lundi 30 octobre 2017

Laisse-moi entrer, de John Ajvide Lindqvist,

Oskar a 12 ans et vit avec sa mère dans une banlieue glacée de Stockholm. Solitaire et discret, martyrisé au collège, Oskar n’a d’yeux que pour sa nouvelle voisine. Elle est si différente ! La petite fille ne sort que le soir, ne craint ni le froid ni la neige, et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable. Oskar trouvera en elle un écho à sa propre solitude et ils deviendront vite inséparables Mais que penser des meurtres et disparitions inexplicables qui se multiplient dans le quartier depuis son arrivée ?
Une magnifique et sanglante histoire d’amour et d’amitié entre deux êtres seuls et différents.
Quatrième de couverture par Milady.
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« NON !
Elle se frappa la tête. Frappa encore et encore jusqu’à ce que l’image disparaisse. Mais elle ne le reverrait plus jamais. Ne pourrait plus jamais revoir une personne qu’elle aimait.
Je ne reverrai plus jamais une personne que j’aime. »
P. 320

J’ai adoré ce roman. D’accord, c’est froid. D’accord, c’est dérangeant. D’accord, c’est glauque. Mais hé : still a better love story than Twilight
Depuis quelques années, le vampire est un sujet de discorde entre les romantiques fans de bit-lit et les mordus de surnaturel horrifique. On se souvient encore de ce fameux article où Stephen King critiquait de façon virulente la manière d’écrire de Stephenie Meyer.
Finalement, Laisse-moi entrer serait une réconciliation entre ces deux clans car le roman mêle avec brio romance, horreur et urban Fantasy.

J’ai toujours reproché à la bit-lit une dose trop faible d’horreur : ici, John Ajvide Lindqvist s’affirme comme écrivain de l’effroi. Mais pas dans le domaine du surnaturel, car surprise !, la peur ressentie dans Laisse-moi entrer est provoquée par les côtés les plus sombres de l’humanité. Qu’il y ait des vampires ou non, cela ne change rien à la prostitution enfantine, la misère de la pauvreté et les harcèlements scolaires…
C’est toute l’essence de ce roman d’ailleurs : est-ce la présence vampirique qui ajoute de la monstruosité ou peut-on déjà en trouver dans un monde pleinement humain ?

L’auteur ne va pas aborder une opposition régie par le homo homini lupus, innocentant les monstres et blâmant ceux qui n’y ressemblent pas : c’est une trame plus douce qui attend le lecteur, une opposition entre l’âge adulte corrompu et l’enfance naïve, peu importe l’espèce. Et les deux acteurs de cette note plus légère, ce sont Oskar et Eli, liés par un amour comme on n’en voit que rarement, basé sur la découverte, la pudeur mais aussi la curiosité et le respect.
Un lien particulièrement fascinant et qui intéressera même les plus difficiles en romances.

Ces deux aspects sont donc véritablement les deux points forts de Laisse-moi entrer. Je ne suis pas amatrice de romance mais l’histoire d’Oskar et Eli m’a charmée. Je ne suis pas facilement effrayée et pourtant, j’ai frissonné et été écœuré plus d’une fois ! Résultat qui n’aurait pas été possible sans la plume travaillée de l’auteur (malgré quelques longueurs) et sans l’attachement ressenti pour ces deux enfants très particuliers.

Laisse-moi entrer est sous l’emprise de l’hiver scandinave, j’aimerais vous conseiller de le lire au coin du feu mais ce serait un luxe en désaccord avec cette histoire. Non, lisez-le vraiment pendant les jours les plus froids : dans la grisaille et les températures les plus glaciales, le lien entre Oskar et Eli n’en paraîtra que plus réconfortant.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Le titre est une référence (traduite en suédois) à la chanson de Morrissey "Let the right one slip in". La chanson n’a pas de référence vampirique mais dans le roman, la phrase adopte un sens intéressant, faisant référence au fait mythologique que les vampires ne peuvent pas entrer dans un lieu sans avoir été invités.


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