On l’appelle la Ronce de Camorr. Un bretteur invincible, un maître voleur. La moitié de la ville le prend pour le héros des miséreux. L’autre moitié pense qu’il n'est qu’un mythe. Les deux moitiés n’ont pas tort. En effet, de corpulence modeste et sachant à peine manier l’épée, Locke Lamora est, à son grand dam, la fameuse Ronce. Les rumeurs sur ses exploits sont en fait des escroqueries de la pire espèce, et lorsque Locke vole aux riches, les pauvres n’en voient pas le moindre sou. Il garde tous ses gains pour lui et sa bande : les Salauds Gentilshommes. Mais voilà qu’une mystérieuse menace plane sur l’ancienne cité de Camorr. Une guerre clandestine risque de ravager les bas-fonds. Pris dans un jeu meurtrier, Locke et ses amis verront leur ruse et leur loyauté mises à rude épreuve. Rester en vie serait déjà une victoire...
Quatrième de couverture par Bragelonne.
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J’ai mis beaucoup de temps à lire ce premier tome des Salauds Gentilhommes, non pas que je n’accrochais pas (bien au contraire), c’est juste que c’est la première fois que je lis un roman aussi "épais" sur liseuse (en ebook, ça se remarque moins).
Ça ne m’empêche pas d’être ravie d’avoir acheté les trois premiers tomes de cette saga lors de l’OP de Bragelonne de Décembre 2016 (c’est-à-dire des ebooks à 0€99).
« — […] J’ai des gosses qui aiment voler. J’en ai d’autres que ça n’intéresse pas, et d’autre encore qui le tolèrent juste parce qu’ils savent ne rien pouvoir faire d’autre. Mais personne, et je dis bien personne, n’en a autant envie que lui. S’il se faisait ouvrir la gorge et qu’un medekiner essaie de le recoudre, Lamora lui volerait aiguille et fil. Et ça ne le dérangerait pas d’en crever. Il… vole trop. »
P. 16
Le premier point fort qui m’a frappée : le style. Scott lynch arrive à avoir une plume très lyrique et en même temps, un rythme animé et ponctué d’humour. Les dialogues sont vraiment savoureux avec autant de réparti et cette Venise féerique est plein de charme…
Justement à propos de l’inspiration : Les Salauds Gentilhommes font leurs quatre-cents coups à Camorr, lointaine sœur de Venise avec tous ces courants qui viennent diviser la cité. Mais les descriptions ne se concentrent pas que sur les remous où dorment les requins, le lecteur lève souvent le nez vers les tours en verre de Camorr, du verre coloré et omniprésent qui amplifie la lumière. L’ambiance des Mensonges de Locke Lamora est très lumineuse, très colorée, rien à voir avec les personnages roublards.
« — C’est un couteau, ça ? demanda Locke en levant un ustensile à beurre au bout arrondi à l’adresse de Chains. Il y a quelque chose qui cloche, là. On ne peut tuer personne avec cette chose.
— Et bien, ce ne serait pas facile, je te l’accorde, mon garçon. (Chains guida la main de Locke pour lui indiquer l’endroit où le couteau à beurre se mettait, avant de disposer de petites assiettes et des bols.) Mais, quand les gens de qualité se réunissent pour dîner, il est impoli de buter qui que ce soit avec autre chose que du poison. Ça, c’est pour tartiner, pas pour trancher les trachées. »
P. 106
Les personnages sont très intéressants mais pour l’instant, ils restent assez classiques : donnant envie de découvrir leur histoire mais sans pour autant faire rêver dans ce premier tome. C’est surtout les liens qui ont pimenté cette partie du roman. Sans oublier l’ingéniosité des plans de ces voleurs aguerris.
Mais voilà, je n’ai pas été entièrement charmée par Locke, Jean, Calo, Galdo et Moucheron : un peu comme une virée très amusante avec des copains mais pas la sortie avec des amis proches. Ceci dit, je suis prête à repartir pour une autre tournée avec eux ! Et découvrir davantage de cet univers puisque la fin de ce premier tome s’ouvre sur des horizons plus larges.
Et je veux plus de souvenirs avec père Chains. C’est lui, mon favori. Avec Sofia Salvara.
« — […] Ça, ça a de la gueule, au moins. Cinq solons tout ronds. L’or est bon, mais le platine, c’est de la pacotille verrarienne, aussi authentique qu’un œil de verre. Et je chie des diamants plus gros que ça cinq ou six fois par semaine.
— Sept et trois, dit Locke. Je me suis décarcassé pour mettre la main sur cet objet-là.
— Alors, il faut que je paie plus, tout ça parce que ton cul et ta cervelle ont été intervertis à la naissance ? C’est pas mon avis. »
P. 170
Les Mensonges de Locke Lamora n’est pas un tome introductif, et tant mieux : il se passe une foule de choses et on peut considérer qu’une première histoire se clos, bien qu’on se doute que les répercussions seront nombreuses. Scott Lynch met beaucoup de talent dans la composition de ses trames : les rebondissements sont astucieux (j’avais même parfois du mal à croire à certains retournements de situation), les indices intelligents… Vos neurones vont marcher durant la lecture comme pendant une partie d’échecs ou au contraire, vous vous laisserez porter comme dans une tempête.
Même si ce n’est pas un coup de cœur, je ne vois aucun défaut aux Mensonges de Locke Lamora. Maintenant que je suis entrée dans l’univers et que j’ai apprivoisé ces personnages, peut-être qu’un prochain tome fera mouche ? J’ai bon espoir.
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Quand Patrick Rothfuss a publié son premier roman Le Nom du Vent, le succès lui a collé le surnom de "nouveau Scott Lynch". Tout d’abord un peu vexé car privé d’avoir "son propre nom", Rothfuss a finalement lu Les Mensonges de Locke Lamora et se dit finalement honoré de la comparaison ! Vous pouvez lire sa critique ici.
• Les Salauds Gentilhommes est une saga prévue en sept tomes, avec un spin-off publié en 2017.
(attention, il s’agit des versions numériques)
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