mardi 31 octobre 2017

Prey,

« Bonjour, Morgan. Nous sommes le lundi 15 mars 2032. » 
Morgan Yu, neuroscientifique, est à quelques jours de devenir membre de la prestigieuse station spatiale Talos I où des expériences vont révolutionner l’humanité : les neuromods, invention de la famille Yu, sont des implants neuronaux permettant à n’importe qui d’être polyglotte, virtuose de la musique ou encore génie mathématicien.
Le monde semble être à l’aube d’une nouvelle ère, mais un tel changement demande des sacrifices et Morgan Yu va découvrir des secrets qui pourraient être dangereux pour la Terre.
Résumé par le Vampire Aigri.
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Bien qu’il n’ait pas la note maximum, Prey a été un véritable coup de cœur. Comment je le sais ? Car j’ai désormais une furieuse envie de me mettre à la science-fiction littéraire et ses dérivés horrifiques (alors béni soit le Culte d’Apophis car j’ai déjà noté quelques noms grâce à ses critiques !).
Alors oui, Prey souffre de quelques problèmes techniques que j’aborderai mais je vais commencer par le point essentiel : son histoire (multiple) et son cadre de science-fiction pleinement exploité.

Beaucoup de critiques ont affirmé que le scénario de Prey était prévisible, alors que personnellement, j’ai été sans arrêt prise de cours : retournements de situation et émotions fortes, le joueur est aussi perdu que Morgan Yu. Qui est Morgan Yu d’ailleurs ? Et bien à vous d’en décider.
Dès le début, vous pouvez choisir le sexe du personnage de façon totalement libre : que ce soit une femme ou un homme, les possibilités d’histoires ne changent pas. Ses relations (dont une romance) ne changent pas et ses aptitudes non plus (l’homme n’aura pas plus de force que la femme, etc). Une carte de la parité jouée à fond, donc !
Mais ce que j’admire davantage, c’est que le personnage est une feuille blanche (enfin, à moitié blanche, ayant un père chinois et une mère allemande) : vos actions façonnent votre personnalité, vos choix auront un impact sur la fin, c’est ça qui change le scénario. Vous pourrez faire de Morgan une personne noble ou absolument monstrueuse.

Certes, la promesse des choix libres est la devise d’une majorité de jeux aujourd’hui, mais Prey peut s’en vanter sans rougir : une partie ne suffit pas pour découvrir le jeu dans sa totalité. Vous êtes libre de sauver vos collègues ou de les tuer, utiliser des neuromods ou vous en passer, suivre les conseils de l’intriguant January ou l’ignorer pour faire votre chemin… Chaque partie recommencée est une nouvelle histoire et moi-même je n’ai qu’une hâte : refaire le jeu et changer totalement mes décisions.


Et ce, malgré les défauts techniques de ce nouveau chouchou qui se concentrent surtout au niveau du gameplay : les quêtes ne sont pas toujours très claires et le fonctionnement de la map est épineux (je ne l’ai compris qu’à la fin de ma première partie…). Quelques bugs aussi comme la difficulté de rentrer dans les conduits d’aération où il faut s’y reprendre à plusieurs reprises…
Pourtant, un point ingénieux efface ces soucis : la liberté du scénario s’étend jusqu’au gameplay. Quand vous devez atteindre un point, plusieurs chemins sont à chaque fois possibles selon les capacités et la volonté du joueur. Vous pouvez vous infiltrer, foncer dans le tas (ce qui ne changera rien au caractère de Morgan par contre), pirater, casser… Les possibilités sont multiples et si vous êtes bloqué, c’est que vous ne cherchez pas assez.
(Je dis ça parce que j’ai galéré au début avant de prendre l’habitude de fouiner partout et découvrir plein de lieux !)
Alors oui, la prise en main n’est pas aisée, mais une fois maîtrisée, c’est un plaisir.
Et puis Prey permet de voyager dans l’espace, dans le néant total et l’effet est saisissant ! J’ai même cru être malade la première fois à force de tenter des pirouettes, tient…


Un autre défaut est reproché à Prey : le graphisme un peu vieillot. Ceci dit, je ne partage pas ce point de vue car j’accorde plus d’importance à la conception graphique et là, on ne peut pas reprocher à Arkane Studio d’être en retard ou fainéant. Prey est une sorte de "Bioshock de l’espace" avec une architecture lounge sobre et chic qui fait de Talos I un Titanic de la galaxie.
Plus qu’une station où est invitée l’élite mondiale des scientifiques et des savants, c’est surtout un lieu où collègues travaillent, rient, se disputent, s’attachent ou se détestent. Et quelques tranches de vie se trouvent encore sur les ordinateurs et portables dans cette station incroyablement vide, témoignant de l’activité omniprésente sur Talos I.
Au bout d’un moment, ces présences éphémères vont motiver le joueur vers une hâte : trouver enfin une présence humaine. Malheureusement, l’équipage de Talos I est désormais composé majoritairement d’étranges créatures métamorphes (vous connaîtrez aussi la joie de frapper des objets dans le doute !).
Étranges et quelque peu flippantes, mais ça va à côté de Calvin dans Life (film que j’ai juré solennellement de ne jamais revoir tellement j’ai eu peur, quoique je doute tenir ma promesse car il était très bon)


La peur ne vient donc pas des extraterrestres mais de ce vide, de cette solitude. J’ai ressenti beaucoup de compassion pour Danielle Sho, Kevin Hague mais également Alex Yu, le frère aîné de Morgan. Ils ne sont pas spécialement sympathiques pourtant : certains sont plus philanthropes que d’autres, mais la révolution scientifique dirigée par Transtar (l’entreprise où travaille Morgan) motive la soif de connaissance plutôt que l’empathie. À vous de prendre une décision pour cette galerie de personnages où le manichéisme n’a pas sa place.
Et bien sûr, vous pouvez éviter tout contact social en vous montrant indifférent : encore une fois, l’attitude de Morgan est dictée par votre gameplay.


Une dernière petite critique : la fin. J’en étais tombée des nues et je n’étais pas totalement convaincue. Alors j’ai été tout d’abord déçue mais patientez bien après le générique de fin, le plot-twist vous retournera l’estomac. Le souci, c’est que beaucoup de zones sombres persistent, donc pas le choix : il me faut vite retourner dans l’espace, incarner cette fois madame Yu et opter pour d’autres décisions.
Si vous êtes intrigué par Talos I et que vous êtes fan de SF, ne vous retenez surtout pas : embarquez dans les plus brefs délais !

Dans ce jeu, on peut être en état d’ébriété et se transformer en tasse. Je ne vois pas ce qu’il vous faut de plus !

Ah pétard, oui, une dernière chose : ce jeu est dur. Je n’ai même pas honte d’y avoir joué en facile car même au niveau du néophyte, je suis morte pas mal de fois et j’étais souvent à court de munitions. Essayez le mode cauchemar seulement pour vous faufiler et éviter les combats.

Violent.

             Quelques anecdotes sur ce jeu,
Prey possède le même titre que le jeu sorti en 2006 et édité par 2K Games. L’histoire avec Morgan Yu se complète de "Prey 2017" pour se différencier car les personnages et les histoires n’ont absolument aucun lien… Par contre, un petit easter egg apparaît dans Dishonored 3 : La mort de l’Outsider où le nom de Morgan Yu est gravé sur une plaque.

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