Des « noces vermeilles » de Marguerite de Valois et Henri de Navarre, prélude au massacre des protestants, à la mort de Charles IX baignant dans une rosée de sang, les deux années qui s’écoulent comptent parmi les plus cruelles de l’histoire de France. Guerres civiles de religion, luttes d’influence au sein de la famille royale, complots et assassinats politiques forment la trame sombre sur laquelle se détache la figure de Margot. Beauté incomparable, dame galante, cette fille de France est aussi une femme de lettres doublée d’une redoutable politique ; Marguerite est avant tout une Valois, fille de roi, sœur de roi, femme de roi. Et le brave La Mole, ce jeune gentilhomme protestant réfugié dans l’alcôve royale pour échapper à ses assassins la nuit de la Saint-Barthélemy, sait que l’amour qu’il voue à cette perle le précipitera au cœur d’intrigues de pouvoir où la vie d’un homme n’a guère de poids.
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Aussi connu que Victor Hugo ou Molière, Alexandre Dumas a atteint l’immortalité grâce à son comte de Monte-Cristo ou ses trois (en fait quatre) mousquetaires. Ceci dit, le succès vient selon moi de des intrigues à rebondissements que de la plume-même de cet auteur. J’ai toujours regretté ce manque de poésie malgré quelques éclairs de génie et des dialogues amusants, mais les romans d’Alexandre Dumas ne me marquent pas comme ceux d’Hugo ou de Zola.
Toutefois, La Reine Margot reste une bonne lecture !
Véritable ancêtre des romans d’aventures historiques que l’on peut emporter à la plage, Alexandre Dumas dresse un décor dans un Paris rongé par la méfiance, tendu par les rivalités religieuses. Et sur cette scène austère, que des acteurs connus ! Enfin, connus : ils ont tous une page Wikipédia en tout cas, au même titre que Charlize Théron, Tom Cruise ou Natalie Portman, donc ça compte. De vrais people du XVIème siècle.
Dumas alimente la légende noire qui entoure Catherine de Médicis, offre des allures d’amour courtois à la liaison qui aurait uni la reine Margot et de La Mole (historiquement parlant, il aurait été également l’amant de François de France, dernier fils de Catherine de Médicis, mais pas l’ombre d’une allusion dans le roman... tant pis), explique le comportement ambigu de Charles IX... Les dimensions historiques sont donc totalement exploitées.
Ce jour fatidique, parlons-en : j’ai été surprise qu’il soit à peine traité, arrivant dès le début du roman et étant vécu d’assez loin. Ce sont surtout les répercussions que le lecteur découvre, bien que cela n’empêche pas les scènes sanglantes qui possèdent un côté kitsch, mêlant violence et érotisme. Personnellement, j’adhère car c’est totalement assumé et bien représenté !
Un matin devant la porte du Louvre (1880), d’Edouard Debat-Ponsan
« Il apparut enfin dans la rue, soutenant d'un bras sa maîtresse, à moitié nue et presque évanouie, et tenant un poignard entre ses dents. Son épée, flamboyante par le mouvement de rotation qu'il lui imprimait, traçait des cercles blancs ou rouges, selon que la lune en argentait la lame ou qu'un flambeau en faisait reluire l'humidité sanglante »
P. 161, tome 1
Un classique qui ne posera aucun problème d’indigestion, régalant avec son esprit romanesque, avide d’aventures qui pousse les pages à défiler rapidement. Si vous aimez Dumas, il frappera à coup sûr. Si vous voulez découvrir ce colosse de la littérature française, cette version de l’histoire de la reine Margot est un bon choix, reprenant tous les codes qui font le succès de Dumas.
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Ma Reine Margot a été publié en feuilleton juste après Les Trois Mousquetaires en 1844 : depuis ces œuvres, le cardinal de Richelieu et Catherine de Médicis ont une image très romancée mais tenace. Le premier, manipulateur hors-pair et glacial, la seconde, mère redoutable et adepte du poison. Les clichés que l’on connaît aujourd’hui ont été alimentés avec les livres de Dumas.