mercredi 19 juin 2013

Apollo 23, Justin Richards,

Au moment où un astronaute en combinaison spatiale apparaît au milieu d’un centre commercial bondé, une jeune femme est retrouvée morte au bord d’un cratère, sur la face cachée de la Lune.
Le Docteur et Amy font le lien entre ces deux événements : quelque chose de terrible se trame sur notre satellite.
Mais, à la suite d’un malheureux concours de circonstances, le Docteur est bloqué sur Terre tandis qu’Amy et le Tardis sont perdus sur la Lune.
Le seul espoir du Docteur : un des plus grands secrets de l’humanité… Apollo 23.
Quatrième de couverture par Milady.
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Étant une adepte du TARDIS, j’ai déjà vu pas mal d’épisodes de Doctor Who et, par curiosité, j’ai donc essayé les petits romans. Bon, autant être clair tout de suite : Doctor Who, version papier, c’est pas fameux. Je m’y attendais un peu, je le reconnais car comme beaucoup d’autres, j’étais un peu dubitative mais la curiosité l’a emporté.
Mais que je creuse un peu plus…

Plus besoin de les présenter, je suppose.

Le premier vrai défaut vient, on s’en doute déjà, du style. La narration est linéaire et plate et les métaphores sont très limites et peu recherchées. Forcément, la plume est loin d’être agréable et ne donne pas vraiment du rêve, on patauge même dans des descriptions brumeuses. Bref, c’est clair qu’on est loin des décors colorés et travaillées de Doctor Who et il faudra puiser dans les souvenirs et l’imagination. Par chance, on reconnaît quand même l’influence de la série dans le scénario : des mystères aux relents de science-fiction légère et de grands délires.

Malheureusement, je n’ai absolument pas reconnu le caractère du Onzième Doctor. J’ai plus eu l’impression de lire une version des trois derniers Doctor mélangés et pour être franche, j’avais même l’impression de lire une aventure du Dixième. Évidemment, ce point m’a pas mal dérangé (non parce que je préfère le Onzième, mais si je veux lire un tome avec le Dixième, je piocherai dans la saison désignée et pas autrement…). Quant à Amy, elle souffre moins : les grandes lignes de son caractère sont respectées et on reconnaît le personnage sans difficulté. On n'a pas l’impression de retrouver Donna ou Rose, c’est bien Amy, on ne se trompe pas.
Quant aux autres, qui sont donc inédits au livre, j’ai bien aimé Carlisle qui rappelle beaucoup de personnages phares dans la même trempe qu’Adelaide Brooke de Water of Mars (je l’imaginais en tout cas avec les traits de Lindsay Duncan). En ce qui concerne les autres, les méchants et les gentils sont fidèles à la mentalité de la série donc rien de dérangeant à ce niveau-là.

L'auteur et quelques unes de ses contributions à l'univers Whovien.

La conclusion est correcte et achève une aventure dans la limite du sympathique. Le livre n'est pas à jeter à la poubelle mais n'est pour autant pas suffisamment bon pour donner un épisode digne de ce nom. Après, j’ai remarqué que mes goûts concernant la série Doctor Who sont très simples : j’adore énormément les épisodes qui touchent à l’Histoire (la rencontre avec Vincent van Gogh, l’aventure avec Madame de Pompadour, celle avec la Reine Victoria…) et en contrepartie, j’ai tendance à ne voir qu’une fois les épisodes purement science-fiction tant ils ne m’emballent pas vraiment (comme The Devil’s Pit, 27, la fille du Dixième…) donc je mets mon manque d’engouement sur le compte de ces préférences habituelles.
Si en revanche vous adorez les épisodes qui sentent bon le futur et les étoiles lointaines, vous risquez d’apprécier un peu mieux la lecture.

Il y a un autre reproche qui peut sembler anodin mais auquel je ne peux pas m'empêcher de penser : les livres ne sont que pour ceux qui ont vu la série tant les détails manquent. On va me dire que Doctor Who, ça se regarde, ça ne se lit pas et c'est vrai, mais mettons que l'on découvre l'univers à travers les bouquins ? Justin Richards ne permets pas ce chemin et je trouve cela bien dommage.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Profitant du succès de la série, les éditions Milady ont sorti trois tomes en même temps avant de prendre le rythme d'à peu près un par mois, la promo' compte donc Apollo 23, L'Armée Oubliée et La Nuit des Humains.
• Le livre se place entre l'épisode 3, Victory of the Daleks/La Victoire des Daleks et l'épisode 4, The Time of Angels/Le Labyrinthe des Anges (1/2) de la saison 5.
• Il y a une référence au Neuvième et Dixième Doctor à la page 168, quand le Onzième dit :
« -Voilà qui est… Fantastique, affirma-t-il. Brillant ! »
Bien sûr, les plus fins connaisseurs de l’univers whovien n’auront pas besoin d’explications~
• En réalité, Apollo 23 n’a jamais été mentionné, les Apollo de 18 à 20 ayant été annulés sans donner de suite. Le dernier est donc Apollo 17 qui a clos les missions lunaires (missions qui ont commencé avec le fameux Apollo 11, lorsque Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont accédé à la Lune, les Apollo précédents n’étant que des tests pour se propulser dans l’espace). La cause qui revient sans cesse est budgétaire mais les Apollo 18 à 20 (et au-delà) ont été les cibles de nombreuses spéculations. Le 23 pour Doctor Who par exemple, mais aussi le 18 qui a fait, de son côté, l’objet d’un film d’horreur… Assez barbant pour être honnête, mais si vous voulez essayer, libre à vous :

mardi 18 juin 2013

Alan Wake,

Alan Wake est un auteur à succès de thriller policier. Mais depuis deux ans, il souffre du syndrome de la page blanche. Sa femme Alice décide alors de l'emmener en vacances dans la paisible ville de Bright Falls afin, espère-t-elle, qu'il puisse retrouver l'inspiration et écrire un nouveau livre. Mais lorsque sa femme disparaît, le dernier roman d'Alan, un livre d'horreur qu'il ne se souvient pas avoir écrit, prend vie et une force obscure (l'Ombre) prend possession de la population et de tout autre objet. Alan tente de retrouver sa femme et comprendre ce qui lui arrive.
Mais si la journée, la région est magnifique et la population locale très accueillante, la nuit apporte immanquablement son lot de souffrances, de ténèbres et de cauchemars.
À vous de guider Alan dans sa quête de lumière.
Résumé sur Wikipédia.
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Les balades en forêt sont toujours superbes : le soleil illumine les feuillages, la pluie les fait chanter, les divers chemins donnent cette vision d’infini et courir entre les troncs donnent un pur sentiment de liberté. Mais la nuit, sans la moindre lumière ? Tout d’un coup, cela devient un vrai background de film d’horreur. Et c’est dans ces parcours du combattant macabres que le joueur accompagne (malheureusement) l’écrivain torturé Alan Wake.
Alan Wake, c’est un jouissif thriller en jeu-vidéo qui s’inspire des meilleurs classiques de l’horreur : on pourrait même parler d’hommage à Stephen King tant les clins d’œil sont nombreux (Le jeu commence d’ailleurs sur une citation de Stephen King qui est : « Les cauchemars ne relèvent pas de la logique, et les expliquer n’aurait aucun intérêt ; ce serait contraire à la poésie de la peur. ») Vous vous en doutez, grande admiratrice du King que je suis, c’est un des points qui m’a attiré chez ce jeu. Mais pas seulement ! Alfred Hitchcock a droit aussi à ses références, tout comme Lovecraft et même Tolkien, où l’Œil de Sauron serait ironiquement une aide précieuse aux habitants de Bright Falls dans ces ténèbres. Bref, le jeu a tout pour plaire de ce côté-là.


Déjà, le jeu tient ses premières promesses par le biais de cette ambiance (pas trop) champêtre : la peur assaille à chaque tombée du jour. J’étais particulièrement angoissée en explorant les bois aussi vastes et les ombres aussi denses avec cette ridicule lampe de poche, je serrais les fesses à chaque tournant tant je craignais qu’un bûcheron possédé ne me saute dessus, pire, qu’un tracteur n’essaye de m’écraser. Je ne suis pas particulièrement sensible au noir, je n’en fais pas du tout une phobie mais le rendu est si réussi dans Alan Wake qu’on finit par comprendre le calvaire des nyctophobes minuit passé. On rajoute à la recette des musiques efficaces et un système sympa quoique basique. Malheureusement, à force d’utiliser les mêmes ingrédients, les courses poursuite finissent pas être lassantes et je n’ai retenu que le côté frustrant (le genre de moment où on est à deux pas d’un lampadaire mais un hache nous achève avant d’atteindre le refuge). Je reste cinq minutes sur le gameplay qui m'a un peu dérangé : le plan de caméra y est pour quelque chose car il est toujours de côté et le temps d'habituation a été assez rude pour moi, tout comme les effets écho quand on change de direction. Je ne préfère même pas parler des scènes avec les voitures, juste qu'avec moi, elles illustrent très bien les problèmes d'alcool d'Alan Wake.


Pourtant à côté de ça, le scénario est très bon. Je ne dirais pas extraordinaire mais très bon quand même. Les mystères sont bien gardés et les rebondissements efficaces, je regrette juste cette fin qui a des relents d’inachevé malgré les deux chapitres bonus (Le signal et l’Écrivain). D’autant plus qu’un Alan Wake 2 est déjà prévu mais qu’il n’arrivera pas avant… Un certain moment (« prévu en temps voulu » selon les développeurs, j’ai peur de ce qu’ils peuvent sous-entendre là-dedans). Il y a tout de même des passages assez intenses que j’ai adorés au point de vouloir les recommencer, je pense surtout au chapitre 4, qui est très rock’n’roll ([spoiler du chapitre 4] il faut quand même imaginer : se battre contre des possédés sur une scène à l’abandon avec des symboles vikings construite par de vieux bikers metalleux et passionnés. Honnêtement, c’était pour moi le meilleur moment[/spoiler]).


Mais un scénario est surtout porté par ses personnages et, même l'éventail est correct, il est dommage que certains manquent un peu de fond. J’ai beaucoup aimé Alan Wake en lui-même déjà, écrivain torturé et cynique, fatigué par son métier et au tempérament violent. Les développeurs vont jusqu’à le décrire clairement par un bref "he’s kind of a dick" (= Alan est un peu (beaucoup) un connard, dans ma traduction perso') mais rajoutent que c’est une bonne chose et je ne peux qu’être d’accord : cela fait de lui un protagoniste que l’on est pas obligés d’aimer. Ses défauts (logiques, au passage vu sa popularité) le rendent donc plus humain, plus réaliste et même si il reste kind of a dick, je me suis attachée au personnage. J’ai beaucoup aimé son meilleur ami aussi, Barry Wheeler qui ajoute un côté comique à l’histoire sans être lourd (et sans mauvais jeu de mots de ma part), tout comme Sarah Breaker, les deux frères Anderson et même certains antagonistes qui sont assez réfléchis.

Sérieux, à quand un opus sur Barry Wheeler ?

Quant à la femme d’Alan, Alice Wake, j’ai surtout regretté son manque de présence, faisant surtout figure de « belle demoiselle en détresse » car dans le fond, elle est bien sympa. En fait, si j’ai adoré Alan et Alice chacun de leur côté, j’ai eu du mal à accrocher à leur relation car on entend différents sons de cloche à ce propos : un coup c’est un couple malheureux qui traverse beaucoup de difficultés et ne s'accordent pas, ensuite c’est le couple le plus heureux et en osmose totale… Bref, j’ai trouvé ces descriptions peu claires et mal maîtrisées, mal représentées. Surtout comparé à un autre couple [spoiler concernant le dernier chapitre]qui est celui de Thomas Zane, le poète et sa muse, Barbara Jagger. Ici on sentait un véritable amour et le fait que Barbara Jagger revienne possédée par l'Ombre Noire et que Tom Zane remarque cette transformation et tente d’y remédier, j'ai trouvé ça très beau. Bref, leur relation est bien plus belle que celle des Wake à mes yeux[/spoiler du dernier chapitre], peut-être aussi à cause de la musique de The Poet and the Muse qui les accompagne.
Allez, laissez-vous charmer.

Et justement, à propos de la bande son, il s’agit bien de la grande qualité de ce jeu selon moi. Alan Wake sert donc une Original Soundtrack qui mélange des morceaux d’instrumental ou des titres de groupes. Les premières, celles servant à l’ambiance sont très agréables même si discrètes, mais les réentendre dans le MP3 est un pur régal. Quant à celles qui concluent les chapitres, qu’on entend dans les radios… c’est carrément orgasmique. Eargamisque. Des morceaux très bien choisis, des découvertes très sympa avec entre autres Among the Oak & Ash (titre du morceau dans le jeu, Shady Grove), Anomie Belle (titre du morceau dans le jeu, How Can I Be Sure) et cerise sur le gâteau, beaucoup de contributions du groupe finnois Poets of the Fall. Les trois musiques War, the Poet and the Muse et Children of the Elder God sont de vrais coups de cœur. Sans mentir, je regrette de ne pas pouvoir écouter les trois en boucle en même temps. Et détail que j’ai aimé, le groupe s’est prêté au jeu en jouant eux aussi un rôle ! Deux de leurs chansons sont donc, dans Alan Wake, supposément chantées par le groupe fictif des deux bikers, Old Gods of Asgard. Bref, j’ai adoré et c’était très sympa de leur part.


Pour rester dans l’esprit sonore, un petit mot sur le doublage qui est, là aussi, réussi. Sans compter que les pages de manuscrit sont lus par le doubleur d’Alan Wake, donnant au jeu un petit côté audiobook agréable. Forcément, la qualité du doublage a énormément d’importance. Je n’ai pas essayé cependant d’écouter la version française, mais Benoît Allemane faisant parti de l’équipe (celui qui a doublé Sherlock Holmes dans les jeux précédents dans la série), cela me rend suffisamment curieuse.


Alan Wake est donc un excellent jeu qui tient ses promesses et rend hommage au genre horrifique. Unique dans son genre de jeu-livre thriller fantastique mais trop répétitif dans son gameplay. Il s’agit quand même d’une expérience mémorable et je croise les doigts pour que les développeurs ne se fassent pas prier trop longtemps pour nous offrir une suite digne de ce nom, car les questions restent nombreuses et il ne reste aux fans que des spéculations et des théories qui peuvent être travaillées.
Sur ce, il ne me reste plus qu'à vaincre la difficulté "Cauchemardesque".

Alan Wake ou comment être aussi populaire que son idole, ce n'est en fait pas drôle du tout.

             Quelques anecdotes sur ce jeu,
• J’ai noté pour la date de sortie 2012 dans le petit cadre au début de l’article. C’est à moitié vrai : Alan Wake est en réalité sorti en 2010 mais uniquement sur Xbox et a été réédité en 2012 pour nous autres, gamers PC.
• Les fins connaisseurs me diront qu'une suite est sortie sous le titre d'Alan Wake's American Nightmare. Ils ne sont pas si connaisseurs puisqu'il s'agit plus d'un spin-off que d'une véritable séquelle. L'ambiance m'intéresse moins (plus un décor red-neck et aux couleurs psychédéliques loufoques) mais je m'y pencherai quand même un de ces quatre.
• Comme dit plusieurs fois dans cette chronique, Alan Wake est un jeu qui s’inspire en grande partie des œuvres de Stephen King. Loin d’être du bête copié-collé, les développeurs rendent surtout hommage grâce aux nombreuses références. Ainsi, les nombreuses traversés en forêt peuvent rappeler La Petite Fille qui Aimait Tom Gordon. Bien que le scénario de déroule dans l’état de Washington (selon certaines interviews), l’ambiance très canadienne côtoie la tranquillité des villes que l’on peut retrouver au début des livres de Stephen King. Alan Wake, à force d’être assailli par des bûcherons armés de haches, se sent comme une Wendy effarouchée de Shining (enfin, ça tient plus du film que du livre pour le coup…). N’oublions pas non plus que dans les œuvres du King, il y a régulièrement un écrivain qui souffre du syndrome de la page blanche, tout comme Alan Wake. Cela va même plus loin puisque les pages du manuscrit récupéré prennent le même ton que celui de la plume du King. Sans compter qu’Alan Wake délire plusieurs fois, certain qu’écrire sauvera la vie de beaucoup, tout comme la résurrection de Misery pourrait sauver la vie de Paul Sheldon dans Misery. De plus, les questionnements sur sa propre œuvre maléfique et les doutes rappellent les étranges événements de La Part des Ténèbres avec la double identité de Thad Beaumont et George Stark. Bref, la liste n’est pas finie mais vous comprenez les nombreux clins d’œil qui font référence à l’univers du Papa de Ça.
• Si les connaisseurs en cinéma finnois (vous êtes nombreux ?!) voient un petit air de déjà vu chez Alan Wake, c'est normal : l’acteur Ilkka Villi s’est gentiment prêté au jeu en incarnant l’écrivain torturé pour le jeu et même pour le clip War de Poets of the Fall.
(je dois pourtant vous avouer que Alan Wake me fait plutôt penser à Al Pacino...)


• Sans mentir, allez dans la forêt la nuit (ne serait-ce qu’en voiture) et éteignez la lumière, vous ferez moins les malins.

Acheter sur Fnac | Acheter sur Amazon 
(Quitte à l'acheter "en vrai", prenez une édition collector ou quelque chose dans le ton, car pour les simples curieux, Steam est un meilleur outil : ce logiciel faisant des promos régulières, j'ai payé mon Alan Wake 2€ 50. Gamers, surveillez la prochaine solde !)

dimanche 2 juin 2013

Les Nains, l'Intégrale, de Markus Heitz,

Lorsque s’effondre le passage de Pierre que les Nains gardaient depuis toujours, Orcs et Ogres déferlent sur le Pays Sûr.
C’est le jeune Nain Tungdil qui donne l’alerte. Envoyé en mission par son père adoptif, le Mage Lot-Ionan, il découvre l’armée qui avance sur le pays. À la tête de cette force d’invasion, les Albes, êtres cruels et maléfiques, ont le pouvoir de ramener les morts à la vie.
Tungdil n’a pas d’autre choix, s’il veut sauver Hommes, Elfes, Mages et Nains du péril imminent, que de devenir un héros.
Quatrième de couverture par Bragelonne.
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« - Par la barbe de Beroïn ! Comment peux-tu te laisser désarmer ? dit-il, faisant la leçon à Tungdil.
- Tu es… un Nain ?! haleta celui-ci, sidéré, avant de se ressaisir.
- Évidemment ! Pourquoi, j’ai l’air d’une Elfe ?! »
P. 149

Si j’apprécie les elfes à leur juste valeurs, je suis en revanche complètement emballée par le peuple des Nains. Les auteurs, lorsqu’ils se lancent dans un récit sur le peuple elfique, commettent l’erreur de rester dans leurs limites, les codes de l’imaginaire, on se retrouve alors avec des personnages parfaits, lisses, bons, purs, doux et à la limite divins. Résultat : les elfes en deviennent chiants.
Mais qu’en est-il des nains, alors ? Rares sont les écrivains qui préfèrent ces petits êtres à la barbe traînante et laissent au placard les oreilles pointues, ne se laissant pas séduire par ces corps sveltes et ces visages splendides, se penchant plutôt sur les manieurs de hache et forgerons hors-pairs. Mais les codes peuvent agir ici aussi : les nains seraient tous des brutes armées jusqu’aux dents, des ivrognes au gosier débordant de bière, à la barbe qui fait office de garde-manger et qui rigolent dès qu’il y en a un qui rote ou qui pète.
C’était ma petite crainte au début de ma lecture de la saga des Nains mais finalement… Il n’en est rien !

Les deux tomes séparés chez Milady et l'intégrale de Bragelonne, couvertures signées Didier Graffet.

Déjà, j’accorde un point bonus à Markus Heitz pour le sujet abordé. Comme dit plus haut, les ouvrages où les nains sont les personnages principaux sont quasiment inexistants, servant surtout de héros secondaires avec un moment de gloires qui dure cinq pages. Heitz explique dans son introduction que c’est un sujet qui lui tenait à cœur et que c’était délicat pour lui d’écrire sur ce peuple couvert de préjugés. Il renverse alors les idéaux barbares et les alcooliques pas du tout anonymes pour nous servir une galerie très variée et donc plaisante.
Le héros mérite déjà qu’on s’arrête sur lui : Tungdil, élevé par les Hommes (ou les longs-sur-pattes comme les appellent les nains pour les taquiner), ne connaît rien sur son propre peuple à part ce qu’il a lu dans les livres. L’approche est donc bien trouvée puisque l’on découvrira les us et coutumes des enfant du Forgeron à ses côtés. Tungdil est le héros assez classique qui ne demande rien, et pourtant se retrouve quand même dans une quête grandiose mais terrible. Courageux, généreux quand il le veut, il garde quand même des caractéristiques typiquement naines pour le rendre crédible : têtu, obstiné, buté (oui, ce sont des synonymes et alors ?), il connaîtra une évolution sympa. Un héros attachant en somme.
J’ai beaucoup aimé aussi les deux jumeaux, Boïndil Deux-Lames et Boëndal Cloue-de-la-Main qui, eux, sont des nains déjà plus dans le cliché. Le premier est hargneux, violent et borné (bah tient) et le second équilibre le duo en étant plus réfléchi, sympathique et borné (bah quand même).

D’autres nains, comme Balendilín ou Gandogar, rappellent les fiers vikings de l’époque avec un certain sens de l’honneur mais un caractère bien trempé. C’est d’ailleurs une idée classique : un nain est loyal et franc ami, mais avec la mémoire tenace et au caractère particulièrement rancunier qui font de lui un redoutable ennemi. Mais là encore, tout en respectant l’idée générale, Heitz fait des écarts pour enrichir ses personnages et construire une histoire davantage intéressante : cachés dans les pages, certains nains sont traîtres, couards et fourbes.
Illustrations de deux nains opposés dans l'aventure.

Bien sûr, il existe d’autres peuples : celui des elfes, celui des hommes, celui des orcs… On ne peut pas se tromper : il s’agit bien d’un livre fantasy conforme au genre et aux règles. Certes, Heitz explore un peuple qui rend les autres auteurs timides mais ne révolutionne pas les codes pour autant puisqu'il nous présente une aventure perchée dans la folie des grandeurs qui semble perdue d’avance mais ne fait pas pour autant reculer les personnages. Combats, révélations et magie à prévoir donc.
Je soulève d’ailleurs un sujet qui souffre de nombreux débats (surtout depuis que J. K. Rowling n'a été considérée comme « véritable auteur » que depuis The Casual Vancancy par les médias, alors qu’elle avait déjà la populaire saga Harry Potter derrière elle) : la fantasy n'est-elle qu'un genre exclusivement jeunesse ? Pour les autres œuvres, je ne sais pas, mais il est clair qu’au début de ma lecture, je trouvais Les Nains assez enfantin et léger, notamment avec les petites touches d’humour qui touchent au doux ridicule, un peu facile. Et pourtant, grave erreur de ma part puisque quelques chapitres plus tard, on assiste à des scènes plutôt sanglantes, glauques voire répugnantes ! Bref, un vrai contraste qui ne m’a pas dépaysé pour autant et qui m’a surtout fait plaisir.
Sans compter que les surprises que réserve Heitz sont efficaces tout en restant logiques et que la richesse de l’univers tant dans la culture que la religion et époques fait qu’il faut un certain temps d’habituation.

Ce premier tome intitulé Le Passage de Pierre est donc à la limite du coup de cœur. J’attends le second tome pour savoir si je suis totalement conquise ou non mais il est certain que j’admire le travail de Markus Heitz et que je ne le remercierai jamais assez d’avoir rendu un noble hommage à ce peuple qui me fascine tant. Curieux et fans des nains, vous pouvez vous lancer.


Ayant terminé Lame de Feu, je peux enfin compléter ma critique de ce premier volume d’aventures naines signées Markus Heitz.
Déjà, en bref rappel : adorant le peuple nain, ce roman a été tout d’abord un véritable régal puisqu’il avait tout ce que j’attendais. La Porte de Pierre avait donc frôlé le coup de cœur, malheureusement, Lame de Feu m’a déçu sur certains points à côté. J’avais hésité entre un 4/5 et un 3/5, mais quand je compare ma surprise durant le premier tome et ma déception au second, j’ai finalement opté pour un petit 3.

Mais que j’en explique les raisons : la fin de la première partie promet une magnifique concurrence, une aventure haletante, serrée. Et effectivement, la suite démarre en trombe avec une course complexe. Malheureusement les pages passent et le récit s’essoufflent, à tel point que les événements se mélangent tant ils finissent par se ressembler durant une petite centaine de pages. Un certain ennui alourdit la lecture en plus d'un changement qui arrive alors qu'on ne l’attendait plus. Par chance, les événements finals arrivent à faire passer la pilule avec des surprises plus ou moins bien maitrisées (en somme, des révélations mais certaines étaient évidentes et avaient juste besoin d’une confirmation) et surtout, mieux que tout, une conclusion satisfaisante qui ouvre la voie vers d’autres horizons. Les autres horizons étant bien sûr La Guerre des Nains mais Markus Heitz se montre franchement sympa en nous évitant un cliff-hanger à deux balles, se contentant de nous signaler que la fin n’est pas encore là, n’obligeant pas le lecteur à enchaîner tout de suite la série.

Tout à gauche... Je crois que je n'ai jamais vu une édition anglaise aussi moche. Et à droite, deux éditions allemandes.

Concernant les personnages, Heitz impressionne une fois de plus avec des situations naturelles, des conversations maîtrisées et des caractères distincts, hauts en couleurs. On explore enfin d’autres contrées, côtoyant de plus près les hommes et les elfes. Un groupe d’étrangers rejoint même la partie : des comédiens qui s’inspirent des événements du roman pour en faire une pièce de théâtre inachevée. Si l’idée était pas mal, j’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à ce trio pourtant hors-norme. Je pense surtout au fait que sur ces trois personnages, deux gardent perpétuellement le silence (sauf au début et à la fin) et s’étaient presque effacés de ma mémoire !
Donc en clair, rajouter des personnages, c’est bien, leur attribuer un vrai rôle et rappeler leur présence de temps en temps, c’est mieux.
Heureusement que chez les nains, mon affection reste intacte même pour les nouvelles rencontres poilues. J’ai adoré Bravagor et sa destinée, l’évolution de la relation entre Boïndil et Boëndal, les changements causés par l’arrivé de la jolie Balindys… Bref, maintenant que le lecteur est plus familiarisé avec les Nains, Heitz peut se lancer dans des développements et aboutir sur des situations intéressantes.
Sans oublier, en dehors des barbus, Djerůn que j’adore toujours autant.

Peut-être à cause de la vision de son armure que je me fais ?

Il s’agit donc d'une véritable aventure épique avec des passages agréables, tragiques, des pertes (voire des sacrifices), des issues incertaines… Il manque toutefois quelque chose aux Nains pour être un roman inégalé et c’est à mes yeux à cause de cette impression de « limité », comme si l’auteur se retenait.

En conclusion, dans sa globalité, les Nains est et reste un très bon livre de Fantasy et je ne regrette pas d’avoir déjà le tome suivant : La Guerre des Nains.

             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
Les Nains l’Intégrale réunit deux tomes : Le Passage de Pierre et Lame de Feu, qu’on peut retrouver séparément chez l’édition Milady. Mais Markus Heitz n’arrête pas les aventures de Tungdil ici pour autant puisqu’il existe trois autres intégrales qui sont, dans l’ordre,  
→ La Guerre des Nains (qui compte Le Secret de l’Eau Noire et Les Êtres de Feu, séparés chez Milady),  
→ La Revanche des Nains (qui compte Le Diamant de Discorde et L’Étoile de l’Expiation, séparés chez Milady)
Le Destin des Nains (qui compte Le Gouffre Noir et Le Mage Maudit chez Bragelonne, réunis en intégrale depuis le 6 Décembre 2013)

 Les couvertures françaises chez Bragelonne.

• Pour le bonheur des geeks (allemands), un jeu de table est sorti en reprenant le principe des Nains : Die Zwerge. Comme dans le livre, les rôlistes (minimum, 2 et maximum, 5) doivent empêcher le Pays Mort d’envahir le Pays Sûr en adoptant l’identité d’un des nains de l’aventure de Heitz, par exemple Tungdil (évidemment), Bavragor ou Boïndil… (plus d’informations françaises ici)
(Y aura-t-il une édition anglaise ? demanderont les rôlistes intéressés qui se débrouillent mieux dans la langue de Shakespeare que Goethe. Peut-être ! Sur une réponse datant du 9 Avril 2013, l'éditeur annonce avoir pris contact avec un éditeur américain. On croise les doigts !)
Les Nains serait en cours d'adaptation cinématographique selon le site de Bragelonne mais je n'ai pas trouvé d'informations à ce sujet.

samedi 1 juin 2013

Bilan Mensuel : Mai 2013 [12],


Cela fait dix-huit bons petits jours que je ne suis pas repassée dans mon cimetière mais j’ai une bonne excuse, bien que ce soit toujours la même : les examens ! J’émerge enfin peu à peu et je vous assure que ces dix-huit jours m’ont semblé aussi longs que deux mois d’hiver…

Je fais quand même un petite récapitulatif de mes lectures du mois qui sont très maigres : 
(cliquez pour accéder aux chroniques disponibles)

En gros, une déception suivie d’un coup de cœur, je suis passée par les extrêmes.
Et mes achats ? 
Et bien, quels achats ? Y en a aucun ! L’été revient et je ne risque pas de faire beaucoup d’emplettes littéraires avant Septembre, mais dans le fond, ce n’est pas plus mal avec les livres que j’ai déjà à lire.

Mais j’ai quand même d’autres choses à vous raconter.
Déjà, en plus des examens, j’ai également une autre excuse : j’ai déjà dit qu’écrire était une passion plus importante que la lecture. J’ai malheureusement la sale manie de ne jamais finir ce que je commence, par manque de temps ou d’idées et de déception, mais pas cette fois : je me suis lancée le défi de pondre intégralement une aventure et j’espère pouvoir la partager un de ces quatre avec vous. Pour les intéressés et les curieux, il s’agira d’une fantasy qui risque d’être macabre et sombre qui sera un gros mixte de tout ce qui me tient à cœur, tant au niveau des sujets, des thèmes et de l’ambiance.
Si l’intro est encore au stade brouillon, je m’attèle actuellement à la création de l’univers, à l’invention d’une langue, à la composition des personnages et des grandes lignes de l’histoire. Bref, ce ne sera pas un chef d’œuvre, une réinvention extraordinaire du genre mais j’espère quand même que lorsque vous aurez les premiers chapitres, vous passerez un agréable moment~

Je change de sujet en vous annonçant aussi que, ça y est, le Challenge Victorien 2012-2013 est terminé. Il y a un an, nous fêtions le jubilé de diamant de la Reine Élisabeth II, mais il y a un peu moins de cent seize ans, la reine Victoria aussi le fêtait.
De mon côté, j’ai été très surprise d’avoir été tirée au sort pour une des deux récompenses ! Mais le challenge en lui-même et la participation restent un vrai plaisir car c’est une époque qui me tient à cœur (oui, même si je passe beaucoup de temps avec ma nouvelle maîtresse la fantasy en ce moment, ça ne change rien, je suis pour la polygamie, littéraire ou non, valà). En tout cas, je suis heureuse qu’il y ait eu autant de déchaînés durant ce challenge car il y a de nombreux ouvrages que je connaissais pas et tous ces articles ont permis de faire des découvertes intéressantes. Je ne sais pas encore si je m’inscris pour le Challenge 2013-2014 (j’y réfléchis cet été), mais si vous êtes intéressé/e, n’hésitez surtout pas : les règles sont très légères et laissent beaucoup d’opportunités (avec des bonus cette année qui ne peuvent être qu’avantageux), les découvertes seront nombreuses et personne ne perd de toutes façons.
Je termine cet article sur une constatation : c’est un des mois les moins productifs en lecture et pourtant, j’en avais des trucs à raconter… Juin est le mois de la liberté (pour cette année en tout cas) !

En attendant, je vais m'occuper des chroniques et répondre avec pas mal de retards au commentaires, etc.
Passez un bon week-end~