Geralt de Riv est un homme inquiétant, un mutant devenu le parfait assassin. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur, et Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un sorceleur. Au cours de ses aventures, il rencontrera une magicienne aux charmes vénéneux, un troubadour paillard au grand cœur... et, au terme de sa quête, peut-être réalisera-t-il son dernier vœu : retrouver son humanité.
Quatrième de couverture par Milady.
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« Je te prenais pour un instrument aveugle et avide de sang, pour quelqu’un qui tue froidement, sans se poser de questions, qui essuie le sang sur la lame et compte son argent. Mais j’ai compris que le métier de sorceleur est en fait digne de respect. Tu nous défends non seulement contre le Mal tapi dans l’ombre, mais aussi contre celui qui est tapi en nous. »
P. 216, avec en illustration Geralt - After hunting de Julia Alekseeva
Il y a à peu près un an, Steam avait réuni en promotion les jeux The Witcher et The Witcher 2. Très populaires sur la toile, j’ai profité de l’occasion pour les ajouter à ma collection mais sans m’y intéresser plus que ça. Ce n’est qu’au début du mois de Juin que j’ai installé le premier volet. Pourtant, après une petite heure de jeu, j’ai rangé ma panoplie de sorceleuse sans penser à m’y remettre.
Et pis un beau jour d’Août, j’ai repris et là, impossible de m’arrêter ! Après une semaine complète dans les terres de Temeria sans pour autant finir le jeu, je me sentais conquise et la curiosité m’a poussé à acheter les deux premiers volets du roman d’Andrzej Sapkowski, le point de départ de toute cette folie vidéoludique qui entoure le mystérieux Geralt de Riv, tueurs de monstres aux cheveux d’albâtre.
C’est sans aucun regret que j’ai cédé à cette impulsion livresque.
Le Dernier Vœu est pourtant une série de nouvelles, un format qui arrive rarement à convaincre de nouveaux lecteurs, mais Sapkowski y met un tel panache, une telle dynamique dans ses histoires en réalité liées qu’on comprend assez vite que ce format déguise en fait un enchaînement d’événements dans la vie d’un personnage bien particulier : Geralt de Riv. Tueur de monstres qui répond à des principes qu’il s’est imposé lui-même, homme à femmes à l’humour cynique, mutant aux aptitudes physiques et mentales remarquables... Bref, Geralt est définitivement le protagoniste-type qui illustre si bien le genre Fantasy mature, mais avec tout de même des petits plus qui le rendent unique et ce fut un réel plaisir de suivre ses premières péripéties.
Pour son récit, l’originalité n’est encore une fois pas vraiment au rendez-vous : Sapkowski emprunte beaucoup aux contes et légendes très connus et les réinvente à sa sauce. Cela dit, là où je me suis clairement amusée, c’est le côté presque "scientifique" que l’auteur place dans son livre : la magie est une science, les créatures fantastiques font parties d’un bestiaire organisé et étudié et les élixirs ne sont pas à la porté de n’importe qui. Geralt parle d’un kikimorrhe comme un étudiant en médecine parle des conséquences provoquées par une dyslipidémie. Son charabia de sorceleur sonne comme le vocabulaire d’un pharmacien et cette dimension "intellectuelle" m’a beaucoup plu (comme quoi, être tueur de monstres requiert force et droiture, mais aussi tact et connaissances).
Le docteur John H. Watson en a eu assez d’écrire les aventures de Sherlock Holmes,
alors il s’est mis à la Fantasy sous le nom d’Andrzej Sapkowski et propose des enquêtes menées par Geralt.
(ça tient la route ?)
Puisqu’il s’agit d’un récit de nouvelles, je rentre en détails pour chacune d’elle. Gardez à l’esprit par contre que ce sont des impressions au cas par cas et que la note finale n’est pas une moyenne de toutes les notes ci-dessous :
• Le Sorceleur, 4/5
On rentre dans le sujet : Andrzej Sapkowski démontre un premier talent : comment il gère le rythme de sa narration. Que ce soit pour les combats, les dialogues mouvementés, on ne s'ennuie pas durant la lecture. Alors loin d’être mou mais peut-être un peu court, Le Sorceleur est concis, dynamique et pousse à la curiosité pour la suite.
• Un Grain de Vérité, 5/5
Comme dit plus haut, Andrzej Sapkowski parodie les contes qui ont bercé l’enfance des européens. Et il se trouve qu’il personnalise dans Un Grain de Vérité une histoire pour laquelle j’ai un faible : La Belle et la Bête. On reconnaît l’influence, les événements classiques (la rose volée, etc.) mais la fin reste surprenante et surtout attendrissante.
Geralt n’est pas le simple et bête tueur de monstres qu’on pourrait croire et en révèle plus que dans Le Sorceleur. Nivellen est un personnage que j’ai beaucoup apprécié aussi, un être bien sympathique et j’ai été touchée par sa conclusion.
Certes, reprendre le populaire conte de la Belle et la Bête n’a rien d'incroyable, mais cela n’empêche pas que j’ai trouvé cette nouvelle attendrissante, d’autant plus que c’est ma préférée.
• Le Moindre Mal, 3/5
Après le coup de coeur pour Un Grain de Vérité, j’ai moins aimé Le Moindre Mal. La contrainte du choix est bien exploitée et on tarde de savoir quelle voie décisive va suivre Geralt, mais je n’ai pas assez aimé les personnages pour être réellement émue. On reconnaît encore une fois l’enchaînement fluide du récit mais je pense que Le Moindre Mal aurait été plus captivant dans une nouvelle un peu plus longue et plus complète, plus riche en détails.
• Une Question de Prix, 3/5
Mieux que Le Moindre Mal, Une Question de Prix a pourtant le même défaut : cette nouvelle m’a laissé sur ma faim. Si j’ai apprécié le charisme du Hérisson Duny, les surprises que réserve la princesse Pavetta et la droiture de la reine Calanthe, je regrette que les rencontres soient si courtes. Mais la qualité d’Une Question de Prix, c’est sa conclusion : elle me met dans tous mes états (puisque je me suis légèrement spoilée sur le net, mais sans regret). Si la nouvelle en elle-même me laisse un peu indifférente, c’est qu’elle n’est que le prologue d’un événement que j’attends avec impatience : la récompense de Geralt.
Ceux qui connaissent la saga du Sorceleur savent de quoi je parle~
• Le Bout du Monde, 5/5
Légère, hilarante, mouvementée, Le Bout du Monde est aussi l’occasion d’une plongée un peu plus poussée dans le monde de Sapkowski : on s’approche plus près des elfes, on découvre de nouvelles créatures, des traditions, un peu de géographie et on rencontre surtout un proche ami du sorceleur : le célèbre barde Jaskier. Charmeur, inconscient, fier et grande-gueule, Jaskier est l’opposé de Geralt et, tout le monde le sait, les opposés s’attirent. Ils forment une paire comique, parfois déséquilibrée et pleine de surprises et j’étais très contente de les retrouver ensemble dans Le Dernier Vœu.
La confrontation contre le diabolo restera marquante et j’en garderai un très bon souvenir, il faut reconnaître en plus que ce "monstre" vaut le détour.
• Le Dernier Vœu, 3/5
Le Dernier Vœu m’a laissé la même impression qu’Une Question de Prix : un sentiment d’inachevé à cause des répercussions possibles. Encore une fois, je me suis légèrement spoilée mais sans regret, car Yennefer est un personnage un peu trop classique (sorcière fatale avec une soif de pouvoir sans limite et un ego surdimensionné) et mérite d'être creusé... Ce qui arrivera, j’espère ! Grâce à son passé et à sa relation avec Geralt, Andrzej Sapkowski a des matériaux pour rendre cette femme bien plus originale et exceptionnelle. Enfin, pour ce début, ses charmes ne m’ont pas laissée insensible et la curiosité m’a piqué.
En fait, ce qui m’a réellement dérangé dans Le Dernier Vœu, c’est que j’ai trouvé le récit confus, bourré de non-dits (trop de sous-entendus tue les sous-entendus) et méritait d’être parfois plus clair.
Heureusement que Jaskier était là pour mettre un peu de sa couleur.
• La Voix de la Raison, 4/5
Difficile de donner une note sur cette nouvelle démembrée que l’on croise à chaque fin d’aventure. La Voix de la Raison est la colonne vertébrale du recueil Le Dernier Vœu, elle annonce le thème de la prochaine nouvelle, laisse un semblant de conclusion et apporte surtout son lot de mystères. Je n’oublie pas la confession que Geralt fait à Iola qui est très émouvante, franchement sympathique. J’ai d’ailleurs beaucoup aimé leur relation un peu pudique, assez timide.
Alors certes, je ne dirai pas que c’est une excellente nouvelle mais j’ai admiré comment Andrzej Sapkowski a placé ces morceaux, comme s’il nous mettait face à son sorceleur et nous laissait avoir une longue, très longue conversation avec lui à propos de son passé, ses ambitions et un semblant de son futur.
Le Dernier Vœu est donc un excellent tome introductif déguisé en une série de nouvelles, permettant au néophyte une première approche, un effleurement avec un monde où sorceleurs, monstres, mages et rois cohabitent difficilement.
Autant vous dire que j’ai commencé sans tarder le tome suivant, L’Épée de la Providence.
Différentes couvertures pour différents pays.
Autant vous dire que j'ai un coup de cœur phénoménal pour la version espagnole.
Cette chronique est aussi ma première participation au Dark Fantasy Challenge organisé par Zina :
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Tout d’abord publié dans un magazine polonais en 1986, Le Sorceleur n’était qu’une simple nouvelle. Simple, mais avec un certain succès, à tel point qu’Andrzej Sapkowski se lance dans plusieurs histoires qui s’articuleront autour de son nouveau personnage.
• La maison d’édition Milady a choisi un autre ordre de publication que Bragelonne : alors que Bragelonne fait commencer la saga par Le Sang des Elfes, le premier roman, Milady préfère consacrer les deux premiers tomes aux recueils de nouvelles qui peuvent servir de long prologue, Le Sang des Elfes devenant ainsi le tome 3.
Content de voir qu'après quelques déceptions livresques, tu as su retrouver du poil de la bête - de la chauve-souris, pour être précis. (oui, je fais des blagues nulles, mais je les assume.)
RépondreSupprimerCoup de coeur pour moi aussi pour cette série, après avoir joué au premier jeu (comme j'en aimerais davantage, des comme ça!) qui m'a inévitablement poussé à aller lorgner du côté des bouquins.
De mon côté, ce que j'apprécie beaucoup dans cet univers, ce sont l'ambiance, le personnage de Geralt (froid en apparence mais qui cache en fait un coeur un peu sensible) cette "dimension intellectuelle" que tu soulignes, le fait qu'absolument n'importe quoi puisse arriver à n'importe qui (bon, sauf à Jaskier, qui s'en sort toujours miraculeusement) et puis aussi ce petit côté "le petit élément anodin, ce machin en apparence sans importance, ces choix que tu fais en apparence inoffensifs, ben c'est l'aile du papillon qui déclenche un séisme là-bas". C'est assez mal formulé, mais je me comprends. (d'ailleurs, sans trop spoiler, mais apparemment tu es déjà au courant, l'une des nouvelles s'inscrit justement dans cette optique, puisque les évènements qui s'y déroulent auront une importance capitale pour la suite de la série)
Je ne sais pas si tu apprécieras autant les romans - si toutefois tu continues, bien sûr - mais en tout cas, je ne peux que te les conseiller!
(Mais du coup, rafraîchis-moi un peu la mémoire: le topo de "Le moindre mal", c'est quoi déjà?)
PS: Oh, tu nous as trouvé plein de joulis n'artworks! J'aime!
PS2: J'ai lolé de la comparaison Sapkowski/Watson. Tout con, mais efficace.
Faudrait que je reprenne de la fourrure de loup-garou ! Mais honnêtement, excellente surprise, je me suis régalée avec ce livre, je ne vais pas en demander plus (surtout après quelques déceptions, mais que j'ai vite oublié)
SupprimerHéhé, je ferai la chronique du jeu dès le premier volet fini, mais j’avoue que pour le coup, je ne sais : j’ai une préférence pour les livres (cela dit, je me force à lire pour mieux jouer Geralt aussi, histoire de me sentir canonique… *Non, Triss, tu n’es pas l’amour de ma vie, arrête un peu D: *)
Jaskier est trop bien pour ce schéma délirant ! Cela dit, il s’en prend une belle lorsqu’il se fait maudire par le génie. Mais je vois parfaitement ce que tu sous-entends : y a comme une enchaînement de policier avec des détails que les lecteurs regrettent de ne pas avoir retenu lors de la conclusion, etc.
Alors Le Moindre Mal, c’est la parodie de Blanche Neige, entre le mage qui veut exploiter des jeunes femmes aux pouvoirs surnaturels et la "sosie" de Blanche Neige qui veut se venger avec sa bande de malfrats, quitte à mettre le zouk dans la ville.
Haha, les romans, je les ai acheté tout à l’heure justement ! Jusqu’au tome 5 en tout cas, je pense commencer les romans d’ici peu !
(Magne-toi ou je vais finir la saga avant toi et je pourrais te spoiler :B )
@ PS2: J'ai vu la photo, j'ai immédiatement pensé à Watson... xD
Personnellement, je pense quand j'aurais terminé la saga me refaire le premier jeu, histoire non seulement de retrouver cet univers génial, mais aussi pour apprécier toutes les références qui se trouvent un peu partout (et jouer de façon plus "canonique", aussi! :D )
SupprimerOuaip, parce que sur ce point, j'ai commencé comme pas mal de monde chez nous: le jeu d'abord, les bouquins ensuite.
Ah non, hé! Pas question de me faire spoiler! >:(
D'façon, je viens d'emprunter le tome 4 à la médiathèque (ou le 6 pour la nouvelle édition) donc j'ai toujours une pitite longueur d'avance... Hé hé!
J'ai également beaucoup aimé ce premier tome (mais je n'ai jamais eu aucun mal avec le format nouvelle ^^), et j'avais particulièrement apprécié ce parfum de contes. Le 2 m'attend dans ma PAL depuis un petit moment, faudrait que je l'en sorte !!
RépondreSupprimerEn fait, je précise le format nouvelles puisque j'ai remarqué que c'est un format qui rebute beaucoup une majorité de lecteurs :/
SupprimerMais quand il y a une connexion, ça passe peut-être mieux qu'une série de petites histoires détachées ?