jeudi 2 mars 2017

Le Mystère de la Chambre Jaune, de Gatson Leroux,

« Eh bien, mon cher Sainclair… vous avez lu ?...
— Le crime du Glandier ?
— Oui ; la « Chambre Jaune » ! Qu’est-ce que vous en pensez ?
— Dame, je pense que c’est le « diable » ou la « Bête du Bon Dieu » qui a commis le crime. » 
Malgré l’ironie, Sainclair n’est pas loin d’exprimer l’opinion générale ! Mlle Stangerson vient d’échapper à la mort, mais son assassin court toujours. Comment s’enfuit-on de la Chambre Jaune ? Par la porte ? fermée à clé ! La fenêtre ? elle est grillagée ! Ni cheminée, ni autre issue… Aussi close qu’un coffre-fort. Un vrai mystère…
Le génial Rouletabille est déterminé à résoudre ce casse-tête. Comment ? Mais par « le bon bout de la raison », pardi ! 
Rondement mené, Le Mystère de la Chambre Jaune est devenu un classique du genre policier.
Quatrième de couverture par J’ai Lu.
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Après Sherlock Holmes, le chevalier Charles Auguste Dupin, Hercule Poirot… je passe maintenant à l’icône Joseph Rouletabille ! Un registre bien différent du Fantôme de l’Opéra, Gaston Leroux présente ici une enquête plus classique, digne des prédécesseurs qui l’ont inspiré.

Bon. Si j’adore Sherlock Holmes, si j’adore Hercule Poirot, Joseph Rouletabille n’a pas (encore) réussi à me séduire. Mais on ne désespère pas : le reporter apparaît dans d’autres enquêtes, je tenterai de lire la suite pour voir si je peux trouver le personnage plus attachant.
Ce n’est pas tant la faute du personnage, dans le fond : Le Mystère de la Chambre Jaune est un roman trop long pour l’enquête proposée. Des pages auraient pu disparaître (contrairement au Fantôme de l’Opéra où il n’y a que peu de longueurs), certains passages auraient pu être raccourcis… Même si les énigmes sont nombreuses, l’enquête est finalement rapide à expliquer, et bien qu’intéressante, c’est une enquête qui aurait pu être racontée plus brièvement.
Ces moments où ça piétine (enfin, ou plutôt le narrateur Sainclair piétine, car Rouletabille a les idées claires) ont ralenti ma lecture.

Pour continuer sur un autre point négatif, c’est qu’il y a vraiment un système de "phrase à trous" : on a quelques mots, quelques passages, faut combler le reste. Beaucoup d’enquêtes fonctionnent de cette façon, mais je trouve que Gaston Leroux amène mal ses indices et les réflexions ne sont pas toujours limpides. Dans Le Mystère de la Chambre Jaune, on peut réfléchir à des hypothèses, mais concrètement, c’est de se laisser porter dans le mystère et laisser Rouletabille gérer.

Après, le roman est bon : on sent que la trame est réfléchie et l’enquête est intéressante, digne du Double Meurtres dans la Rue Morgue de Poe (son personnage Dupin est régulièrement pris en référence dans le roman de Leroux) et il y a une ambiance tout aussi claustrophobe. Sans spoiler, il y a une grande part émouvante derrière ce mystère et si je n’ai pas trouvé Rouletabille très attachant, les victimes emportées dans cette énigme le sont.
De plus, le rythme est maintenu : les derniers chapitres filent à toute allure et complètent totalement l’énigme. Car j’aime les policiers qui parlent du procès, puisque cette conclusion fait partie du dénouement. Anne Perry devrait en prendre de la graine pour ses romans qui se terminent sur le nom du tueur (sans exagéré, ses romans se terminent de cette façon).

En somme, une enquête intelligente avec quelques acteurs touchants mais Le Mystère de la Chambre Jaune est un roman que je juge un peu bancal : on sent que le genre policier est encore en train d’émerger. Mais le défi est relevé et la prouesse reste admirable !


             Quelques anecdotes sur ce bouquin,
• Il y a de nombreuses références à Edgar Poe et sa célèbre nouvelle Double assassinat dans la rue Morgue. Et Arthur Conan Doyle n’est pas oublié puisque Sherlock Holmes est également cité.
• Lui-même reporter, Gaston Leroux s’est intéressé à des affaires judiciaires. Loin d’être le petit scribouillard neutre, il a même lutté contre la peine de mort.


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