23 novembre 1924, Lilith Hevesi, star du cinéma muet, est retrouvée morte dans le château où elle s'est retirée dans la campagne hongroise.Quarante ans plus tard, le narrateur tente de dépoussiérer son passé, ses recherches sont perturbées par une femme qui éveille rapidement ses soupçons... Lilith est un fantôme qui arpente les différentes strates du temps dans des mondes aux frontières incertaines dont on ne cesse de gratter la pellicule inflammable.
Quatrième de couverture par L'Harmattan.
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« Je suis évanescente, au bord de rien, j’aime dormir, j’aimerais m’effacer dans le sommeil, ne renaître que dans un monde qui en vaille la peine. Et toi tu veux m’éveiller, m’extraire toute crue de mon propre cerveau d’ouate douillette ! »
P. 31
Tout d’abord, je tiens à remercier l’auteur Philippe Pratx de m’avoir proposé son roman (je pensais être cachée dans l’ombre, mais pas suffisamment en fait) et je suis ravie de pouvoir chroniquer Le Soir, Lilith car ce fût une bien belle découverte !
Roman original, Le Soir, Lilith, dans la même veine que Carrie, est une enquête fictive aussi difficile à approcher qu’une diva du cinéma. Les personnages sont peu nombreux, l’enchaînement est haché par des études cinématographiques et des souvenirs évaporés, le contexte est flou et le narrateur lui-même ne sait pas où cette enquête nous conduira. Pourtant, ce serait se tromper que de dire que Pratx n’use pas d’un certain style : les métaphores de la nuit sont nombreuses et la lecture est très fluide, étrangement poétique. Si j’étais perturbée par tous ces filons d’histoire, je n’ai eu aucun mal à lire l’étrange biographie de Lilith Hevesi, dite Eve Whiteland.
Peut-être aussi parce que Lilith Hevesi est un personnage qui m’a charmé. Déjà, le choix du nom et du surnom n’est pas un hasard : Lilith, la première femme cachée, Eve, celle qui est connue, exposée. Aussi mystérieuse qu’extravertie, aussi drôle que dramatique, aussi amoureuse qu’insaisissable, on en vient à se demander qui était vraiment Lilith. Qui est la femme ? Qui est l’actrice ? Où sont ses rôles dans sa personnalité ? Le lecteur découvre le noyau de cette femme presque surnaturelle en même temps que le narrateur qui pensait la connaître.
Dans Le Soir, Lilith, nous sommes plus proches du cinéma scandinave que du cinéma américain,
avec la compagnie de, entre autres, Victor Sjöström et Mauritz Stiller.
C’est ce qui m’a fait aimer Le Soir, Lilith d’ailleurs : les nombreuses questions soulevées dans le monde du cinéma. J’ai toujours été passionnée par l’étroite relation entre l’acteur et ses rôles, l’acteur en lui-même et la vision qu’il renvoie au public, l’univers du travail derrière le grand écran, la réalité d’un dur labeur cinématographique... Et Pratx nous plonge dans l’univers du Septième Art, mais en nous préservant des clichés trop redondants, nous emmenant plutôt dans les coulisses poussiéreuses de la fin d’une carrière, la chambre mortuaire d’une étoile.
Il y a donc une ambiance étrange, saturée d’ombres opaques, renvoyant à un huis-clos de l’âme et je ne peux m’empêcher de vous avouer que j’ai lu le roman avec l’OST du jeu Scratches en boucle. Pour vous donner une idée…
Pour moi, ça deviendrait presque l’OST d’un film Le Soir, Lilith.
Je ne tiens évidemment pas à dévoiler les mystères qui attendent les lecteurs qui oseront approcher Lilith, mais si vous êtes passionné par le cinéma, les univers sombres et les "légendes urbaines", il est fort possible que vous succombiez aussi au regard langoureux de cette sorcière adorée.
J’ai eu du mal à noter la présence du serpent sur la couverture, pensant qu’il s’agissait d’une natte... Je peux finalement rattacher la chronique de Le Soir, Lilith à l'idée n° 45 du Challenge des 170 Idées :
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Pour avoir une première approche avec le livre, je peux vous rediriger vers un site qui a été entièrement conçu pour l’univers de Lilith, vous trouverez sa biographie et sa filmographie, des critiques du livre, des extraits… De quoi renforcer le fantôme de cette actrice mystérieuse.
• Lilith Hevesi emprunte les traits de l’actrice Greta Garbo et Philippe Pratx s’autorise même un petit clin d’œil en la citant à la page 65.
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