En gare de Moscou, deux jeunes gens s’aiment au premier regard. Femme d’un haut fonctionnaire, ornement de la société tsariste de son de son temps, Anna Karénine éblouit le frivole comte Wronsky, par sa grâce, son élégance et sa gaieté. À ce bonheur, à cette passion réciproque porteuse de scandale et de destruction, ils ne résistent pas longtemps.
En écho à cette tragédie programmée, on entend toute l’âme d’un peuple et les premiers craquements de l’Empire russe en train de se lézarder. L’inoubliable Anna Karénine, c’est l’apogée du génie littéraire de l’auteur de Guerre et Paix.
Quatrième de couverture par Pocket.
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« Elle venait d’entendre des mots que redoutait sa raison, mais que souhaitait son cœur. »
P. 157
Après Crime et Châtiment de Dostoïevski, il fallait bien que je parte à la rencontre de Tolstoï et son roman adapté un bon nombre de fois : Anna Karénine.
Même si c’est un des romans les plus connus de la littérature russe, je me suis toujours efforcée de ne jamais m’intéresser à l’histoire pour découvrir totalement le récit : je connaissais juste l’essentiel, c’est à propos d’une femme infidèle.
Tout d’abord, j’ai trouvé le genre de Tolstoï bien plus accessible que celui de Dostoïevski ! Moins torturé, moins monologué, Tolstoï enchaîne plus facilement les événements. J’ai trouvé toutefois qu’il manquait un peu de poésie, mais la faute en revient peut-être à la traduction assez simple (les annotations sont rares, tandis que dans Crime et Châtiment, toutes les onomastiques et jeux de mots étaient expliqués).
Cela ne retire rien à l’intérêt du récit toutefois : on suit deux histoires, deux romances, celle qui unit Anna et Alexis Wronsky et celle qui unit Lévine et Kitty.
(Oui, certaines éditions écrivent Vronski, dans la mienne, c’est Wronsky)
Alors certes, la plume de Tolstoï ne se concentre pas sur les décors russes et les jolies métaphores mais il arrive tout de même à instaurer une ambiance et préfère laisser de la place pour l’essentiel : les relations. C’est le ciment de ce roman.
Les personnages et leurs liens sont parfaitement mis en forme, le tout est réaliste dans cette culture russe : car certes, le décor n’est pas mis en avant, mais Tolstoï pose les questions qui tourmentent son époque (cette éternelle rivalité entre l’Europe et la Russie, jugée vieillie, le dur passage vers la modernité, les nouvelles visions religieuses…), faisant d’Anna Karénine un roman bien russe.
Mais ce sont surtout les personnages qui vont trancher pour l’avis final : si ni les Karénine, ni Lévine, ni Kitty ne fascinent, si leur histoire ne captive pas, Anna Karénine sera un long ennui de 980 pages. Pour ma part, je n’ai pas été très transportée par la romance qui lie Anna Karénine et Wronsky, car j’ai nettement préféré celle de Lévine et Kitty (couple avec une différence d’âge, alors forcément, je craque) : cette seconde romance est criante de réalisme, elle n’est pas toute rose mais il y a beaucoup de notes d’espoir. Typiquement ce que j’aime.
Pour en revenir à la première, j’ai été surprise de voir que l’infidélité arrive si vite (on est loin de Madame Bovary où Emma passe par les phases d’hésitation et de flirt). Tolstoï ne s’attarde pas sur les parades amoureuses : Anna tombe vite dans les bras de Wronsky et les doutes viendront plus tard, s’amplifiant. C’est ce point qui a été dérangeant : je sais qu’Anna est un personnage audacieux pour l’époque, moderne, mais sur la fin, elle est tout aussi hystérique qu’Emma Bovary et perd de son charme. D’autant plus que j’étais plus attendrie par le pauvre Alexis Karénine, malgré les défauts avancés, j’ai eu de la peine pour cet homme.
Au final, c’est un très bon roman, plus facile à lire que ce que j’avais cru (des lectures de début de semestre ont ralenti mon rythme, autrement, je l’aurai fini il y a un bon moment), totalement accessible pour les lecteurs d’aujourd’hui. Finalement, ce n’est pas le genre qui posera problème, il faudra s’intéresser aux personnages pour que ce grand classique soit un succès.
Quoiqu’il en soit, ça me met en confiante pour Guerre et Paix !... Mais je le lirai dans un bon moment.
Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Léon Tolstoï a été inspiré par l’histoire de la maîtresse de son voisin. Mais vous raconter le fait-divers serait spoiler le roman complet.
J'en suis à la moitié et je l'avais mis en pause, je ne sais plus pourquoi parce que j'aimais bien ! Ta critique me donne envie de le reprendre incessamment sous peu :)
RépondreSupprimerAu milieu, comme beaucoup de classiques, ça s’essouffle un peu, ça piétine, donc ça donne moins envie...
SupprimerJ'espère que tu retrouveras un bon rythme une fois arrivée aux deux/trois dernières parties :D
Ah mais je ne désespère pas, je vais persévérer ;)
SupprimerMoi aussi j'ai trouvé ce roman bien plus accessible que prévu ! Je l'ai gardé plus de deux ans dans ma pal en lui jetant des petits coups d'oeil inquiets de temps en temps et finalement, j'ai regretté de ne pas avoir succombé plus tôt tant je l'ai aimé ! Mais comme toi, la relation entre Anna et Wronsky n'est pas celle que j'ai préféré.
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