie d’aventures romanesques. Madeleine Férat, quant à elle, est partagée entre deux hommes et encore plus indécise qu’une Bella dans Hésitation, j’en venais à résumer le personnage en une phrase : Madeleine est complètement conne.

Je n’ai pas vraiment compris le but d’Emile Zola dans ce roman : Guillaume de Viargue doit se faire à l’idée qu’il n’est pas le premier homme de Madeleine et même elle semble perturbée par ce fait et, même avec le bonheur à portée de main, la jeune femme accumule les bêtises pour tout gâcher. C’est un très mauvais triangle amoureux où les personnages ont autant d’esprit que ceux d’un YA de bas-étage.
Ironiquement, seul Jacques me fût sympathique : le gars prend la vie comme elle vient sans se prendre la tête à côté de son ancien ami et maîtresse qui ajoutent allègrement du mélodrame dans leur vie au point d’en devenir fou… et de me rendre folle.

Non, vraiment, un roman sur lequel j’aurais pu faire l’impasse même en audio-book : c’est regrettable parce que le style de Zola reste beau et la narration de Pomme était agréable, mais les personnages ont vraiment entaché le roman.
Bref, je vais vite retourner dans les Rougon-Macquart et je vais pardonner à Zola ce que j’appellerai une erreur de jeunesse.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• À la base, Madeleine Férat devait être une pièce de théâtre mais n’a pas été retenue. Bizarrement, je suis persuadée qu’elle aurait été plus digeste sur les planches.
• La fin du résumé d’Archipoche nous apprend que Madeleine Férat a été publiée un an après Thérèse Raquin et était dédiée au peintre Edouard Manet.

4 commentaires:

  1. Suis contente de ne pas l'avoir lu ou écouté du coup.
    Pourtant c'est un des rares que je n'ai pas sous le coude
    Allez, tu vas lire un truc génial ensuite, je le sens bien :)

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    1. Ahahah, je pense qu'il ne faut pas le lire si on est "juste" passionnés, laissons les spécialistes de Zola se briser les dents dessus... xD

      Après, comme je voulais découvrir et faire les Rougon en lecture, je voulais qu'il m'accompagne un bout d'été... Bah je l'ai plutôt traînée, cette boulet de Madeleine. Heureusement que les familles Rougon et Macquart sont délicieusement détestables, EUX.

      Merci~ ;D

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  2. T'as déjà eu le mérite d'aller jusqu'au bout... Je sais pas si j'aurais eu ce courage !
    Bon, je suis dans les Rougon en ce moment donc pas le temps de lire d'autres Zola mais tu ne m'as en tous cas pas donné envie de faire un détour par celui là :(

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    1. Comme je veux me cantonner les Rougon-Macquart uniquement avec la lecture (sauf si vraiment je ne trouve pas un tome, je passerai par un audio à la rigueur) et aimant beaucoup le style, je voulais vraiment avoir deux Zola pour le début de l'été. Mais celui-là... Au moins, ça a donné une image beaucoup plus positive de la fortune des Rougon ! xD

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