Son innocente enfance n’était pas partie pour durer, oh non !
Quand Lucius est né précisément le 6 Juin 1966, tout le monde s’attendait à voir grandir un petit garçon normal. Ses premières années, vécues dans un manoir luxueux, étaient tout à fait ordinaires, excepté l’immense fortune de ses parents. Lucius grandit donc avec tout ce qu’il désire aux côtés de sa famille et de nombreux employés.
Mais tout change lorsqu’il atteint l’âge de 6 ans : son réel père, le Diable, apparaît dans ses rêves la nuit précédant son anniversaire, pour lui révéler sa véritable nature.
Doté de pouvoirs surnaturels, Lucius déclenche alors une série de drames particulièrement sanglants dans sa demeure. Usant ses dons démoniaques comme la télékinésie ou la possession, le petit garçon orchestre des meurtres déguisés en accidents, suicides… Jusqu’à ce qu’il ne reste plus que lui.
Traduction personnelle du résumé venant du site officiel.
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Des jeux d’enquête, il en existe à foison : Sherlock Holmes qui tente de découvrir l’identité de Jack L’Éventreur, Ethan Mars et son équipe qui veulent arrêter le cruel tueur aux origamis, Samuel Gordon qui mène son enquête personnel sur le pseudo-suicide de son grand-père, et bien d’autres encore ! Mais qu’en est-il des jeux où l’on incarne le tueur lui-même ?Les geeks les plus informés me citeront alors Hitman ou bien Fable (où l’on devient un démon à force de dévorer des petits poussins parce que c’est tellement machiavélique !), mais ce ne sont pas des jeux d’enquête, de recherche ou de logique. Dans Lucius, le schéma est très simple : inventer des stratagèmes pour tuer, déguiser et ne pas se faire chopper. Un peu comme lorsqu’on est gosse : on tente d’effacer une bêtise qu’on a fait, sauf que les bêtises de Lucius sont nettement plus grosses. Et lui, il a des pouvoirs offerts par son papa.
La famille Wagner et les employés.
Ce scénario parlera à certaines personnes d’ailleurs et elles ne se trompent pas : Lucius est librement inspiré du film d’horreur The Omen, ou encore La Malédiction, ou pour les intimes Damien : La Malédiction, sorti en 1976 avec deux suites et un remake sorti en 2006. Je ne me cache pas : il s’agit de mon film d’horreur préféré et lorsque j’ai entendu parler de Lucius, il m’était difficile d’ignorer cette petite bouille similaire à celle de Damien.
Vous n’êtes pas convaincu de la ressemblance ? Ça viendra.
On reste quand même loin du vulgaire copié-collé et Lucius se borne surtout à des références qui feront sourire les plus fins connaisseurs, rendant surtout hommage au chef d’œuvre de Richard Donner. Il est aisé de deviner la grosse différence entre les deux histoires d’ailleurs : Damien est plutôt passif, laissant l’espoir d’un comportement vraiment enfantin, réellement innocent, alors que Lucius est actif, son silence permanent cache en fait une intelligence perverse et un détachement cruel. Mini-Lucifer coincé au stade phallique du complexe d’Œdipe, on peut comprendre pourquoi Lucius est franchement frappé, notant soigneusement ses plans criminels dans son carnet coloré, le transformant en un sordide recueil de blagues d’humour noir. Le personnage est donc classique mais efficace, car malgré tout, j’avoue que j’ai fini par m’attacher au p’tit bout malgré son côté franchement dérangé (j'étais très triste quand je voyais Lucius, au dernier chapitre, se faire courser par deux prêtres... Des prêtres qui courent après un petit garçon, franchement, c'est écœurant). Quant aux autres personnages, ou plutôt les victimes, là encore cela reste très lisse mais les liens qui les unissent reste intéressants : hiérarchie chez les employés, infidélité, rivalité… Ces gens pimentent un peu le récit et rendent le tout suffisamment divertissant.
Quoiqu’on se pose des questions sur leur propre santé mentale étant donné que cela ne semble choquer personne que Lucius, 6 ans, se promène avec les culottes de sa mère à la main, la joie de vivre resplendissant sur son visage.
Constatez par vous-même son complexe d'Œdipe inquiétant.
Qu’en est-il du jeu en lui-même maintenant ?
Rebutée par les graphismes dans les previews qui me rappelaient les jeux des années 90, j’avoue que j’ai été agréablement surprise durant ma partie : les textures sont travaillées et bien que les visages soient assez dégueulasses, cela renforce, ironiquement, l’ambiance malsaine du jeu. De plus, pour des développeurs indépendants et encore novices, on sent l’effort derrière.
L’atmosphère est bien sûr le point fort du jeu : glauque, froide et morbide au point qu’il est rassurant de savoir qu’on en est responsable. Et puis les bruitages sont réussis, on a le droit à l’obsédante horloge habituelle, les bruits de porte traînants, les murmures venant des recoins des pièces… C’est du vieux, certes, mais qui reste efficace. En revanche, mon reproche s’adresse surtout aux musiques qui ne changent pas. Pour faire simple, il s’agit d’une dizaine de morceaux placés à la suite pour former une quarantaine de minutes de son et qui repasse en boucle. Séduite au début, certaines ont fini par me donner la migraine au bout d’une vingtaine d’heures de jeu. Ajoutez un doublage pas franchement excellent avec des dialogues qui se répètent trop souvent… Certaines situations deviennent donc hilarantes, mais j’aimerais bien noter ce jeu sérieusement.
Pour le déroulement, j’ai énormément apprécié la logique des événements (éteindre une lumière pour piéger une victime, c’est tout bête mais dans un jeu, il fallait y penser). De plus, j’avais peur que le jeu se contente d’un cycle de meurtres pour battre le record du massacre le plus sanglant ou le plus vicieux, et finalement, le joueur a droit à certaines révélations et une enquête bien ficelée. Sans compter que Lucius nous pousse à aller plus loin que le meurtre, incitant au mensonge, à la falsification… Je regrette juste une conclusion un peu précipitée, à moins que les développeurs ne songent à nous offrir une suite qui pourra clore définitivement le cas Lucius (et qu’il dépasse enfin le stade phallique et vive sainement sa période de latence où il comprendra pleinement que vouloir tuer son père mortel, ce n’est pas bien). Sans oublier l’horrible système de sauvegarde qui ne s’enclenche qu’à chaque chapitre : en somme, si vous voulez arrêter de jouer même en étant à deux doigts du meurtre, forcez-vous ou vous devrez recommencer entièrement le chapitre. Même le système de sauvegarde a été possédé !
Concernant la jouabilité, elle est peu évidente et il faut un certain temps pour prendre le jeu en main. C’est simple, Lucius court d’une façon telle qu’il finira par se manger irrévocablement une porte ou un mur, à savoir que le risque de collision triple lorsqu’il est à tricycle. Bref, on ne se demande plus pourquoi un jeune garçon de son âge est si perturbé.
Quelques anecdotes sur ce jeu,
• Avant que les non-anglophones fuient ce jeu démoniaque, sachez qu’il est possible de le mettre en français : bien que la langue ne soit pas proposée dans le menu, une mise à jour de Mars permet de trifouiller un dossier pour mettre le jeu en VOSTFR. Je vous dirige vers ce topic pour plus d’informations.
• Le conte Le Géant Égoïste est cité durant le jeu : James, le tuteur personnel de Lucius, lui en fait la lecture durant ses leçons. Par chance, Oscar Wilde ne semble pas énerver le fils du Diable, en revanche, pour ce qui est des maths…
• Shivering Games déclare sur le site officiel que Lucius est un hommage aux films d’horreur classique, dont The Omen, mais également The Exorcist et Shining.
• Pour ceux qui jouent à Lucius et bloquent vraiment, je partage ce wikia qui est bien utile.
Il ne s’agit que de mon opinion, mais je conseille vivement les intéressés à acheter Lucius sur Steam (Steam est en plus un logiciel gratuit et il possible d’avoir le jeu en promotion durant certaines dates)
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