samedi 29 avril 2017

Conan le Cimmérien, Le Phénix sur l'Épée et autres nouvelles, de Robert E. Howard,

Robert E. Howard n’imaginait pas un instant que le numéro de décembre 1932 de la revue Weird Tales allait faire entrer son nom dans l’histoire comme créateur de Conan le Cimmérien, barbare de l’Âge Hyborien et inventeur de l’Heroic Fantasy.

Les aventures de Conan sont une épopée haute en couleur, regorgeant d’exploits en tout genre, de personnages plus grands que nature, de décors fabuleux. Mais elles furent réarrangées après la mort d’Howard selon une chronologie arbitraire, réécrites ou modifiées par d’autres auteurs.
Il était temps de rendre son œuvre à son créateur en publiant l’intégrale des nouvelles de Conan dans leurs versions authentiques écrites par Robert E. Howard.

Ce premier volume présente les nouvelles suivantes :
- Le Phénix sur l’Épée
- La Fille du Géant du Gel
- Le Dieu dans le Sarcophage
- La Tour de l’Éléphant
- La Citadelle Écarlate
- La Reine de la Côte Noire
- Le Colosse Noir
Quatrième de couverture par SonoBook.
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Icône de la culture Fantasy, Conan le Barbare est surtout connu depuis qu’il a été immortalisé par les traits d’Arnold Schwarzenegger. On a retenu le film et les illustrations quelque peu machos, malgré tout, c’est un univers littéraire avant tout et il me plaît. J’étais heureuse de trouver l’audiobook des premières nouvelles écrites pas Robert E. Howard !
Et bien que la carrière d’Howard fût courte, bien que j’ai terminé ce premier volume, un second m’attend pour mon plus grand bonheur.

Une carte qui sera utile.

Le Phénix sur l’Épée (The Phoenix on the Sword),
Avec Le Phénix sur L’Épée, on entre dans le vif du sujet ! Un complot vise à renverser Conan, roi fraîchement couronné après avoir chassé du trône le tyran précédant et libérant tout un peuple. Mais enfin, ce n’est pas parce qu’on vit dans son palais qu’on a oublié d’être un barbare : Conan est reconnaissable avec son désir de se battre, sa franchise presque naïve et sa simplicité brutale. Conan, quand il n’aime pas, il frappe. Et j’aime cette philosophie de vie.
Mais que les lecteurs plus portés sur la réflexion ne fuient pas ! Cette première nouvelle n’est pas un enchaînement de bastons : le complot est ficelé. Mais ce qui l’est encore plus, c’est l’ambiance. Il se dégage quelque chose de cette nouvelle où on imagine l’Antiquité, l’Orient, quelque chose d’exotique (dans le sens lointain mais aussi original) : un cocktail très différent où on ne stagne pas sur l’éternelle Fantasy médiévale. Même si le travail de Robert Howard est plutôt "léger" car l’auteur a laissé peu de productions derrière lui, cela n’empêche pas son univers d’être travaillé, peaufiné.
On s’attache donc vite à cette brute qui règle les problèmes avec une arme ou ses poings mais qui possède une force de caractère qui laisse admiratif.

La Fille du Géant du Gel (The Frost-Giant’s Daughter),
Une nouvelle assez courte mais pleine de charme : comme une matinée d’Hiver en Finlande où la glace est mordante, piquante. Décidément, l’ambiance est le point fort de Robert Howard car ici, on ne baigne pas dans une lumière d’été ou de soleil ardent : on erre dans un désert de glace, rendant le décor à la fois beau et dangereux avec la touche principale : la fascinante Attali.
Comme pour la nouvelle précédente (et les suivantes), Howard développe les religions de son univers et on sent la nette influence des croyances nordiques.

Le Dieu dans le Sarcophage (The God in the Bowl),
Bon, une enquête, vous vous y attendiez ? Bah moi non plus. Et pourtant, Conan est bien pris pour le meurtrier de Kallian Publico et il va falloir qu’il se sorte de ce mauvais pas. Certes, Howard ne traite pas son sujet comme le ferait Agatha Christie ou Arthur Conan Doyle, elle a malgré tout son importance pour cette histoire : quelques points de réflexion guideront le lecteur pour démêler cette énigme, en plus d’une plongée dans les cultes religieux de cet univers.

La Tour de l’Éléphant (The Tower of the Elephant),
Une excellente histoire qui est assez émouvante. Ce qui est surprenant, c’est qu’on pourrait penser que les nouvelles de Conan pourraient être redondantes : violentes, sexy, bourrées de mythes… les ingrédients constants. Et bien pas du tout ! Certes ces mêmes éléments se retrouvent, en même temps que l’originalité (pour l’époque notamment qu’il fait partie des pionniers de la Fantasy) et pour peu qu’on s’y prête au jeu, l’émotion aussi, surtout dans celle-ci.
« En règle générale, les hommes civilisés sont plus malpolis que les sauvages car ils savent qu’ils peuvent se montrer grossiers sans se faire fendre le crâne pour autant. »

La Citadelle Écarlate (The Scarlet Citadel),
Il me faut bien une petite perte d’intérêt : La Citadelle Écarlate, à côté des précédentes, n’arrivait pas à me captiver vraiment. L’intérêt est présent, l’histoire est sympathique, mais c’est vraiment sans plus à cause d’un aspect plus brouillon, alors que Robert Howard avait conservé jusqu’à maintenant un certain souci du détail.
De plus, les complots de guerre ne sont pas vraiment ma tasse de thé et j’ai préféré les autres aventures. (et ce n’est pas pareil pour Le Trône de Fer : la géographie est mieux aboutie et les personnages sont bien plus nombreux)


La Reine de la Côte Noire (Queen of the Black Coast),
Décidément, on le comprend une bonne fois pour toutes : les serpents, c’est vraiment le mal dans l’univers de Conan ! Et Howard en rajoute une couche en nous entraînant en mer, seule décor que ses lecteurs n’avaient pas encore exploré.
Les lectrices trouveront leur bonheur dans ce monde de brutes avec une redoutable femme (qui sent bon le fantasme, mais bon) : Bêlit, reine des pirates, apporte une touche de romance qui adoucit ce récit.
Ce n'est pas un Jane Austen, mais cela reste beau et s'accorde bien à cette ambiance sauvage. Et non : on ne s’intéresse pas qu’aux seins de Bêlit, elle est plus qu’une beauté sulfureuse, rassurez-vous.

Le Colosse Noir (Black Colossus),
Une nouvelle qui verse aussi dans la romance, mais ici, quelque chose de plus pudique, de plus sensible avec la princesse Yasmela, moins "forte" que Bêlit (ou même Attali) mais qui apporte une touche féminine agréable. Avec cette présence, Conan prend plus des allures de chevalier blanc insoupçonné que du barbare. Ça change, mais enfin, ce n’est pas désagréable et ça ne sonne pas faux durant la lecture.
L’histoire, très rattachée à la religion inventée par Howard, est intéressante en plus.

Tout ça me laisse une impression très positive ! Conan le Cimmérien est une excellente surprise et je ne tarderai pas à me lancer dans le second volet qui me réserve sept autres nouvelles.


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Conan est un héros inscrit depuis un moment dans la pop culture. Ses histoires n’ont pas été écrites seulement par la main de Robert E. Howard mais par bien d’autres auteurs comme Lyon Sprague de Camp, Lin Carter ou Robert Jordan. Certains textes premiers d’Howard ont même été retravaillés après sa mort prématurée, l’auteur s’étant suicidé à à peine 30 ans.

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