Avec Docteur Sleep, Stephen King revient sur les personnages et le territoire de l'un de ses romans précédents, "Shining, l'enfant lumière".
Docteur Sleep présente Dan Torrance, désormais adulte, et Abra Stone, petite fille de 12 ans qu'il doit protéger du Nœud Vrai. Guidés par Rose Claque, ces voyageurs quasi-immortels traversent le pays pour se nourrir de l'énergie psychique (qu'ils nomment « vapeur ») des enfants possédant le don du « Shining ».
Dan tente depuis des années de fuir l'héritage de son père Jack et s'est installé dans le New Hampshire, travaillant dans une maison de retraite où ses dons apportent du réconfort aux mourants. C'est ainsi qu'il devient Docteur Sleep.
Mais après sa rencontre avec Abra Stone, une guerre épique entre le bien et le mal débute.
Quatrième de couverture promotionnelle.
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« L’esprit est un tableau noir. L’alcool, la brosse à effacer. »
P. 64
Pourquoi je n’aime pas considérer Docteur Sleep comme la suite de Shining ? Pourquoi je m’obstine à considérer Docteur Sleep comme un roman à part et qu’à mon avis, il ne devrait pas porter le titre vendeur de Shining #2 ? Pourtant, on retrouve le petit Danny Torrance à l’âge adulte, les références à Shining sont nombreuses, l’Overlook occupe encore une place d'honneur bien qu’infime… Mais ça s’arrête là.
Pour éviter bien des déceptions futures, je préfère mettre en garde les lecteurs curieux : lisez Docteur Sleep en oubliant ce qui vous a tant plus dans Shining, car l’ambiance est très différente. Vous sortirez peut-être de votre lecture avec autant d’enthousiasme que moi.
En fait, l’intérêt de lire Shining avant Docteur Sleep, c’est que la lecture permet une première rencontre avec le petit Danny Torrance, Docteur Sleep sert alors de retrouvailles plusieurs décennies plus tard. C’était le principal intérêt de ce livre pour moi car la question est très intrigante : qu’est devenu Danny depuis l’Hôtel Overlook ?
Mais avant de retrouver cet adorable gamin aux pouvoirs étranges, j’ai surtout retrouvé Stephen King. Dès le début, alors que je n’étais même pas encore arrivée à la page 100, j’étais déjà passée par une foule d’émotions : j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai eu peur… Sans me tromper, je peux affirmer que j’ai retrouvé Stephen King et ses qualités que j’adule tant. Quelles qualités ? De faire des personnages touchants et vivants, premièrement, ce qui n’est pas donné à tous les auteurs. Docteur Sleep permet de revoir Danny Torrance mais également Wendy et Dick qui, si ils n’ont pas changé, ont en tout cas vieilli. Sur le coup, j’ai presque oublié qu’il s’agissait de personnages fictifs et j’ai eu un petit coup au cœur. Mais le récit nous amène à rencontrer d’autres acteurs et j’ai surtout retenu Casey et le vieux Billy Freeman.
Danny, devenu Dan désormais, est nettement plus touchant dans Docteur Sleep. On s’en doute, son évolution ne se fait pas dans la joie et la simplicité, il traîne des fantômes et des casseroles pesantes et s’enfonce dans une existence aussi pathétique que celle de son père, Jack Torrance. Mais là où j’étais heureuse, c’est que Dan ne grandit pas sans penser à son père : [spoiler] sans pour autant apparaître, Jack Torrance a une place importante aussi dans Docteur Sleep et j’ai aimé le fait que Dan prenne sa défense, car dans le fond, Jack n’était pas un connard mais un homme faible et qui faisait des efforts pour être quelqu’un de bien. [/spoiler] Et il n’y a rien de plus vrai que des relations paternelles compliquées !
J’ai apprécié la fameuse Abra mais pas autant que je l’aurais voulu. Un détail chez elle me chiffonnait vraiment : son âge n’était pas toujours adéquat à son caractère. Tout se passait bien au début, entre l’épisode des cuillères et autres bricoles d’enfant, et puis après la rencontre avec Dan, j’avais l’impression que c’était toujours la même Abra avec la mentalité d’une enfant de 10 ans mais avec le corps d’une jeune fille de 15 ans. C’est particulièrement délicat d’écrire sur une préadolescente en évitant à tout prix les clichés et j’avais le sentiment que Stephen King hésitait entre l’enfant et l’adolescente trop souvent, ce qui rendait Abra très brouillon à mes yeux. Au final, je n’ai pas réussi à m’attacher pleinement à ce fameux protagoniste.
Par chance, une autre qualité kingienne vient sauver le livre à mes yeux : la création des monstres. Sans pour autant être les plus terrifiants (quel montre dépassera Leland Gaunt ?!), on reconnaît le charme propre aux créatures du King. Vampires à l’alimentation originale, séducteurs à l’apparence lambda, chef de compagnie avec des goûts de la scène… Si Rose et ses collègues ne sortent pas tant que ça de l’ordinaire, difficile de trouver leurs semblables dans d’autres histoires et ces voyageurs m’auront quand même marqué. Impossible de voir les camping-cars du même œil.
J’ai cependant regretté la fin, le dénouement de ce Nœud Vrai : [spoiler] que la rougeole les décime tous les uns après les autres. Certes, le gamin du base-ball, Bradley Trevor, se venge à cette occasion et l’ironie de la situation est sympa, mais il y a comme une impression de facilité. [/spoiler].
Encore une fois, j’applaudis le style de Stephen King, on sent que Docteur Sleep est plus léger mais cela n’entache pas la qualité, car malgré les années, l’auteur a toujours cette plume d’acier chauffé à blanc qui imprimera bien des mots dans votre esprit. Mais c’est aussi là que le lecteur de Shining doit se détacher de l’enfance de Danny : si il y avait un sentiment claustrophobe dans Shining à cause de l’Overlook, lieu confiné et oublié, Docteur Sleep fait au contraire voyager son lecteur dans différents états et à ciel ouvert. Forcément, l’ambiance n’est plus la même !
Au final, si Docteur Sleep n’est pas le meilleur de Stephen King, il n’empêche que je l’ai dévoré en quelques jours et qu’il est fidèle au genre qu’on attend bien souvent de l’auteur. Les vives émotions ne concernent pas seulement la peur et des personnages d’une remarquable humanité sont au rendez-vous.
Mais souvenez-vous, fans de King : détachez-vous de Shining pour pleinement apprécier la vie adulte de Dan Torrance !
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il s'agit d'un King où le lecteur voyage à travers les États-Unis et non uniquement dans le Maine, toutefois, il y a des références aux villes fictives du King comme Castle Rock et Salem.
• Il y a énormément de références populaires dans Docteur Sleep, comme des clins d’œil (La référence à Daenerys du Trône de Fer à la P. 333 m’a fait beaucoup rire !). Abra compare à un moment Dan à Jax Teller de la série de bikers Sons of Anarchy. Fortuit ? Pas tout à fait : Stephen King est lui-même un grand fan de la série. Mieux ! Il a eu un petit rôle spécial dans l’épisode 3 de la saison 3 où il incarne un fossoyeur peu fréquentable !
• Au cas où, la chronique de Shining.
Pour éviter bien des déceptions futures, je préfère mettre en garde les lecteurs curieux : lisez Docteur Sleep en oubliant ce qui vous a tant plus dans Shining, car l’ambiance est très différente. Vous sortirez peut-être de votre lecture avec autant d’enthousiasme que moi.
En fait, l’intérêt de lire Shining avant Docteur Sleep, c’est que la lecture permet une première rencontre avec le petit Danny Torrance, Docteur Sleep sert alors de retrouvailles plusieurs décennies plus tard. C’était le principal intérêt de ce livre pour moi car la question est très intrigante : qu’est devenu Danny depuis l’Hôtel Overlook ?
Mais avant de retrouver cet adorable gamin aux pouvoirs étranges, j’ai surtout retrouvé Stephen King. Dès le début, alors que je n’étais même pas encore arrivée à la page 100, j’étais déjà passée par une foule d’émotions : j’ai ri, j’ai pleuré, j’ai eu peur… Sans me tromper, je peux affirmer que j’ai retrouvé Stephen King et ses qualités que j’adule tant. Quelles qualités ? De faire des personnages touchants et vivants, premièrement, ce qui n’est pas donné à tous les auteurs. Docteur Sleep permet de revoir Danny Torrance mais également Wendy et Dick qui, si ils n’ont pas changé, ont en tout cas vieilli. Sur le coup, j’ai presque oublié qu’il s’agissait de personnages fictifs et j’ai eu un petit coup au cœur. Mais le récit nous amène à rencontrer d’autres acteurs et j’ai surtout retenu Casey et le vieux Billy Freeman.
Danny, devenu Dan désormais, est nettement plus touchant dans Docteur Sleep. On s’en doute, son évolution ne se fait pas dans la joie et la simplicité, il traîne des fantômes et des casseroles pesantes et s’enfonce dans une existence aussi pathétique que celle de son père, Jack Torrance. Mais là où j’étais heureuse, c’est que Dan ne grandit pas sans penser à son père : [spoiler] sans pour autant apparaître, Jack Torrance a une place importante aussi dans Docteur Sleep et j’ai aimé le fait que Dan prenne sa défense, car dans le fond, Jack n’était pas un connard mais un homme faible et qui faisait des efforts pour être quelqu’un de bien. [/spoiler] Et il n’y a rien de plus vrai que des relations paternelles compliquées !
J’ai apprécié la fameuse Abra mais pas autant que je l’aurais voulu. Un détail chez elle me chiffonnait vraiment : son âge n’était pas toujours adéquat à son caractère. Tout se passait bien au début, entre l’épisode des cuillères et autres bricoles d’enfant, et puis après la rencontre avec Dan, j’avais l’impression que c’était toujours la même Abra avec la mentalité d’une enfant de 10 ans mais avec le corps d’une jeune fille de 15 ans. C’est particulièrement délicat d’écrire sur une préadolescente en évitant à tout prix les clichés et j’avais le sentiment que Stephen King hésitait entre l’enfant et l’adolescente trop souvent, ce qui rendait Abra très brouillon à mes yeux. Au final, je n’ai pas réussi à m’attacher pleinement à ce fameux protagoniste.
Par chance, une autre qualité kingienne vient sauver le livre à mes yeux : la création des monstres. Sans pour autant être les plus terrifiants (quel montre dépassera Leland Gaunt ?!), on reconnaît le charme propre aux créatures du King. Vampires à l’alimentation originale, séducteurs à l’apparence lambda, chef de compagnie avec des goûts de la scène… Si Rose et ses collègues ne sortent pas tant que ça de l’ordinaire, difficile de trouver leurs semblables dans d’autres histoires et ces voyageurs m’auront quand même marqué. Impossible de voir les camping-cars du même œil.
J’ai cependant regretté la fin, le dénouement de ce Nœud Vrai : [spoiler] que la rougeole les décime tous les uns après les autres. Certes, le gamin du base-ball, Bradley Trevor, se venge à cette occasion et l’ironie de la situation est sympa, mais il y a comme une impression de facilité. [/spoiler].
Encore une fois, j’applaudis le style de Stephen King, on sent que Docteur Sleep est plus léger mais cela n’entache pas la qualité, car malgré les années, l’auteur a toujours cette plume d’acier chauffé à blanc qui imprimera bien des mots dans votre esprit. Mais c’est aussi là que le lecteur de Shining doit se détacher de l’enfance de Danny : si il y avait un sentiment claustrophobe dans Shining à cause de l’Overlook, lieu confiné et oublié, Docteur Sleep fait au contraire voyager son lecteur dans différents états et à ciel ouvert. Forcément, l’ambiance n’est plus la même !
Au final, si Docteur Sleep n’est pas le meilleur de Stephen King, il n’empêche que je l’ai dévoré en quelques jours et qu’il est fidèle au genre qu’on attend bien souvent de l’auteur. Les vives émotions ne concernent pas seulement la peur et des personnages d’une remarquable humanité sont au rendez-vous.
Mais souvenez-vous, fans de King : détachez-vous de Shining pour pleinement apprécier la vie adulte de Dan Torrance !
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il s'agit d'un King où le lecteur voyage à travers les États-Unis et non uniquement dans le Maine, toutefois, il y a des références aux villes fictives du King comme Castle Rock et Salem.
• Il y a énormément de références populaires dans Docteur Sleep, comme des clins d’œil (La référence à Daenerys du Trône de Fer à la P. 333 m’a fait beaucoup rire !). Abra compare à un moment Dan à Jax Teller de la série de bikers Sons of Anarchy. Fortuit ? Pas tout à fait : Stephen King est lui-même un grand fan de la série. Mieux ! Il a eu un petit rôle spécial dans l’épisode 3 de la saison 3 où il incarne un fossoyeur peu fréquentable !
• Au cas où, la chronique de Shining.
Je suis entrain de le lire. J'ai quasi fini. J'aime beaucoup! Mais c'est vrai qu'il est assez différent de "Shining".
RépondreSupprimerHaha ! Donc interdiction de surligner le spoiler concernant les méchants ;)
SupprimerBonne fin de lecture, en espérant qu'il te plaira jusqu'au bout~
Il était trop fort dans Sons of Anarchy ! On aurait dit un extra-terrestre sérieux ^^
RépondreSupprimerIl faut vraiment que je lise du King un jour ou l'autre. Je le dis tous les ans mais je n'ai toujours pas lu un seul de ses bouquins ... Pas bien ^^
Contente que ce livre ci t'ait plu, je sais qu'il en a déçu beaucoup aussi ...
Je ne m'en lasse pas ! "Where's who ?" xD
SupprimerAprès, je pense que Docteur Sleep a déçu la plupart des lecteurs qui voulaient quelque chose dans le même genre que Shining, comme ceux qui ont lu Une Place à Prendre tout en restant dans l'esprit d'Harry Potter, en fait.
Peut-être parce qu'il a écrit tellement de livre que tu ne sais pas par lequel commencer ? xD Mais ça se comprend, cela dit, je serai ravie de connaître tes impressions une fois que tu auras lu ton premier King :)